CENTRE D'ETUDES SUPERIEURES D'ØSTFOLD
Français des Affaires et Commerce International
Renaud Soufflot de Magny

VALG 97
LES ELECTIONS LEGISLATIVES EN NORVEGE
Les résultats

L'échec paradoxal des travaillistes (26 septembre 1997)
Rappel
1993
RESULTATS
97
RV
(Alliance rouge)
1,1
(1 siège)
1,7
(0 siège)
SV
(Socialistes de gauche)
7,9
(13 sièges)
6,0
(9 sièges)
AP
(Travaillistes)
36,9
(67 sièges)
35,0
(65 sièges)
SP
(Parti du centre)
16,8
(32 sièges)
7,9
(11 sièges)
KrF
(Chrétiens-démocrates)
7,9
(13 sièges)
13,7
(25 sièges)
V
(Libéraux)
3,6
(1 siège)
4,5
(6 sièges)
H
(Conservateurs)
17,0
(28 sièges)
14,3
(23 sièges)
FrP
(Parti du progrès)
6,3
(10 sièges)
15,3
(25 sièges)
Andre
(Divers)
2,5
(0 siège)
1,6
(1 siège)

Les travaillistes perdants de ces élections ? Oui, car ils quittent le pouvoir. Mais ils demeurent de loin la première force politique du pays.

Avec 35 % des voix, le parti travailliste réalise son plus mauvais score de l'après-guerre, mis à part le scrutin de 1989, qui avait débouché sur un gouvernement dirigé par les conservateurs.
Le Premier ministre, Thorbjørn Jagland, qui avait moult fois déclaré qu'il démissionnerait en cas de recul, même minime, par rapport aux 36,9 % recueillis quatre ans plus tôt, doit donc quitter le pouvoir, alors même que la coalition qui va prendre la relève n'a recueilli l'adhésion que d'un électeur sur quatre.

On a beaucoup glosé sur le caprice de Jagland, qui aurait somme toute pu continuer à diriger un gouvernement monocolore travailliste, certes contraint à des alliances de circonstances, mais bénéficiant de la bienveillance des Socialistes de gauche et du Parti du centre en cas de motion de censure. C'est ce shéma qu'on avait vu à l'œuvre pendant toute la législature qui vient de s'achever.

Thorbjørn Jagland a donc perdu son pari et la tentation est grande de comparer son attitude avec celle qui avait conduit Jacques Chirac en avril dernier à prononcer la dissolution d'une Assemblée dans laquelle il disposait d'une majorité écrasante, et à offrir la victoire à ses adversaires politiques, à la propre surprise de ces derniers.

Toutefois, à moyen terme, le calcul du chef de file des travaillistes pourrait s'avérer payant. Que se serait-il passé en effet si celui-ci n'avait pas exercé son "chantage" sur les électeurs ? On ne peut réécrire l'histoire, mais à en croire les sondages, bon nombre d'électeurs naturels du Parti travailliste étaient tentés par l'abstention ou le vote protestataire. Jusqu'en août, il paraissait en effet évident que le gouvernement Jagland serait reconduit et les travaillistes étaient crédités d'à peine 30 % des voix. Il semble que le coup de poker de M. Jagland ait fortement contribué à remobiliser une partie de son électorat.

A moyen terme, rien n'assure la viabilité du gouvernement de l'alternance, malgré les talents de négociateur du très probable Premier ministre, Kjell Magne Bondevik (démocrate-chrétien). Les trois composantes de la coalition du centre (Parti du centre, Parti démocrate-chrétien, Parti libéral) ne possèdent qu'un quart des députés, qui sont en désaccord sur de nombreuses questions. Bien que le Parti conservateur et le Parti du progrès (populiste) semblent près à lui accorder sa chance, le nouveau gouvernement subira vite les pressions de ces derniers. Il suffirait par exemple que travaillistes et droite populiste votent ensemble la censure pour que Bondevik tombe.

Il serait étonnant que les travaillistes ne spéculent pas sur un scénario du type de celui qui avait conduit le Premier ministre conservateur, Jan P. Syse à quitter le pouvoir en 1990, au profit des travaillistes, à peine un an après sa nomination. Dans ce cas, on pourrait revenir à une alliance assez lâche Socialistes de gauche/Parti travailliste/Parti du centre. Ces trois partis réunis disposent en effet de deux voix de majorité au Storting, ce qui n'aurait pas forcément été la cas si Thorbjørn Jagland n'avait mobilisé ses troupes en fixant la barre à 36,9 %.

Aujourd'hui, dans les rangs mêmes du Parti travailliste, certains dénoncent l'entêtement, voire l'arrogance de Thorbjørn Jagland. Dans l'hypothèse - qui demeure certes une simple hypothèse- où le gouvernement Bondevik ne parviendrait pas à survivre pendant les quatre ans séparant le pays de la prochaine élection nationale, les mêmes pourraient bien alors rendre hommage au génie politique de leur leader...

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© Renaud Soufflot de Magny, 1997

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