Problématisation sur l'euthanasie

Question en débat:

Faut-il continuer à considérer l'euthanasie comme un crime?




Etape 1 de la problématisation:

Réfléchir à la question en établissant une quadruple liste: une liste de questions, une liste de cas et faits, une liste d'idées et arguments et une liste d'aspects à traiter.

C'est là un travail de brain-storming ou de remue-méninges pendant lequel il nous vient toutes sortes de choses à l'esprit. Il faut donc s'attendre à voyager d'une liste à l'autre. Dans notre présentation, nous avons essayé de conserver ce voyagement d'une liste à l'autre. C'est pourquoi vous trouverez, ici, plusieurs liens hypertextes.



Liste de questions

1) Qu'est-ce que l'euthanasie?

2) Qu'est-ce qu'un crime?

3) Pourquoi l'euthanasie est-elle considérée comme un crime?

4) L'euthanasie est-elle un meurtre? (Réponse = oui car il s'agit de mettre fin à la vie de quelqu'un, donc de le tuer.)

5) Un meurtre peut-il être justifié dans certaines circonstances?

5a) Si oui, dans quelles circonstances ou dans quelles conditions?

5b) Sinon, pourquoi?

Remarques sur ces questions

Elles ont été identifiées à partir des éléments de la question en débat. Les questions 1, 2 et 4 sont des questions de définition pour savoir de quoi on parle exactement. La réponse à la question 3 devrait nous fournir des arguments contre la légalisation de l'euthanasie. Répondre à la question 5, c'est, pour 5a, établir des nuances et se diriger vers des limites à déterminer pour la rendre légale. Répondre à la question 5b, c'est encore trouver des arguments contre sa légalisation et pour son interdiction. Cela constaté, nous pouvons tout de suite identifier des aspects à traiter que nous allons immédiatement aller placer dans notre liste d'aspects à traiter.

Nous revenons à notre liste de questions pour en trouver d'autres.

6) Pour qui et dans quelles situations la question de l'euthanasie se pose-telle? (Je pense, ici, que ça peut être pour des animaux et des êtres humains, ce qui m'amène aux 5 questions suivantes:)

7) Pourquoi euthanasier un animal ne fait aucun problème?

8) Pour quelles raisons peut-on faire euthanasier un animal?

9) Pour quelles raisons peut-on faire euthanasier un être humain?

10) Parmi ces raisons, y en a-t-il qui sont inacceptables? Si oui, lesquelles?

11) Pourquoi les raisons évoquées valent pour un animal et non pour un être humain?

Remarques sur ces questions

Voilà une série de questions qui m'amènent à identifier un nouvel aspect à traiter éventuellement: l'euthanasie chez les animaux et pour les êtres humains. J'ai aussi, comme aspect, les raisons de l'euthanasie. Je vais les ajouter immédiatement à ma liste d'aspects à traiter.



Revenue à ma liste de questions, j'en cherche d'autres et je pense à des questions concernant les personnes impliquées.

12) Qui a le droit de décider de la mort de quelqu'un?

13) Qui a le droit de décider qu'une vie ne vaut plus la peine d'être vécue?

14) Qui doit prendre la décision? La personne malade? Le médecin? Les membres de la famille? Un membre de la famille? Un comité médical? Un juge? Un ensemble de personnes? La personne à qui la demande d'aide est faite?

15) La personne susceptible d'être euthanasiée doit-elle absolument donner son consentement?

16) Lorsqu'une personne demande à être euthanasiée, faut-il le lui accorder ipso facto?

17) Qui peut décider dans le cas où la personne est inconsciente ou incapable de formuler sa volonté?

18) Faut-il se fier au testament biologique, si la personne en a fait un?

Remarques sur ces questions

Elles tournent toutes autour du même thème: la prise de décision, ou le droit de décider. Je vais immédiatement le rajouter à ma liste d'aspects à traiter.


Bilan:

Pas mal pour un début! Me voici avec une liste de 18 questions et de 8 aspects possibles à traiter dans ma dissertation. Mais ce n'est pas fini! Je n'ai encore aucune idée, aucun argument ni aucun cas ou fait. Où m'en vais-je maintenant pour pouvoir continuer? Je peux toujours rester dans ma liste de questions et essayer d'en trouver d'autres. Je relis mes questions et... des réponses me viennent en tête, quelques idées se présentent! Je m'en vais donc dans ma liste d'idées et arguments.



Nouveau bilan:

Je suis toujours à 18 questions et 8 aspects, mais j'ai, en plus, 8 idées dans ma liste d'idées et arguments. Ça avance! Je me dis que je devrais peut-être, maintenant, me tourner vers des cas concrets, ce qui me donnerait peut-être de nouvelles idées, de nouveaux arguments et me faire penser à de nouvelles questions. Je m'en vais donc à ma liste de cas et faits.


J'examine maintenant ma liste de cas et faits et, à partir de chacun d'eux, je cherche de nouvelles questions.


19) Pourquoi a-t-on accepté la demande de Nancy B et pas celle de Sue Rodriguez?

20) Quelle est, exactement, la loi actuelle? Que dit-elle? Que permet-elle et qu'interdit-elle?
(Pour la réponse, cliquez ici.)

21) A-t-on déjà euthanasié quelqu'un dans le coma?

22) Scott Mataya a perdu sa licence d'infirmier pour avoir posé le même geste que certains médecins, alors que ces derniers s'en tirent, la plupart du temps, avec une condamnation avec sursis. La loi actuelle ne crée-t-elle pas des injustices?

23) Pour un malade en phase terminale et très souffrant, est-il humain de le laisser vivre une agonie atroce?

24) La maladie d'Alzheimer est-elle à ce point souffrante pour justifier une euthanasie?

25) La "déchéance" associée à la maladie d'Alzheimer est-elle si grave qu'elle puisse justifier une euthanasie?

26) Une quadraplégie justifie-t-elle une euthanasie?

27) Pourquoi un "Émile Rousseau" demande-t-il l'euthanasie alors qu'un Christopher Reeves ne la demande pas?

28) Un état de dépendance totale, 24h/24, (paralysie quasi complète sinon totale, avec impossibilité de faire quoi que ce soit soi-même, pas même avaler), laisse-t-elle encore place à une dimension humaine, à de la dignité humaine?

29) Qu'est-ce qui fait la valeur d'une vie humaine?

30) Qu'est-ce qui fait la dignité d'une vie humaine?

31) Qu'appelle-t-on une vie humaine et une vie inhumaine?

32) Si, en plus d'un état de dépendance totale, nous sommes en présence d'une vie à l'état végétatif persistant, en présence d'un "mort-vivant", peut-on encore dire qu'il s'agit là d'une vie humaine?

33) Faudrait-il réserver l'euthanasie uniquement aux personnes qui le demandent?

34) Que faire pour les personnes qui ne peuvent exprimer leur volonté?

35) Quelqu'un peut-il décider à leur place?

36) Si oui, qui et pourquoi?

37) Dans la pratique, on tient compte du testament biologique, même si la loi canadienne ne dit rien là-dessus. (D'ailleurs, la Commission sénatoriale recommande justement qu'il y ait une loi claire sur les "directives préalables".) Comme il y a des inégalités au niveau des sanctions et peines encourues, n'y a-t-il pas aussi inégalité entre ceux qui ont "heureusement" fait un testament biologique et ceux qui ont "malheureusement" oublié d'en rédiger un?

38) Que faire, face à un malade en phase terminale victime d'un arrêt cardiaque et qu'on pourrait réanimer?

39) Le but à rechercher est-il de vivre le plus longtemps possible ou le mieux possible?

40) Que décider, face à un bébé naissant gravement handicapé? Quelle décision prendre et au nom de quoi?

41) Doit-on accepter une demande d'euthanasie faite par un suicidant ou un dépressif?

42) Quel niveau de handicap est tolérable ou intolérable? humain ou "inhumain"?

43) Dans le cas d'un handicap, qui est-ce que ça dérange le plus? La personne handicapée, ou l'entourage?

44) (Même question mais, cette fois, pour les malades chroniques qui "attendent la mort".)

45) Qu'est-ce qui pourrait bien justifier "l'élimination" des personnes âgées? (Cela semble invraisemblable, contre le bon sens et le sens moral élémentaire. Donc, cas à exclure des cas "euthanasiables".)


Bilan

45 questions, 21 cas, 8 idées/arguments et 16 aspects à traiter. Nous voici passablement avancés mais ce n'est pas terminé, loin de là! Nous voulons faire le tour le plus complet de cette question complexe qu'est l'euthanasie, tour qui nous mènera à un traitement approfondi et non superficiel (répétition de lieux communs). Au niveau des cas, il est bien certain qu'on pourrait en trouver d'autres mais nous pouvons juger que nous en avons suffisamment pour illustrer notre point de vue et porter un jugement. Les questions sont nombreuses, mais il y en a sûrement d'autres, très importantes, auxquelles nous n'avons pas encore pensé. Quant à notre liste d'idées et arguments, avouons qu'elle est encore bien courte! Il va falloir l'enrichir.

Où aller, maintenant? Nous pouvons réexaminer notre liste de questions et, en répondant à certaines d'entre elles, trouver de nouvelles idées et de nouveaux arguments. Nous reprenons donc cette liste.

Après la découverte de nouveaux arguments, retour à notre liste de questions.

Nous en sommes toujours à 45 questions, 21 cas et 16 aspects à traiter mais, cette fois, nous sommes passés de 8 à 36 idées et arguments, plus un contre-argument tournant autour de la notion du respect de la vie. Parmi tous ces arguments, la grande majorité sont contre la décriminalisation. Il nous reste à identifier les arguments en sa faveur! Retournons donc à notre liste d'arguments.



Nouveau bilan

Avec une liste de 65 idées et arguments, nous pouvons être satisfaits de notre beau travail! Nous avons pratiquement tout ce qu'il faut, maintenant, pour nous faire une idée personnelle de la question. Notre liste de cas est suffisante, celle de nos questions aussi; il resterait à vérifier si nous avons identifié tous les aspects à dégager en comparant cette liste avec tout ce que nous avons trouvé comme arguments pour et contre la décriminalisation de l'euthanasie. Je mets sur la table ma liste d'idées et arguments et j'amène à l'écran, pour vérification, ma liste d'aspects.


Bilan final

Après avoir comparé ma liste d'idées et arguments avec celle des aspects, je me retrouve avec 45 questions, 21 cas, 65 idées et arguments et 25 aspects dont certains, qui ont été trouvés seulement à la fin, ne sont pas sans importance, particulièrement les principes et valeurs en jeu, de même que les conséquences de la décriminalisation ou criminalisation de l'euthanasie.

Voilà qui est nettement suffisant! Nous avons pratiquement tout sur la table. La période de remue-méninges et de recherche est maintenant terminée! Il est temps de passer à l'étape suivante de la problématisation: le classement de nos 4 listes, sa mise en ordre en fonction des aspects concernés.

Aller vers l'étape 2 de la problématisation
RETOUR au sommaire de L'EUTHANASIE




1