Avant de conclure, j'ajouterai un mot sur les attitudes généralement adoptées par le bouddhisme à l'égard des autres religions. À l'instar de toutes les grandes religions du monde, le bouddhisme perçoit sa voie comme universelle ; cette voie traite en effet des problèmes fondamentaux de l'existence humaine. Dans ce sens, le bouddhisme estime que son message et ses doctrines de base ne se limitent pas à un contexte historique ou culturel particulier. Cela étant, dès les débuts de la tradition mahayana, le bouddhisme a accepté l'existence d'autres voies, mieux adaptées aux différents tempéraments spirituels des individus. C'est donc une tradition qui reconnaît la diversité du choix spirituel au niveau le plus fondamental. Un des textes classiques du mahayana dit: «Il existe des inclinations différentes, des intérêts différents et des chemins spirituels différents.» Voilà, je pense, l'origine du terme «supermarché des religions» que le Dalaï-lama emploie si souvent. Pour le bouddhisme, toutes les grandes voies spirituelles sont valables en soi car elles répondent à une demande fondamentale de millions d'individus. Ce n'est pas la revendication de la vérité métaphysique qui permet de juger si un enseignement spirituel est valable ou non. Le critère essentiel est son efficacité à offrir le salut ou la libération spirituelle. La longue histoire du bouddhisme et de la chrétienté témoigne de leur efficacité dans ce domaine. Un dialogue sincère entre ces deux grandes traditions peut ainsi contribuer non seulement à enrichir les enseignements de chacune d'elles mais aussi à accroître l'intérêt que les gens portent à la dimension spirituelle de l'homme. Le célèbre philosophe et historien religieux, Paul Tillich, avait peut-être raison de dire que la rencontre du christianisme et du bouddhisme déclencherait une véritable révolution spirituelle...