Francophonie - Belgique

La Belgique en crise politique

L'évasion spectaculaire et courte de Marc Dutroux a provoqué une grave crise politique en Belgique. Les appels à la démission du gouvernement, totalement discrédité, se sont multipliés vendredi 24 avril. Toutefois, aucun parti de la coalition gouvernementale de centre-gauche ne s'est prononcé dans cette direction.

Les partis chrétiens démocrates flamand et francophone (CVP et PSC) ainsi que les partis socialistes flamand et francophone (SP et PS) continuent à soutenir le gouvernement du premier ministre. Ils se sont félicités des démissions des ministres de la justice et de l'intérieur qui ont montré, selon eux, qu'ils assumaient leurs responsabilités.

La coalition gouvernementale apparaît néanmoins fragilisée, à quatorze mois des élections législatives et à moins d'une semaine du lancement de l'Euro lors d'un sommet à Bruxelles. «Affaibli par les démissions des ministres de la justice et de l'intérieur et en quête d'un second souffle, le gouvernement belge pourra-t-il tenir jusqu'au bout», s'interrogeait vendredi le quotidien «Le Soir».

Pour Marc Verwilghen, président de la commission d'enquête du parlement sur les disparitions d'enfants, le premier ministre Jean- Luc Dehaene aurait dû dissoudre son gouvernement. «C'était à mes yeux la seule possibilité après autant de débâcles en matière de justice et de police», a expliqué M. Verwilghen.

Les démissions peu après la reprise de Marc Dutroux des deux ministres, Stefaan De Clerck (justice) et Johan Vande Lanotte (intérieur), n'ont pas permis de réduire les pressions en faveur d'un changement de gouvernement. Ces pressions sont issues de l'opposition politique ainsi que des familles des victimes de Dutroux.

La Chambre des députés a suspendu ses travaux jusqu'à mardi, jour où elle doit se prononcer sur trois motions de méfiance à l'égard du gouvernement déposées par l'opposition libérale et les écologistes. Au vue du rapport de forces politiques à la Chambre, ces motions de méfiance devraient cependant être rejetées.

Pour l'opposition et une partie de la presse, le gouvernement ne dispose dorénavant plus de l'autorité nécessaire pour poursuivre son activité. L'évasion de Dutroux a été un événement «dramatique pour la démocratie» belge et «le gouvernement n'a maintenant plus la crédibilité voulue pour continuer», a renchéri Olivier Deleuze du parti écologiste.

Outre le gouvernement, les appels à des démissions se focalisent également sur le patron de la gendarmerie belge, Willy Deridder. Ce dernier avait déjà été fortement mis en cause après l'arrestation de Dutroux en août 1996. Le pédophile belge est accusé de la séquestration entre juin 1995 et août 1996 de six fillettes et adolescentes belges ainsi que de la mort de quatre d'entre elles.


Laxisme policier

Le déroulement de l'évasion jeudi du prisonnier le plus célèbre de Belgique semble montrer que Marc Dutroux a agi isolément, sans complicité. Plusieurs éditorialistes de la presse confirmaient la thèse du laxisme plus que celle d'éventuelles protections pour expliquer l'incroyable évasion.

Pour «L'Echo», l'évasion de Dutroux n'est que «le dernier épisode d'une longue suite d'erreurs et de bavures en tous genres». Le journal catholique «La Libre Belgique», dénonçait de son côté «l'incapacité pathologique des responsables politiques comme des policiers à entretenir un standard de vigilance une fois que la pression extérieure diminue».

Le quotidien «Le Soir» craint qu'une nouvelle fois une «large frange de l'opinion publique va perdre encore plus confiance dans le système judiciaire et «fantasmer sur d'imaginaires protections dont aurait bénéficié Dutroux pour sa cavale».
ATS


Lire aussi

La Belgique fédérale se refait à nouveau la façade

La Belgique fédérale se refait à nouveau la façade ii

La Belgique a la responsabilité de réussir

Back to French texts page


1