Grands Réalisateurs

Liste des réalisateurs:
 Frères Coen (Joel et Ethan)  Oliver Stone
 Stanley Kubrick  Quentin Tarantino
 Jim Jarmush  Woody Allen
 Orson Welles  Marcel Pagnol
 Lasse Hallström  Francis Ford Coppola
 Lars Von Trier  David Cronenberg
 Jeunet & Caro   David Lynch

 

David Cronenberg (1943- ) 

Lieu de naissance : Toronto, Canada

    David Cronenberg est un réalisateur à part dans le cinéma moderne, un peu comme David Lynch ou Atom Egoyan, son ami. Il n'en reste pas moins un des plus grand cinéaste du dernier quart de siècle et est le seul à maîtriser ce champ lexical si particulier du virus et de la maladie. Deux notions qu'il a rendues inhérentes aux images et aux corps de ses films et qu'il a étendues et déclinées sous des formes diverses et variées. Son cinéma est tout entier destiné au corps humain (au sens large) et le modernisme et le propos des œuvres de Cronenberg nous font parfois penser aux plus belles pages de Nietzsche (réhabilitation du corps et remise en cause radicale des valeurs de la société contemporaine).

     Né à Toronto (Ontario, Canada) en 1943, d'un père journaliste et d'une mère pianiste, David Cronenberg a débuté comme metteur en scène à la fin des années 60 avec quelques courts-métrages, presque impossibles à trouver aujourd'hui (il faudrait s'adresser à Serge Grünberg, meilleur exégète français du réalisateur canadien). Il réalise Transfer en 1966 et From the drain en 1967, deux courts-métrages expérimentaux. Cronenberg travaille ensuite quelques années pour la télévision canadienne. Après des études de Lettres inachevées, ses premières armes au cinéma laissent paraître un penchant pour l'expérimental.

     Ses deux premier films sont en fait des moyens-métrages (un peu plus d'une heure chacun). Stereo (1969) et Crimes of the future (que l'on peut trouver en vidéo aux États-Unis) sont financés par des maisons de production qui se destinent d'habitude au cinéma X. Son premier grand film, Shivers (Parasite murders est l'autre titre) réalisé en 1975 passe quasiment inaperçu, mais effraie les rares critiques qui ont pu le voir. Cronenberg y filme l'histoire d'une communauté qui meurt à petit feu à cause d'un terrible virus… sexuellement transmissible. Comme d'habitude, le canadien a 10 ans d'avance sur tout le monde et l'on aurait préféré que son script ne s'avère pas être une prophétie.

     L'année suivante, il embauche la très belle Marilyn Chambers, star du porno, pour jouer dans Rabid (Rage). Comme Shivers, le film est surprenant de modernisme et Cronenberg y poursuit sa quête du corps, mais de l'intérieur (dans tous les sens du terme). Personne ne va voir ces films, et les rares personnes qui découvrent Cronenberg dans les salles obscures sont plutôt déconcertées, voire horrifiées.

     Après The brood (Chromosome 3 - 1979) et Scanners (1980) avec Michael Ironside, deux petits chefs-d'œuvre, il connaît pour la première fois le succès avec Videodrome (1982), grand chef-d'œuvre qui, aujourd'hui encore, paraît avoir 30 ans d'avance. Le gouvernement canadien est scandalisé par le film et les recherches de Cronenberg. L'année suivante il réalise le très beau The dead zone d'après la nouvelle de Stephen King avec Christopher Walken et Martin Sheen. En 1986, il réalise The fly (La mouche) avec Jeff Goldblum et Geena Davis. Le film est un grand succès (public et critique) et Cronenberg montre par là même que l'on peut faire de l'horreur (nous parlons de genre) un cinéma brillant et avant-gardiste.

     Cronenberg aura dû attendre 1988 et Dead ringers (Faux semblants), magnifique film brut et glacé, pour être reconnu comme un grand cinéaste. On ne distingue plus les corps de l'image, et Cronenberg réalise le premier grand film d'horreur intérieur avec le génial Jeremy Irons qui se dédouble pour jouer les rôles de deux gynécologues pathologiquement fascinés par l'intérieur du corps des femmes.

     En 1991, il adapte l'inadaptable roman de William Burroughs, The naked lunch (Le festin nu). Une fois de plus, on se dit que seul Cronenberg peut travailler sur ce genre de matériau et en tirer un chef-d'œuvre. On aurait d'ailleurs aimé qu'il se penche sur American psycho, le très beau livre de Bret Easton Ellis qu'il est sans doute le seul à pouvoir adapter pour le cinéma.

     Après M. Butterfly en 1992, son film le plus incompris, Cronenberg se met à nouveau tout le monde à dos avec Crash en 1996. Véritable diamant brut post-moderne qui nous a fait découvrir une des plus belles et intrigantes actrices de la décennie, Deborah Unger, le film suscite les émotions les plus diverses et les V.I.P. du Festival de Cannes sont choquées. Francis Ford Coppola, président du jury cette année, voulait lui remettre la Palme d'or (il n'aura que le prix spécial du jury) mais les instances cannoises l'en ont dissuadé.

     Son dernier film, eXistenZ, est, comme la grande majorité de ses films, passé inaperçu et l'on peut parier que dans cinq ou dix ans tous les critiques en parleront comme d'un chef-d'œuvre, comme tout le reste de sa filmographie. David Cronenberg n'est pas artiste posthume, mais post-moderne, et à ce titre, il n'obtient de la reconnaissance que pour les œuvres qu'il a réalisées 10 ou 15 ans auparavant (Videodrome est aujourd'hui aux yeux de tous les cinéphiles un chef-d'œuvre marquant de l'histoire du cinéma).

par Tibo

Liste des films réalisés:
Transfer (1966)
From the Drain (1967)
Stereo (1969)
Crimes of the Future (1970)
Shivers/Parasite muders - Frissons (1975)
Rabid - Rage (1977)
Fast Company (1979)
Brood, The - Chromosome 3 (1979)
Scanners (1981)
Videodrome (1983)
Dead Zone, The (1983)
Fly, The - La mouche (1986)
Dead Ringers (1988)
Naked Lunch - Le festin nu (1991)
M. Butterfly (1993)
Crash (1996)
eXistenZ (1999)
Spider (2002)
Painkillers (2003)

Site sur David Cronenberg

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