L'ÉTAT PROVIDENCE N'A JAMAIS EXISTÉ

 

Les programmes sociaux sont les fruits des luttes ouvrières

 

Ce texte est un extrait d'un article de Denis Cusson paru dans le Droit de Parole du mois de mai 1995. Droit de Parole est le journal communautaire des quartiers centraux de la ville de Québec. J'ai choisis ce texte parce qu'il m'a fait réfléchir sur l'avancé de la bourgeoisie contre les programmes sociaux et je suis sur qu'il vous fera réfléchir aussi. Je tiens à remercier l'auteur, car j'ai piqué son texte sans sa permission et de toute façon je ne crois pas qu'il s'y oppose, enfin l'important c'est que l'information circule.

 

Par Denis Cusson

 

Les politiciens, les économistes, les grandes entreprises, les associations patronales crient sur toutes les ondes, écrivent dans tous les journaux que le temps de l'État providence est terminé. Que veulent-ils dire par cela? Que l'état met fin à sa générosité? Que l'État cesse d'aider les démunies de la société? En fait, l'État providence n'a jamais existé. L'État a toujours rendu des services à la population à contre coeur. Il fut forcé de rendre ces services par les luttes menées par les associations ouvrières, les syndicats, et les associations populaires, les groupes de citoyens et de citoyennes. Quand on regarde l'histoire ouvrière et des programmes sociaux de près, on ne peut que trouver méprisant l'appellation État providence. Mais ceci constitue une belle récupération sociale par l'État capitaliste. Il récupère à son crédit les revendications faites par le mouvement ouvrier et se donne par la même occasion le qualificatif de providence.

 

La providence de l'État

 

L'État n'a jamais été providentiel ou fait preuve de providence. L'État a plutôt tout fait pour empêcher ou retarder la mise en place de mesures ou de programmes permettant à la classe ouvrière d'améliorer ses conditions de vie et ses conditions de travail. Les patrons ont toujours utilisé l'État pour contrecarrer les demandes ouvrières, utilisant la police ou l'armée quand c'était nécessaire. Les conflits patrons-ouvriers sont souvent l'objet d'affrontements entre grévistes et policiers. Les grévistes n'ont jamais demandé le renversement de l'État, mais l'amélioration de conditions de vie et de travail: la journée de 10 heures (1833-1910), de 9 heures (1872-1937), de 8 heures (1866-1940), la semaine de 40 heures, la santé et la sécurité au travail, l'augmentation des salaires, l'assurance-chômage, la sécurité sociale, l'assurance maladie, les pensions de vieillesse, l'élimination du travail des enfants dans les usines, l'école publique et gratuite, etc. Tous ces avancements sociaux sont des revendications ouvrières. Dans aucun cas l'État n'a fait preuve de providence en initiant de lui-même une réforme permettent de sauver une situation ou un secours exceptionnels, arrivant à point nommé (définition du Petit Larousse de mot providence). La providence serait plutôt ouvrière et populaire.

 

 

La fin de l'État providence ou l'État au seul service des patrons

 

L'offensive pour mettre fin aux programmes sociaux est l'expression suprême de la domination des classes possédantes sur les classes ouvrières et populaires. On nous indique clairement que les profits sont la propriété d'une seule classe et qu'ils ne seront pas utilisés volontairement pour le bien de toute la société. Bien plus, l'État fera tous les efforts nécessaires pour remettre à leur place la classe des travailleuses et des travailleurs et des sans emplois. L'État revoit continuellement ses engagements et sa signature au bas d'un contrat. Si l'État rouvre une convention collective, pourquoi une entreprise privée ne le ferait-elle pas? L'État passe des lois spéciales quand ses employé-e-s n'acceptent pas de plein gré ses volontés. Pourquoi ne le ferait-il pas pour l'entreprise privé? Le gouvernement coupe les prestations des chômeurs, mais ne prend aucune mesure contre une entreprise qui remplace des travailleurs et des travailleuses par des machines. Les étudiants et les étudiantes s'endettent énormément pour étudier et ainsi être bien formé-e pour le marché du travail, alors que les entreprises ne paient pas un sou pour la formation de cette main-d'oeuvre. Depuis le début de cette offensive contre les programmes sociaux et les conditions de vie des travailleurs et des travailleuses, syndiqué-e-s ou non, est-ce que l'ensemble de la société s'est améliorée?

 

La solidarité du peuple tout entier, la seule voie pour s'en sortir

 

A une certaine époque, les conflits ouvriers retenaient un large appui auprès de la population. La population voyait dans ces conflits des luttes contre l'exploitation ouvrière, la lutte à la vie chère, la lutte pour le respect des êtres humains qui constituent la classe laborieuse. La classe dominante a bien compris que la solidarité du peuple tout entier est la plus grande menace à son despotisme. Elle s'est alors mise à l'ouvrage de semer la discorde. Les syndiqué-e-s sont des privilégié-e-s, les chômeurs et chômeuses, les assistés sociaux sont des fraudeurs et des paresseux, les malades sont des abuseurs de soin, etc, etc, etc. Et pourtant! Les privilégiés, les fraudeurs et les abuseurs du système ne sont-ils pas ceux et celles qui tirent les ficelles de la société? Le peuple n'a rien à craindre d'une amélioration des salaires des travailleurs et des travailleuses syndiqué-e-s. Il n'a rien à gagner d'une baisse des conditions de travail et de salaire. Les baisses de salaires dans les entreprises ont créé bien peu d'emploi. Ce sont par contre les améliorations salariales des syndiqué-e-s qui ont permis l'augmentation du salaire minimum des non syndiqué-e-s. Les salaires sont restés sous le niveau de l'inflation depuis plus de 10 ans. Quel fut la hausse de salaire minimum?

 

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