Philosophie comme manière de voir : Platon et hupothesis

A) Textes :  Euthyphron, Gorgias, Hippias Majeur, LoisMénon, Parménide,   Phédon, RépubliqueSophisteThéétète.
 

Euthyphron

   " Tes formules, Euthyphron, semblent être de Dédale, notre ancêtre. Et si c'était moi qui les avais prononcées et mises de l'avant, sans doute te moquerais-tu de moi parce que, du fait de ma parenté avec lui, mes oeuvres en paroles s'enfuient et ne consentent pas à demeurer là où on les place. Mais il s'agit en fait de tes hypothèses. " (11 c, trad. Louis-André Dorion, GF, 1997)




 
Hippias Majeur
 
 " (302 e) ...De sorte que le couple en lui-même peut-être appelé beau  dans notre hypothèse ... La conséquence n'est-elle pas rigoureuse ? " (302 e-303 a, trad. Alfred Croiset, Les Belles Lettres, 1921, 1965) 


 
Ménon
 
1.   " Ainsi, il est probable qu'il nous faille examiner comment est une chose dont nous ne savons pas ce qu'elle est. Si tu ne veux céder sur rien d'autre, relâche ton autorité au moins sur ce point, de peu d'importance, et à ton tour concède-moi de faire, à partir d'une hypothèse, l'examen de la question de savoir si la vertu s'enseigne ou si elle advient autrement. Quand je dis 'à partir d'une hypothèse', je parle d'un procédé semblable à ce que les géomètres  font souvent au cours de leurs examens, quand on leur demande, par exemple à propos d'une surface, s'il est possible d'inscrire  en tant que triangle une telle surface dans un cercle donné. A cela un géomètre répondrait : 'Je ne sais pas encore si cette surface à une telle propriété,, mais je crois à propos d'adopter, pour le problème posé,  la forme d'hypothèse suivante' " (86 e, trad. Monique Canto-Sperber, GF, 1991)



 

2.   " Or c'est là que nous en sommes au sujet de la vertu aussi. Puisque nous ne savons dire ni ce qu'elle est ni quoi que ce soit d'elle, nous allons examiner, en faisant une hypothèse, la question de savoir si elle s'enseigne ou ne s'enseigne pas." (87 ab, trad. ib.)


3.   " ...est-ce cela une hypothèse qui reste vraie à nos yeux ? " (87 d, trad. ibid.)




 
Phédon

1.   " (92 d) ...le raisonnement concernant la réminiscence et le fait d'apprendre a été formulé en se fondant sur une hypothèse (hupotheseôs)qui mérite d'être reçue. Car on a dit à peu près ceci : notre âme  (psuchê)existe avant même d'arriver dans un corps (sôma) au même titre qu'existe ce mode d'être essentiel dont le nom signifie ' ce que c'est' (ho estin). (e) Cette hypothèse..." (92 d-e, trad. Monique Dixsaut, GF, 1991)



 

2.   " (94 b) ... si l'hypothèse (hupothesis)..avait été correcte ?..." (94 b, trad. ibid.)



 

3.   " (101 d) ...t'en tenant à cette fameuse sécurité qui est le propre de cette hypothèse (hupotheseôs), c'est comme j'ai dit que tu répondras. Et si quelqu'un s'attachait à l'hypothèse (hupotheseôs) elle-même... Et chaque fois qu'il y aura exigence à rendre compte de l'hypothèse elle-même, tu le feras en agissant exactement de la même façon : tu poseras  une nouvelle hypothèse, en choisissant parmi celles d'en haut celle qui te paraîtra la meilleure, (e) jusqu'à ce que tu atteignes quelque chose de satisfaisant..." (101 d-e, trad. ibid.) 



 

4.   " (107 b) ...Non seulement tu as raison de dire cela à leur propos, Simmias, dit Socrate, mais aussi à propos des hypothèses (hupotheseis) qui nous ont servi de point de départ : même si elles sont convaincantes à nos yeux, il faut cependant les examiner avec un souci de clarté encore plus grand. Si vous explorez ces hypohèses  suffisamment à fond, vous pourrez ensuite, j'en suis sûr, aller aussi loin que vous conduira le discours de la raison, autant qu'il est possible à un homme de le faire..." (107 b, trad. ibid.)




 
Parménide

1.   " (127 d)... Socrate, donc, une fois l'audition finie, aurait prié qu'on relût la première hypothèse (hupothesin) du premier argument..." (127 d, trad. Luc Brisson, GF, 1994)



 

2.   " (128 d) ... en prétendant que, 's'il est un', plusieurs conséquences ridicules s'attachent à cette hypothèse et entrent en contradiction avec elle. Cet écrit est donc une réplique à ceux qui soutiennent qu'il y a plusieurs  choses et il rend les coups avec usure, en voulant leur montrer ceci : que les conséquences découlant de leur hypothèse (hupothesis)' si les choses sont plusieurs' seraient plus ridicules encore que celles découlant de l'hypothèse 's'il est un ', pour peu que l'on s'acharne  à en tirer toutes ces conséquences..." (trad. ibid)



 

3.   " (135 e) ...Il ne suffit pas d'examiner les conséquences qui (136 a), pour chaque prédicat , découlent de l'hypothèse  (hupotheseôs): ' s'il est...', mais il faut aussi, si tu veux t'entraîner à fond,  faire, pour le même objet, l'hypothèse : 's'il n'est pas...'.
- Que veux-tu dire ? aurait demandé Socrate.
- Prends pour exemple, si tu le veux bien, répondit-il, l'hypothèse (hupotheseôs) même qui, tu le sais, est celle de Zénon...Si maintenant (b) c'est la ressemblance que l'on suppose être ou ne pas être, que s'ensuivra-t-il de l'une  et de l'autre hypothèses à la fois pour les choses mêmes sur lesquelles porte l'hypothèse...En un mot donc, au sujet de tout ce que toujours tu poses par hypothèse 'être' ou 'ne pas être', ou recevoir une autre caractéristique, il faut examiner de la même façon les conséquences qui découlent pour ces choses elles-mêmes... "
- (137 b) ...et que prendrons-nous comme première hypothèse (prôton hupothêsometha) ? N'êtes-vous point d'avis, puisque nous avons pris le parti de jouer ce jeu laborieux, que je commence par moi-même et par ma propre hypothèse..." (135 e-137 b, trad. ibid.) 



 

République
 

1.   (510 b)" ...examine aussi, de l'autre côté, comment il faut opérer la division de l'intelligible.
- Comment faut-il l'opérer ?
- De la façon suivante : dans la première partie de ce domaine l'âme, usant, comme d'images, des choses précédemment imitées, est contrainte de chercher à partir d'hypothèses (hupotheseôn), en procédant non pas vers un principe mais vers une conclusion ; dans sa seconde partie, en revanche, elle progresse à partir d'une hypothèse (hupothesôs) vers un principe non hypothétique, et sans recourir aux images dont use la première ; elle accomplit son parcours à travers les formes à l'aide des formes elles-mêmes. "
- Ce que tu dis, dit-il, je ne l'ai pas suffisamment compris.
- Eh bien essayons encore une fois, dis-je. Tu comprendras (c)plus facilement quand aura été dit au préalable ce qui suit. Je crois que tu sais que ceux qui s'occupent de géométrie, de calcul, et des choses de ce genre, supposent (hupothemenoi)l'impair, le pair, les figures, et trois espèces d'angles, et d'autres choses parentes à celles-là, selon chaque démarche ; qu'après avoir fait ces hypothèses (hupotheseis), comme s'ils en avaient la connaissance, ils n'estiment plus nécessaire d'en rendre aucunement compte ni à eux-mêmes, ni à d'autres, considérant qu'elles sont évidentes à chacun ; et que les prenant pour principes(d) ils progressent dès lors dans la suite et finissent par atteindre, de façon conséquente, tout ce dont ils avaient entrepris l'examen...
- (511 a)Voilà donc l'espèce intelligible dont je parlais, et je disais que l'âme y était contrainte de se servir d'hypothèses (hupothesesi) pour sa recherche : qu'elle n'allait pas vers un principe, car elle n'était pas capable de remonter plus haut que les hypothèses (hupotheseôn)...
- Je comprends, dit-il, tu parles de ce (b) qui est traité par la géométrie, et par les arts parents de la géométrie.
- Comprends alors que par la seconde section de l'intelligible, je veux désigner ce à quoi le discours s'attache par la puissance du dialogue, considérant les hypothèses (hupotheseis) non comme des principes mais réellement comme des hypothèses (hupotheseis), à savoir comme des bases pour prendre son élan de façon à parvenir jusqu'au non-hypothétique, au principe du tout...
- ... je comprends cependant que tu veux distinguer ce qui, dans ce qui est et qui est intelligible, est contemplé par le savoir issu du dialogue, et qui est plus clair que ce qui est contemplé par ce qu'on nomme des arts, pour lesquels ce sont les hypothèses (hupotheseis) qui sont principes: dans ces arts, c'est certes par la pensée, et non par les sens, que ceux qui contemplent ces choses sont contraints de les contempler ; mais du fait (d) qu'ils les examinent sans être remontés jusqu'à un principe, mais à partir d'hypothèses (hupotheseôn)... (510 b-511 d, trad. Pierre Pachet, Gallimard, 1993)



 

2.   " (533 b) ...je veux dire la géométrie et les arts (c) qui lui font suite, nous voyons que ce ne sont que des songes qu'on fait à propos de ce qui est réellement, mais qu'il leur sera impossible d'y voir aussi clair que dans la veille, tant qu'ils garderont intangibles les hypothèses  (hupothesesi)dont ils se servent, et dont ils ne sont pas capables de rendre raison. Car celui qui a pour point de départ quelque chose qu'il ne connaît pas, et dont le point d'aboutissement et les étapes intermédiaires sont enchaînés à partir de quelque chose qu'il ne connaît pas, comment pourrait-il bien, en accordant ensemble de tels éléments, parvenir jamais à un savoir ?
- D'aucune façon, dit-il.
- Par conséquent, dis-je, le parcours 'dialectique' (dialektikê methodos), est le seul à progresser ainsi, en supprimant les hypothèses (hupotheseis) et en remontant jusqu'au point de départ lui-même, pour y gagner en solidité..." (533 b-c, trad. ibid.)



 

3.   " (550 c)...ou plutôt, selon notre plan (hupothesin), d'abord de la cité ?
- Oui, procédons plutôt ainsi, dit-il. " (550 c, trad. ibid.)
 



 

 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
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