Retour à la page Principale - Back to the Main Page

"Peser 'Alt s' pour continuer la recherche."




BANDET - DÉBUTS - PIONNIERS

Composé par Sœur Henriette Bandet, Fille de la Providence.

Sœur Henriette Bandet

Joseph Auguste Bandet, fils de Jacques Bandet et de Marie Mollard, quitta la France en 1905 pour venir au Canada. Il laissait derrière lui trois sœurs: Rosalie, servante de l'Abbé Ray; Caroline-Marie épouse de Sylvain Mazura, eut un garçon: Émile; Victoire-Marie (Julien Grivaux) eut deux enfants: Adolphe et Eugénie; et deux frères: Henri, frère Mariste en nouvelle Calédonie et Félix-Marie (Augustine Réverdy) eut plusieurs enfants.

Joseph Auguste Bandet né le 21 nov. 1851 avait épousé sa cousine, Célestine Bandet, née le19 nov. 1861 en 1882.

Tous deux demeuraient à La Ruchère, Entre-deux-Guiers, Département de l'Isère dans le Dauphiné en France, dans les Alpes, chef-lieu Grenoble.


Ils eurent huit enfants: quatre garçons et quatre filles:
  • -Germaine, née le 14 mars 1883, décédée en France en 1905
  • -Victorine, née le 23 sept.1884, décédée le 2-6-1925
  • -Caroline, née le 9 sept. 1886, décédée le 29-6-1967
  • -Auguste né le 4 mai 1888, décédé en France.
  • -Henri Joseph né le 30 mai 1890, décédé le 22-7-1973
  • -Pierre né le 16 mars 1892, décédé en France
  • -Clémentine née le 18 juin 1894, décédée le 11-7-1987
  • -Simplice Joseph né le 2 mars 1896, décédé le 6-6-1966
  • Joseph Auguste Bandet devint veuf deux semaines après la naissance du dernier, Simplice. Celui-ci eut une nourrice, pendant un à deux ans, mais quand il fut de retour chez son père, il s'en retournait souvent chez sa nourrice qui était une maman pour lui. Cette nourrice était Augustine Réverdy.

    Joseph Auguste Bandet était agriculteur et tonnelier. Il avait des vaches dont il se servait pour cultiver son terrain et qui en même temps fournissait la famille de lait, crême et beurre.

    Les événements n'allaient pas bien en France. Les Frères et Religieuses enseignants étaient chassés des écoles; puis ces écoles "laiques" étaient devenues obligatoires. C'est alors que par le journal "La Croix" la famille Bandet appris que des colons prenaient le bateau pour le Canada, où il y avait liberté de religion, liberté d'enseignement. Puis le Canada était si grand, et à La Ruchère il y avait 60 familles et il n'y avait place que pour douze. Auguste pensa aussi aller soit en Argentine ou au Brézil, mais il choisit le Canada et partit avec ses enfants. Souvent, racontait son fils Henri, il vit son père jongler devant les privations de toutes sortes qu'il rencontrait; mais jamais il ne l'entendit exprimer le moindre regret de cette décision.

    Quelques mois avant de partir pour le Canada, Henri et Clémentine furent confirmés à Saint-Laurent-du-Pont, France.

    Le 1er mai 1905 toute la famille Joseph Auguste Bandet: lui-même, ses deux garçons: Henri et Simplice, et ses trois filles: Victorine, Caroline, et Clémentine prirent le bateau au Hâvres pour le Canada. Germaine était déjà mariée avec Joseph Marius Mollard et demeura donc en France. Cela dût être bien dur au père surtout, de laisser son ainée, ne sachant pas s'il la reverrait. Quelle Foi et quel courage! Plus tard dans l'année ils eurent la nouvelle qu'elle était morte de la tuberculose. Du Hâvre, ils firent route pour l'Angleterre et là, prirent le bateau "Kensington". Ils voyagèrent pendant seize jours avant d'arriver à Québec. Ce bateau était plein d'émigrants de différentes nationalités. La famille était en 3ième classe et fit connaissance avec la famille Beaudet qui avait une fillette: Clémentine et un garçon: Henri, à peu près du même âge que Clémentine et Simplice Bandet. Les enfants s'amusaient bien ensemble.

    Au cours de la traversée il y eu une épidémie dans la 2ième classe et cela causa un retard de 3 jours si bien que vers la fin du voyage, la nourriture commença à manquer. Il n'y avait plus de pain pour ceux de la 3ième classe. En explorant, les enfants virent du pain jeté aux vidanges par les serviteurs des premières et seconde classes. Enfin ils arrivèrent à Québec, prirent le train pour Winnipeg, Manitoba où ils demeurèrent trois jours et de là furent dirigés vers Howell, Saskatchewan. (La famille Beaudet se rendait à Kinistino, Sask.) La famille Bandet arriva à Howell le 28 mai, 1905 au matin et descendit du train en pleine prairie. Seul, tout près, un magasin était en construction. L'Abbé Jean-Baptiste Constant Bourdel, arrivé l'année précédente, descendait la colline en courant pour recevoir les nouveaux arrivés, croyant que c'était Mlle Dejoie qui arrivait car il l'attendait instament. C'est ainsi que M. A. Bandet fut accueilli, avec toute sa famille, comme nouveaux paroissiens. L'abbé Bourdel les amena au couvent, qui était alors en construction, seul bâtiment capable de leur donner abri pour quelques temps. Ils furent donc les premiers à habiter là pour toute une semaine. Les Filles de la Providence devaient arriver tard cet été-là. Il n'y avait absolument aucun mobilier. Ils préparèrent donc leur repas sur un feu dehors, et dormirent enroulés dans les couvertures apportées de France. Clémentine se souvient encore combien étaitj bonne la nourriture, surtout la soupe après un si long voyage sur le train...où ils avaient mangé ce qu'ils avaient pu acheter aux arrêts...une semaine durant.

    Dès le lendemain de leur arrivée, Auguste Bandet d'adressa à M. Xavier de Lagassé pour se faire conduire (en buggy) à Saskatoon afin d'enregistrer un homestead pour lui-même et pour son fils Henri Joseph. Ces deux homestead se trouvaient à 5 milles au sud-ouest de Howell. Celui de Auguste était le SW ¼ Section 28, Township 38, Range 28 W 2nd Méridien, accordé le 11 octobre, 1909. Henri Joseph reçut le SW ¼ Section 36, Township 38, Range 1 W 3e Méridien, accordé le 1er février, 1910.

    En ce temps-là le nouveau colon payait $10.00 pour chaque homestead, cassait 5 acres chaque année pendant trois ans, y bâtissait une cabane et y demeurait au moins six mois chaque année; alors le homestead lui appartenait à la fin de la troisième année.

    Joseph Auguste avait apporté ses outils de tonnelier. On peut encore voir ceux-ci sur la ferme. Toute la famille avait apporté presque tout ce qui leur appartenait. En France, les hommes portaient de grands tabliers de couleur sombre, faits de lin, un peu à la manière des bouchers et des boulangers qui en portent des blancs pour protéger leurs vêtements au travail. Ceci amusait les voisins.

    Leurs premiers voisins étaient la famille de M. et Mme. Adélard Marcotte. Leur fils Ernest était du même âge que Simplice Bandet.

    Pour $10.00, les nouveaux colons pouvaient aussi avoir une tente jusqu'à ce que leur maison soit construite; ils la rendaient alors et leur argent leur était rendu. Malheureusement il n'en restait pas une seule lorsque Auguste Bandet fit la demande. Il firent donc des tentes avec les solides draps de lin qu'ils avaient apportés avec eux, et ceux-ci servirent d'abri jusqu'à ce que la première maison fut construite. Grâce à Dieu, c'était l'été.

    Ils achetèrent une charrue et une paire de boeufs et se hâtèrent de casser 5 acres de terre cet été-là, afin de semer le printemps prochain. Plus tard ils achetèrent un cheval et essayèrent de mettre un boeuf et un cheval pour tirer la charrue, ce qui n'allait pas très bien. Il était difficile d'entraîner les animaux. Une fois Henri se fit donner un coup de patte par un cheval et tomba sans connaissance. Quand il revint à lui, il se demandait ce qu'il avait dans la bouche, et en le crachant, il s'aperçut que c'était ses dents de devant. Bien des années après il fit de l'infection dans ses gencives d'où les racines n'avaient pas été retirées. De plus, à la guerre de 1914, il fut refusé au service militaire canadien à cause de la mauvaise condition de sa bouche. Quand la France l'appela, il ne répondit pas parce que, en parlant avec son père, celui-ci lui dit: "Un pays qui persécute et chasse ses prêtres, religieux et religieuses ne mérite pas qu'on se batte, ni qu'on meurt pour lui".

    Lorsque l'école ouvrit ses portes, en janvier 1906, Clémentine et Simplice s'y rendirent et furent les premiers pensionnaires du couvent nouvellement bâti, avec Maria, Albert et Jérome Tombu. Au bout de six mois ils voyagèrent tous les jours. Leur première maitresse fut Mère St. Victor à qui ils gardèrent une reconnaissance qui s'approchait de la vénération. La première école était au couvent, mais bientôt une école publique fut bâtie à mi- chemin entre le couvent et la voie ferrée, à l'ouest du présent bâtiment, nouveau couvent bâti en 1920. Clémentine se souvient d'être aller chaque matin à l'école y faire du feu et apporter de l'eau à boire. Elle était l'aide des religieuses.

    Victorine, Caroline et même Clémentine aussitôt qu'elle en fut capable, se mirent au service des gens afin d'aider à couvrir les dépenses de la famille. Caroline s'engagea à l'hotel à Osler, et plus tard épousa Moïse Marcotte en 1907. Victorine s'engagea auprès de l'Abbé Bourdel et y rencontra François Hounjet qui travaillait aussi pour leur pasteur. Ils se marièrent en 1909. Après quelques années d'école, Clémentine fit la lessive pour Mlle Dejoie, Mmes Joseph Lévesque et Charles Masson. Elle épousa ensuite Florian Montès en 1914.

    La famille Bandet ne manquait jamais la messe le dimanche: ils marchaient cinq milles à travers les champs, hiver comme été, afin de remplir cette obligation jusqu'à ce qu'ils purent acheter un buggy ou un traineau.

    Emma Bandet et Albert Lévesque se souviennent de la prière en famille chez Auguste Bandet: La prière du soir durait une demi-heure, même si les enfants pouvaient se retirer avant la fin. M. Bandet se tenait debout, les bras en croix, tandis que le reste de la famille était à genoux. Visiteurs, voisins, parents, tous se joignaient à la famille. Le chapelet suivait la prière du soir. (Auguste Bandet portait toujours son chapelet autour du cou). Pendant le carême s'ajoutait à ces dévotions: Le chemin de Croix. En somme, une heure se passait en prière, toujours à genoux. Auguste priait beaucoup pour la France. "La pauvre France" disait-il. Il savait que la première Grande Guerre était imminente. C'avait été un grand sacrifice de quitter son pays; il avait même signer les papiers pour sa citoyenneté canadiennne lorsqu'il prit son homestead.

    J.Auguste pleura souvent de ce qu'il n'avait pas d'arbres sur son homestead. Il avait tant espéré continuer son métier de tonnelier, fabriquant des cuves et des tonneaux. Il aimait faire le travail qu'il connaissait si bien; ça lui rappelait son pays. L'avenir prouva, cependant qu'il avait le meilleur morçeau de terre des environs.

    La première maison dans laquelle la famille vécut n'était guère plus qu'une grainerie: deux étages, une seule rangée de planches. Ils eurent très froid le premier hiver: le givre couvrait les murs et le plafond. Tout craquait, et le givre leur tombait sur le visage, réveillant les dormeurs... ceux qui avaient réussi à dormir malgré le froid. (Souvenir de Clémentine). Plus tard une seconde rangée de planches fur ajoutée, et l'espace entre fut rempli de tourbe.

    C'était une belle journée du printemps de 1915, alors que Henri et Simplice ensemençaient un champ, aidés de leur beau frère, Florian Montès, qu'ils virent de la fumée sortir du toit de leur maison. Alors, dételant rapidement un cheval, qui n'avait jamais "porté" personne, Simplice monta à cheval et gallopa, bride abattue pour venir au secours de leur père qu'ils croyaient dans le feu. Henri et Florian suivirent aussi rapidement qu'ils purent avec les autres chevaux. M. A.Bandet préparait le repas et avait surchauffé le poële causant l'incendie. Avec leur beau-frère, ils sauvèrent presque tout ce qui se trouvait dans la maison. Tout, c'est-à-dire sauf quelques livres de Clémentine et son chapeau d'hiver ramassé dans une armoire qui fut oublié dans leur hâte. Ils avaient jeté tout ce qu'ils pouvaient par les fenêtres. Simplice, qui avait alors 19 ans, porta un sac de farine de 100 livres sur chaque bras; Henri sauva même son missel qui était sur le bord d'une fenêtre. Lorsque tout fut fini, ils tremblaient comme une feuille, et furent incapable de manger pendant un bon bout de temps. Leur père était sauf, mais c'était tout de même une tragédie.

    C'est ainsi que "La Forge" bâtie de pierre et de glaise, aux murs deux pieds d'épais, devint leur habitation. Le haut devint la chambre d'Auguste. Tout près était l'étable bâtie elle aussi de roches et de glaise en partie, de logs, avec un toit de tourbe. Cette étable était basse, longue et étroite.

    Petit à petit, M. A.Bandet se pourvut de bêtes à cornes, de moutons et de poules. En 1917-18, il avait 35 bêtes à cornes, et 3 ou 4 moutons. Il n'y avait pas de clôture, aussi le bétail était constamment surveillé pour protéger les champs de blé et les champs des voisins. J. Auguste avait une jument "Ida" qu'il utilisait pour poursuivre les vaches. C'est de sa fenêtre qu'il suivait ses bêtes... même lorsqu'il y avait de la visite. Albert Lévesque se souvient de le voir quitter l'Abbé Bourdel pour faire rentrer ses bêtes à l'ordre.

    Auguste Bandet était un homme qui travaillait dur; des voisins se rappellent le voir ramasser des roches dans son champ par un jour de grande chaleur de juillet, alors qu'eux s'étaient arrêtés pour se reposer et faire reposer leurs bêtes à l'ombre de quelques arbres. Apportant avec lui une bouteille de vin, du pain et du fromage, il passait ainsi toutes ses journées à préparer le terrain pour les semences du printemps suivant.

    Pendant plusieurs années il coupait son blé avec la faux et battait au fléau comme il faisait en France. A douze ans, Simplice travaillait avec l'équipe de la machine à vapeur durant la moisson. Il était le "Straw boy". Vers 1910 Henri prit une hypothèque sur sa terre et acheta une machine à battre. Il n'y eut pas de récolte cette année-la et il perdit sa terre. La petite maison, bâtie de roches et de glaise y était encore dans les 1940 lorsque M. Philippe Rivard acheta cette terre de M. Caillé.

    Pendant l'hiver de 1915, Simplice fut invité au premier cours d'instruction de mécanicien à Saskatoon, donné par la Compagnie "International Harvester". Simplice reçu les plus chaleureux compliments sur son habileté en mécanique pour les machineries de ferme. C'est alors qu'en 1916, Auguste Bandet acheta sa première machine à battre "22-30 Case" avec engin à vapeur. La machine et l'engin étaient tous deux tirés par des chevaux. Plus tard, Simplice acheta un tracteur, le "Titan".

    Après l'incendie, Auguste Bandet et ses fils se hâtèrent de finir la maison qu'ils avaient commencé de bâtir sur le haut de la colline. De pierres et de glaise, avec ses murs de deux pieds d'épais, cette maison avait des armoires dans les murs. Quand Simplice rencontra Emma Lévesque et parla de l'épouser, Auguste Bandet décida d'agrandir la maison et d'y ajouter un étage, mais en bois. Ils s'épousèrent le 2 avril, 1918. La première partie de la maison servit de cuisine-salle-à-manger jusqu'à sa démolition en 1972.

    En 1918, la récolte fut phénoménale. L'équipe de "Batteux" des Bandet travailla trente-cinq jours moins un quart. Ils allèrent de chez Adélard Marcotte, chez Georges Lévesque, Ernest Marcotte, M. Liogier, M. Payne, M. Semchyshen, M. Toth et chez eux. Avec cinq paires de chevaux, ils apportaient les gerbes à la machine.

    D'après Albert Lévesque, Henri J. Bandet était le mécanicien numéro un. Il s'était acheté une lanterne de mineur qu'il portait sur son front et il réparait les machineries après la journée de travail jusque bien avant dans la nuit afin d'être sûr que le travail pourrait recommencer dès le lendemain matin. L'équipe se levait à quatre heures du matin. Ils allaient donner à manger aux chevaux, et prenaient ensuite leur déjeuner. A six heures précises, la machine à battre se mettait à ronfler. A midi, tous allaient à la maison pour diner, puis retournait au travail. A 4.00 p.m. quelqu'un apportait un bon goûter au travailleurs dans le champ. Les premiers arrivés mangeaient les premiers et souvent, les derniers n'avaient plus rien. Un témoin raconte que souvent Henri et Simplice attendaient que tous soient servis, puis c'était eux qui jeûnaient. Le travail continuait jusqu'à 9.00 p.m. mais il était souvent minuit avant que l'on se retire, tant on avait de bonnes histoires autour de la table.

    Parfois il fallait une demi-journée pour transférer tout le bataclan d'une ferme à l'autre, à cause de la distance.

    L'Abbé Bourdel avait donné la permission aux hommes d'aller à la messe, le dimanche, en salopettes. Le dimanche était un jour de repos. Les hommes étaient si fatigués qu'ils dormaient presque tout l'après-midi.

    Et ou dormait l'équipe de "batteux" durant la moisson? La plupart du temps ils dormaient tout habillés dans du foin, dans des étables ou des graineries, selon les lieux.

    L'année 1919 fut une mauvaise année: aucune récolte. Malgré cela, Simplice acheta sa première auto, une auto usagée, une "Model T Ford". Quand les chemins étaient boueux, ils conduisaient de reculons en montant les buttes.

    Henri Joseph Bandet acheta une nouvelle terre: SW ¼ Section 32, Township 38, Range 28, W 2nd Méridien et se bâtit une petite maison à un appartement. Le 22 avril 1919 il épousa Marie-Hortense-Irène Gilliard, surnommée Jeanne, née le 9 janvier 1903. (Quand il avait quitté la France il y avait laissé sa fiancée avec promesse de revenir la chercher; plus tard il avait été averti de l'oublier; elle était morte de tuberculose).

    Tard au printemps de 1920, M. J. Auguste Bandet était malade mais refusait d'aller voir le médecin à Vonda. Cependant lorsqu'il apprit que sa petite-fille, Henriette était aussi malade il changea d'idée soudainement et y alla avec elle. Son coeur était usé, le médecin ne pouvait pas grand'chose pour lui. Un soir de juillet, cette même année, Auguste était assis dehors après souper. Simplice et son épouse étaient avec lui. Ensembles ils admiraient la beautée du paysage lorsque soudain il s'affaisa. C'était fini, il avait 68 ans et dix mois. La messe des funérailles fut célébrée par l'Abbé Jean-Baptiste Constant Bourdel. Henri Marcotte porta la croix, à cheval sur la jument "Ida" à la tête de la procession au cimetière au nord de Howell.

    Le homestead de Joseph Auguste Bandet devint la propriété de Simplice Bandet le 8 mars 1921.



    Henri Joseph Bandet et son épouse eurent leur deux ainées sur la ferme: M. et Mme Henri Joseph Bandet
  • -Henriette née le 11 avril 1920, Fille de la Providence- Profession 18/7/1938
  • -Madeleine née le 10 juillet 1921, épousa Joseph Neault (né 18/5/1920, décédé 30/6/1959) le 9 janvier 1946.
    De nouveau Henri perdit sa terre et à l'automne de 1922, il vint avec sa famille sur la terre de M. Mayrand, lequel allait à Saskatoon pour l'hiver. Au printemps suivant, en 1923, Henri et sa famille déménagèrent cette fois dans le village de Prud'homme, à l'est de l'église d'où il ne redéménagea plus. (A noter qu'en 1922, "Howell" était devenu Prud'homme).
    C'est là que naquirent les autres enfants:
  • -Emilie née le 5/6/1923, Fille de la Providence, Profession 29/7/1941
  • -Cécile née le 24/8/1924, épousa Gérard Chabot le 27/6/1959
  • -René né le 9/11/1925, épousa Lucette Boisvert le 24/6/1954
  • -Gérard né le 19/10/1927, épousa Rébecca Chenail le 19/10/1949
  • -Thérèse née le 21/9/1929, épousa André Lévesque le 2/12/1950
  • -Marie née le 10/3/1933, épousa Wilfred Langen le 17/9/1958
  • -Jean-Marie né le 7/9/1938, épousa France Bouchard le 15/7/1961
  • -Régina née le 20/1/1940, épousa Rudolph Bull le 22/8/1959
  • -Jeanne née le 17/3/1948, épousa Terry Ridland le 14/4/1966
    Henri et son épouse perdirent six garçons dont plusieurs mort-nés, les autres très jeunes.

    A partir de 1923, Henri Bandet fut ouvrier, habile et adroit à tout faire. Il était au service de l'église: réparant, chauffant l'hiver selon les besoins, l'église ou la salle paroissiale. Il faisait aussi la quête à la messe le dimanche.

    En ce temps-là, les habitations étaient chauffées au bois ou au charbon. Bientôt les religieuses, Filles de la Providence, lui demandèrent de prendre la responsabilité de chauffer le couvent. Il y avait beaucoup de charbon à pelleter après l'avoir brisé en plus petits morceaux.

    Aux environs de 1930, les religieuses firent transformer une des deux fournaises en "stoker", qui brûlait de la poussière de charbon lentement fourni par un entonnoir. Il s'agissait de remplir l'entonnoir. Bientôt, Henri eut agrandi l'entonnoir avec des planches démontables; il installa aussi un pont sur lequel la brouette s'approchait de l'entonnoir. Il fallait tout de même se lever à deux heures du matin pour maintenir le feu dans les gros froids d'hiver. Il prit donc l'habitude de faire un somme sur un banc à côté de la fournaise le matin avant le déjeuner. C'est là qu'un jour Henriette ne put le trouver, un matin à cinq heures où la maman l'envoya le chercher. Heureusement une bonne religieuse, Soeur Anna, vint à son secours et lui montra l'endroit où son père dormait.

    Bientôt, Henri eut aussi l'emploi de concierge à l'école "Vester". Au pire froid de l'hiver, Henri pelletait jusqu'à trois tonnes de charbon par jour, ne comptant que le couvent. Le charbon était en collines dehors, à une bonne distance du couvent. Malgré cela, par deux fois la combustion interne se déclara, et il fallut pelleter et repelleter pour étendre et aérer le combustible.

    Bientôt les enfants de Henri Bandet apprirent le chemin du couvent pour y aller trouver leur père et le remener à la maison pour souper. En l'attendant, ils jouissaient des grands corridors comme salle de jeux. Qui dira la bonté et la patience des religieuses envers ces enfants. Est-il étonnant que ces enfants ont gardé si bon souvenir de ces heureux temps, et que deux d'entr'elles sont devenues Filles de la Providence? La religieuse cuisinière allait jusqu'à sacrifier les rares bonbons de Noël pour les partager avec eux.

    Henri J. Bandet fut employé par son frère, Simplice, pour réparer machineries, et bâtiments, aussi bien que pour bâtir sur la ferme. Il semble que rien n'était au-dessus de ses capacités: porte, fenêtre, robinet, plomberie, électricité, horloge, montre, pompe, moteur, fournaise, armoire....etc. Il soudait, collait, sablait, remplaçait les morceaux. Il réparait même les montures de lunettes, et les souliers. Ou apprenait-il tout cela? "Rien qu'en lisant" dit-il un jour. Il lisait beaucoup, sur tout sujet. Non, il n'était pas un ouvrier rapide à l'ouvrage: il étudiait soigneusement le problème afin de l'attaquer. Il était soigneux et minutieux. Il aimait faire de "la belle ouvrage" comme on dit au Canada français. Il ne se fatiguait jamais d'apprendre en lisant. Pourtant qui l'a vu lire en travaillant? Jamais. Il lisait une chose une fois et la savait. Quand il ne pouvait avoir un livre en français, ce qui était rare car il était persévérant, il se servait du dictionnaire Français-Anglais. Comme il avait quinze ans lorsqu'il arriva au Canada, il n'alla point à l'école et n'apprit point l'Anglais; mais il avait faim de science. Il ne parlait pas l'Anglais et avait difficulté à comprendre le langage parlé, mais sur ses vieux jours ce qu'il lisait en Anglais, il le comprenait parce qu'il s'était beaucoup servi de son dictionnaire.

    Henri et Simplice Bandet ne parlait pas seulement le Français, ils parlaient en "patois", sorte de dialecte qu'ils avaient appris étant tout jeunes. Ils s'en servaient quand ils causaient de choses qu'ils ne voulaient pas que leurs enfants comprennent. Ils s'en servaient aussi quand ils se téléphonaient et qu'ils sentaient que les voisins les écoutaient.

    Mme Henri J. Bandet était aussi une femme très capable et très intelligente. L'ainée de la famille Gilliard, élevée sur la ferme, elle apprit très tôt à aider et remplacer sa mère lorsque celle-ci était malade. A neuf ans elle faisait déjà le pain. Elle ne fréquenta l'école Buffers Lake que trois ans, sa mère étant plus souvent malade; cependant elle apprit à écrire (selon la méthode phonétique), à lire, à compter et elle apprit les éléments du catéchisme qu'elle s'appliqua à inculquer à ses enfants. Elle aida tous ses enfants à apprendre à lire (sauf la plus jeune qui n'avait que 20 mois lorsque sa mère mourut le 28 novembre 1949). Henri Joseph Bandet aida aussi tous ses enfants avec leurs devoirs; et bientôt les ainés aidèrent les plus jeunes. Même pendant la "Dépression", l'école était la chose la plus importante dans la maison, après l'Église, naturellement. Il s'agissait d'avoir une bonne éducation afin de gagner la vie plus facilement ensuite. C'était chose entendue que personne ne devait quitter l'école sans avoir compléter sa douzième année.

    Les vêtements étaient tous faits à la maison et Mme Bandet était bonne couturière; elle tricotait aussi: gilets, bas (même les bas de cotton). Henri acheta une machine à tricoter les bas et ce fut une vraie bénédiction. Ses talents à Mme Bandet se montraient aussi dans le jardinage d'où venait la plus grosse partie de la nourriture pour la famille.

    L'Abbé Bourdel avait toujours encouragé la prière en famille. Il disait aussi au jeunes familles de prier pour que le Seigneur développe l'intelligence de leurs enfants. Matin et soir tous se mettaient à genoux pour la prière en famille. Mais chez Henri J. Bandet, la prière n'était pas si longue qu'elle avait été chez son père, quoiqu'il n'y manqua jamais, même lorsqu'il fut seul après le départ de tous ses enfants. Il récitait le chapelet avec les voix à la radio française lorsque cela avait lieu, autrement il le disait tout seul. Aussitôt que les enfants furent assez grands, la maman leur demanda s'ils voulaient qu'elle les réveille pour aller à la messe tous les matins. Les uns après les autres dirent oui joyeusement et en prirent l'habitude. Mais ceci ne remplaça pas la prière en famille, qui se disait au retour de la messe, avant le déjeuner. Ce n'était vraiment pas difficile de se lever pour la messe de sept heures, car le coucher était toujours à neuf heures au plus tard.

    Le dimanche était le jour de la famille aussi bien que le Jour du Seigneur. Messe le matin, Vêpres l'après-midi ou le soir, avec la bénédiction du Très Saint Sacrement. Toute la famille y allait, sans exclure le bébé qui apprenait tôt ainsi le chemin de l'église, et apprenait aussi à y respecter la prière de tous. Pendant le reste de la journée, on jouait toutes sortes de jeux, ou on lisait, surtout l'hiver. L'été, Henri donnait des tours de bicyclette aux plus petits, tandis que les grands jouaient à la balle, à la marelle, ou à la cachette avec les voisins. Ici encore, ce sont de bons souvenirs que les noms de Edna, Laura, Rose et Rita Painchaud rappellent: elles faisaient si naturellement parti des jeux des enfants de Henri J. Bandet. Il y a aussi les Cadorettes, les St. Pierre, les "trois" Lepage, les Henriet et Poilièvres...

    Sur la terre achetée au village, il y avait un puits qui, durant les années de sécheresse pourvoyait à peine au besoins de chaque jour. Il y eu des moments ou ce puits ne fournissait que huit sceaux d'eau par jour. Cependant les voisins et quelques gens du village venaient y puiser, et de plus, ce puits fournissait l'eau pour l'école dont Henri J. Bandet était concierge.

    En 1929, la famille acheta une vache qui fournit le lait et le beurre. Pendant les vacances, chacune à son tour, les ainées eurent la responsabilité de surveiller la vache qui mangeait l'herbe le long des chemins, surtout en allant vers le nord. En gardant la vache, elles lisaient des livres d'histoire empruntés à la bibliothèque du presbytère, car elles eurent vite épuisé la bibliothèque de leur père. Une belle journée d'été, étant en classe Henriette vit par la fenêtre la vache qui s'échappait de la cour (par mégarde un des enfants avaient dû laisser la barrière ouverte) et sa mère ne pouvait pas courir après. Elle demanda à l'institutrice la permission de courir après la vache, et l'obtint aussitôt. La vache avait fait un demi-mille lorsqu'Henriette put la faire revenir en arrière et la ramena à la maison. N'était-ce pas un bel acte de charité de l'institutrice, Mère Marie Claire, de permettre à une élève de quitter la classe pour une vache?

    Il n'y avait pas de réfrigérateur à ce temps-là. Comment gardait-on le lait? Dans le puits. Une tablette avait été installée - devinez par qui? - et le sceau de lait, soigneusement reecouvert, était descendu avec grandes précautions jusqu'à la tablette pour la journée; remonté pour les repas et redescendu ensuite.

    Le jardin fournissait les patates et les légumes mais il fournissait aussi du travail pour tous. Le sarclage était l'affaire de tous, ainsi que la rentrée des légumes à l'automne. Le samedi on ramassait les légumes nécessaires pour le dimanche et les patates étaient pelées d'avance, et conservées dans de l'eau.

    Surtout dans les années "30", l'argent était rare, car le travail était rare et payé pauvrement. Henri Bandet travaillait pour .15 et .25 sous de l'heure et était très reconnaissant d'avoir de l'ouvrage. Il fallait bien aller au magasin pour sucre, farine, etc... et M. Bandet faisait tout son possible pour payer ses factures à la fin de chaque mois lorsqu'il recevait ses gages. Mais il vint un moment ou il ne pu arriver à joindre les deux bouts. La dette s'accumula au magasin de M. Aimé Masson. La famille Bandet doit une immense gratitude à ce bon chrétien qui remit la dette qui avait fourni le nécessaire à la famille lorsqu'il vendit son magasin et quitta Prud'homme. Un jour le Seigneur lui dira: "J'avais faim et vous m'avez donné à manger".

    Durant la DÉPRESSION les chemineaux venaient souvent demander un repas. Mme H. Bandet ne refusait jamais.

    Ce n'était pas rare pendant la sécheresse de voir du blé à 6 ou 7 pouces de haut et complètement vide et sec: pas même la semence. Une douzaine d'oeufs et une livre de beurre devait durer toute la semaine pour huit personnes, même s'ils ne coutaient que dix sous chaque.

    A l'automne n'ayant pas de travail, Henri J. Bandet allait plusieurs jours de file en bicyclette, avec un goûter et sa hache faire du bois sur la terre d'un fermier charitable; puis un autre lui prêtait des chevaux et une voiture à foin pour apporter ce bois à la maison pour chauffer l'hiver. Alors les enfants rangeaient le bois dans la cave.

    Tel que mentionné plus haut, Henri Bandet était concierge de l'école pendant bien des années. Les filles ainées balayaient les planchers et époussetaient les meubles; le père faisait les gros travaux. Les religieuses étaient toujours patientes et compréhensives de la situation. Un soir d'Hallowe'en, comme les jeunes du village avaient pris l'habitude de renverser les toilettes extérieures, Henri décida de prendre un moyen pour éviter désormais cette dépense de réparation. Il fit courir le bruit qu'il s'y cacherait avec son revolver. Le lendemain matin, personne n'était venu, et M. Bandet avait dormi tranquillement chez lui.

    En 1930, sous le gouvernement Provincial Conservateur, des ordres vinrent de Régina, ordonnant aux religieuses de retirer leur habit religieux, et d'enlever les crucifix des écoles. En entrant en classe, en septembre cette année là, Henriette fut abasourdie. Enfin elle dit "Bonjour" à la nouvelle maîtresse qu'elle ne reconnaissait pas, et alla à son banc ou elle s'assit. Il fallut un bon moment pour que l'enfant reconnut Mère Marie-Claire dans son nouvel habit. Qui oublierait un tel souvenir? Et les Crucifix? Un dimanche, après la messe, toute la paroisse se rendit à l'école en procession et en prière de réparations et repentir y chercher les emblèmes sacrés et les porter à l'église où ils seraient en sureté contre les profanations qui eurent lieu dans d'autres écoles où on essaya de les conserver. Bien des personnes eurent des larmes, et ne les cachaient point lors de cet événement. Suspendus dans l'église, ces crucifix étaient vénérés, spécialement lorsque se faisait le chemin de la Croix.

    En réaction fervente contre cet acte injuste du gouvernement, les élèves décidèrent de porter des crudifix autour de leur cou: à ce temps-là il fallait aller loin pour avoir jdes crucifix et des médailles. Si bien que, au lieu d'un crucifix sur le mur de la classe, il y avait 25, 30 crucifix dans les classes... Mieux encore, les parents exprimèrent leur foi si clairement que celle des enfants en fut raffermie considérablement (inutile de dire que ce gouvernement fut défait magistralement dès les élestions suivante).

    Durant la Dépression, les jeunes du village se réunissaient dans la cours de l'église pour de grandes parties de balle. Pour les encourager, le nouveau curé, aujourd'hui archevêque retiré de St. Boniface, Manitoba, le cher Monseigneur Maurice Baudoux fit couper les arbres dans la cour et agrandir cette place à la grandeur requise; il la fit aussi aplanir. De plus il organisa des clubs pour adolescents; "Jeunesse Etudiante Catholique Française" (J.E.C.F.); "Jeunesse Agricole Catholique" (J.A.C.); et Scout... Les études d'évangiles ainsi que les autres activités ont donné aux jeunes une formation inoubliable. Il ne se doutera jamais du bien que ces clubs ont fait, malgré les apparences.

    M. Henri Joseph Bandet disait que les deux choses dont il avait le plus souffert à son arrivée au pays étaient: 1. Le froid auquel il ne s'attendait pas et auquel il ne s'accoutuma jamais tout à fait. C'est à cause de ce froid qu'il savait si bien ajusté cadres de fenêtres et de portes... 2. Le manque de pain: ils ne savaient pas qu'il leur faudrait de la farine pour un si long hiver. Ils avaient l'argent pour acheter du pain, mais même le voisin n'en avait à vendre. S'ils voulaient manger, ils n'avaient qu'à prendre leur fusil et en peu de temps rapportaient le gibier de la chasse; de la viande ils en avaient, eux qui n'étaient pas habituées à en manger tous les jours. Mais du pain!

    Back to top


    Simplice Bandet agé de 22 ans, épousa Emma Lévesque agée de 23 ans, le 2 avril 1918. Leurs enfants vinrent tous au monde sur la ferme:

  • Adrien né le 15 décembre 1918, décédé le 12 mai 1919
  • Irène née le 20 décembre 1919, épousa Alexandre Lepage en 1942
  • Louis né le 9 septembre 1921, épousa Anne-Marie Bussière en 1942
  • Jean né le 26 octobre 1922, épousa Verla Rose Wilkie en 1945
  • Pierre né le 26 mars 1924, épousa Rita Brunet en 1946
  • Constant né le 23 juillet 1925, décédé en avril 1926
  • Auguste né le 9 septembre 1928, épousa Rolande Parent en 1947
  • Marie née et décédée en décembre 1929
  • Adrienne née le 5 décembre 1930, épousa Léo Moyen en 1948
  • Guy né le 8 février 1932, épousa Dolorès Pelletier en 1956
  • Louise née le 28 septembre 1935, épousa Martin Marchildon en 1952
  • Paul né le 30 janvier 1938, épousa Blanche Denis en 1965

    Après leur mariage, M. et Mme. Simplice Bandet s'installèrent dans la maison faite de roches et de glaise sur la colline. Il n'y avait qu'une pièce. La cuisine se trouvait à un bout et le lit entouré d'un rideau était situé à l'autre bout de la pièce. M. Auguste Bandet ne voulut pas vivre avec les jeunes mariés, il coucha donc au dessus de la forge. Il vint quand même prendre ses repas avec eux.

    A l'automne de 1918, il y eu une épidémie: "La Grippe Espagnole" qui causa bien des mortalités dans plusieurs foyers. Mme Simplice Bandet l'eut bien fort et perdit son premier enfant Adrien qui naquit prématurément en décembre. Les deux époux acceptèrent courageusement l'épreuve comme étant la Volonté de Dieu.

    Comme mentionné plus haut la maison fut allongée et agrandie avec un deuxième étage en planche cette fois-ci. Simplice et son frère Henri s'entr'aidèrent pour cette construction afin d'avoir de la place pour y loger leur vieux père.

    Simplice Bandet comme son père et son frère Henri, était un très bon ouvrier, menuisier, charpentier, mécanicien, etc. Tout lui réussissait à merveille. Mais comme la ferme qu'il avait héritée de son père, le tenait très occupé, il eut recours à son frère Henri pour l'aider dans les constructions à faire et pour les réparations de machineries. Simplice continua l'élevage des bêtes à cornes, cochons, moutons et poules. Peu à peu il eut davantage de chavaux pour cultiver sa terre et pour les moissons.

    Au fur et à mesure que ses enfants grandissaient Simplice les initiait et les intéressait aux animaux et aux travaux de la ferme. Irène à 3 ans et Louis à 1½ ans apprirent à monter sur la vieille "Ida" de Grand Père. Près des machineries ou près des animaux on pouvait s'attendre à quelques aventures. Plus ou moins pénible. Qui n'en a pas sur les fermes? Pendant les battages de 1922 ou 1923 Simplice ne trouva-t-il pas son Irène endormie sous le tuyau d'échappement du Titan? Était-elle morte? Empoisonnée? Il l'a mise bien vite dans une fourragère et se hâta d'aller à la maison où son épouse et lui-même essayèrent de la raviver et lui désserrèrent les dents avec une cuillère pour la faire avaler. Irène se rappelle comment ses parents essayaient de lui faire manger du chocolat (ce dont elle raffolait!) et que celui-ci avait si mauvais goût.

    Simplice avait un don spécial avec les chevaux. Ceux-ci avaient l'air de le comprendre. Irène suivait son père partout et avait si bien observé qu'à 5 ans elle pouvait atteler un cheval à peu près bien au traineau à roches "Stoneboat". Vers ce temps la aussi, Irène et Louis allaient tous deux à cheval sur la vieille "Ida" pour chercher les vaches.

    A six ans, Irène commença l'école. Elle avait 3½ milles à faire à cheval pour s'y rendre. Son premier professeur fut M. A. DeMargerie à l'école Knapton, petite école de campagne. Quand ce fut le temps pour elle de se préparer pour la Première Communion, Simplice et son épouse mirent l'enfant en pension au couvent. Ce ne fut pas drôle. L'enfant s'ennuyait à mourir. Elle n'avait jamais quitté la maison et la ferme. Elle regardait vers le sud - pensant au foyer paternel et à la ferme qu'elle aimait tant.

    Lorsque Louis commença à aller en classe avec Irène, ils eurent une petite voiture à deux roues auquelle ils attelaient "Ida". Ils traversaient la terre de M. Jean-Baptiste Blain pour se rendre à l'école et alors voisins et cousins profitaient de la voiture ou du traineau en hiver pour aller en classe surtout durant les gros froids d'hiver.

    Comme il a été cité plus haut M. et Mme. Adélard Marcotte étaient les plus proches voisins de M. et Mme. Simplice Bandet. Ce ne fut pas long que Irène apprit le chemin pour aller chez ces bons voisins, car Mme. Marcotte gâtait avec bonbons, raisins, biscuits, etc. tous les enfants qui la visitaient. Il arriva de temps en temps que Irène y alla sans permission et alors papa donnait une petite correction pour que l'enfant comprenne et se rappelle son devoir.

    Chez M. & Mme Simplice Bandet, la prière en famille se faisait chaque soir, mais ne durait qu'environs dix à quinze minutes.

    Le dimanche était sacré - beau temps, mauvais temps l'on ne manquait jamais la messe du dimanche. Et si à cause de maladie, la maman devait rester à la maison avec un enfant malade, Simplice affirma un jour qu'il n'avait jamais manqué la messe un seul dimanche depuis son arrivée au Canada. A une autre occasion il dit: "Je n'ai jamais travaillé le dimanche et j'ai toujours eu de quoi manger." Simplice lisait beaucoup le dimanche surtout et en hiver. Il encourageait ses enfants à la lecture comme moyen d'information et aussi pour s'instruire.

    Mme Simplice Bandet était une femme extraordinaire. Bonne ménagère comme il n'y en a pas. Elle tenait maison, faisait la cuisine, le lavage, le repassage, le raccommodage et en plus il y avait le jardin, le poulailler, et il fallait aussi traire les vaches. Elle était toujours souriante, calme, et de bonne humeur. Sa force venait de sa vie de prière. Elle demandait sans cesse au Seigneur la force dont elle avait besoin. En grandissant ses enfants, l'aidaient à la mesure de leur force. C'est ainsi qu'ils allaient chercher des légumes au jardin, des oeufs au poulailler et vint un temps ou ils se mirent à traire les vaches et à les soigner. Il y avait aussi le bois à rentrer, et quand les garçons furent assez grands ils coupèrent le bois de chauffage et le cordèrent.

    M. Simplice Bandet avait une très belle voix et le curé: M. L'abbé Bourdel lui demanda de joindre la chorale de l'église. Il eu plusieurs fois envie de lâcher car il était si occupé avec sa jeune famille et sa ferme. Quand il y avait répétition de chant, après la messe le dimanche, son épouse et ses enfants étaient obligés d'attendre patiemment pour s'en retourner chez eux. Il y eu bien des sacrifices de part et d'autres, mais Simplice demeura fidèle à chanter les louanges du Seigneur surtout avec son coeur mais aussi avec sa belle voix. Il n'a jamais fumé, ce doit être pour cela que sa voix se maintint si belle jusqu'à la fin.

    M. et Mme. Simplice Bandet étaient très charitables pour tous. Personne n'était admis à critiquer le clergé ou les religieuses spécialement, en présence de M. & Mme. S. Bandet. Ils co-opérèrent et encouragèrent toujours leur curé dans toutes ses décisions et entreprises paroissiales. Ils furent vraiment un example pour tous ceux qui étaient en contact avec eux.

    Pour la Foi et le Courage de nos Pionniers: M. J. Auguste Bandet et de ses enfants, Merci Seigneur. Pour que leurs nombreux descendants suivent les examples de Foi et de Générosité de leurs Ancêtres, Prions le Seigneur.

  • VIVE NOS VAILLANTS PIONNIERS

    Back to top
    Adresse pour Couriel - Email Address - bandetcaroly@yahoo.com
    Back to the Main Page - Retour à la page Principale
    1