Recommander
Tihert.tk Premier Club Virtuelle des Etudiants
Tiartiens
IBN KHALDOUN
Abd ar-Rahman Ibn Khaldoun Né à Tunis en 1332, Il
descend d'une famille arabe yéménite établie
en Andalousie dès le VIIIe siècle, puis émigrée
à Tunis
Lettré, il passe une partie de son existence mouvementée
à la cour mérinide, remplissant diverses fonctions
politiques, plus ou moins éphémères, auprès
des sultans de Tunis et de Fès – ce dernier a pour
Premier ministre l'écrivain Ibn al-Khatib, avec lequel
Ibn Khaldoun entretiendra longtemps des relations de rivalité
amicale –, puis du souverain de Grenade
Ses multiples fonctions lui donnent l'occasion d'étudier
de près les phénomènes de désagrégation
politique et sociale qui touchent le Maghreb et l'Andalousie de
l'époque.
Lassé par les intrigues politiques, il se réfugie
pendant quatre années, avec sa famille, auprès de
la tribu d'Awiad Arif, dans l'actuelle ville de Frenda (TIARET)
en Algérie, et se consacre à l'écriture de
son principal ouvrage: Muqaddima (Prolégomènes ou
Discours sur l'histoire universelle).
Arnold Toynbee dit de lui qu'il a "conçu et formulé
une philosophie de l'Histoire qui est sans doute le plus grand
travail qui ait jamais été créé par
aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays."
Une méthode historique:
L'intention première d'Ibn Khaldoun est d'écrire
une histoire universelle des Arabes et des Berbères. Mais
il veut d'abord établir une méthode capable d'établir
les critères de la vérité historique. En
définitive, l'historien va plus loin encore en définissant
«la science de la culture», explicitée comme
l'étude de la société humaine et des problèmes
provoqués par les transformations sociales, dont la succession
aboutit finalement à définir précisément
la nature d'une société
La mise en relation de l'historique et
du social:
L'ouvrage Muqaddima constitue une préface à l'œuvre
fondamentale, Histoire des Berbères, en sept volumes, dans
laquelle Ibn Khaldoun expose comment et pourquoi l'historien doit
prendre la société humaine comme objet de ses investigations;
ses observations concernent l'historiographie, l'économie,
la politique et l'éducation, reliées entre elles
par le concept de «cohésion sociale», conduisant
à la constitution de tribus et autres types de groupes,
dont l'idéologie religieuse peut être un facteur
d'accroissement; celle-ci est en effet, selon Ibn Khaldoun, le
point de force qui légitime le pouvoir des dirigeants.
L'affaiblissement de ces derniers s'avère inévitable
dans le temps, du fait de la combinaison de facteurs psychologiques,
sociaux, politiques et économiques, conduisant au déclin
d'une dynastie ou d'un empire; lesquels seront remplacés
par d'autres, possédant une plus forte cohésion
sociale. Ibn Khaldoun amorce une réflexion sur les heures
de gloire et les périodes de déclin dans l'histoire
des Arabes, largement alimentée par sa propre expérience
dans les cours du Maghreb. Cet historien a su le premier mettre
en relation les changements historiques et sociaux considérés,
à l'époque, comme totalement indépendants.
Il considère l'évolution d'une société
selon une courbe exponentielle vers son apogée, puis son
déclin. Toutefois la mort de ses parents à la suite
d'une épidémie de peste (1349) le conduit à
penser qu'il a été le témoin de l'un des
«événements pivots» de l'histoire, c'est-à-dire
un événement à l'occasion duquel se met en
place un changement des conditions, comme s'il y avait une nouvelle
création, un monde amené vers une existence renouvelée.
La peste est donnée comme fait primordial ayant eu un impact
sur la société musulmane; mais l'historien est,
en outre, conscient de l'importance de l'invasion mongole et du
développement contemporain de l'Europe. La traduction de
Muqaddima en turc fut effectuée au XVIIe siècle
et c'est seulement à partir de 1860, lorsque fut accomplie
une traduction complète de son œuvre, en français,
que ce grand historien fut considéré comme l'un
des fondateurs de la sociologie et de l'économie politique.
« LE LIVRE DES EXEMPLES », D’IBN KHALDÛN
L’inventeur de la sociologie
Ibn Khaldûn est un célèbre inconnu. Sa réputation
est considérable ; mais il est de ces auteurs dont on salue
d’autant plus volontiers l’importance qu’on
les a peu lus ou pas du tout. Cette situation paradoxale ne vaut
pas seulement pour les pays occidentaux où l’on minimise
traditionnellement la culture et la pensée arabes quand
on ne les ignore pas. Ibn Khaldûn a aussi longtemps été
oublié à Tunis, où il est né, comme
au Caire, où il est mort.
Cette méconnaissance est, en elle-même, une énigme
historique. Lorsque Ibn Khaldûn meurt, à soixante-quatorze
ans, en 1406, quelques ouvrages savants continuent, pendant un
temps, à évoquer son enseignement, à vanter
l’éclectisme et la curiosité de son esprit,
sans insister toutefois sur l’originalité de son
grand oeuvre, Le Livre des exemples (1). Puis plus rien, pendant
plus de trois cents ans, sinon, ici ou là, quelques citations,
empruntant au texte, sans toujours le citer, quelques conseils
pratiques sous formes de recettes politiques sur l’art de
bien gouverner. C’est en Turquie, au XVIIIe siècle,
que l’oeuvre d’Ibn Khaldûn et notamment son
introduction au Livre des exemples, la Muqaddima, connaît
un renouveau d’intérêt dans les milieux intellectuels
préoccupés par le déclin de l’Empire
ottoman. A remarquer que la traduction turque, partielle, de la
Muqaddima est contemporaine de la publication en France de L’Esprit
des lois de Montesquieu, si proche souvent d’Ibn Khaldûn
dont il ignore l’existence.
Ce n’est en effet qu’au début du XIXe siècle,
à la suite de l’expédition en Egypte de Bonaparte
que Sylvestre de Sacy fit connaître en France, puis en Europe,
cet historien arabe du XIVe siècle dont le discours, enfin,
devenait audible dans son audacieuse nouveauté.
Une nouveauté dont Ibn Khaldûn était conscient.
C’est d’abord ce qui frappe à la lecture du
Livre des exemples, dans la remarquable édition critique
d’Abdesselam Cheddadi. Notable politique, expert écouté
en science religieuse, musulman attaché à la tradition
et à l’orthodoxie, Ibn Khaldûn ne conçoit
aucune contradiction entre sa fidélité érudite
à l’esprit de l’islam et l’audace de
ses théories scientifiques rationnelles. Au contraire :
soumettant à une analyse critique impitoyable contes, légendes
et récits par trop imaginatifs qui entourent certaines
interprétations du Coran, Ibn Khaldûn les rejette
parce qu’elles sont « trop éloignées
de la vérité pour être attribuées au
Livre de Dieu ». Et il annonce la naissance d’«
une science indépendante, avec un objet et des problèmes
propres : la civilisation humaine et la société
humaine, et l’explication des états qui l’affectent
dans son essence, successivement ». En termes modernes,
Ibn Khaldûn jette les fondements de l’anthropologie
et de la sociologie : « Sache que l’examen d’un
tel objet est une entreprise totalement neuve, qu’il se
place à un point de vue inaccoutumé et qu’il
est, en plus, de grande utilité. (...) C’est une
science qui vient de naître. »
C’est cette « utilité » de l’anthropologie
et de la sociologie qui est demeurée si longtemps étrangère
aux modes de pensée. Ibn Khaldûn lui-même semble
ne pas se faire trop d’illusion sur l’avenir immédiat
de sa découverte : « Les sciences qui ont été
perdues sont plus nombreuses que celles qui nous sont parvenues.
Où sont les sciences des Perses, des Chaldéens,
des Babyloniens ? Où sont leurs oeuvres et les résultats
qu’ils ont acquis ? Les sciences qui sont arrivées
jusqu’à nous proviennent d’une seule nation,
la Grèce, grâce à la passion mise par Al-Ma’mûn
[souverain de Tolède de 814 à 833] à les
faire sortir de la langue grecque et aux moyens qu’il a
pu mettre en oeuvre : un grand nombre de traducteurs et beaucoup
d’argent. »
L’histoire de la pensée n’échappe pas
aux déterminations économiques : c’est l’une
des bases de l’anthropologie d’Ibn Khaldûn,
qui lie la vie quotidienne des peuples, les problèmes de
gouvernement, les luttes pour le pouvoir, le développement
des sciences et des arts, les guerres et le déclin des
civilisations aux conditions du climat, au contrôle de la
richesse agricole, à l’organisation des moyens d’existence
sous le double signe de la coopération, indispensable à
la survie de l’espèce, et de l’agressivité
qui « relève de la nature animale de l’homme
».
Même la religion n’échappe pas, chez Ibn Khaldûn,
à cette « naturalisation » de la société
et de l’histoire. Elle entre dans une anthropologie du savoir
dont la révélation est le mode de connaissance :
« Dieu est plus savant. » Mais, pour ce qui est du
visible, Ibn Khaldûn s’en tient à l’analyse
rationnelle. Sa méthode, sa science nouvelle, il l’applique
afin de distinguer le vrai du faux dans un domaine où ils
sont passionnément mêlés : l’écriture
de l’histoire, à commencer par celle des civilisations
arabe et berbère.
Paradoxe du génie : Ibn Khaldûn est un savant de
son époque et de son temps. Son immense culture et sa curiosité
intellectuelle insatiable lui permettent de brasser les apports
les plus divers, arabes, grecs, hébreux, perses, berbères,
romains, byzantins, dans une synthèse ordonnée.
Mais, en même temps, sa pensée rompt à ce
point avec l’horizon d’attente de son époque,
elle propose une logique d’interprétation si différente
des catégories traditionnelles, si « moderne »,
qu’elle ne pénètre pas dans les débats
savants, politiques, religieux et philosophiques de son temps.
Elle parle en revanche au nôtre.
Pierre Lepape.
http://www.monde-diplomatique.fr/2003/01/LEPAPE/9892
liens web
Ibn Khaldoun
Ibn Khaldoun, précurseur médiéval de l'histoire
des civilisations
http://www.archipress.org/ts82/braudel3.htm
Ibn Khaldoun, les modernes et la Acabiya
http://oumma.com/article.php3?id_article=249
Ibn Khaldoun : Historien arabe (Tunis, 1332-Le Caire, 1406)
http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/ni/ni88_p0.html
Ibn Khaldoun et le Soufisme
http://www.lanouvelletribune.press.ma/Spiritu%201.htm
Ibn Khaldoun : la acabiya est un phénomène tribal
http://www.teluq.uquebec.ca/diverscite/SecArtic/Arts/2002/akkari/txt.htm
Ibn Khaldoun et Kairouan
http://www3.uqar.uquebec.ca/jpellerin/pricat/kairouan.htm
Un grand merci frenda.org
--------------------------------------------------------------------------------

|