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CENTRE D'ETUDES
SUPERIEURES D'ØSTFOLD
Français des Affaires et Commerce International Renaud Soufflot de Magny |
SONDAGES & ELECTIONS
LE DEBAT
Depuis la création de ce site, j'ai reçu un courrier électronique assez abondant.
Voici des extraits de cet échange d'idées. Ne sont pas cités les noms / adresses électroniques des personnes qui ne m'y ont pas explicitement autorisé.
Je tiens à saluer la qualité de votre site consacré aux élections et aux sondages. Très complet, il contribue au développement des contenus citoyens sur le Net.
S'agissant des sondages, je crois devoir vous indiquer que je me suis exprimé publiquement le 23 octobre dernier sur la nécessaire évolution de la loi du 19 juillet 1977 (texte disponible sur le site Web de l'Assemblée nationale {...}).
Je vous prie de croire, Monsieur, en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
Laurent FABIUS
1. A droite, il s'agit de mesurer le chemin parcouru en un an. On se souvient parfaitement de la defaite cuisante de la gauche aux législatives de 1993 et aux européennes de 1994. Pourtant, c'est Lionel Jospin qui contre toute attente parvenait a atteindre le second tour des présidentielles en 1995 avec un score très honorable. Je pense qu'à droite, cette idée - que la mort en politique n'existe pas vraiment à moins que l'on ne s'y soit résigné (exemple: Rocard, contre-exemple VGE). Un test important précédant les élections a été la tenue des assises nationales du RPR les 31 janvier et 1er février, qui ont montre que le RPR n'est pas soluble dans le séguinisme, et que Chirac tient bien les commandes de son parti, ce qui le place en bonne position pour briguer un second mandat en 2002. Après les législatives de 1997 et avant les présidentielles de 2002, on voit mal comment les européennes pourraient imprimer un cours politique différent. Donc enjeu politique majeur pour Chirac; la résurection de la droite (lire RPR) avant une réelection. N'oublions pas non plus que cette cohabitation de 5 ans pourrait ne pas tarder à arriver à son terme. En effet, on ne verrait pas Chirac et Jospin refaire un remake de la campagne de 1988 entre Mittterrand et le même Chirac. On peut donc penser que quelque part au sein de la droite UDF/RPR, on prépare un nouveau "coup d'Etat" sous la forme d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée. Un résultat positif pour la droite (de même qu'un référendum judicieusement posé et positif pour le président) pourrait déblayer le terrain pour une telle solution à moyen terme.
2. A gauche, Jospin capitalise. Il est en passe de remplir tous les critères dont Olivier Duhamel parlait dans son livre "Le pouvoir politique en France" (tu sais, la fameuse equation "E=N+O+P+X"). Le redressement du PS et de la gauche - plurielle ou pas - lors des présidentielles et des législatives, s'il devait être confirmé avec la prise du dernier bastion de la droite, ouvrirait alors le champ pour une victoire en 2002. On voit mal qui pourrait alors lui damer le pion.
3. Très loin àdroite, la nuit des longs couteaux approche. Avant cela, on verra si le RPR est vraiment soluble dans le FN. Les dernières tendances à la collusion RPR/FN (le cas de Mancel n'est-il pas extrêmement indicatif?) montre que le trouble est immense à droite. Je me souviens d'une discussion très intéressante avec un ancien cadre dirigeant du FN, dans un restau de Paris, où celui-ci me parlait de la stratégie de conquête de pouvoir de Mégret. Les gens autour de nous étaient visiblement RPR, et les commentaires fusaient: "mais qu'est-ce qu'attendent les pontes du parti pour passer des accords électoraux?". Ce sentiment fut confirmé par un proche de Séguin qui alla jusqu'à me dire que le gaullisme etait un moment "historique" et qu'il fallait maitenant regarder plus loin, c'est a dire reconquérir le pouvoir, avec les voix FN si nécessaire. Si cette évolution etait vérifiée, et sachant qu'il n'existe plus de différence notoire entre le RPR et l'UDF (lis le "Projet pour la France... et les Francais" du RPR pour mesurer le nouveau grand pas vers l'ultralibéralisme du RPR), le chemin serait ouvert pour la dissolution des partis de droite, leur recomposition dans un grand parti de droite "moderne" avec à la clef une alliance frontiste. Cette double stratégie de noyautage droite/Le Pen est comme tu le sais suivie de très près par Mégret. Ici aussi le but ultime reste les présidentielles de 2002. Pour Mégret, décrédibiliser une bonne fois pour toute Le Pen (échec en PACA, échec des candidats frontistes à la solde de Jean-Marie, et intronisation des candidats mégretistes ). Pour Le Pen, exactement le contraire, cad. affaiblir suffisamment Mégret sans affaiblir durablement le FN. Etant donné leur forme, laissant au FN un espace réel de conquête, ces élections sont donc un baromètre irremplacable de l'évolution que beaucoup jugent regrettable, mais non moins inéluctable du rapport droite/extrême droite.
Ma question est la suivante: Comment se fait la répartition des sièges? KrF a 25 sièges avec 13,7% alors que H a 14,3% et seulement 23 sièges?
Je décris en gros le mode de scrutin dans une des pages du site.
La Norvège n'est pas considérée comme une circonscription unique, sinon le phénomène que vous décrivez n'existerait pas. Le pays est divisé en 19 circonscriptions (qu'on appelle "fylke" en norvégien) et c'est dans le cadre de celles-ci que se fait une répartition des sièges proportionnelle aux voix obtenues. Plusieurs phénomènes se combinent pour créer des distorsions.
Pour simplifier, je n'en développe qu'un : les petites circonscriptions ont un nombre d'élus plus important que leur poids dans la population totale. Exemple: le Finnmark a 4 élus pour 75 000 habitants alors qu'Oslo n'a "que" 15 élus pour près de 500 000 habitants.
Imaginons une "Norvège simplifiée" avec seulement deux régions : Nord (2000 votants, 10 sièges) et Sud (10000 votants, 20 sièges). Imaginons aussi qu'il n'existe que 3 partis : AP, H et KrF et qu'on obtienne les résultats suivants:
Région Nord :
AP : 800 voix (40%)
H : 400 voix (20 %)
KrF : 800 voix (40 %)
Le scrutin proportionnel donnera donc pour la région Nord :
AP : 4 sièges H : 2 KrF : 4
Région Sud :
AP : 5500 voix (55%)
H : 2500 voix (25 %)
KrF : 2000 voix (20 %)
Répartition des sièges pour la région Sud : AP
: 11 H : 5 KrF : 4
Si on fait le total au niveau national (Nord + Sud), on obtient :
AP : 6300 voix (52,5 %) , 15 sièges
H : 2900 voix (24,2 %),7 sièges
KrF : 2800 voix (23,3 %), 8 sièges.
KrF obtient plus de sièges que H, mais avec moins de voix !
Dans la réalité, ce phénomène a joué : H a réalisé ses meilleurs scores dans des zones très peuplées, donc relativement "sous-représentées" au Parlement (Oslo, Akershus) alors que KrF a fait mieux dans des zones "surreprésentées" (Agder par exemple).
D'autres petits biais existent :
1) dans la réalité, les chiffres ne tombent jamais juste : grosso modo, on "arrondit" pour arriver à un nombre de sièges qui soit un entier ! Dans les circonscriptions où il y a peu de sièges, les grands partis les remportent et il n'y en a plus à distribuer pour les petits partis. Mais cela est corrigé par le système norvégien : 157 sièges sont attribués comme je viens de le décrire, 8 autres sont répartis au niveau national pour compenser les effets déformateurs du mode de scrutin (ce qui a surtout profité à V et SV cette fois-ci)
2) les taux de participation diffèrent de région à région sans influer sur le nombre d'élus de chaque région.
(...)
Texte d'une interview réalisée par Florence
Aubenas et publiée par Libération
le 15 septembre 1997 :
Aujourd'hui, 3 millions de Norvégiens vont élire 157 députés pour quatre ans, dans ce pays que les ressources pétrolières ont, depuis vingt ans, transformé en "Koweit de l'Europe". Si une possible érosion du Parti travailliste, qui joue un rôle prépondérant depuis près de cinquante ans, reste l'enjeu essentiel du scrutin, la montée du Parti du progrès constitue la surprise de la campagne. Formation la plus à droite de la scène politique, elle glorifie "la famille norvégienne", prône une "société sans mélange" où "l'argent profite d'abord à la nation et non aux pays du tiers monde". Installé en Norvège depuis six ans, Renaud Soufflot de Magny, chercheur en sciences sociales au Centre d'études supérieures d'Østfold, analyse ce phénomène.
En France, la montée du FN a coïncidé avec la
crise économique. en Norvège, troisième pays le plus
riche selon l'OCDE, l'extrême droite monte aussi. Pourquoi?
Il faut tout d'abord se garder des parallèles entre Jean-Marie
Le Pen et Carl Igar Hagen, leader du Parti du progrès, que je qualifierai
plutôt de droite populiste. En Norvège, pays indépendant
depuis 1905 seulement, le nationalisme a des couleurs romantiques, bon
enfant, et représente une des valeurs les mieux partagées
par tous les partis. Sur les débats de société, Hagen
a défendu des positions qui peuvent surprendre les Français:
il s'était, par exemple, prononcé plutôt en faveur
de l'Union européenne. En revanche, le discours du Parti du progrès
prend pour toile de fond le thème poujadiste du "petit" contre le
"gros", de l'establishment politique contre le "Norvégien normal".
Son électorat se recrute dans les milieux populaires.
Là-dessus s'inscrit la problématique proprement norvégienne
et qui fut le thème principal de la campagne: comment dépenser
notre argent? En gros, le gouvernement travailliste a choisi la politique
de la fourmi, faire des économies pour le jour où la manne
pétrolière se tarira. Hagen serait plutôt la cigale.
Il fait un tabac chaque fois qu'il affirme: "Notre pays a gagné
au loto, mais 300 000 personnes attendent toujours des places dans les
hôpitaux, et les retraites sont trop basses.". Pour caricaturer,
le débat se situe non pas sur le bien-être, mais sur le mieux-être.
Avec beaucoup de guillemets, on pourrait même parler d'un caprice
de riche.
La xénophobie fait partie du fond de commerce de Hagen.
C'est vrai, mais cela a plutôt joué contre lui. Il y a
peu, il a durci sa campagne, affirmant qu'"une société
sans minorité ethnique est une société harmonieuse".
D'après les sondages, 39 % des Norvégiens sont d'accord avec
ses propositions sur l'immigration, ce qui est beaucoup. Mais ce thème
n'est pas du tout prioritaire, dans un pays qui n'accueille que 160 000
étrangers. En axant sa campagne sur cela, le Parti du progrès
a paradoxalement plutôt perdu des points.
La monté d'un parti d'extrême droite est-elle perçue
comme un danger?
Il y a une inquiétude, mais ce n'est pas du tout vécu
comme une menace immédiate pour la démocratie. Par nature,
et du fait du système électoral à la proportionnelle,
la vie politique norvégienne est faite d'alliances, de collaboration.
Lors de la législature précédente, le Parti du progrès
a voté comme le Parti travailliste sur la moitié des dossiers.
Autour de Hagen, il n'y a pas cette dramatisation ou cette sorte de cordon
sanitaite qu'il y a autour de Le Pen. Aucun homme politique n'aurait même
eu l'idée de refuser un débat avec lui pendant la campagne.
En revanche, les travaillistes ont systématiquement refusé
d'aborder avec lui le sujet de l'immigration, disant que ce n'était
pas à Hagen de fixer leur thème de campagne. Cette tactique
semble avoir été payante. Dans la limite de la fiabilité
des sondages, le Parti du progrès était crédité
de 25 % des votes en août, alors que les derniers chiffres tournent
plutôt autour de 15 %.
A/ L usurpation d une crédibilité scientifique :
Il me semble que les sondeurs perdent leur crédibilité avant tout parcequ ils cherchent une crédibilité scientifique qu ils ne peuvent pas assumer commercialement. En effet autant ils mettent en avant lors de la vente la technicité et la complexité des sondages, autant ils cherchent à dissimuler la part d erreur inhérente à tout processus statistique et prévisionnel de ce type. Déontologiquement, les sondages avec comme résultats des valeurs précises (c'est-à-dire sans fourchette ni estimation d erreur et sans analyse de cette erreur) devraient être refusés.
B/ La surenchère commerciale lors de ces élections :
Cette campagne politique a été un exemple particulièrement caricatural car les instituts de sondages ont du concentrer leur chiffre d affaires sur un mois au lieu de le faire sur une année. Ces instituts ont donc été amenés à une surenchère commerciale qui les obligés à mener leurs sondages dans la précipitation. Et on a vu par exemple Le Monde proposer à ses lecteurs jour après jour le sondage du jour avec la même vulgarité marchande qu un grand magasin qui propose la promotion du jour . Sans doute que les sondages avaient été vendus avec un prix de gros...
C/ La nécessité de changer la loi :
Néanmoins, je suis en accord avec votre défense de la liberté de publier les sondages jusqu au dernier jour à partir du moment où ces sondages existent. mais à condition de mener en parallèle la lutte que vous menez pour que les sondages soient mieux compris, mieux utilisés et qu ils perdent de leur pouvoir magique. Il faut que le public et surtout les hommes politiques qui sont les premiers visés se rendent compte que les sondages ne peuvent au final ni anticiper ni conjurer l avenir.
D/ L absence de légitimité démocratique :
A mon avis, le plus grave problème avec les sondages est qu ils n ont aucune légitimité démocratique. Déjà dans le cas de ces élections où l échéance est anticipée et que la campagne est menée à la hâte, on peut douter du fait que les électeurs aient eu le temps de se construire une opinion sur la durée et avec sérénité. Alors que pouvons-nous penser de la légitimité d un sondage qui concerne un échantillon de personnes à qui on exige une réponse sur le vif et de manière non secrète ? Elle est au moins sujette à caution, au pire condamnable. L affirmation brute d un sondage est dans l esprit à l opposé d une consultation faite dans les règles usuelles de la démocratie et ce, quelques que soient les corrections que les sondeurs peuvent imaginer (comme cette correction pour environ la moitié des électeurs du Front National qui refusent de faire connaître leur intention de vote lorsqu ils sont sondés).
E/ Le danger représenté pour la démocratie :
Cette usurpation de la légitimité démocratique est d ailleurs à mon avis surtout dangereuse hors période électorale, lorsqu aucune élection ou aucun référendum n est là pour affirmer la pensée véritable des électeurs pris dans leur ensemble. Nous avons un bon exemple de la pétition contre la loi Debré. Les pétitionnaires, accusés d élitisme, ont cherché une légitimité démocratique en multipliant le nombre de signatures. Cette course au nombre de voix leur furent, je pense, fatale car jamais une pétition, si étendue soit-elle, ne remplace un référendum. Et évidemment, un sondage montrant que la majorité des Français étaient pour les lois Debré est venue à point nommé casser leur argumentaire. Dans les deux cas (pétitions ou manifestations d un côté, sondages de l autre), on peut affirmer qu il y avait volonté d abus de pouvoir. Mais encore une fois, ce ne sont pas les sondages qui sont fondamentalement mis en cause, mais le vide démocratique existant... Et la France serait sage de s inspirer d autres systèmes démocratiques où un référendum organisé dans les règles de l art a lieu s il est demandé par un nombre important de pétitionnaires (nombre à déterminé).
F/ Conclusion :
Pour moi, c est vraiment le sujet clef, se demander comment les sondages peuvent s insérer sainement dans un système démocratique, et comment contrôler les informations recueillies par cette technique afin de limiter les abus de pouvoirs qui en découlent. Mais une telle réflexion sur les sondages ne peut se passer d une réflexion sur le système démocratique dans son ensemble tel qu il est construit et tel qu il est pratiqué.
En espérant pouvoir bénéficier de vos réactions à ces remarques, je vous prie de croire, Monsieur, à l assurance de mes meilleurs sentiments.
D'après mes amis les plus experts en la matière [...], l'avance de la gauche est aujourd'hui estimée à une quarantaine de sièges. Une victoire, mais courte. Cela correspond à ma vision de la situation électorale. Une projection purement mathématique des résultats du premier tour, comme je vous l'indiquais précédemment, laisserait prévoir une victoire plus large de la gauche.
Deux phénomènes, à mon sens, peuvent limiter cette dernière. Premièrement, il semble bien qu'une fraction de l'électorat de droite, qui s'est abstenu au premier tour, va tenter de sauver ses meubles (de style ?) au second. Deuxièmement, l'électorat FN reste obsédé par l'idée que la gauche défend les immigrés. D'après des études confidentielles dont j'ai eu aujourd'hui connaissance, 50% des lepénistes ont l'intention d'appuyer la droite le 1er juin, 20% la gauche tandis que 30% se refugieraient dans l'abstention. Plus l'idée que la gauche va gagner se répand, elle est désormais hégémonique à Paris, et plus cet électorat a des chances de soutenir la droite. C'est pourquoi je pronostique personnellement, avec toutes les reserves d'usage, une victoire peu ample de la gauche.
On peut toujours se tromper, c'est le propre des "experts". Je pense neanmoins que le rejet, dans l'opinion francaise, de la politique gouvernementale actuelle est tel que les oppositions ont de bonnes chances de se coaguler. Autrement dit, les reports PS-PC seront sans doute de bonne qualite, en depit des polemiques du moment. Surtout, l'electorat du FN ne se reportera pas massivement a droite. Sur ce point, les indications fournies par les sondages (qui ont un mal fou a apprehender cette population) sont contradictoires. Une certaine logique voudrait pourtant que l'attitude de Le Pen, preferant ouvertement une victoire de l'opposition, corresponde a l'attitude reelle d'une majorite de son electorat.
Comme dans toute competition, rien n'est joue a l'avance. A mon sens, beaucoup de signes laissent cependant presager un mauvais premier tour pour la droite. Et une situation pour le moins complexe, pour la majorité sortante, au tour decisif.
Il me semble sentir un redressement du Front National si l'on compare sondage a sondage?
Le confirmez vous sachant que le vote FN est difficile a établir car les electeurs de ce parti tendent a cacher leurs opinion.
En ce qui concerne le Front national, il n'y a pas, pour l'instant en tout cas, de frémissement sensible. La moyenne mobile des six instituts oscille depuis la début de la campagne entre 14 et 15 % des voix. Ceci ne préjuge en rien des évolutions à venir, d'autant que les fins de campagne profitent souvent au FN. L'institut le plus "généreux" est IPSOS (16 % pour le FN, enquête des 6-7 mai) car cet organisme calcule ses pourcentages "sur la base des personnes sûres de voter pour ce candidat et certaines d'aller voter". Or les électeurs du FN sont parmi les plus sûrs de leur choix.
Il est vrai qu'un nombre non négligeable d'électeurs FN n'osent pas assumer leur vote face aux enquêteurs. L'émergence du FN au niveau national date des élections européennes de 1984 et les instituts avaient sous-évalué ce phénomène nouveau. Pour corriger ce biais, les sondeurs effectuent des "redressements", en demandant par exemple aux personnes interrogées de se remémorer leur vote aux élections précédentes. Si le vote reconstitué fait apparaître un FN en-dessous du score qu'il avait obtenu en réalité, on estime qu'il existe un vote non-déclaré en faveur de ce parti et on ajuste en conséquence, grâce à des algorithmes assez complexes. Cette technique n'est pas sans présenter des inconvénients, qu'il serait trop long de développer ici, mais l'expérience montre que sans ces redressements, les écarts sondages/résultat réel seraient bien plus importants.
Merci pour votre site WEB consacre aux sondages des legislatives prochaines, mais j'ai constate que dans la liste des Mouvements politiques que vous dressez il manque le Mouvement des Citoyens preside par J.P. Chevenement. Alors que ce parti politique a plusieurs deputes sortant et de nombreux candidats partout en France qui peuvent peser sur le debat et le resultat des elections. Pourquoi les instituts de sondage ne prennent pas en compte ce mouvement politique, alors que d'autres partis avec moins d'elus sont individualises.
Si vous voulez parler de la liste des partis avec lesquels j'ai créé des liens, le Mouvement des citoyens n'y est pas car je n'ai pas trouvé de site Web pour ce parti. Si vous en connaissez, transmettez-moi son adresse et je me ferai un plaisir de l'ajouter.
Si vous parlez des catégories utilisées par les sondeurs, il est vrai que les "petits" partis sont regroupés (Ext. gauche, divers droite, divers gauche, écologistes). D'autres mouvements pourraient souhaiter être individualisés (MPF de Ph. de Villiers, LO d'A.Laguiller, Verts de D. Voynet, Génération Ecologie de B. Lalonde, MEI d'A. Waechter ... ). Je ne fais que reprendre les résultats des sondages publiés et je n'y peux donc rien.
Depuis le 5 mai, date limite de dépôt des candidatures, la plupart des instituts interrogent les sondés non pas sur la seule étiquette politique, mais aussi sur le nom des candidats réels dans leur circonscription. Ils demandent aux gens "Comptez-vous voter pour M. X du MDC, Mme Y du PC, M. Z du RPR, etc" et tous les mouvements sont donc individualisés. Mais pour la présentation des résultats et pour éviter des tableaux trop compliqués avec des partis à 1 % ou moins, ils additionnent les scores des "petits" et les regroupent.
(...)
(...)
Et dites-moi, si cela ne vous gêne pas, comment vous travailler. A Paris ou en Norvège ?
(...)
Pour répondre à votre question, c'est bien de Norvège que je travaille. Grâce à Internet, auquel j'accède sur mon lieu de travail, il est relativement aisé de se tenir à jour (sites Web, possibilité d'écouter les journaux des radios généralistes). J'ai aussi la chance de travailler dans une institution qui a investi dans une parabole, ce qui me permet de recevoir les chaînes de télévision françaises. Bien qu'habitant à Oslo, à une centaine de km de mon lieu de travail (je ne suis pas au bureau tous les jours), j'essaie donc d'execer une "veille" aussi vigilante que possible. Lorsque des données me manquent ou sont incomplètes, je demande à ma famille en France de se procurer les titres dans lesquels tel ou tel sondage est publié et de me communiquer l'info (merci Maman !)
(...)
Sur le principe de l'interdiction prevue par la loi de 1977, j'avoue que je suis assez partage. D'un cote, je considere, comme vous, que cela introduit une inegalite dans l'information des citoyens. D'un autre cote, il faut bien reconnaitre, surtout lorsqu'on est, comme moi, journaliste politique, que les sondages exercent une influence excessive sinon sur le public, tout au moins sur la classe politique. C'est pour cette raison que je ne suis pas, par principe, et contrairement a mes amis sondeurs, adversaire de cette disposition...
(...)
Je suis assez d'accord avec vous sur le fait que les sondages occupent une place excessive dans les préoccupations des hommes politiques. Mais croyez-vous vraiment que le fait d'interdire leur diffusion pendant (deux fois) une semaine change cet état de fait ?
Il me semble qu'au contraire, la classe politique a plus que jamais les yeux rivés sur les mesures de l'opinion pendant cette période, qu'elle ajuste éventuellement son discours en fonction de celle-ci. Or cela se fait de façon non transparente puisqu'on ne donne pas aux citoyens les moyens de le comprendre.
Je reconnais que "l'opinion publique" -ouf, Bourdieu ne me lit pas... ;-) n'est pas toujours très au fait des limites des sondages. Mais la classe politique l'est-elle davantage ? (j'ai en tête le "procès des sondages" sur les plateaux de télévision au soir du premier tour de la présidentielle). J'ai l'impression qu'il serait plus cohérent soit d'interdire carrément la réalisation de sondages pendant la dernière période, soit d'en autoriser la publication.
Dans beaucoup de pays (exemple de la Norvège), c'est cette dernière solution qui a été retenue et leur démocratie ne se porte pas forcément plus mal que la nôtre...
(...)