L'école nyingma est la plus ancienne parmi les quatre écoles du bouddhisme tibétain. Ses origines remontent aux enseignements des maîtres bouddhistes indiens, Padmasambhava et Shantarakshita, qui se rendirent au Tibet au VIIIe siècle. Les trois autres écoles sont dites «écoles des traductions nouvelles». (Cette distinction entre «ancienne» et «nouvelles» se réfère aux deux périodes où le canon bouddhiste fut traduit en langue tibétaine). L'école kagyud fut fondée au XIe siècle par le traducteur Marpa Lotsawa (1012-1097), qui lui-même était disciple du maître indien Naropa (1016-1100). Khon Konchog Gyalpo, disciple du traducteur tibétain Drogmi Lotsawa (992-1072), fonda l'école sakya vers la même époque. L'école guéloug émergea comme une école indépendante à la suite de la réforme radicale du bouddhisme tibétain initiée par Tsongkhapa (1357-1419). Tsongkhapa s'inspira fortement de l'esprit réformateur du mouvement Kadam, introduit au Tibet par le grand missionnaire indien Atisha (982-1054) et son principal disciple tibétain, Dromtompa. Pour cette raison, l'école guéloug est parfois souvent appeléé «la nouvelle école kadam». A partir du XIVe siècle l'école réformée devint la tradition dominante au Tibet, en Mongolie et dans de nombreux pays bouddhistes de l'Asie centrale. Le Dalaï-lama et le Panchen-lama, deux des plus hautes autorités religieuses du Tibet, sont traditionnellement issus de cette école réformée.
L'école guéloug de Tsongkhapa peut être sommairement décrite comme un synthèse authentique. À l'instar des premières écoles du bouddhisme, elle préconise que toute vie spirituelle soit fondée sur une stricte adhésion à la discipline morale. Quant à la pratique sur la voie, cette école adopte une série d'instructions chères aux enseignements kadam, et donc à Tsongkhapa; instructions appelées lo djong - terme tibétain que l’on peut traduire par «entraînements propres à dresser l'esprit» ou «transformation de la pensée». Le propre des enseignements de lo djong est d'offrir au pratiquant des techniques pour transformer même les circonstances les plus défavorables en conditions propices à l'épanouissement de la compassion et de l'altruisme. Quant à l'orientation philosophique, l'école guéloug embrasse pleinement la doctrine du madhyamaka sur la vacuité. Elle reconnaît, de plus, l'analyse critique comme une partie importante et intégrale du chemin vers l'éveil. Malgré son approche plutôt rationnelle, cette tradition trouve dans les enseignements du vajrayana sa vision finale de l'accomplissement de la bouddhéité. Une telle approche demande nécessairement une appréciation authentique de perspectives qui, pour être très différentes, n'en sont pas moins justes et valables dans le cadre et le contexte qui leur sont propres. Ce sont ces multiples strates qui rendent le bouddhisme tibétain aussi profond que complexe.