1. L'INDEPENDANCE
SOCIALE DE LA FEMME
2.
L'ISLAM
ET LA VIE MODERNE (p.29 à 56)
Dans ce chapitre, il est question de
savoir si l'islam et le Coran sont toujours pertinents au XXe-XXIe
siècle. La réponse de Motahhari est évidemment oui, et
c'est d'ailleurs la seule réponse possible au "vide moral créé par la
culture moderne" (p.30). Pour le démontrer, Motahhari distingue
deux types de besoins humains et deux types de lois qui correspondent
à chacun d'eux: les besoins éternels, immuables, et les
besoins changeants. Les lois universelles, incluant celles de
l'évolution et du développement des êtres vivants,
ne changent pas. Or, "l'un des
miracles de l'islam est justement le fait qu'il a promulgué des
lois immuables pour les besoins immuables de l'homme, et des lois
souples et élastiques pour ses besoins provisoires et
changeants." (p.33) Tout changement n'est pas
nécessairement un signe de progrès, loin de là,
surtout pas s'il vient de l'Occident. La corruption et la
déviation sont, elles aussi, en progression, et il faut
lutter contre elles.
Cela dit, Motahhari se situe entre deux
interprétations du Coran. La première est adaptative et
flexible selon
l'époque, ce qui, selon cette tendance, est conforme à
l'esprit de l'islam, mais une calomnie
de l'islam et du Coran, selon Motahhari, puisque l'islam comporte un
volet social qui, ici, est nié. Un tel discours, qui fait fi des
lois islamiques, n'est "qu'une
duperie impérialiste. Les tenants de cette thèse doivent
savoir que l'Islam est en mesure de faire face à tout
système, athée ou non. Son idéal est de conduire
la société en tant que philosophie de la vie, et ne veut
nullement être confiné à la mosquée et aux
autres lieux de culte." (p.38)
Cette interprétation du Coran et
de l'islam est dite celle des "Ignorants". A l'opposé, il y a
les "Esprits rigides", qui ne veulent rien changer et rester, ou
revenir, à "l'âge de l'âne" (p.45). Ce sont
là deux "maladies" dont la première, liée à
l'attrait du monde occidental, conduit "à la perversité et à
la ruine" (p.41): films violents et pornographiques, destruction
de la famille, drogues, bombe atomique. La seconde mène "à la stagnation et au refus du
progrès". Motahhari, pour sa part, se situe entre ces
deux interprétations en ce qu'il reconnaît que certaines
choses sont modifiables et adapables, dans le Coran. Car ce sont les
buts qui importent, et non les
moyens utilisés. Il donne
les exemples suivants: pour se défendre contre l'ennemi,
ce n'est plus la cavalerie et le tir à l'arc, mais le maniement
des armes à feu. La loi coranique spécifie que le sang et
l'excrément humains ne peuvent être achetés ou
vendus, mais c'est parce qu'ils n'avaient aucune valeur
d'utilité du temps de Mahomet. Aujourd'hui, c'est
différent, alors cette loi peut être modifiée.
Mahomet a aussi dit qu'il fallait teindre ses cheveux blancs. Mais
c'était à une époque où la majorité
des Musulmans étaient âgés et devaient cacher leur
âge aux armées ennemies. La situation ayant
changé,
ce n'est plus une obligation de le faire. Il faut comprendre que ce
sont des recommandations du genre: "Il faut manger proprement" ou "il faut être vêtu
pudiquement et modestement" qui
importent, et non les ustensiles à utiliser ou les
vêtements à porter. Par contre, dit Motahhari, l'islam a
dit qu'il est interdit "de
croire que les Musulmans doivent être
occidentalisés extérieurement et intérieurement,
physiquement et spirituellement, de prononcer le "r" se trouvant dans
nos propres mots à la façon parisienne après avoir
passé deux ou trois jours en France." (p.54) !!
3. LA POSITION DE LA FEMME DANS LE CORAN
(p.57 à 85)
"En fait, le mot
"égalité" n'est qu'un slogan démagogique
lancé par les imitateurs de l'Occident et une étiquette
commerciale qu'ils collent sur cette marchandise occidentale."
(p. 68)
"La seule
façon qui permette à la femme d'obtenir des droits et un
bonheur égaux à ceux de l'homme, est qu'elle renonce
à la similarité des droits et qu'elle demande à ce
que l'homme ait des droits qui lui conviennent et à ce qu'elle
ait des droits qui lui conviennent. Tel est le moyen idéal
d'atteindre l'égalité réelle des droits entre
l'homme et la femme, et tel est le seul moyen par lequel la femme peut
éprouver un bonheur égal sinon supérieur à
celui de l'homme, et qui conduit les hommes à souhaiter
sincèrement et sans hypocrisie que la femme obtienne des droits
égaux sinon supérieurs aux leurs." (p.68)
L'homme et la femme,
selon le Coran, n'ont pas les mêmes droits ni les mêmes
obligations. Ce n'est pas par mépris pour elle, ou parce qu'elle
serait considérée comme un être inférieur.
Penser cela est le fait d' "esprits occidentalisés" (p.58) et de
"détracteurs de l'islam" (p.59). C'est tout simplement qu'Allah
les a créés différents, comme il a
été expliqué dans le prologue. L'islam
reconnaît donc l'égalité des droits, mais non pas
leur similarité. Egalité et similarité, affirme
Motahhari, sont deux choses différentes:
"L'égalité
signifie être égal en degré et en valeur, alors que
la similarité signifie l'uniformité" (p.59). Selon
cette
différence de sens, les droits, les devoirs et les punitions de
chacun seront, eux aussi, différents, mais en bout de ligne, "la
valeur totale des droits accordés
à la femme n'est pas inférieure à celle des droits
accordés à l'homme" (p.60). - Sur cette
"valeur
totale des droits", il n'en est malheureusement pas question dans ce
chapitre. Tout ce qui suit cette
affirmation, jusqu'à la fin du chapitre, traite de deux choses:
d'abord, que la vision négative et méprisante de la femme
se trouve partout ailleurs que dans le Coran, c'est-à-dire dans
l'Ancien Testament, le judéo-christianisme et la philosophie
occidentale jusqu'à l'avènement du mouvement
féministe. Le Coran affirme, quant à lui, que la femme a
été créée à partir de la même
matière que l'homme, que Satan a tenté à la fois
Adam et
Eve, que le mariage est sacré et que, par
conséquent, la sexualité et
l'amour n'y sont pas dévalorisés, que les femmes peuvent
atteindre un haut degré de
spiritualité, ce qui est le cas de Khadîjah
(première femme de Mahomet) et de Fâtimah al-Zahrâ'
(sa fille), qui détint une position presque égale
à celle de Mahomet lui-même. (Note: C'est à peu
près la seule femme, mais enfin...) Motahhari en conclut
donc
que "l'Islam ne fait pas de
discrimination entre l'homme et la
femme dans leur cheminement vers Allah. La seule différence que
l'Islam a faite entre la femme et l'homme dans leur marche vers la
Vérité est qu'il a choisi l'homme pour porter la Charge
de la Prophétie, du Message et de la guidance des gens vers le
Droit Chemin, car il a considéré que l'homme convient
mieux à cette tâche" (p. 64). Quant à
l'idée que la femme aurait été créée
pour le service de l'homme, rien n'est plus étranger au Coran,
soutient Motahhari. C'était là un préjugé
pré-islamique, et un préjugé qui a longtemps
caractérisé l'Occident. Il précise, toutefois, que
ces droits ont été bafoués à travers
l'histoire de l'Islam, et qu'ils doivent être restaurés, -
en autant que ce soit dans le respect de leurs différences
naturelles.
Cela dit, plutôt que de nous démontrer enfin en quoi "la
valeur totale des droits accordés
à la femme n'est pas inférieure à celle des droits
accordés à l'homme", Motahhari s'attaque à la
Déclaration universelle des droits de l'homme, qu'il dit
être "une philosophie et non pas une loi", qu'elle ne peut donc
être ratifiée par des législateurs, et que "les
autres nations ne sont pas tenues de
s'y conformer tant qu'il ne sera pas établi pour elles que les
lois contenues dans cette charte existent dans la nature effectivement"
(p.73). Surtout pas les Musulmans, "hautement
qualifiés pour
traiter des questions logiques et philosophiques". (p.74) Un
bref
survol historique, du 18e au 20e siècle, amène Motahhari
à la conclusion que c'est la révolution industrielle qui
a amené l'Occident à affirmer l'égalité des
hommes et des femmes, en 1948 (ONU), une égalité
déjà élaborée par l'islam il y a 1,400 ans,
à la différence près que ce dernier "accepte
l'égalité entre les droits de l'homme et de la femme,
mais il n'accepte pas l'uniformité et la similarité de
leurs droits" (p.78) Citant les grands principes
mentionnés dans
le préambule de la DUDH, il les qualifie de "formules
dorées et mielleuses" (p.79) Parmi ces principes, il y a:
- Tous les individus jouissent d'un même niveau de
dignité, de respect et de droits innés
inaliénables.
- La dignité, le respect et les droits innés de
l'homme sont communs à tous les individus du genre humain, sans
distinction de race, de couleur et de sexe. Tous les êtres
humains sont membres d'une famille, et par conséquent, personne
n'est supérieur à un autre.
- Le fondement de la liberté, de la paix et de la justice
est que tous les individus croient, dans leur for intérieur,
à la dignité humaine et au respect de tout le monde.
- La plus sublime aspiration,
pour la
matérialisation de laquelle tout le monde doit lutter, est
l'émergence
d'un monde dans lequel la liberté de croyance, la
sécurité et le
bien-être matériel doivent être assurés, et
où disparaîtraient la peur,
la pauvreté et la terreur. Les 30 articles de la
Déclaration ont été
élaborés en vue de réaliser cet idéal
suprême.
- La croyance à la
dignité humaine et
au respect des droits inaliénables de l'homme doit être
inculquée
graduellement dans tous les esprits, par l'enseignement et
l'éducation. ( (p.79-80)
Qu'en pense Motahhari? - Que "ceux qui ont élaboré cette
Déclaration, et les philosophes qui l'avaient réellement
inspirée, méritent notre haute estime. Toutefois, il
s'agit pour nous d'un texte philosophique écrit par des mains
humaines et non par des anges" (p.80) (car le Coran, lui, l'a
été) et donc, comporte des points forts et des points
faibles. Son point fort, c'est l'affirmation de l'honneur et de la
dignité de l'être humain. Quant au reste, tout est
contradictoire dans "l'appréciation occidentale de l'homme"
(p.81). Voici la réalité occidentale telle que vue selon
la lorgnette motahharienne:
- "L'homme est rabaissé, dans
l'optique occidentale, au niveau de la machine, son âme et son
originalité reniées, la croyance selon laquelle la nature
a une finalité est considérée comme une
idée réactionnaire." (p.81)
- "Maintenant,
personne en Occident ne peut dire que l'homme est le centre de
l'univers, car selon une théorie européenne courante,
croire à cette idée et à celle qui affirme que les
autres êtres sont des instruments au service de l'homme, c'est
croire à l'ancienne doctrine désuette de l'astronomie
ptolémaïque selon laquelle la terre serait le centre de
l'univers et les autres planètes tourneraient autour d'elle. Et
étant donné que cette doctrine est tombée dans les
oubliettes de l'histoire, l'idée selon laquelle l'homme serait
le plus noble des êtres est tombée par conséquent
en désuétude elle aussi. " (p.81)
- "Les Occidentaux
ne croient pas que l'âme a une existence indépendante, et
ne se considèrent pas comme étant différents
d'aucune manière, d'une plante ou d'un animal. Selon eux, il n'y
a pas de différence essentielle entre la nature des
facultés intellectuelles et spirituelles de l'homme, et la
nature de la chaleur émanant du charbon. Pour eux: "Tout
ceci n'est que des manifestations diverses de l'énergie et de la
matière." (p.82)
- "Du point de vue
de certaines puissantes écoles de pensée
européennes, 'l'homme n'est qu'une machine qui fonctionne
uniquement par les motivations de gains économiques. La
religion, la morale, la philosophie, la science, la littérature
et les arts sont des superstructures dont l'infrastructure est le mode
de production et de distribution de la richesse, qui détermine
tous les aspects de la vie humaine"." (p.82)
- "Bien
plus, certains penseurs occidentaux sont d'avis que les facteurs
sexuels sont la vraie force motrice de toutes les activités
humaines. La moralité, la philosophie, la science, la religion
et les arts ne seraient que des aspects agréables du facteur
sexuel." (p.82) (NOTE)
On peut se demander
quel est le rapport entre cette vision matérialiste de
l'être humain et la Déclaration elle-même, d'autant
plus que Motahhari admet, quelques lignes plus bas, que cette vision
n'est pas la seule en Occident. Bien curieuse critique de la DUDH!
C'est que, croit-il, "la
Déclaration des Droits de l'Homme aurait dû être
élaborée par ceux
qui considèrent l'être humain comme étant plus
élevé qu'un robot, qui
pensent que ses motivations ne se limitent pas à ses instincts
personnels et animaux, et qui ont foi dans la conscience humaine"
(p.83). - Comme si cela n'avait pas été le cas! Mais plus
encore, il pense qu'elle
"aurait dû être
élaborée par les
peuples orientaux qui croient que l'homme est le lieutenant d'Allah sur
terre. Le Saint Coran dit: "Je vais établir un lieutenant sur la
terre." (Sourate al-Baqarah, 2:30). Seuls ceux qui croient que l'homme
a un but et une destination peuvent parler des droits de l'homme"
(p.84) - Bref, selon Motahhari, seuls des membres du clergé
islamique sont en droit de rédiger une telle Charte ou une telle
déclaration, car ils ont la bonne et seule véritable
interprétation de ce qu'est l'être humain. Le chapitre se
termine par une dithyrambe contre l'Occident, nous laissant croire que
ce n'est pas, finalement, la DUDH elle-même qui est en
cause et à modifier, mais les nombreuses entorses qui lui sont
faites: "C'est pourquoi nous pensons
que le premier à avoir violé la Déclaration des
Droits de l'Homme, c'est l'Occident lui-même. La philosophie
qu'adopte l'Occident dans sa vie pratique ne peut que conduire à
la violation de la Charte des Droits de l'Homme." (p.85)
4. LES FONDEMENTS NATURELS DES DROITS
FAMILIAUX (p.87 à 100)
Motahhari se dit d'accord avec l'esprit
de la DUDH, qui confère à l'être humain des droits
inaliénables et intransférables, mais s'oppose à
la vision occidentale de son origine et de sa nature. Pour
déterminer ces dernières, il faut, dit-il, se
référer au "grand et précieux livre de la nature
elle-même" (p.87).Or, dans la nature, il y a des êtres aux
capacités naturelles différentes, qui sont la base de
droits tout aussi naturels. Il établit d'abord que les animaux
n'ont évidemment pas les mêmes droits que les humains. En
ce qui concerne les hommes et les femmes, il y a aussi une
différence de nature et celle-ci doit transparaître dans
les droits familiaux. Mais avant d'aborder ceux-ci, Motahhari parle des
droits sociaux. Il distingue des droits élémentaires,
communs à tous (utiliser ses talents, travailler, être
candidat à un poste, montrer ses mérites), et des droits
acquis selon les capacités et compétences de chacun.
"C'est dire que certains font preuve
de plus de connaissances, sont
plus compétents, plus efficaces et plus aptes que d'autres.
Naturellement, leurs droits acquis ne peuvent pas être
similaires. Donc, essayer de faire en sorte que leurs droits acquis
soient semblables à leurs droits élémentaires,
serait une injustice criarde" (p.90) - Voilà pour
l'inégalité des droits acquis, une
inégalité fondée en nature.
En ce
qui concerne les droits familiaux, il y a aussi une loi naturelle qui
les concerne. Comme les hommes et les femmes sont naturellement
différents, leurs droits familiaux ne peuvent donc pas
être "organisés sur la base de la similarité et de
l'identité" (p.91), c'est-à-dire qu'ils ne peuvent
être les mêmes. Cela vaut autant pour les droits
élémentaires que pour les droits acquis, car par nature,
selon leur constitution physique propre, les hommes et les femmes ont
des obligations et des droits différents. "L'homme et la femme
n'ont pas des aptitudes similaires et des besoins similaires. La loi de
la création les a placés dans des positions
dissemblables, et a prévu des rôles différents pour
chacun d'eux." (p.93)
Pour prouver cette différence
naturelle, cette sexualisation globale des êtres, jusqu'au bout
des ongles, Motahhari se sert des idées qu'Alexis Carrel a
développées dans son livre "L'homme, cet inconnu", et du
fait qu'il existe une vie familiale chez certains animaux, ce qui
prouverait que la vie humaine, depuis ses origines, a toujours
été domestique (familiale). Le mouvement de
libération de la femme, conclut Motahhari, a fait, et continue
à faire fausse route en niant cette différence naturelle
entre les sexes.
5. LES DIFFÉRENCES ENTRE L'HOMME ET
LA FEMME (p.101 à 119)
Quoi qu'en disent les féministes et les "gens
occidentalisés" du monde musulman, l'existence des
différences entre les hommes et les femmes "n'est pas un leurre, mais une
vérité scientifique fondée sur l'observation et
l'expérience" (p.101). Ces différences n'ont rien
à voir avec la
supériorité/infériorité ou la
perfection/imperfection de l'un des deux sexes, mais ont pour but
d'assurer une meilleure distribution des responsabilités de
chacun. Il s'agit d'un rapport de complémentarité. Ces
différences sont d'ordre physique, psychologique, intellectuel
et moral. Laissons parler Motahhari lui-même là-dessus.
Sur le plan physique:
"Sur le plan physique, en
général l'homme a des membres plus larges que ceux de la
femme, et il est plus grand qu'elle. L'homme est plus rude, la femme
plus fine. La voix de l'homme est relativement rauque et lourde, et
celle de la femme, douce et légère. Le
développement du corps de la femme est plus rapide, et celui de
l'homme plus lent. On sait que même le développement du
foetus femelle est plus rapide que celui du foetus mâle. L'homme
est physiquement plus fort que la femme, et ses muscles sont plus
développés, alors que la femme a une plus grande
résistance que l'homme. La femme atteint l'âge de la
puberté plus tôt, et perd la possibilité de la
reproduction plus tôt que l'homme. Une fille commence à
parler plus tôt qu'un garçon. Le cerveau moyen de l'homme
est plus grand que le cerveau moyen de la femme, mais
proportionnellement à l'ensemble du corps, le cerveau moyen de
la femme est plus grand. Les poumons de l'homme peuvent respirer plus
d'air que ceux de la femme. Le coeur de la femme bat plus rapidement
que celui de l'homme." (p.106-107)
Sur le plan psychologique:
"Sur le plan psychologique, on estime
que l'homme est plus enclin au sport, à la chasse et aux travaux
physiques que la femme. Les sentiments de l'homme tendent vers le
défi et le combat, alors que ceux de la femme tendent à
la paix. L'homme est agressif, alors que la femme est relativement
calme et tranquille. La femme a tendance à éviter la
violence. /.../ Les sentiments de la femme sont plus prompts à
l'excitation que ceux de l'homme, c'est-à-dire que dans le
domaine de l'amour, la femme est rapidement sujette à
l'émotion et à l'affectation, alors que l'homme l'est
moins. La femme est soucieuse naturellement de ses ornements, de sa
beauté, des modes, alors que l'homme ne l'est pas, ou moins. Les
sentiments de la femme sont moins stables que ceux de l'homme. La femme
est plus précautionneuse, plus religieuse, plus peureuse et plus
cérémonieuse que l'homme. La femme a des sentiments
maternels depuis l'enfance. Elle ne peut rivaliser avec l'homme dans
les sciences déductives et sujets intellectuels secs, mais en
littérature et en arts, elle est loin d'être
distancée par l'homme. L'homme a plus de capacité
à garder ses secrets. Il peut garder pour lui-même des
événements malheureux, et c'est pourquoi il est plus
souvent atteint de maladies dues à l'introversion. La femme a un
coeur plus tendre que celui de l'homme, elle pleure plus facilement, et
parfois recourt au mensonge plus rapidement que l'homme."
(p.107-108)
Sur le plan affectif:
"L'homme est l'esclave de son
désir de la femme, et celle-ci est l'otage de son amour pour
l'homme. L'homme aime la femme qui lui plaît, et la femme aime
l'homme qui s'intéresse à elle préalablement et
qui s'occupe d'elle. L'homme veut posséder la femme, et la femme
veut dominer le coeur de l'homme. L'homme veut vaincre la
résistance de la femme, et la femme veut le dominer en captivant
son coeur. L'homme veut s'emparer de la femme et elle veut l'attirer.
Ce qui plaît à l'homme chez la femme, c'est la
beauté et la coquetterie, et ce qui plaît à la
femme chez l'homme, c'est le courage et la bravoure. La femme
considère la protection de l'homme comme la chose la plus
chère pour elle. Elle peut contrôler ses désirs. Le
besoin sexuel de l'homme est actif et agressif, alors que celui de la
femme est passif et s'active par l'excitation." (p.108)
La femme est monogame, et l'homme polygame. (Ce dernier se lasse de
n'aimer qu'une seule femme, tandis que la femme ne veut aimer qu'un
seul homme.)
Le rêve d'une femme, c'est de "captiver
le coeur d'un homme, et le garder toute la vie" (p.110), et
avoir de lui une maison et des enfants; celui d'un homme, c'est
d'occuper une position sociale respectable. (C'est d'ailleurs pourquoi
la femme acceptera facilement de perdre son nom pour prendre celui de
l'homme qu'elle aime.)
Motahhari termine ce chapitre en citant des phrases de Will Durant dans
"Les plaisirs de la philosophie", dont celles-ci: "Romain Rolland dit que durant la vie de
l'être humain, il arrive un temps où des changements
physiques se produisent, débouchant sur le plein
développement du mâle ou de la femelle. Le plus important
de ces changements est l'apparition de la force et du courage chez le
mâle, de la grâce fascinante et de la délicatesse
chez la femelle" (cité p.116). - "Lemberzo et d'autres disent que 'la base
naturelle de l'amour de la femme est une caractéristique
secondaire dérivée de sa maternité. Tous les
sentiments et sensations qui unissent la femme à l'homme ne
procèdent pas de ses besoins physiques, mais dérivent de
son instinct de soumission (en se plaçant sous la protection de
l'homme). Cet instinct a pour raison d'être l'adaptation de sa
nature à celle de l'homme'." (cité p.117). - "Si les femmes de nos jours ne sont pas
aussi obéissantes qu'elles l'étaient jadis, c'est parce
que les hommes sont maintenant physiquement et moralement plus faibles"
(cité p.118).
6.
LA DOT ET L'ENTRETIEN (p.121 à 159)
Tradition pré-islamique que Mahomet a conservée, mais en
lui donnant un autre sens, la question se pose, aujourd'hui: "La justice et l'égalité des
droits, notamment au XXe siècle, exigent-elles que ces
traditions d'une autre époque soient abolies, que le mariage se
fasse sans dot, que la femme se charge elle-même de ses
dépenses, et que les enfants soient à la charge conjointe
du mari et de la femme?" (p.121).
L'histoire de la dot aurait connu 5 étapes: 1) celle de
l'époque tribale préhistorique, matriarcale, où
les hommes n'étaient pas encore conscients de leur rôle de
géniteurs; ils devaient aller chercher une femme dans une autre
tribu, s'y marier et y rester. 2) Une fois devenu conscient de son
rôle de géniteur, l'homme "imposa sa domination à la femme et
assuma le rôle du chef de la famille. Et là
commença la période du patriarcat" (p.122). Les
incessantes guerres tribales les obligeaient souvent à kidnapper
les femmes, mais 3) la paix étant revenue, l'homme se rendait
chez le père de sa future femme et travaillait pour lui pendant
un certain temps, pour avoir la main de sa fille. 4) Avec
l'arrivée de la monnaie, ce travail a été
remplacé par une dot, une somme d'argent donné au
père pour "acheter sa fille". La femme en était
réduite à l'état d'esclave et de marchandise. 5)
Grâce à l'islam, cette dot a été
donnée à la femme comme cadeau, et elle pouvait en
disposer à sa guise. Elle pouvait aussi choisir librement son
mari, et celui-ci avait l'obligation de subvenir à ses besoins.
Un tel changement (5e étape) s'explique difficilement.
Qu'à cela ne tienne, Motahhari résout le problème
en remettant en question les soi-disant 4 premières
étapes. "En fait, tout ce qui
a été dit à propos de ces quatre étapes est
hypothétique et fondé sur des présomptions et sur
la spéculation. Cela ne constitue ni un fait historique, ni une
vérité scientifique" (p.125). C'est une pure
invention des Occidentaux, qui ne voient pas l'importance du rôle
des sentiments humains dans l'histoire, et qui ont une vision
mercantile de l'être humain. La "vraie" histoire de la dot qui,
en réalité, est un cadeau de mariage, vient tout droit du
Créateur qui a voulu, par là, consolider la relation
entre l'homme et la femme. La nature de celle-ci exige que l'on gagne
ses faveurs, et c'est l'homme qui doit prendre l'initiative. Il l'a
fait avec la dot. "La dot est
liée étroitement à la pudeur et à la
chasteté de la femme. Celle-ci sait, d'instinct, que sa
dignité exige d'elle de ne pas se soumettre à l'homme
gratuitement" (p.127). Et c'est ainsi que la femme est devenue
une sorte d'idole pour l'homme, son inspiratrice, "la créatrice de son amour, la
source de son art, de son courage et de son génie".
Alors, "la dot est un article d'une
loi naturelle générale, inscrit dans le fondement de la
création, et promulgué par la nature" (p.129).
Conclusion, "la forme de la dot
décrite ci-dessus dans la cinquième étape n'est
pas une invention du Coran. Tout ce que le Coran a fait, c'est de la
restaurer dans sa forme naturelle et originelle" (p.129 ), car
il y avait "beaucoup de coutumes
obscurantistes (jahilistes, préislamiques) arabes relatives
à la dot" (p.131). - (NOTE)
(A suivre)
Les références
"occidentales" de Motahhari
1) La revue américaine "Coronet" (p.10)
2) G. Irwin, Sénateur de la Caroline du Nord (p.12)
3) Will Durant, auteur de "History of Philosophy" que Motahhari traduit
par "L'histoire de la Civilisation" (p.43, 95-96, 113, 115 à
119, 144, 153-154, 246, 250-251, 265 à 268, 307)
4) Un certain "Professeur Reek" ou Reeck. Il s'agit peut-être de
Darrell Reeck... un pasteur de l'Eglise méthodiste adventiste.
(p.26, 108-109-110)
6) Montesquieu et Herbert Spencer (p.71-72, 248, 253, 263-264, 300)
7) Alexis Carrel (p.98, 99)
8) Ashley Montague, "La Femme, l'être supérieur" (p.103)
9) Platon et Aristote (p.103 à 105)
10) Bertrand Russel (p. 154 à 156, 227-228, 282, 297, 314)
11) Le magazine "Newsweek" (p.169 à 171)
12) Béatrice Maryo, une psychologue française (paraît-il!) (p.189 à
191)
13) Gustave Le Bon (p. 251-252, 256, 263)
14) La reveu "Courrier", de l'UNESCO (p. 279)
Sans compter bien des citations sans aucune référence
(p.62, 77, 82 (3 citations), 101, 102, 114-115 ("une femme
psychologue"), 136-137 ("un critique"), 138 ("un autre
critique"), 146 ("une dame"), 166 ("certains occidentalisants"), 172
("un quotidien français éminent"). 175 ("un quotidien
italien"), 260 ("une femme écrivain contemporain"), 285 ("un
sociologue français"), 286 ("une revue française"),
289 ("un auteur").
Will Durant sur
Wikipedia
"L'histoire de la philosophie" a été publié en
1921 - ou 1926, selon la Fondation Will Durant, et "L'histoire de la
civilisation" en 1929. "Durant s’est battu pour l’égalité
salariale entre les sexes, le droit de vote des femmes et pour de
meilleures conditions de travail des salariés américains."
Site de la Fondation Will
Durant - Il aurait travaillé à "relever les
standards moraux", dans les années 1940, en particulier, ce qui
explique ses vues très traditionnalistes des hommes et des
femmes.
Sur le "Professeur Reeck": Il aurait écrit, entre autres
choses, que: "La meilleure parole que l'homme puisse adresser à
son épouse est: 'Je t'aime, ma chérie', et la plus belle
formule qu'une femme dise à celui qu'elle aime est: 'Je suis
fière de toi'. " (cité p.109)