III
- Le recrutement
1 - Elargir le recrutement
a - Notre constat
Ouvrir le concours
du CFJ à des catégories de gens qui ne se présentent
pas assez souvent est une nécessité : ces étudiants des
catégories sociales modestes, les jeunes, notamment issus de l'immigration,
vivant dans les banlieues défavorisées des grandes villes, des
gens qui ont un parcours scolaire un peu atypique.
Recruter des profils qui échappent habituellement aux écoles
est un enrichissement pour le CFJ et amènera à mettre sur le
marché des individus pourvus d'une "patte" singulière.
C'est par ailleurs la meilleure manière de réagir à l'initiative
de l'IEP de Paris de créer une école de journalisme. Puisque
nous devons diversifier nos contingents, faisons-le en choisissant des profils
nouveaux.
Les étudiants modestes ou "atypiques" connaissent mal notre profession et estiment qu'elle n'est pas faite pour eux. Et même les plus renseignés ne pensent même pas à passer le CFJ qui leur semble trop difficile, trop cher, trop élitiste. Il est inqualifiable qu'auprès des candidats, notre école renvoie trop souvent non à une image d'école difficile et prestigieuse, mais une image de " boîte à fric " pour enfants de la bourgeoisie parisienne. Il convient de casser cette image, à l'instar de l'IEP de Paris et d'Aix, ainsi que de beaucoup d'établissements appartenant à la Conférence des grandes écoles, conscients que la sclérose socio-culturelle de leur recrutement leur sera néfaste, à terme.
b - Six propositions concrètes
- Tâcher de recruter des profils qui ne possèdent pas les diplômes habituellement requis (bac + 0, BTS, IUT, voire BEP), mais la motivation et le talent nécessaires.
- Ne pas empêcher les étudiants de repasser le concours avec des notes éliminatoires, ou alors assouplir le système.
- Mettre en place un module de " prosélytisme " , qui consisterait à envoyer des étudiants de 2e année volontaires dans les lycées de quartiers. Ce qui leur permettrait d'expliquer ce qu'est le métier de journaliste, la passion et souligner que le CFJ n'est pas inaccessible à condition de travail et de méthode. On a le plus souvent un éveil de vocation journalistique lorsque l'on croise un journaliste passionné. Nous suggérons d'instaurer ce module lors de la semaine de la presse.
- Mettre en place une journée portes ouvertes, qui permettrait au grand public de mieux nous connaître. Disposer d'un stand au salon de L'Etudiant, visité par de nombreux lycéens.
- Poursuivre et élargir l'expérience de la bourse Julien-Prunet, mise en place depuis un an. L'Association des anciens qui a présidé au jury de cette bourse a eu l'occasion de constater combien intéressants et talentueux étaient les profils soumis à notre jugement. Pourquoi ne pas recruter deux ou trois profils intéressants chaque année (et bien sûr, n'en intégrer qu'un si aucun autre ne nous donne satisfaction) ? Chacun sait que l'absence du diplôme officiel du CFJ à la sortie ne leur sera en aucun cas nuisible sur le marché du travail, il nous semble souhaitable de tirer profit de cette spécificité.
- Nous proposons enfin de mettre en place en début de première année, un dispositif de regroupement (volontaire) des nouveaux étudiants provinciaux pour qu'ils cherchent des appartements à plusieurs. Chacun sait que la colocation est une solution financièrement avantageuse à Paris. Dès le fin de l'année scolaire, l'Association des anciens propose de mettre à disposition du CFJ sa newsletter pour créer des passerelles avec les anciens propriétaires d'appartements ou les anciens qui recherchent des colocataires.
c - Baisser ou moduler les droits d'inscription
Nous avons toujours lutté pour un abaissement de droits d'inscription qui, sont pour beaucoup de candidats trop élevés, car ils s'ajoutent au coût du logement et de la vie à Paris. Jusqu'à présent, il est vrai que la direction du CFJ a toujours privilégié les " arrangements à l'amiable " avec leurs élèves les moins favorisés. Mais cela ne peut nullement tenir lieu de politique officielle pour relever le défi de la démocratisation : de plus en plus d'étudiants brillants, ignorant ces arrangements officieux, se résignent à seulement passer les concours des écoles universitaires faute de moyens financiers. C'est une perte impardonnable pour notre établissement.
C'est pourquoi
nous défendons une baisse des droits d'inscription, qui sont trop élevés.
A défaut, il nous semble impératif et urgent d'introduire un
système de modulation des droits d'inscription, basé sur le
revenu des familles des étudiants, à l'image de celui mis en
place l'IEP de Paris. Cette mesure permettrait d'être certain que la
forte sélectivité à l'entrée du CFJ ne se base
pas sur des critères de fortune, mais de talent.
Accessoirement, cela pourrait être l'occasion de redorer intelligemment
l'image de notre établissement et de faire parler de lui dans la presse,
mieux que bien des campagnes de communication.
Abaisser les montants des étudiants les moins aisés ne grèverait aucunement le budget de notre établissement. Nul n'ignore en effet que les candidats intégrés au CFJ sont, comme dans toutes les grandes écoles françaises, massivement issus de familles de cadres. Ils seront donc peu nombreux à bénéficier de ces réductions.
d - Une " année zéro " ?
A moyen terme, nous souhaiterions réfléchir à une "année zéro" de préparation (cela pourrait être 6 mois), spécialement ouverte aux étudiants " atypiques " (choisis par la direction, aidée si elle le souhaite par l'Association des anciens) qui conduirait à passer le même concours que les autres. Cette formule qui va être mise en place par l'IEP d'Aix-en-Provence serait le meilleur moyen de casser l'influence de préparations privées, qui avantagent ceux qui ont les moyens d'y recourir.
2 - Un concours moins réservé aux "bachoteurs "
Le concours d'entrée
du CFJ nous paraît en l'état satisfaisant, notamment par l'épreuve
d'enquête sur le terrain, difficile et essentielle. Mais nous souhaitons
que le questionnaire d'actualité présente plus de questions
"utiles" sur l'actualité : pas de détails microscopiques
des fonds de page qui semblent ne laisser une chance qu'à ceux qui
savent "bachoter", plus de questions de culture générale
(histoire, art, cinéma), plus de questions sur notre époque
(télévision, people
) et d'images (photos, tableaux) pour
retenir les étudiants les plus curieux du monde qui les entoure.