CENTRE D'ETUDES SUPERIEURES D'ØSTFOLD
Français des Affaires et Commerce International
Renaud Soufflot de Magny

LEGISLATIVES 97
LES SONDAGES CONFIDENTIELS

Egalement sur ce site :
>>>LA CAMPAGNE DU 1er TOUR : PERIODE DE PUBLICATION AUTORISEE
>>> BILANS ET ANALYSES
> Ce site s'est é galement enrichi d'une rubrique "Débats" et d'une bibliographie sur les sondages et l'opinion.


POURQUOI ?
(21 mai 1997)

La loi du 19 juillet 1977 “relative à la publication et à la diffusion de certains sondages” interdit dans son article 11 la diffusion sur le sol français des enquêtes préélectorales pendant la semaine précédant chaque tour de scrutin.

Les arguments des partisans de l’interdiction ne peuvent être balayés d’un revers de main. Ils estiment que les sondages risquent d’occuper une place démesurée dans la campagne et qu’il est souhaitable que les électeurs puissent effectuer leur choix sans être soumis à “l’influence” des sondages.

Cette loi nous semble toutefois malsaine sur le plan politique et obsolète sur le plan juridique.

A/ Politiquement :

On peut considérer que la connaissance des opinions de ses concitoyens est une information comme une autre, et qu’il n’y a rien d’anormal à ce que l’électeur agisse en “stratège” en intégrant les données des sondages. Ceux-ci pourront certes l’influencer (quoique le sens de cette influence demeure sujet de débat), mais après tout, d’autres formes d’expression des opinions également, qu’il ne viendrait à l’esprit de personne d’interdire (manifestations de rue, etc).

La plupart des pays démocratiques autorisent la publication de sondages jusqu'à la veille, voire jusqu'au jour du vote. Leur système politique ne fonctionne pas forcément plus mal que le nôtre...

Deux catégories de citoyens :

Si on considère toutefois que les sondages pervertissent la démocratie, il faudrait alors faire preuve de cohérence et interdire aussi la réalisation de ces enquêtes pendant la semaine précédant l’élection.

Or les instituts continuent à sonder de plus belle et à vendre leurs chiffres, ce qui crée deux catégories de citoyens. D’un côté, hommes politiques, journalistes, corps diplomatique, boursiers et quelques autres “privilégiés”; de l’autre, électeurs lambda que l’on prive d’une information qui pourrait pourtant les aider à comprendre des discours politiques parfois ajustés en fonction de ces sondages “secrets”.

Est-ce faire preuve de poujadisme que de penser que ce genre d’inégalité est de celles qui accentuent le divorce inquiétant entre ce qui est ressenti comme étant une “classe” politique et l’immense majorité de la population ?

Les Français manqueraient de maturité par rapport aux sondages ? C’est possible, d’où l’intérêt de se livrer à une approche pédagogique (ce à quoi ce site s’emploie). Mais les hommes politiques le sont-ils beaucoup plus ? Il suffit de se remémorer les débats télévisés le soir du premier tour de la présidentielle de 1995 pour en douter...

La porte ouverte aux rumeurs :

La loi de 1977 ouvre également la porte aux rumeurs les plus variées. On n’en citera que quelques exemples :

1) En 1988, l’hebdomadaire de campagne de Raymond Barre distribué notamment dans les gares parisiennes à quelques jours du premier tour écrivait : “Rebondissement avant le premier tour : Barre est en train de gagner [...] Des enquêtes d’opinion qui circulent sous le manteau et qui, de Renseignements généraux en instituts de sondages se promènent dans Paris, il ressort que Jacques Chirac est maintenant devancé d’un point par Raymond Barre ! [...] L’affaire est devenue un secret de polichinelle” (“Barre Hebdo” daté du 9-18 avril 1988). Evidemment, cette “information” n’avait pas le moindre fondement.

2) En 1995, le jeudi précédant le second tour, “la Tribune de Genève a fait état d’un sondage SOFRES donnant un résultat extrêmement serré, 51/49 en faveur de Jacques Chirac. Le malheur est que ce sondage n’existait pas ! Et que d’ailleurs aucun sondage réalisé entre les deux tours n’a donné à Jacques Chirac un score inférieur à 52 % des voix. [...] Comment ne pas voir que certains ont lancé des informations sciemment inexactes à des fins de mobilisation de l’électorat de droite [...] et que d’autres ont carrément préféré, aux spéculations politiques, des spéculations financières en tentant, sur la base de sondages inventés, des coups de bourse” (Entretien avec Jérôme Jaffré, Médiaspouvoirs, no 38, 2e trimestre 1988).

3) Dans la soirée du mardi 20 mai 1997, la page d’accueil du site Web de Libération a donné avec tambours et trompettes l’adresse du “site Secrets de campagne, hébergé aux Etats-Unis, qui rassemble les sondages et analyses interdits de publication en France”. Le site en question, totalement anonyme, cite des propos d’Edouard Lecerf (directeur général de Louis Harris France) et Philippe Méchet (directeur général de la SOFRES) et fait état d’une enquête SOFRES effectuée le 19 mai. Or le même Philippe Méchet, dont nous avons eu la collaboratrice au téléphone le 21, dément formellement l’existence de ce sondage, qualifié de “faux”.

B/ Juridiquement :

La loi de 1977 n’est guère adaptée à la situation existant aujourd’hui en matière d’accès à l’information en provenance de l’étranger. La Tribune de Genève peut-elle être interdite à la vente en France ? Faudrait-il priver à titre préventif les abonnés au câble des programmes de TV5 qui reprend les journaux télévisés de la TSR (télévision suisse romande), de peur que cette dernière fasse allusion à une enquête publiée par la Tribune ?

Quant à Internet, qui n’est pourtant pas contrairement à ce qu’on lit souvent un lieu de non-droit, il permet de démultiplier les informations (exactes ou fausses).

La Commission des sondages nous a en tout cas confirmé qu’un site Web basé à l’étranger ne tombe pas sous le coup de la loi de 1977 (cf aussi l’article d’Yves Eudes, “Des sondages en liberté”, Le Monde, 11-12 mai 1997).


COMMENT ?
(21 mai 1997)

Encore faut-il faire preuve de déontologie et d’un minimum de rigueur dans la collecte et la présentation de l’information, ce qui pour le moment ne smble pas être le cas pour le site Secrets de campagne.

C’est ce qu’a choisi cette année la Tribune de Genève qui publiera dans son édition datée du vendredi 23 mai un sondage CSA (disponible sur Internet dès la veille au soir).

On sera un peu plus réservé sur l’approche du Daily Telegraph (et de sa version en ligne, l’Electronic Telegraph) qui compte attendre les “fuites”, dont on a vu que la fiabilité peut être douteuse.

Le site que vous consultez actuellement proposera les résultats des sondages auxquels on aura éventuellement pu avoir accès et dont les sources auront été vérifiées.

Ainsi espère-t-on modestement, comme d'autre "internautes", contribuer à abaisser le “cens” donnant droit à l’information...


LES CONFIDENTIELS DU PREMIER TOUR
(23 mai 1997)

Intentions de vote (en % des suffrages exprimés) :
IPSOS

20-21/05
(2251)

CSA
Tribune
de Genève
21-22/05
(1209)
Ext.G
2
3
PC
10,5
10
PS/DG
28
28
Ecolo.
7
6,5
UDF/RPR/DD
37,5
37,5
FN
13,5
15
Divers
1,5
-

Projections en sièges :
IPSOS

20-21/05
(2251)

CSA
Tribune
de Genève
21-22/05
(1209)
Ext.G
0
0
PC
27
21
PS/DG
236
233
Ecolo.
UDF/RPR/DD
314
301
FN
0
0


LES CONFIDENTIELS DU SECOND TOUR

RAPPEL : LES ESTIMATIONS AU SOIR DU PREMIER TOUR
(27 mai 1997)
SOFRES
TF1
RTL
BVA
F2
Europe 1
CSA
F3
Radio F
IFOP
Libération
(1)
PC
21-30
17-23
19-23
28
PS et alliés
242-272
255-280
250-275
247-276
UDF/RPR/DD
255-285
250-270
265-285
250-279
FN
0-3
0-1
0-2
1

(1) NB : Les projections en sièges réalisées par l'IFOP ne résultent pas d'un sondage, mais d'une étude circonscription par circonscription qui envisage trois hypothèses différentes en fonction de la mobilisation des abstentionnistes de droite du premier tour et des reports de l'électorat FN.

LES PROJECTIONS DES INSTITUTS :
(31 mai 1997, 15h00)

Selon les chiffres de cinq instituts (nous n'avons pu obtenir de données provenant du sixième), la gauche pourrait être majoritaire en sièges dimanche soir. Mais il ne s'agirait pas d'une victoire ample, les différents organismes de sondage tombant sur un point moyen variant entre 294 et 316 pour les députés de gauche (la majorité absolue se situe à 289 sièges).
Dans cette hypothèse, il n'y aurait pas de majorité sans le Parti communiste, d'autant que le PC devrait réaliser un score meilleur que celui que lui attribuaient les estimations de dimanche dernier : il est crédité selon les instituts de 32 à 36 sièges en point moyen.
Le FN peut raisonnablement envisager d'envoyer deux représentants au Palais Bourbon.

Il faut toutefois rappeler qu'il ne s'agit que d'indicateurs et qu'une soixantaine de sièges devraient se jouer à moins de deux points d'écart. Or l'attitude des abstentionnistes du premier tour et des électeurs Front national confrontés à un duel gauche/droite modérée est difficile à apprécier -notamment du fait qu'un grand nombre d'électeurs votant FN refusent de déclarer leur choix dans les enquêtes.
S'ils sont relativement peu nombreux à souhaiter la victoire de la gauche, seulement la moitié d'entre eux est prête à voter pour la majorité sortante en cas de duel avec la gauche, le reste se répartissant à peu près également entre vote PS et vote blanc/nul.

Autrement dit, ni une victoire de la gauche sans le PC, ni une victoire de la droite ne peuvent a priori être exclues.

LES SONDAGES CSA
(31 mai, 17h00)
CSA
TdG
28-29/05
1201
CSA

30/05
1016

PC 32 34
PS et alliés 283 271
Divers 1 1
UDF/RPR/DD 260 269
FN 1 2

CSA soulignait le 29 le fait que "dans 85 circonscriptions, les députés seraient élus avec des scores de 50 à 51,5 % des suffrages", autrement dit avec une marge de moins de trois points. Ce qui signifie que rien n'est à exclure pour le 1er juin et qu'il convient évidemment de prendre cette enquête comme une indication intéressante et non comme une prévision.


DERNIERE HEURE :
(29 mai 1997)


Les opinions exprimées dans cette page ne représentent pas forcément les vues du Centre d'études supérieures d'Østfold et n'engagent que son auteur.
De synspunktene som står her er ikke nødvendigvis representative for Høgskolen i Østfold. Jeg alene er ansvarlig for innholdet.
© Renaud Soufflot de Magny, 1997

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