Les Municipales


Voici quelques repères chiffrés pour les élections municipales.
Electeurs:
quelque 40 millions. Pour la première fois, les citoyens des quatorze autres pays de l'UE peuvent participer aux municipales (et même devenir conseiller municipal) mais leur participation devrait être marginale.


Sièges à pourvoir:
quelque 500.000. Le nombre des conseillers municipaux dépend de la taille de la commune: il va de 9 (communes de moins de 100 habitants) à 69 (à partir de 300.000 habitants). Paris, Marseille et Lyon comptent respectivement 163, 101 et 73 conseillers municipaux.


Villes et campagnes:
la France totalise 36.565 communes, mais plus de 34.000 sont rurales (moins de 3.500 habitants).

La primaire de 2002? Oui et non
BERNARD DELATTRE - Mis en ligne le 09/03/2001
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Les motivations de l'électeur sont locales, mais les leçons du scrutin seront forcément nationales.

(EPA)

On l'a dit et répété ces dernières semaines: les municipales des dimanches 11 et 18 mars en France constituent en fait le premier tour des prochaines élections présidentielles: la répétition générale en somme du fameux duel Chirac-Jospin attendu en 2002. Tarte à la crème que cette déduction? Oui et non.

Oui, dans la mesure où l'on sait que les préoccupations premières de l'électeur moyen de ces municipales sont très terre à terre (sécurité, fiscalité, environnement, etc.). Les rapports de force gauche-droite à l'échelon hexagonal, les plans de carrière de telle ou telle «star» nationale, les positionnements stratégiques de tel ou tel état-major parisien ne seront donc que peu pris en compte dans l'isoloir, beaucoup moins en tout cas que le bilan du maire sortant. Un sondage Sofres vient encore de le confirmer: dimanche, une majorité de Français (56 pc) voteront exclusivement en fonction de considérations locales.

UNE DOUBLE LECTURE

Il ne faudrait d'ailleurs pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Selon une autre enquête Ifop, près d'un électeur sur trois n'a toujours pas arrêté son choix. Si, comme on s'y attend, ces indécis se réfugient dans l'abstention, la tendance des sondages devrait être globalement confirmée. Si, en revanche, tout ou partie d'entre eux prennent part au vote, les rapports de force pronostiqués ces dernières semaines pourraient bien varier.

Cela dit, les résultats de cette consultation locale seront forcément décryptés sous l'angle national. Dans toutes les démocraties du monde, les élections municipales sont considérées à tort ou à raison comme un test de popularité dont la portée dépasse le cadre strictement local. Cette règle générale jouera d'autant plus en France que, cette fois, un double facteur vient la renforcer. D'une part, la proximité de ce scrutin avec les législatives et présidentielles de 2002, et le fait qu'il précède ces deux échéances et non leur succède, comme ce fut précédemment le cas. D'autre part, le caractère très symbolique de l'enjeu central de ces municipales.

On se réfère évidemment ici à la défaite annoncée de la droite dans certains scrutins emblématiques (Paris, Lyon, Toulouse, le département de Corrèze, etc.). Même si dans le reste du pays, la droite se maintient, ce basculement à gauche du coeur historique de la chiraquie, s'il se produit, va immanquablement être assimilé à un spectaculaire camouflet asséné au locataire de l'Elysée.

RÈGLEMENTS DE COMPTES EN VUE

Certains à droite espèrent que cet échec cuisant sera exploité de manière positive: qu'il fera office d'électrochoc en somme et amènera enfin les troupes du Président à reserrer les rangs derrière lui et à mettre fin à leurs divisions. Le problème est que, plus vraisemblablement, il aura des effets désastreux pour la droite et desservira l'ambition de Jacques Chirac d'incarner le leader incontesté d'un camp soudé. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que cette perte historique des fiefs chiraquiens rappellera une fois encore le fait que la droite n'a pas encore achevé sa traversée du désert entamée par le fiasco de la dissolution de l'Assemblée en 1997. Au minimum donc en excluant de probables règlements de compte et une remise en cause du leadership exercé par l'Elysée sur la droite , elle renforcera le profil de loser du Président, ce qui ne pourra que nuire à ses ambitions de réélection.

Dans le camp d'en face tout autant, les municipales seront fertiles en enseignements, dans un sens comme dans l'autre. Côté pile, et a contrario de ce qui se passerait pour Jacques Chirac, un enracinement de la gauche dans les bastions de la droite renforcerait l'image de «gagnant» dont Lionel Jospin jouit depuis les victoires de la gauche aux régionales de 1998 et aux européennes de 1999: des succès d'autant plus marquants que les scrutins intermédiaires sont souvent utilisés par l'opinion pour sanctionner l'équipe en place.

POSSIBLES DÉGÂTS À GAUCHE AUSSI

Côté face, les délicats équilibres existant au sein de la majorité «plurielle» pourraient sortir affectés de ce scrutin. Dans certaines régions, communistes et socialistes ont été à couteaux tirés. Dans beaucoup d'autres, socialistes et écologistes se sont affrontés. Ces derniers ont même fait un pari risqué en faisant souvent «liste à part» au premier tour. Si cette stratégie échoue, ils ne pourront comme ils l'espéraient tirer profit de ces municipales pour renforcer leur poids dans la majorité «plurielle», par rapport aux communistes singulièrement. Nuisible pour l'image de l'équipe Jospin sera évidemment aussi l'impact de l'échec éventuel de l'un ou l'autre de ses membres éminents qui briguent des mairies.

De manière significative, d'ailleurs, comme s'ils craignaient autant que leurs collègues de droite les «dégâts collatéraux» de ce scrutin municipal, les hiérarques de la majorité «plurielle» ont d'ores et déjà appelé à la prudence dans l'exégèse de ses résultats

© La Libre Belgique 2001


Aux municipales, la droite résiste à la vague rose annoncée. Sauf à Paris

La Chiraquie et la Jospinie ont été secouées... localement

JOËLLE MESKENS, envoyée permanente, Paris

Nous n'avons jamais parlé de " vague rose ". Disons plutôt qu'on s'attendait à quelques gouttes et que j'en suis une. L'homme qui parle ainsi est le premier secrétaire du parti socialiste français. François Hollande avait dimanche soir une petite raison d'être heureux et un gros motif d'être déçu. Il gagne, dès le premier tour, le fief chiraquien de Tulle, en Corrèze, mais l'ensemble de son camp ne porte pas haut les couleurs de la gauche.

Partis à la conquête de mairies de droite, les ministres de Lionel Jospin déchantent. Elisabeth Guigou, ministre socialiste de l'Emploi, frôle la défaite dès le premier tour à Avignon face au maire sortant, la gaulliste Marie-Josée Roig. A Béziers, le communiste Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports, essuie une gifle semblable : il est battu dès le premier tour par le maire libéral sortant, Raymond Couderc. Même scénario à Dole, où l'écologiste Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, est perdante. A Lille, l'ancienne star du gouvernement Jospin, partie se refaire un destin national, n'arrive pas, elle non plus, à la hauteur de ses ambitions : Martine Aubry réalise à peine 34 %, là où Pierre Mauroy avait été élu en 1995 en réalisant quelque 40 % au premier tour.

Dans les trois villes-phares de ces élections municipales, la gauche garde cependant toutes les raisons d'espérer un second tour plus favorable. A Paris, le socialiste Bertrand Delanoë arrive en tête avec 32 % des voix. Philippe Séguin, candidat de la droite classique, ferait environ 25 % et Jean Tiberi, 12 %. Les Verts, emmenés par Yves Contassot, décevraient avec seulement une dizaine de pour cent.

A Paris, Jean Tiberi a déjà tendu la main au " Kim Il Sung des Vosges.

A Toulouse, Philippe Douste-Blazy (UDF) arrive en tête, mais il a peut-être fait le plein de ses voix avec 41 %, et son adversaire socialiste François Simon garde toutes ses chances. A Lyon, le candidat de la gauche, Gérard Collomb, devance ses deux adversaires de droite, Michel Mercier (24 %) et Charles Millon, qui réaliserait une forte percée avec 24 % lui aussi.

L'entre-deux-tours promet d'être riche en tractations. A Paris, tandis que Philippe Séguin prône le retrait au profit des candidats de droite les mieux placés, Jean Tiberi a déjà tendu la main au " Kim Il Sung des Vosges "...

Le Soir du lundi 12 mars 2001
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2000

 

Funestes municipales pour l'extrême droite

Premier tour sous projecteurs

Test décisif pour l'extrême droite

Une République des barons et des fiefs

 

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