FRED FALZON
Fred est un de mes correspondants "STRAIGHT EDGE" français. La première fois que je lui est écrit j'avais commencé ma lettre par un "salut camarade". Je ne m'attendais pas à ce qu'il en soit un. J'avais utilisé ce terme, car il représente pour moi une connotation fraternelle, d'amitié, de confiance et de respect réciproque. Mais je ne m'attendais jamais à ce qu'il soit communiste. Je vous avoue que ce fut une agréable surprise, car en plus d'avoir les mêmes valeurs de base, il avait aussi les mêmes idées politiques que moi.
Avec le temps nous avons établi une correspondance pas vraiment assidu (l'Atlantique c'est quand même grand), mais à chaque fois que je reçois des lettres de Fred elles me font réfléchir et discuter avec les gens qui sont proche de moi. C'est grâce à Fred si je me suis impliqué un peu plus dans la politique (surtout pas celle des bourgeois) et je tenais à le remercier, car il ma fait réalisé que c'est bien beau d'avoir une base politique, mais qu'elle ne sert à rien si l'on ne l'utilise pas.
L'entrevue qui suit à été réalisée par la poste. je n'ai pas encore l'argent pour me payer un voyage en Europe mais ça viendra (enfin, je l'espère). L'entrevue est un peu biaisé, car j'ai voulu faire exprimer par Fred (il vient de l'apprendre en même temps que vous) des idées que j'avais, mais pour lesquelles j'était un peu trop paresseux pour bien les formuler sur papier. Je suis ravi, car il répondu exactement dans le sens que je voulais (de toute façon nous avons sensiblement les mêmes idées) et en plus il l'a fait d'une manière remarquable. Je n'aurais pus faire mieux. J'espère que ses commentaires vous ferons réfléchir, penser et discuter, car c'est le but de l'entrevue.
Parle nous un peu de toi?
Je m'appelle Fred, j'habite à Marseille, j'ai 19 ans et j'exerce le métier harassant d'étudiant en deuxième année d'anglais.
Parlons STRAIGHT EDGE, depuis combien de temps es-tu STRAIGHT EDGE? (Je sais c'est une question typique mais ça m'intrigue)
Pour soulager tes doutes, je suis devenu "STRAIGHT EDGE" à l'age de 15 ans, mais pour moi cela ne représente plus grand chose, en tout cas moins qu'il y a quelques années. Je suis communiste avant tout, mais étant donné que je suis contre l'alcool, la drogue, etc. et que ce sont des principes auxquels je suis attaché, on peut dire que je suis "STRAIGHT EDGE".
Pourquoi es-tu devenu STRAIGHT EDGE? Qu'est-ce qui t'a influencé? (encore ma curiosité)
Comme pas mal de jeunes, j'ai eu ma période punk/alternatif souvent liée à certains excès et avec le recul je crois que jusqu'ici, elle a été la période la plus noir de ma vie. Mais peut-être était-ce un palier nécessaire pour évoluer et se rendre compte de certaines choses. Et à l'époque c'était malheureusement le seul moyen que j'avais trouvé pour exprimer mon dégoût de cette société. Bien que je me considérais déjà comme communiste en ce temps là, mais je ne me rendais pas bien compte qu'auto-destruction et conscience politique ne font pas bon ménage!
Ce qui m'a fait changer, c'est l'impression de stagner, de ne rien faire de ma vie, l'influence de certaines personnes, mais aussi une certaine maturation politique. La volonté plus affirmée de changer les choses, qui ne peut s'accompagner que d'un changement personnel.
Imagine toi dans un lieu publique. Une personne très près de toi s'allume une cigarette, quel sera ta réaction?
Je lui tends un briquet pour l'aider à l'allumer! Non, si c'est ce que tu veux savoir, je ne suis pas "Hard Edge"! Je changerais peut-être de place, car je ne supporte pas trop la fumée. Mais ce n'est pas mon style d'aller dire à la personne d'arrêter de fumer, non pas pour ménager sa sacro sainte susceptibilité, mais parce qu'il y a certaines personnes de mon entourage qui fument et auxquelles je ne dis rien (à part quelques petites remarques ironiques!), donc je ne vois pas pourquoi je le ferais avec quelqu'un d'autre juste parce que je ne le connais pas ou parce qu'il est plus gringalet que moi! Il faut être logique avec soi même et ce n'est pas extrêmement important de toute façon.
Lorsque tu vois quelqu'un sous l'effet de l'alcool ou de la drogue, qu'est-ce qui te viens à l'idée?
Tout dépend de l'attitude de la personne, mais en général je suis partagé entre la colère et le dégoût, non pas contre la personne, car le problème ne se place pas qu'au niveau individuel, mais contre cette société pourrie qui pousse les gens dans un tel désarroi, un tel désespoir et contre tout ce potentiel humain gâché, détruit par un système qui broie les individus et leur existence.
Pour toi le STRAIGHT EDGE c'est quelque chose de progressif ou de réactionnaire?
Le STRAIGHT EDGE n'est rien en soi, il n'est ni réactionnaire ni progressif, tout dépend de ce que l'on veut bien en faire. Le STRAIGHT EDGE est réactionnaire quand il est pétri de morale, de préjugés petit bourgeois, de sectarisme et d'obscurantisme religieux ou autres. Le STRAIGHT EDGE n'est rien en soi, car il peut être tout à la fois. Le STRAIGHT EDGE est progressif quand il n'existe plus en tant que STRAIGHT EDGE, en tant que "mouvement" ou "scène", lorsqu'on arrive à dépasser les limites de la "scène" et à voir plus loin, à se poser des questions sur les problèmes sociaux, sur le système dans lequel nous vivons. Il est progressif à partir du moment ou on se rend compte qu'il y a des choses bien plus importantes que le STRAIGHT EDGE. Cela n'empêche en rien que les principes de réflexion sur les préjugés ambiants, de contrôle de soi véhiculés par le STRAIGHT EDGE soient les meilleurs principes de vie possible du point de vue tant politique que personnel, mais malheureusement le STRAIGHT EDGE transporte aussi pas mal de connerie comme l'anti-avortement par exemple et ce que j'ai déjà cité.
Ton opinion personnelle sur la légalisation de la drogue?
Mon opinion personnelle (si tant est qu'une telle chose existe) est que ni la légalisation, ni la pénalisation ne résoudront le problème de la drogue. La légalisation évitera peut être la petite et la grande délinquance et fera baisser le prix de la drogue, mais le libre consommation élargira le fléau à d'autres catégories de la population non encore touchées, ce n'est donc pas une solution. Quant à une plus forte pénalisation, c'est une immense hypocrisie de la part des dirigeants, car ils ne s'attaqueront jamais aux gros bonnets et ne réprimeront que les petits dealers ou les petits trafiquants sans importance. Le marché de la drogue rapporte tellement de profits, il engage une telle somme de capitaux et représente une part tellement énorme du marché économique mondiale que sa disparition n'est pas pensable tant que le système capitaliste perdurera. Si nous voulons un jour voir cette ignominie qu'est la drogue disparaître de la surface de la terre, il faudra d'abord détruire le capitalisme.
Est-ce que tu vois un lien entre le STRAIGHT EDGE et la politique?
Pour ma part j'étais communiste avant d'être STRAIGHT EDGE donc je n'ai pas été amené à la politique par le STRAIGHT EDGE, mais ce lien a toujours été évident pour moi. Le STRAIGHT EDGE est politique dans le sens ou comme je l'ai dit, les solutions au problème de la drogue sont politiques mais malheureusement cela n'implique pas que le STRAIGHT EDGE soit politisé. Bien sur qu'il y a un lien entre le STRAIGHT EDGE et la politique, mais tout ce qui touche de près ou de loin au domaine social a un lien avec la politique. Malgré tout, je trouve que les STRAIGHT EDGE pourraient être bien plus politisés, mais après tout il n'y a pas de raison qu'ils le soient plus que les non STRAIGHT EDGE.
Tu es militant communiste, qu'est-ce que ça veut dire pour toi être un militant communiste?
Etre un militant ça veut dire vouloir propager ses idées et s'en imprégner. Etre un militant communiste c'est avant tout se battre pour détruire le système capitaliste, pour que les luttes futures de la classe ouvrière ne soient pas perdues et qu'elles amènent au renversement définitif de la bourgeoisie. C'est aussi la volonté de peser dans la balance et s'en donner les moyens en ne restant pas isolé.
Qu'est-ce que le communisme?
Engels définissait le communisme comme "la théorie qui enseigne les conditions de libération du prolétariat". Or cette libération implique d'en finir avec l'exploitation des travailleurs perpétuée par la classe bourgeoise, en finir avec la course au profit qui jette des millions de travailleurs dans la rue et qui est la cause des guerres, de la misère, du racisme, du sexisme et de toutes les injustices qui rongent l'humanité et l'empêchent de prendre en main sa destinée.
Le socialisme et la social-démocratie qu'est-ce que c'est alors?
Les termes de socialisme et de social-démocratie ont été profondément dénaturées au cours de l'histoire, comme le terme de communisme d'ailleurs. En France, le parti socialiste est un parti bourgeois comme les autres qui n'a rien avoir ni avec la classe ouvrière ni avec le véritable socialisme révolutionnaire. En 1914, les partis "socialistes" et sociaux-démocrates de la deuxième Internationale ont trahi la classe ouvrière en votant les crédits de guerre et en donnant leur aval à la grande boucherie impérialiste de 14-18. Les partis sociaux démocrates se sont enfoncés dans le réformisme, reniant la révolution ou la réprimant directement comme l'a fait le parti social-démocrate en 1918 contre les Spartakistes, ce qui explique le fait qu'aujourd'hui encore, des partis qui se disent socialistes ou sociaux-démocrates n'aient rien à voir avec le socialisme tel que le définissait Marx.
Démocratie et socialisme, une contradiction?
Le socialisme étant l'exercice du pouvoir économique et politique par le prolétariat représentant les intérêts et les aspirations de l'ensemble de la société, il ne peut-être que démocratique. Quant à la démocratie, elle ne pourra exister tant que la bourgeoisie sera au pouvoir, car ne représentant que ses intérêts propres, et ceux ci étants antagonistes à ceux de l'ensemble de la société, la bourgeoisie gouverne uniquement pour elle même, selon ses intérêts et non pas pour l'ensemble du peuple.
Tu milites dans une organisation, est-ce que tu voudrais nous parler un peu de ton organisation.
L'organisation dans laquelle je milite s'appelle Lutte Ouvrière, c'est une organisation communiste révolutionnaire et trotskystes et notre porte parole est Arlette Laguiller. Notre but est de fonder le parti révolutionnaire qui manque tellement à la classe ouvrière aujourd'hui et qui seul pourra mener à bien la révolution pour créer un monde socialiste et communiste. Une société où les femmes et les hommes dirigeront consciemment et rationnellement leur vie dans la liberté et la fraternité.
En France il y a plusieurs organisations de gauche alors pourquoi avoir choisi Lutte Ouvrière plutôt que la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) par exemple.
En fait, le choix d'une organisation est à la fois conscient et né d'un concours de circonstance. Je crois qu'il dépend de l'idée que l'on se fait d'une organisation communiste et ainsi on rejoint celle qui correspond le plus à cette idée et celle que l'on considère comme étant la plus sérieuse, comme ayant un programme et une politique véritablement communiste. Mais parfois cela dépend aussi du hasard, du contact humain, du fait de rencontrer les militants de telle organisation plutôt que de telle autre.
Plusieurs disent que de faire partie d'une organisation de gauche c'est comme de faire partie d'une secte. Quel est ton commentaire sur cette affirmation.
La comparaison est bien sûr ridicule et elle vient souvent de personnes qui ne veulent pas s'engager et pour se faire, ils n'hésitent pas à user d'amalgames douteux. Une organisation communiste s'appuie sur la démocratie, pousse à la réflexion sur l'histoire, sur la société, la culture humaine, et les sciences de manière rationnelle. Le but d'une organisation communiste n'est pas d'obscurcir les esprits comme le font les sectes, mais au contraire de les ouvrir le plus largement possible en apportant la contradiction, en montrant tous les aspects d'un problème afin d'alerter les gens sur les mensonges perpétués par les médias et les politiciens de la bourgeoisie et dire toute la vérité sur ce qui se passe dans le monde. C'est donc tout le contraire d'une secte dont les méthodes de recrutement sont un mélange de flatteries intéressées, de mystification et d'aveuglement de leurs membres, motivés souvent par de basses préoccupations financières sous couvert de spiritualité, et cela vaut aussi pour la secte krishna.
Que dirais-tu à ceux qui préconisent soit l'action direct, soit le boycottage comme moyen efficace de lutter contre le système capitaliste.
Le boycottage est inutile à partir du moment ou c'est une solution individualiste, boycotter un certain type d'industrie et pas un autre est inutile. Toutes les industries, toutes les entreprises sont criminelles sous le capitalisme, car elles fonctionnent toutes sur la base de l'exploitation des travailleurs. Avec l'apparition des trusts et des monopoles, les diverses branches de l'industrie sont devenus de moins en moins dépendantes les unes des autres. La responsabilité est donc très étendue et n'est pas l'exclusivité d'une seule entreprise ou industrie. Le boycottage pour être utile devrait donc être totale et se heurterait très rapidement à des difficultés matérielles insurmontable. Le boycottage est donc un moyen de pression périmé et utopique tant qu'il n'est pas relié à une action de classe et de masse. Quant à l'action direct, je suppose que tu veux parler du terrorisme. De même que le boycottage, le terrorisme est condamnable, car c'est une solution individualiste qui ne prend pas en compte le niveau de conscience des masses et qui, au lieu de hâter la révolution n'en fait que retarder l'issue en démoralisant la classe ouvrière et lui faisant douter de ses propres forces.
Pour les prochaines questions, imagine toi en face de personnes qui ne croit pas vraiment au communisme et qui te bombardent de questions.
Sans patron les ouvriers n'auraient pas d'entreprises où travailler, donc ils n'auraient pas d'emploi. L'ouvrier ne peut se passer de son patron.
Le patron n'a d'autre fonction dans l'entreprise qu'empocher la plus value et gérer son capital en vue de le faire prospérer, autant dire qu'il est inutile. D'autant que les tâches réelles de gestion sont assurées par les ingénieurs et autres cadres qui eux sont salariés et non pas par les patrons. Les entreprises, ce sont les ouvriers qui les ont construites. Le patron n'a fait qu'apporter le capital au départ et ensuite l'entreprise fonctionne sans lui. L'ouvrier n'a pas besoin de son patron. C'est lui qui produit toutes les richesses dans la société. Avec une mise en commun des moyens de production entre les mains du prolétariat et de l'ensemble de la société, on pourrait se passer des patrons qui ne sont que des parasites. Si l'ouvrier n'a pas besoin de son patron, le patron lui par contre a absolument besoin de ses ouvriers pour produire les marchandises, à partir de quoi il réalisera la plus value et fera des profits.
J'avoue que le système capitaliste n'est pas parfait, il a quelques fois des ratés, mais c'est quand même celui qui fonctionne le mieux.
Il faut avoir les yeux et les oreilles bouchés pour ne pas s'appercevoir de la faillite complète du capitalisme. Si les millions et les millions de morts dans les guerres, de faim, d'épuisement, d'accidents de travail, victimes de génocides ou de torture, si les enfants de 5 ans et que l'on jette à 20 ans car ils sont déjà brisés par la labeur comme à Bangkok, si l'abatage systématique des enfants de Bogota et les milliers de mort au Rwanda. Si c'est cela "quelques ratées", alors qu'est-ce que ce sera quand la machine s'emballera pour de bon. Chaque jour qui passe est une nouvelle démonstration de l'horreur de ce système, et c'est ça le fonctionnement normal du capitalisme. Or, l'on a vu que les débuts des prémisses du socialisme en URSS, comment donc pourrait-on dire que le système capitaliste est le seul qui fonctionne puisque l'on a pas encore connu d'autres?
Le communisme c'est une belle idée mais c'est irréalisable, c'est utopique, ce n'est finalement qu'un grand rêve irréalisable.
Cela est un préjugé très répandu et qui naît d'une méconnaissance totale de ce qu'est réellement le marxisme. Car le marxisme est une tentative d'explication matérialiste, dialectique et scientifique du monde, des phénomènes sociaux et naturels. Une utopie est basée sur des dogmes et l'ignorance de ce qui crée et fait évoluer les sociétés et les hommes. Le marxisme est l'antithèse de ceci, c'est une théorie pour l'action dont le but premier est de donner aux prolétaires les moyens de s'émanciper.
Si on essai de l'appliquer le communisme ne fonctionne pas. Regarde l'exemple de l'URSS. Tu aurais aimer vivre en URSS?
En effet c'est une réflexion que l'on a souvent faite aux communistes, comme quoi si ils détestaient tellement le capitalisme, ils n'avaient qu'à aller vivre en URSS (quand elle existait encore). Même si l'URSS avait été communiste, cela aurait été une remarque stupide. C'est dans le monde entier que nous voulons construire le communisme et de toute façon, si j'avais été en URSS on m'aurait sûrement jeté en prison pour "trotskisme". Car en URSS, être un véritable communiste était considéré comme un crime.
Je crois que ça a été souvent dit et j'espère que c'est clair pour tout le monde: L'URSS n'était pas un pays communiste, ni les pays de l'Est, ni Cuba, ni la Chine. Avec l'accession de Staline au pouvoir, représentant lui même les intérêts de la clique bureaucratique, presque tous les principes de la révolution de 1917: le pouvoir politique des travailleurs, la démocratie, l'internationalisme, l'éligibilité de tous les fonctionnaires, la fin des privilèges, l'éducation pour tous, la libre union laïque et tous les autres acquis économiques, sociaux ou politiques ont disparu, défigurés par les bureaucrates staliniens qui ont transformé le premier État ouvrier de l'histoire en une dictature. Ils ont tout fait pour briser les révolutions et les luttes d'émancipations des peuples et de la classe ouvrière mondiale.
Le capitalisme fourni une motivation à l'individu (l'appât du gain), voila pourquoi ça fonctionne. Une société socialiste (égalitaire) ne fourni aucune motivation voila pourquoi ça ne peut fonctionner.
Étant donné que l'immense majorité de la population est soit exclue de la production tant dans les pays dits riches à cause du chômage que dans les pays pauvres, soit participe à la production, travaille, mais ne reçoit pas l'équivalent de son travail dont le produit passe dans les poches de leurs patrons. Je ne vois pas en quoi le capitalisme pourrait fournir une motivation aux individus.
La compétition et l'individualisme font partis de la nature humaine.
Le terme de la nature humaine est un mot creux. L'attitude, la mentalité et les relations entre les Hommes sont déterminés en majeur partie par le système dans lequel ils vivent. Le capitalisme motive l'individualisme, l'égoïsme et la compétition. Le système capitaliste, basé sur la propriété privée des moyens de production, soumet l'immense majorité de la population à l'austérité, au chômage et non à la satisfaction de leurs besoins. Ce qui dans un premier temps attise les attitudes individualistes, l'égoïsme, etc., non pas parce que la nature humaine est mauvaise, mais parce que la pénurie et le désoeuvrement du plus grands nombre entraîne fatalement ce genre de comportement. Quant à la concurrence entre capitalistes, elle vient encore une fois du caractère privé de la propriété industrielle qui fait s'affronter les possédants entre eux pour la conquête de nouveaux marchés, guerre économique qui ne peut dégénérer qu'en guerre militaire comme le montre l'histoire de ces trois dernier siècles.
Le communisme, c'est-à-dire la disparition de la propriété privée en faveur d'une mise en commun de l'économie et la satisfaction de tous les besoins des membres de la société mettre fin à la compétition, `l'individualisme, à la concurrence des capitalistes entre eux, mais aussi à la concurrence des ouvriers entre eux pour la recherche ou la préservation de l'emploi. Le problème est donc d'ordre économique et non pas lié à une quelconque "nature de l'homme".
Une option qui ne rejette pas la violence court à sa perte.
Les communistes souhaiteraient ne pas avoir à utiliser la violence ou la menace de la violence, mais une classe sociale comme la bourgeoisie avec tous les moyens de répression dont elle dispose: son armée, sa police, son appareil judiciaire, ne se laissera jamais exproprier sans riposter. La violence n'est pas un but, c'est un moyen. Si la violence n'était pas nécessaire, nous ne l'utiliserions pas. Les capitalistes se posent sûrement moins de questions lorsqu'ils envoient des millions de jeunes adultes se massacrer dans leurs guerres. C'est le système capitaliste qui est violent et sanguinaire. La liste de ses crimes est interminable. Il suffit de regarder ce qui c'est passé durant la guerre du golfe, en ex-Yougoslavie, en Somalie, au Rwanda ou à Haïti pour en être persuadé. C'est celui qui refuse d'utiliser la violence pour lutter contre ce système qui court à sa perte, car le capitalisme lui, ne lui fera pas de cadeaux.
Si on veut changer le système il faut commencer par se changer soi même.
Le changement social et le changement personnel sont deux phénomènes qui vont de pair. L'introduction de nouveaux procédés de production, de nouvelles machines, en changeant le rapport de l'homme à la machine ont aussi changé les mentalités des hommes. Les hommes ne se sont jamais changés eux-mêmes et indépendamment de leur environnement, mais c'est leur environnement, les rapports de production existant dans la société, la classe sociale à laquelle ils appartiennent et de nombreux autres facteurs extérieurs à l'homme qui façonnent la mentalité et la pensée de l'homme et non pas le contraire. Nous sommes matérialistes et en tant que tels, nous pensons que c'est la transformation des conditions matérielles de vie de l'homme qui changera sa mentalité, même si en retour cette dernière influence aussi l'environnement extérieur.
Mon action personnelle peut avoir un poid. Exemple, si je recycle mon papier, je fais ma petite part pour l'environnement et puis une autre personne finira par suivre mon exemple. Finalement nous pourrons un jour faire plier les compagnies polluantes.
Pour moi, une action personnelle qui a un poids réel, si l'on veut vraiment changer les choses, c'est celle de rejoindre une organisation qui peut te donner les moyens de militer pour détruire le capitalisme et mettre non seulement fin aux exactions des compagnies polluantes, mais aussi à celles de toutes les autres compagnies dont la politique de profits entraîne d'énormes dommages sur l'environnement. Je ne dis pas que le fait de recycler le papier ou autres est totalement inutile, mais il semble qu'il vaut mieux s'en prendre aux causes du problème plutôt qu'aux effets. Une action personnelle n'a d'effets que si elle dépasse le niveau personnel et rejoint les intérêts des masses.
Le communisme n'est qu'une dictature, alors il faut choisir le moindre mal c'est à dire la démocratie bourgeoise.
La démocratie bourgeoise est le moindre mal en tant que forme politique la "moins pire" que peut prendre le système capitaliste. Le système économique capitaliste peut prendre une forme politique "démocratique" et parlementaire, comme on le voit dans la plupart des pays riche, mais cette relative démocratie n'est possible que parce que dans les pays pauvres, le capitalisme maintient une dictature féroce contre les populations et bâillonne toute velléité de changement social. On voit donc combien est relative la notion de "démocratie" bourgeoises. Quant à la soi-disante dictature du communisme, je parle ici du véritable communisme et pas de sa caricature stalinienne, j'ai déjà dit ce que j'en pensais.
La lutte des classes n'existe plus. La concertation sociale est la solution. Les ouvriers doivent s'unir avec leurs patrons pour sauver leurs entreprises, car maintenant la lutte se fait entre pays dans un marché international.
Il y a évidemment une contradiction dans la question même. Car si la lutte des classes n'existait plus, s'il n'y avait plus de classes sociales aux intérêts antagonistes à l'intérieurs de la société, il n'y aurait plus besoin de concertation social. Les rapports entre les classes se règleraient d'eux même et de façon automatique. Le besoin, même hypothétique, d'une concertation, d'une entente, prouve l'existence de la lutte de classes. Quant à la sauvegarde des entreprises, de l'appareil de production, il ne pourra être effectué que par le socialisme. Car le capitalisme, empêtré dans ses contradictions menant aux crises, à la surproduction et au chômage n'est pas capable de gérer rationnellement et à son plein rendement l'appareil de production.
Le communisme engendre des Stalines.
C'est l'étouffement de la révolution, de l'État ouvrier russe et du communisme par le capitalisme qui engendra Staline.
Les politiciens sont tous pareils; ils ne veulent que ton vote, qu'ils soient de droite ou de gauche.
Ce sont les politiciens de la bourgeoisie qui sont tous pareils, car leur but est de servir les intérêts de leur classe. Ils n'oeuvrent pas dans l'intérêt du "peuple" ou des "électeurs", mais pour la préservation des intérêts de leur bourgeoisie au plan national et international et c'est pour ça qu'ils appliquent tous la même politique, qu'ils se disent de droite ou de gauche. Quelquefois, les hommes politiques sont des consultants directs des grandes entreprises et salariés de ces dernières quand il ne sont pas tout simplement eux-même des chefs d'entreprises. Ainsi quand un homme politique se déplace à l'étranger, il est toujours suivi d'une myriade de cadres et de conseillers d'entreprises, quand il n'est pas lui même le commanditaire direct de ces dernières.
Regarde la Chine qui se capitalise. Ils ont compris que le socialisme ne fonctionne pas dans l'économie.
La Chine n'est pas un pays communiste. La révolution qui a porté Mao au pouvoir était une révolution sans participation réelle des masses où la classe ouvrière n'a joué aucun rôle. Sa "capitalisation" n'est que la suite logique de la nature du régime chinois.
Regarde l'exemple de Cuba qui agonise.
L'agonie de Cuba n'est due en aucun cas à une quelconque faillite du communisme. Premièrement, parce que Cuba n'est pas communiste. Les travailleurs ont-ils jamais pris le pouvoir à Cuba? Et deuxièmement, parce que c'est l'embargo américain et la disparition de ses plus gros "clients", l'URSS et les pays de l'Est qui ont étranglé l'économie de ce petit pays, narguant la toute puissance américaine par sa stabilité économique et son système social développé qui se sont établi sans ou plutôt malgré les États-Unis.
La solution c'est de "socialisé" le capital.
Les expérience de "socialisation" du capital, dans le sens d'une participation des salariés à la gestion des actions et du capital de l'entreprise, sont des duperies, car ce n'est pas avec une dizaine d'actions, car un salarié n'a pas les moyens de s'en payer plus, que l'on décide de la gestion de son entreprise. Les décideurs restent les grands groupes qui détiennent la majeure partie du capital.
Vous voyez bien que le peuple ne veut pas s'occuper lui même de son avenir. Il préfère aller voter pour un professionnel qui va bien s'occuper de son avenir.
Comme je l'ai déjà dit, le problème des "professionnels" de la politique n'est pas de s'occuper de l'avenir de ses électeurs, mais de s'occuper de l'avenir des profits de la bourgeoisie. D'ailleurs les gens sentent tellement que les politiciens se foutent de la vie des petites gens qu'ils ne vont même plus voter. Quant à ceux qui votent, il est normal que dans une période de démoralisation et de recul de la classe ouvrière comme la nôtre, les gens ne voient d'autres alternatives que de voter pour des bourgeois qui n'ont rien à voir avec eux, étant donné qu'ils ne voient pas la perspective d'une révolution pour résoudre leurs problèmes, mais cette situation ne durera pas éternellement.
Merci pour cette section (et vous chers lecteurs j'espère qu'elle vous a plus et qu'elle a répondu à certaine de vos questions)
En France, vous avez un service militaire obligatoire (qui est une notion complètement aberrante pour un nord-américain comme moi). J'aimerais que tu m'expliques comment un État peut réussir à imposer une telle mesure à ses citoyens.
La réponse est simple: par la force. C'est par la force, par la répression et la violence que l'État arrive à imposer le service militaire obligatoire de même qu'il arrive à imposer le paiement d'impôts ou le respect de lois allant contre les intérets de la population. Comme disait Engels, l'État c'est un groupe d'hommes armés, l'État n'est rien d'autre que l'instrument d'oppression d'une classe sur une autre. Si tu ne fais pas ton service on te fout en prison. C'est aussi simple que ça et en période de guerre, on te fusille, car en état de guerre l'État n'a plus besoin de garder son vernis "démocratique". Bien sûr, tu peux devenir objecteur de conscience si tu en as envie et faire un service civil qui dure un peu plus logtemps que le service normal.
Tu as eu la "chance" d'avoir des parents communistes. Comment réagissent-ils à tes idées?
Oui, mes parents ont milité dans le Parti Communiste Français et à la CGT, le syndicat lié au PC. Mon père est toujours communiste, mais il ne milite plus vraiment. En effet, c'est une chance même si, étant trotskyste, je ne suis pas d'accord avec la politique du PCF et nous ne metttons pas vraiment la même signification derrière le mot "communiste". Mon père ne m'a donc jamais posé de problèmes, au contraire. Quant à ma mère, il y a eu quelques frictions, car elle aurait préféré que je me consacre à mes études et à mon avenir plutôt qu'à la politique.
Comment réagit ton entorage, tes amis(es) à tes idées.
Certains ne réagissent pas particulièrement par rapport au fait que je sois communiste, d'autres sont intéressés et cela permet d'avoir des discussions et d'essayer de les convaincre quand c'est possible. Mais bon, en général ils ne peuvent que bien réagir. De toute façon, on influence obligatoirement sur son milieu dans le sens ou être communiste c'est aussi briser tous les préjugés de classe, de race, de sexe. C'est aussi avoir un comportement communiste dans la vie quotidienne, une attitude de sincérité, de droiture et de respect ou en tous cas essayer de tendre au maximum vers cet idéal.
Un dernier commentaire, un mot de la fin.
Merci beaucoup à toi Nico pour cette entrevue dont j'aimerais ajouter qu'elle reflette l'avis que j'ai pu me faire sur ces questions et non pas la position "officielle" de Lutte Ouvrière, que des personnes plus qualifiées dans l'organisation sont plus à même de représenter que moi.
J'espère qu'elle aura pu apporter un peu d'eau au moulin de ceux qui l'ont lu, car la situation catastrophique dans lequelle le capitalisme plonge l'humnanité à l'heure actuelle rapelle de façon impérieuse la nécessité de la mobilisation des intellectuels, des étudiants contre cette barbarie, en faveur des classes pauvres et du prolétariat. Si nous avons un cerveau et des neurones, c'est aussi pour qu'ils nous servent à réfléchir sur ce qui se passe autour de nous et prendre position contre l'horreur de ce système. Ce sont les travailleurs qui changeront la société, mais sans l'aide de la jeunesse intelectuelle, ce combat sera vain. Tout reste encore à faire.