TERMES DE BASE

Que l'on fasse un résumé, une analyse de texte, une problématisation ou un plan de rédaction en vue de rédiger un texte argumentatif, il faut avoir clairement à l'esprit le sens de certains termes de base et, surtout, ne pas les confondre entre eux. Les plus importants sont:


  1. Qu'est-ce qu'une thèse?
  2. Qu'est-ce qu'une idée?
  3. Qu'est-ce qu'une opinion?
  4. Qu'est-ce qu'une croyance?
  5. Qu'est-ce qu'une conviction?
  6. Qu'est-ce qu'un sujet?
  7. Qu'est-ce qu'un aspect?
  8. Qu'est-ce qu'un argument?
  9. Qu'est-ce qu'une question?
  10. Qu'est-ce qu'un cas?
  11. Qu'est-ce qu'un fait?


Ces termes, ou certains d'entre eux, du moins, ont des liens, ils se présentent par couples, ce qui nous donne la série de questions suivantes:


  • Qu'est-ce qu'une THÈSE?
  • Quelle est la différence entre une THÈSE et une IDÉE?
  • Quelle est la différence entre un SUJET et une IDÉE?
  • Quelle est la différence entre un ASPECT et une IDÉE?
  • Quelle est la différence entre une OPINION et une IDÉE?
  • Quelle est la différence entre une CROYANCE et une CONVICTION?
  • Quelle est la différence entre un ARGUMENT et une IDÉE?
  • Quelle est la différence entre une QUESTION, un ASPECT et une IDÉE?
  • Quelle est la différence entre un CAS et un FAIT?



  • Commençons par le plus simple et le plus élémentaire:


    Qu'est-ce qu'un sujet?

    Que l'on fasse un résumé, une analyse de texte, une problématisation ou un plan de rédaction en vue de rédiger un texte argumentatif, il faut avoir clairement à l'esprit la différence entre un sujet et une idée. Ces deux termes, expérience vécue pendant de longues années d'enseignement, sont très et trop souvent confondus par les nouveaux arrivants au collégial.

    Si je demande à quelqu'un de quoi je parle et qu'il me répond: "Tu parles que (sic) la philosophie est un cours très important pour notre développement intellectuel", il n'est pas en train de me dire de quoi je parle, quel est le sujet de mon propos, mais ce que j'en dis: confusion totale entre sujet et idée!

    La question: "Quel est le sujet?" correspond à la question: "De quoi parle l'auteur?" La réponse à cette question se formule toujours par un mot ou un petit groupe de mots, du genre:


    Je parle de... la philosophie

    Je parle de... l'origine de la philosophie

    Je parle de... l'importance des cours de philosophie

    Je parle de... ce que les gens pensent de la philosophie

    Nous sommes des SUJETS!


    NOTE:

    Un sujet ne se formule jamais par une phrase. Cela est réservé aux idées et aux arguments.





    Qu'est-ce qu'une idée?

    Une idée porte toujours sur un sujet quelconque. Une idée est donc ce qu'on dit d'un sujet.

    La question: "Quelle est mon idée?" correspond à la question: "Qu'est-ce que je dis de mon sujet?" Une idée se formule toujours par une phrase complète (sujet, verbe et complément, minimalement).


    Je dis de mon sujet, la philosophie, que...

    La philosophie est essentielle pour tout être humain éprouvant
    le désir de savoir, de connaître, de déterminer le sens de la vie
    et de sa vie.

    Je dis de mon sujet, ce que les jeunes pensent de la philosophie, que...

    lorsqu'ils pensent qu'elle ne sert à rien pour le futur emploi qu'ils
    exerceront, ils ont raison; mais ils ont tort de penser qu'elle ne leur
    servira pas dans leur vie tout court, en tant qu'êtres pensants et
    conscients.

    Je dis de mon sujet, l'importance des cours de philosophie, que...

    les cours de philosophie sont d'une très grande utilité pour le
    développement intellectuel.

    Nous sommes des IDÉES!






    Qu'est-ce qu'une thèse?

    Quand on cherche, dans un texte, la thèse de l'auteur, on recherche l'idée directrice, celle qui, à elle seule, résume ce que l'auteur a cherché à nous faire comprendre en l'écrivant. Dans un texte, il y a plusieurs idées, mais l'une d'entre elles est la plus importante, elle est centrale, et toutes les autres ne sont là que pour l'expliquer. C'est cette idée que l'on appelle la thèse. Toutes les autres idées sont soit des idées principales (elles expliquent directement la thèse), ou secondaires (celles-ci expliquent l'une des idées principales).

    Allez lire le texte "L'homme en cage" en cliquant ici. Pour revenir, utilisez le bouton BACK ou PREC dans la barre des menus.

    La thèse d'Huguette O'Neil dans son texte "L'homme en cage".

    Dans ce court texte comprenant 8 paragraphes, il y a au moins une idée dans chacun d'eux. Laquelle est la thèse de l'auteure et où se trouve-t-elle? Bien souvent, elle est soit au début, soit à la fin du texte. Ici, elle se trouve dans le dernier paragraphe: "Une société qui miserait sur la réhabilitation plutôt que sur la punition aurait foi en la capacité de l'homme de changer", écrit-elle. C'est justement là l'essentiel de ce qu'elle voulait nous faire comprendre: que la prison n'est pas une solution, qu'il faut miser sur la réhabilitation et non la punition.







    Quelle est la différence entre une thèse et une idée?

    Une thèse est une idée, cela va de soi. C'est la plus importante d'un texte ou d'un document quelconque, le CQFD (Ce Qu'il Fallait Démontrer), le message de l'auteur. Lorsque c'est moi qui suis l'auteur d'un texte et que j'ai répondu à une question qu'on m'a posée, ma thèse, c'est ma réponse à cette question, que tout mon texte va expliquer et argumenter pour convaincre mes lecteurs que j'ai raison et les amener à adopter mon point de vue.

    Au sens d'idée directrice, nous en avons donné un exemple avec le texte d'Huguette O'Neil.

    Au sens de réponse à une question posée, donnons l'exemple suivant.

    On me demande si je suis en faveur du rétablissement
    de la peine de mort au Canada. Ma thèse (ma réponse
    globale à cette question) est que nous ne le devons pas,
    parce que ça n'aurait que des conséquences négatives.

    Ou bien, je pourrais aussi formuler comme thèse qu'
    il ne faut pas la rétablir au nom de certains principes.

    Nous sommes des THÈSES!

    Une thèse, pour être expliquée, doit toujours être appuyée par des idées. Ainsi,


    Pour appuyer ma thèse que nous ne devons pas rétablir la peine de mort parce que ça n'aurait que des conséquences négatives, je vais expliquer que...
    1. Le risque de tuer un innocent est toujours présent.
    2. Tuer un meurtrier, c'est se rabaisser à son niveau et ne pas être mieux que lui.
    3. Ce serait une régression et non un progrès, le retour à la vieille loi du talion ("oeil pour oeil, dent pour dent").
    4. Ça n'aurait pas l'effet dissuasif escompté.

    Pour appuyer ma thèse que nous ne devons pas rétablir la peine de mort au nom de certains principes, je vais expliquer que...

    1. Le "tu ne tueras point" ne souffre aucune exception.
    2. Toute vie humaine est sacrée, même celle d'un meurtrier.
    3. Comme le soutient notre morale, la morale chrétienne, le pardon est supérieur à la vengeance.
    4. Vaut mieux miser sur la réhabilitation que sur la punition.
    5. On ne règle pas un problème en le faisant disparaître!
    Nous sommes des IDÉES appuyant une thèse!



    En résumé,
    1. Une thèse est l'idée directrice d'un texte, le message de l'auteur, la phrase qui, à elle seule, résume ce qui a été dit et expliqué tout au long du texte.
    2. Lorsqu'il s'agit d'un texte qu'on écrit soi-même à partir d'une question posée, notre thèse est notre réponse à cette question.







    La différence entre une idée et un argument

    Un argument, comme une idée, se formule, lui aussi, par une phrase complète. À première vue, il peut être difficile, alors, de distinguer la différence entre les deux, d'autant plus qu'une idée peut servir d'argument! Dans les exemples précédents, illustrant des idées appuyant une thèse, ces idées sont, en même temps, des arguments. Diable! Où est, alors, la différence?

    Pas si facile à distinguer!

    Reprenons la définition d'une idée: ce que je dis d'un sujet. Un argument, quant à lui, est une raison, une preuve que j'apporte pour appuyer, justifier et expliquer une idée.

    Par rapport à une thèse, une idée est, ou peut être, en même temps, un argument au sens de raison expliquant la thèse. Mais cette idée exige, à son tour, d'être expliquée à l'aide de preuves. Ce sont ces preuves qui constituent les arguments.

    Reprenons l'un des exemples que nous avons donnés ci-haut, et voyons quels arguments nous pouvons trouver pour expliquer l'idée formulée. Ici, il faut utiliser l'un des procédés argumentatifs (cliquez ici pour accéder à ce document), ou combiner plusieurs d'entre eux pour arriver à expliquer correctement et, surtout, de façon convaincante, notre idée.


    IDÉE: Ça n'aurait pas l'effet dissuasif escompté.

    ARGUMENT: Les statistiques démontrent que son abolition n'entraîne aucune augmentation du crime, comme son existence ne fait pas baisser le taux des meurtres.

    PREUVE À L'APPUI: On a comparé des États américains socio-économiquement semblables. De 1920 à 1958, on n'a pas remarqué de différence significative. On a entre autres comparé les villes de Chicago et de Détroit: les taux étaient quasi identiques et, pourtant, l'une a la peine de mort alors que l'autre ne l'a pas.

    AUTRE PREUVE: En 1980, en Californie, une exécution a provoqué une baisse du taux de criminalité (et non d'homicides) pendant six semaines...


    ARGUMENT: L'effet intimidant joue quand il y a un élément rationnel dans un délit, mais c'est rarement le cas. Le plus souvent, surtout lorsqu'il s'agit d'un crime passionnel, la raison est réduite à zéro. Les meurtres commis sous l'impulsion du moment ou par un psychopathe ne peuvent être arrêtés ou freinés par le rétablissement de la peine de mort.

    PREUVE À L'APPUI: Sur tous les meurtres commis, le tiers (33%) demeure irrésolu. Il s'agit sans doute de meurtres effectués par des professionnels. Sur l'autre deux tiers, 10% seulement sont des meurtres prémédités. Tous les autres sont des crimes passionnels: meurtre par jalousie, sous le coup d'une impulsion incontrôlable, lors d'une crise de désespoir ou d'une période de dérèglement mental. La majorité des victimes sont des parents, amis ou connaissances.

    AUTRE PREUVE: Ceux qui auraient le plus besoin d'être dissuadés font partie d'organisations criminelles bien protégées et ont donc une immunité presque complète.


    ARGUMENT: Les "vraies" causes de la criminalité et des meurtres sont ailleurs: les facteurs socio-économiques sont beaucoup plus importants.

    PREUVE: Si, aux États-Unis, on compare des États du Sud avec ceux du Nord, on constate que dans ces derniers, mieux nantis, la proportion de meurtres est de 1/100,000 habitants alors que dans les États du Sud, plus pauvres, plus favorables au port d'armes et à plus forte tendance raciste, la proportion est de 11,5/100,000 habitants.

    AUTRE PREUVE: En Angleterre, où les policiers ne sont pas armés, il y a deux fois moins de morts violentes qu'aux USA et 20% de moins qu'au Canada.


    ARGUMENT: Qui prémédite un meurtre ne pense pas à la peine de mort ni même à l'emprisonnement, mais à commettre le crime parfait.

    PREUVE: Un policier s'occupant de condamnés à mort a dit n'avoir jamais pensé à la peine de mort lorsqu'il a prémédité le meurtre de sa femme et qu'il l'a tuée. La seule chose à laquelle il pensait, c'était de réussir son crime. Lors d'un meurtre prémédité, le coupable, comme dans les célèbres films du lientenant Columbo, ne pense donc pas aux éventuelles conséquences de son acte, mais à la façon de s'y prendre pour ne pas être découvert.



    Qu'est-ce qu'un aspect?

    La notion d'aspect est utilisée surtout lorsqu'il s'agit de faire une problématisation ou de concevoir le plan de rédaction d'une dissertation avec divisions sous-titrées et bien identifiées.

    Quand on fait une problématisation, il faut, entre autres choses, faire une liste d'aspects possibles à traiter, éventuellement, dans notre dissertation. Autrement dit, sur le sujet proposé ou sur la question qui nous est posée, de quoi pourrions-nous parler? Un sujet est toujours vaste et il faut le délimiter, puisqu'on ne peut tout en dire.

    Illustration:

    Question posée: on me demande si je suis en faveur du rétablissement de la peine de mort. Sur ce sujet, de quoi est-ce que je pourrais parler? J'y réfléchis un peu et je trouve:

    Je pourrais parler...
    • Des types de meurtres
    • Des types de meurtriers
    • Des raisons de ceux qui sont pour son rétablissement
    • Des raisons de ceux qui sont contre son rétablissement
    • Des alternatives à la peine de mort
    • Des conditions de vie dans les prisons
    • Des principes moraux en jeu
    • De l'effet dissuasif, ou non dissuasif, de la peine de mort
    • Des risques de récidive
    Nous sommes des
    ASPECTS!



    NOTE:

    Vous aurez peut-être remarqué qu'il y a une grande ressemblance entre un SUJET et un ASPECT. Ils se formulent de la même manière, par un mot ou un petit groupe de mots, et non par une phrase. Rappelons-nous que lorsqu'on se demande quel est le sujet d'un texte, d'un paragraphe ou d'une phrase, on se demande de quoi il y est question, de quoi on y parle. Quand on se demande de quoi on pourrait parler sur un sujet relativement vaste comme "la peine de mort", "l'euthanasie" ou "les limites de la connaissance", on cherche aussi, en quelque sorte, des "sous-sujets", des thèmes. Mais on parle alors d'aspects et non de sujets.





    Les cas et les faits

    Lorsqu'on fait une problématisation, il faut, entre autres choses, établir une liste de cas et de faits qui pourront nous servir à illustrer nos idées et prises de position.

    Qu'est-ce qu'un CAS?

    Lorsqu'on parle d'un cas, on entend la mention du nom d'une personne (personne réelle) ou d'un type de personne, sans nom précis qui lui est associé. En voici quelques exemples, pour illustrer le thème de la peine de mort. Ici, il nous faut des noms de meurtriers ou des types de meurtres et de meurtriers.

    François Bernier, de Ste-Élizabeth, qui aurait mis
    le feu à sa maison et provoqué la mort de 4 pompiers.
    Valéry Fabrikant (a tué des collègues d'université)
    Le caporal Lortie (fusillade à l'assemblée nationale de
    Québec)
    Marc Lépine (a tué des étudiantes de Polytechnique,
    puis s'est donné la mort)
    Moïse Thériault, chef d'une secte, a mutilé et tué des
    personnes.
    "Méchant Boris" (a tué et massacré des dizaines de
    jeunes enfants)
    Le policier Allan Gossett qui a tué, dans l'exercice
    de ses fonctions, Anthony Griffin
    Marc Dutroux, pédophile meurtrier belge
    Paul Bernardo et sa compagne (séquestrations, viols
    et meurtres)
    Jack l'éventreur
    L'étrangleur de Boston
    Le cas O.J Simpson
    Une mère tue sa fille de 5 ans et tente ensuite de se
    suicider en se jetant dans une rivière
    L'assassin-violeur d'Isabelle Bolduc
    La belle-mère d'Aurore l'enfant-martyre
    Un mari jaloux qui tue sa femme
    Cas d'enlèvement suivi de meurtre
    Les criminels de guerre
    Meurtres commis en état d'ébriété ou de drogue
    Meurtres suite à une bagarre
    Les règlements de compte entre groupes de motards ou mafiosi
    Les meurtres commis lors d'un vol à main armée
    Les cas de séquestration
    Les violeurs
    Les obsédés sexuels
    Les crimes passionnels
    Nous sommes tous des CAS!


    Qu'est-ce qu'un FAIT?

    Un fait est une donnée quelconque, quelque chose qui existe réellement, un phénomène observable, un événement qui s'est produit, une statistique, un incident. En voici quelques exemples, pour illustrer le thème de la peine de mort. Ici, il nous faut des faits, des constats et des événements concernant ce sujet.

    • La peine de mort a été abolie en 1976, au Canada.
    • Le moyen le plus fréquemment utilisé a été la pendaison.
    • On évalue à 50,000$ et plus (certains vont jusqu'à 70,000$)
      le coût annuel d'un prisonnier.
    • Aux USA, certains États ont aboli la peine de mort alors que
      d'autres l'ont conservée.
    • À la fin de 1997, l'État du Massachussets a voté une loi
      rétablissant la peine de mort dans cet État.
    • En tenant compte des délais et des demandes d'appels, on a
      évalué qu'une exécution coûtait, finalement, à peu près la
      même chose qu'un emprisonnement à perpétuité (ou 25 ans,
      dans les faits).
    • Les pénitenciers canadiens hébergent à peu près 10,000
      personnes. Parmi celles-ci, environ 10% sont des personnes
      reconnues coupables de meurtre.
    • Les méthodes d'exécution les plus connues sont la guillotine,
      la pendaison, la chaise électrique, la chambre à gaz, l'injection
      léthale, le peloton d'exécution. Mais on a déjà connu pire, dans
      l'Histoire: le supplice du pal, celui de la goutte d'eau,
      l'écartèlement, le dépeçage - et j'en passe!
    • Les protestants sont, en général, moins partisans de la peine de
      mort que les catholiques.
    • Le "penchant à la punition" peut varier selon l'âge, le sexe, la
      religion ou l'ethnie.
    Nous sommes tous des FAITS!


    Idée et OPINION

    Croyance et conviction

    Question, aspect et idée



    Thérèse-Isabelle Saulnier
    Cégep de Victoriaville


    RETOUR à mes pages personnelles



    1