Bonjour l'Euro
La Banque centrale européenne (BCE) a injecté vendredi
de manière inopinée 25 milliards d'euros dans le
circuit bancaire pour faire face à la très forte
demande d'euros de la part des citoyens depuis le basculement.
Cette injection a été réalisée par
le biais d'une opération exceptionnelle de refinancement
des banques commerciales, d'une durée de seulement trois
jours, venant deux jours après le dernier appel d'offre.
Le taux marginal de l'adjudication est ressorti à 3,30
pc et le taux moyen pondéré à 3,32 pc, a
précisé l'institut dans un communiqué.Quelque
61 banques y ont participé, déposant des demandes
d'un volume global de 57,644 milliards ¤ à des taux
allant de 3,25 pc à 3,42 pc. La proportion des soumissions
servies au taux marginal s'est établie à 69,02 pc.
L'opération vise à ` mettre à disposition
des liquidités supplémentaires, la quantité
d'argent liquide en circulation s'avérant plus élevée
que prévu lors de la dernière opération´
menée mercredi, s'est justifiée la banque centrale.
En fait, ` le besoin est plus élevé que prévu
car les nouveaux billets en euros ont été distribués
plus vite que ne sont revenus les vieux billets en monnaies nationales´,
a expliqué un porte-parole.L'intervention de la BCE n'était
nullement liée à un risque de pénurie physique
de nouveaux billets. Avec plus de 15 milliards de coupures d'ores
et déjà imprimées et encore en grande partie
stockées, la zone euro dispose de plus de billets qu'il
n'en faut pour remplacer les monnaies nationales en circulation.
Le problème est que les banques commerciales, lorsqu'elles
se fournissent en billets flambant neufs, doivent les payer, ce
qui nécessite des liquidités. (AFP)
EPA
Les files s'allongent dans les banques. Les stocks d'euros s'épuisent plus rapidement que prévu dans les grandes surfaces. Mais pour l'instant, le système résiste. En Belgique du moins. Les premières fissures dans le scénario de basculement à l'euro sont en effet apparues hier dans certains pays.
Plusieurs grandes surfaces et stations services des Pays-Bas ont ainsi été obligées de rendre la monnaie en florins hier. Nos voisins du Nord semblent souffrir d'une préalimentation qui a été moins importante que dans les autres pays. De plus, les banques néerlandaises ont délivré essentiellement des grosses coupures (100 et 200 ¤) dans les premiers jours du basculement. Les clients paient donc de petits achats avec de gros billets, ce qui assèche rapidement les réserves des commerçants. Et comme le taux de transactions réalisées en euros aux Pays-Bas atteint 65 pc - un des plus élevés des 12 pays de l'Euroland -, les stocks de petites coupures en euros s'épuisent très rapidement.
Pour l'instant, la Belgique continue à faire figure de bon élève de la classe et on ne relève pas d'accrocs importants. Il n'empêche, l'équilibre est précaire. Comme le souligne Peter Haegeman, le monsieur euro de la Fedis (la fédération belge des entreprises de distribution), ` certains de nos membres signalent que les réserves d'euros s'épuisent plus vite que prévu ´. Explication: les clients se débarrassent de leurs derniers francs belges dans les grandes surfaces. ` Il est clair que nous jouons le rôle de banquier ´, souligne Peter Haegeman. Les billets de 10 000 BEF se font plus fréquents que d'habitude et les paiements électroniques sont de 10 à 15 pc inférieurs au niveau habituel. Le cash afflue, ce qui oblige les entreprises de distribution à augmenter le nombre de transports de fonds pour vider les coffres.
Toutefois, lentement mais sûrement, la pompe semble s'amorcer et les paiements en euros augmentent (de 20 à 25 pc chez Carrefour de jeudi à vendredi). Les achats traditionnels du vendredi soir et du samedi constitueront un test important. Des réapprovisionnements en euros des grandes surfaces sont d'ailleurs prévus ce samedi et lundi pour parer à toute éventualité.
De leur côté les banques ont également mis le paquet. Fortis a par exemple décidé d'ouvrir 600 agences ce samedi (soit 300 de plus qu'un samedi habituel) pour faire face à la demande d'euros de la clientèle. Mille personnes ont en outre été mobilisées pour faire face à l'afflux de clients. Ils étaient plus de 300 000 à se presser dans les agences Fortis mercredi.
Du côté de la BBL, le nombre d'opérations réalisées ces deux derniers jours a été multiplié par 7. Ici aussi, du monde supplémentaire est sur le pont. Septante `eurostewarts´, 30 prépensionnés rappelés pour l'occasion, 200 jeunes universitaires et du personnel (en provenance des autres services) sont répartis dans les différentes agences.
Les banques tiennent à rappeler qu'il n'y a pas d'urgence pour échanger ses francs belges contre des euros, mieux vaut donc attendre que les choses se calment un peu.
© La Libre Belgique 2001