LE RASH: UN MOUVEMENT PROGRESSISTE
Par Mathieu C.
Le RASH (Red and Anarchist Skinhead) est né il y a 3 ans à Brooklyn. Il regroupait alors un petit nombre de Skinheads communistes et anarchistes qui, malgré leurs divergences idéologiques, se retrouvaient tous dans les valeurs de gauche dans son sens large. Révolutionnaires, ils identifièrent leur principale ennemi: le capitalisme et son lot d'injustices et d'oppressions. Ces skins décidèrent donc de s'organiser, de créer des contacts à l'extérieur de leur ville, de leur pays. Aujourd'hui, le RASH a des sections dans 7 pays soit l'État canadien, l'Euskadi, les USA, la Colombie, L'Italie, la France et le Mexique. Le Québec n'est pas en reste avec sa section à Montréal. Mais avant d'aller plus loin, il serait bon de rappeler quelques faits historiques.
Les premiers skins sont apparus en Angleterre à la fin des années 60. Issus de la classe ouvrière, ils adoptèrent la musique ska (ancêtre du reggae) et un style vestimentaire des rude-boys jamaïquains. Le mouvement, tout comme sa culture, était multi-ethnique et n'avait rien de néo-nazi. Il est vrai que les skins étaient souvent associés à la violence, mais celle-ci n'avait pas de caractère raciste. Leur mode de vie était largement inspiré de celui des jeunes immigrants noirs dont ils partageaint les mêmes conditions de vie, les mêmes frustrations. Cette première vague allait disparaître vers 1972.
Elle allait revenir quelques années plus tard avec l'explosion punk de 1977. L'extrême-droite britannique est alors en pleine expansion. Elle va récupérer les éléments les plus réactionnaires du mouvement. Celui-ci commence alors à se diviser. D'une part, il y a donc ces néo-nazis pour qui les problèmes liés à la crise économique sont la responsabilité des immigrés. De l'autre côté la riposte s'organise et de nombreux groupes skins refuseront d'être amalgamés aux pions fascistes et participeront aux nombreux "Rock against racism".
Vers 1984-85, des skins de New-York, lassés de voir leur image détruite par les médias américains, décident de créer le SHARP (Skinheads against racial prejudice). Cette organisation luttera donc contre les mouvements néo-nazis et informera le public sur les origines des skinheads. Le SHARP n'est pas une organisation homogène. Si certains proposent des idées et des valeurs libertaires et progressistes, d'autres iront vers le patriotisme, l'homophobie, le sexisme ou l'anti-communisme. Malgré tout, le SHARP a beaucoup contribué à briser la mauvaise image des skins en général.
Une autre tendance anti-raciste apparait dans les années 80, celle des Red skins. Ils refusent de voir la scène skinhead occupée par les nazis et les apolitiques. En plus de leur anti-racisme, ils proposent une démarche et des valeurs basées sur la solidarité et l'internationalisme. Cette tendance, dans laquelle s'inscrit le RASH, est bien implantée un peu partout dans le monde et dispose actuellement d'une véritable scène musicale internationale qui la représente: Banda Bassotti, Zakkarak, Blagers ITA, Comrades, etc.
Au Québec, nous avons décidé de concentrer notre lutte dans le combat contre le racisme, le fascisme, le sexisme, l'homophobie et le système d'injustice capitaliste. Internationaliste, nous sommes solidaires des peuples qui, comme le Québec, tentent de se libérer de l'oppression nationale dont ils sont victimes. Nous revendiquons pleinement l'identité et la culture skinhead qui, loin de stagner dans le passé, progresse et se diversifie. Le RASH s'avère pour nous essentiel car en plus de montrer l'importance de la tendance progressiste au sein du mouvement skinhead, il aide à conter tant le sensationalisme des médias de masse que le discours néo-libéral de la bourgeoisie.
Pour arriver à ses fins, le RASH compte à la fois sur l'éducation et sur l'action. Par le biais de lettres d'infos ou de fanzines, nous croyons favoriser la réflexion et l'échange d'idées progressistes. Déjà, le RASH-Québec est distribué gratuitement dans des spectacles et des magasins de disques. Le RASH-Québec diffuse également les fanzines d'autres sections. D'autre part, nous tentons d'aider des groupes musicaux clairement affichés comme anti-capitaliste et anti-raciste à avoir plus de visibilité à l'extérieur.
L'action s'avère toute aussi importante. Le RASH commence à organiser des spectacles contre le racisme. Lors de ceux-ci, nous mettrons à la disposition d'organisations ayant les mêmes objectifs que les nôtres des tables d'information à l'intérieur des salles de spectacles. Nous entendons aussi dénoncer les activités des fachos comme des groupes homophobes ou pro-vie. A ce titre, nous apprécierions d'entrer en contact avec d'autres organisations pour éventuellement unir nos voix aux leurs.
En terminant, j'aimerais souligner que le RASH n'est pas l'affaire de skinheads uniquement. Tout groupe ou individu se sentant concerné par les luttes que nous menons est invité à communiquer avec nous. Il en va de même si vous êtes intéressés à vous procurer notre bulletin d'infos ou les divers fanzines que nous distribuons. Pour obtenir cette liste ou pour toute autre information, il vous suffit d'écrire à l'adresse suivante : RASH-Québec, CP 902, Succ. C, Montréal Québec, H2L 4V2 Canada.