Mario Dumont s'adresse à tous les Québécois et Québécoises
(16 janvier 2007)

Cette lettre n'a guère eu d'écho dans le monde journalistique.On s'est empressé de taxer Dumont d'opportuniste et de démagogue en publiant cette lettre le lendemain de la publication des résultats du sondage Léger Marketing sur la tolérance des Québécois, lesquels résultats ont donné lieu à une semaine de "débats" (si on peut parler de débat...) sur les accommodements raisonnables. Or, c'est là un jugement à bien courte vue, puisque l'ADQ avait déjà en mains son programme, lancé publiquement le 18 décembre 2006. M. Dumont était donc parfaitement en droit d'intervenir et de faire valoir l'orientation de son parti sur la question. Au lieu de profiter de l'occasion pour enfin entamer sérieusement le débat, on a, de nouveau, encore fait une simple attaque contre la personne, balayant ainsi du revers de la main, comme on le fait d'une mouche importune, ce débat si attendu par une grande majorité de la population.

On a aussi écrit que l'ADQ avait "fait ses choux gras" de cette semaine et, nouvelle attaque contre la personne, que Mario Dumont ne connaissait rien des immigrants puisqu'il était député de Rimouski!!! Le pas est maintenant franchi (de nombreux commentaires, lus sur Internet, le mentionnent d'ailleurs clairement): nous en sommes rendus à la division du Québec en deux groupes: les Montréalais, lucides et connaissants, et les Tarlets des régions, rongés par la peur et qui ne comprennent rien à rien, du fond de leurs bleds! (Voir tout ce qui concerne Hérouxville.)

Enfin, mentionnons une autre attaque contre la personne de Mario Dumont, mais plus sournoise, celle-là, faite, cette fois, par le chef du Parti Québécois, André Boisclair, interrogé sur les résultats désastreux, pour son parti, d'un sondage sur les intentions de vote aux prochaines élections. "Je mettrai mes culottes, oui, mais pas comme Mario Dumont, pas comme le roi Dagobert, qui met ses culottes à l'envers." (30 janvier 07)  - M. Boisclair vient encore d'ajouter une bourde à celles qu'il a déjà faites et qu'on lui reproche. Il s'est sans doute pensé drôle, mais ça ne l'est pas. Qu'il nous dise, plutôt, en quoi ce que propose l'ADQ est "à l'envers", et ce qu'est l'endroit de la culotte! On attend toujours le programme du PQ, particulièrement sur la question de l'intégration. Or, M. Boisclair vient d'annoncer (31 janvier 07) qu'on ne l'aura pas avant le déclenchement des élections...


Voici la partie du programme adéquiste concernant la question de l'intégration et des accommodements.

L’ADQ s’engage à: ADOPTER UNE CONSTITUTION QUÉBÉCOISE. Rédiger et adopter la constitution du Québec pour affirmer notre identité et nos valeurs dans une démarche non partisane, démocratique et consensuelle.
Identité québécoise: affirmer notre identité
Foyer principal de la présence francophone en Amérique du Nord, la société québécoise se compose d’une majorité francophone, d’une minorité anglophone bien établie et de citoyens issus de partout à travers le monde. Elle possède son identité propre, sa langue officielle, sa culture et ses traditions. Elle se distingue notamment par son ouverture sur le monde, son accueil des nouveaux arrivants et par un fort consensus envers des valeurs communes d’égalité entre les individus, de démocratie, de justice, de respect et de solidarité. Forte de ces assises, notre société s’est enrichie et s’est beaucoup développée tout au long du siècle dernier, notamment grâce à l’apport de l’immigration de plusieurs communautés différentes.
L’identité du Québec s’est également développée par la contribution exceptionnelle de nos créateurs, de nos chercheurs et de nos entrepreneurs qui, depuis plusieurs années, font la fierté du Québec partout sur le globe. Il faut donc reconnaître cette extraordinaire vitrine qui nous est ainsi offerte de vendre le Québec que nous aimons tant.
Renforcer l’identité québécoise, c’est aussi se doter d’institutions démocratiques exemplaires, saines et respectées, où tous les citoyens pourront s’exprimer et agir parce qu’ils auront la conviction de changer des choses. À ce sujet proprement dit, il reste bien du travail à faire pour redonner à la classe politique, au processus démocratique et à nos institutions publiques la confiance de la population québécoise.
Malgré les succès et les reconnaissances, il ne faut pas perdre de vue que notre identité doit être constamment renforcée afin qu’elle conserve sa vitalité et sa santé, car il en va de la pérennité de notre société.
Identité québécoise - Les valeurs adéquistes
Le respect de la majorité et des valeurs communes: L’ADQ reconnaît la majorité québécoise qui défend des principes et des valeurs communes.
La fierté d’être Québécois: Les Québécois doivent être fiers de leur identité et doivent chercher à la renforcer pour l’avenir et la pérennité de notre société.
L’ouverture sur le monde: L’ADQ partage avec les Québécois cette grande ouverture sur le monde qui nous caractérise et qui fait du Québec, une terre d’accueil et de respect.
L’égalité et le respect: L’ADQ se reconnaît dans les valeurs d’égalité et de respect qui font du Québec un lieu privilégié pour tous ceux et celles qui veulent vivre égaux, sans aucune discrimination.
L’ADQ s’engage à:
-  ENCHÂSSER LES VALEURS COMMUUNES DU QUÉBEC au sein de la constitution du Québec afin que tous connaissent les principes qui forgent notre société.
- MODERNISER LA DÉMOCRATIE QU&Eacuute;BÉCOISE. Réformer le processus démocratique, notamment par l’introduction d’un mode de scrutin proportionnel et la tenue d’élections à date fixe.
- INSTAURER UNE CITOYENNETÉ QU&Eaccute;BÉCOISE. Proposer aux Québécois d’instaurer une citoyenneté québécoise afin de formaliser qui nous sommes, renforcer notre identité politique et favoriser une meilleure intégration des nouveaux arrivants.
- ENSEIGNER DAVANTAGE L’HISTOIRE &AAgrave; NOS JEUNES. Valoriser et augmenter les heures consacrées à l’enseignement de l’histoire du Québec à l’école afin de permettre aux jeunes du Québec de mieux comprendre nos institutions et les grands défis de notre société.
- MIEUX ACCOMPAGNER LES NOUVEAUX ARRIVANTTS. Bonifier les programmes de francisation et d’intégration des nouveaux arrivants afin de leur donner tous les outils
nécessaires pour qu’il s’intègrent pleinement à notre société, à ses valeurs et à ses institutions.
- DONNER UN SOUTIEN ACCRU À LA CULLTURE. Reconnaître les grandes réussites du milieu culturel, autant ici, au Québec, qu’ailleurs dans le monde, et ce, en apportant un soutien accru au secteur de la culture. Notamment, l’ADQ entend financer directement les créateurs plutôt que la
bureaucratie et reconnaître véritablement leur statut.
- RENFORCER LE RAYONNEMENT DU QUÉBBEC À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE. Accroître la visibilité et la présence québécoise dans le monde tant sur le plan économique que culturel. Exiger la participation pleine et entière du Québec au sein de forums internationaux qui sont intimement liés avec nos champs de compétences exclusifs.



La lettre de Mario Dumont


Lettre ouverte aux Québécoises et aux Québécois

Une constitution québécoise pour encadrer les "accommodements raisonnables"

Pour en finir avec le vieux réflexe de minoritaire
Québec, le 16 janvier 2007
Au cours des derniers mois, le dossier des "accommodements raisonnables" a suscité de vives discussions partout à travers le Québec. Ce débat, qui a largement dépassé l’habituel cercle politique pour toucher tous les Québécois, nous a amenés à nous interroger collectivement sur notre manière d’assumer notre identité nationale et d’intégrer la différence.
Les multiples épisodes qui mettaient en scène des dirigeants d’organismes publics qui choisissent de mettre de côté nos propres valeurs communes pour satisfaire des demandes formulées par des représentants de communautés, ont créé un débat de fond dans la société québécoise. Premier constat. Le gouvernement a manqué à son devoir de fournir à nos dirigeants d’organismes publics un cadre de référence et une direction claire en matière d’accommodement raisonnable.
Deuxième constat. Ce dossier a créé un malaise social qui ne s’est pas résorbé à travers le débat public. La raison est fort simple. Nous n’avons pas répondu clairement à une question fondamentale. Pourquoi ces décisions absurdes, qui nient nos valeurs communes, sont-elles prises dans le Québec d’aujourd’hui? Par exemple, pourquoi des dirigeants d’un CLSC choisissent-ils d’aller jusqu’à interdire à des pères de famille l’accès à des cours prénataux ?
Le règne de la rectitude politique est certainement un début de réponse. Tout le monde le constate, nous sommes de plus en plus dans cet univers où règne la détestable langue de bois, alimentée par la médiatisation extrême et par la couardise des dirigeants politiques.
La réponse se trouve aussi dans l’affaissement inquiétant du leadership politique. Les propos de Jean Charest et d’André Boisclair sur ce sujet et leurs appels à la prudence cachaient mal leurs intentions claires de ne pas se mouiller dans ce dossier. Pourtant, n’est-ce pas là, l’essence même de la fonction d’un dirigeant politique que de défendre et de promouvoir les valeurs de notre société? La négation du problème et la loi du silence sur un tel enjeu ne règlent rien et risquent plutôt d’aggraver la situation.
La réponse se trouve aussi dans notre vieux réflexe de minoritaire qui persiste, malgré la Révolution tranquille, la loi 101, les réussites du "Québec inc." ou les succès des Québécois à travers le monde. Ce réflexe de minoritaire a la vie dure. Il refait surface à l’occasion et continue à nous faire courber l’échine quand nous devrions avoir le menton bien droit. Ce vieux réflexe a longtemps confiné des générations en dehors des sphères économiques, scientifiques, artistiques et intellectuelles, condamnant du même coup les Québécois de toute une époque à vivre comme des citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Inacceptable, c’est le seul mot qui nous vient à l’esprit quand on évoque cette situation révolue. Néanmoins, quand on analyse les décisions prises par des dirigeants d’organisations publiques dans le dossier "des accommodements raisonnables", cette tendance à s’effacer collectivement, qui est issue de ce vieux réflexe de minoritaire, n’est jamais bien loin.
À mon point de vue, il est plus que temps d’en finir avec ce vieux réflexe minoritaire. Nous nous devons de poser des gestes qui vont renforcer notre identité nationale et surtout protéger ces valeurs qui nous sont si précieuses.
De souche européenne de par l’origine de ceux et celles qui ont fondé le Québec, nos valeurs s’inspirent en premier lieu de notre tradition religieuse. Elles sont aussi le reflet de notre appartenance au continent nord-américain. Fruit de la Révolution tranquille et de la sécularisation de nos institutions, nos valeurs communes se sont actualisées et s’inscrivent aujourd’hui dans les grands courants de pensée occidentaux et reflètent notre ouverture sur le monde.
Une constitution québécoise
L’ADQ propose aux Québécois un programme étoffé pour protéger ces valeurs communes et affirmer notre personnalité collective. Au premier chef, nous croyons qu’il est impératif de doter le Québec de sa propre constitution et d’y enchâsser nos valeurs communes. Ce geste fort et solennel permettrait à tous les Québécois de dire, dans un geste commun et rassembleur, qui nous sommes. Cela permettrait aussi aux autres nations de par le monde de saisir clairement la véritable nature de l’identité québécoise. C’est à mon point de vue, un geste symbolique certes, mais que nous nous devons de poser pour protéger et renforcer nos valeurs communes.
L’ADQ propose également d’instaurer une citoyenneté québécoise, de moderniser notre système démocratique, d’enseigner davantage l’histoire à nos jeunes, de mieux accompagner les nouveaux arrivants, de donner un soutien accru à la culture et de renforcer le rayonnement du Québec à l’échelle internationale. Tous ces engagements issus du programme que l’ADQ a rendu public en décembre dernier tendent tous vers le même objectif qui est de renforcer notre identité collective.
Ces valeurs que sont l’égalité entre les individus, la liberté d’expression, la justice, le respect, la solidarité, la paix et notre attachement fondamental envers la démocratie méritent d’être défendues. Nos valeurs communes sont le reflet de notre identité nationale. C’est notre devoir de les protéger car elles constituent assurément la meilleure garantie de notre pérennité.
Au-delà des arguments suscités par ce débat qui surgit dans le paysage québécois, je suis d’avis que cette question ne trouvera de dénouement acceptable que si ceux à qui nous confions les destinées du Québec cessent d’avoir peur d’en parler. Ni le silence, ni l’aplaventrisme ne peuvent être une politique dans ce dossier. La classe politique doit prendre acte de ce débat et surtout de la capacité des citoyens de débattre sereinement de cet enjeu, sans avoir peur d’être taxé de racisme. Aujourd’hui, je constate que les Québécois discutent de ce dossier avec simplicité et maturité. Il est plus que temps que les dirigeants politiques se mettent au diapason de leurs concitoyens et contribuent eux aussi, par leurs discours et leurs interventions, à assurer l’intégration harmonieuse de tous les citoyens venus des quatre coins du monde pour enrichir notre société et notre identité collective.

Source: site internet de l'ADQ


Commentaires
  1. Comment se fait-il que cette lettre ouverte ait eu si peu d'échos et ait été si rapidement relayée du revers de la main aux oubliettes de l'histoire? D'après moi, c'est qu'encore une fois, au lieu d'attaquer la question de front (celle de l'intégration), les journalistes n'en ont retenu que ce qui concerne ce que M. Dumont dit être les causes des problèmes actuels: "la couardise des dirigeants politiques", "l’affaissement inquiétant du leadership politique", "notre vieux réflexe de minoritaire" qui nous fait "courber l'échine" et nous mène au silence et à "l"aplaventrisme". Ce sont ces mots-là que les journalistes ont retenu et mis de l'avant.
  2. Venons-en, quant à nous, à la question centrale. Oui à la proposition d'un "cadre de référence et une direction claire" en la matière. Ce cadre est de plus en plus exigé parce qu'il s'avère de plus en plus nécessaire, et il faut se mettre à la tâche de le construire. Pour le moment, l'ADQ n'a rien encore, là-dessus.
  3. Certains ont répliqué à M. Dumont que ce cadre, nous l'avions déjà, et que c'était la Charte des droits et libertés de la personne, tant québécoise que canadienne. - Sauf que, comme l'a dit Luck Merville lui-même ("C'est bien meilleur le matin", 31 janvier 07), "une charte n'est pas immuable" et si certains points font problème, elle peut être modifiée.  Il faudra donc examiner quels "accommodements" vont à l'encontre de nos valeurs démocratiques, ou sont un recul et une régression pour une société démocratique. (Note)
  4. Je viens de mentionner la liberté religieuse, mais il faudra bien, aussi, examiner ce qui concerne la liberté d'expression. A-t-on, par exemple, la liberté de tenir des discours haineux?
  5. Enfin, je manifeste mon désaccord avec l'affirmation de M. Dumont, à savoir que "nos valeurs s'inspirent en premier lieu de notre tradition religieuse". D'abord, c'est faux (elles s'inspirent d'abord et avant tout de l'idéal démocratique, de "la Révolution tranquille" et de la sécularisation de nos intitutions). De plus, c'est là prêter ouvertement le flanc à l'intégrisme religieux qui affirme exactement la même chose et se sert de cet argument pour obtenir tous les accommodements qu'il désire instaurer. C'est sur ces acquis qu'il faudra asseoir le cadre de référence, non sur la tradition religieuse.
  6. Pour ce qui est de faire connaître "la véritable nature de l'identité québécoise" aux autres nations, j'en suis. A ce niveau, il serait bon de regarder du côté de la solution envisagée par l'Angleterre, à savoir établir clairement des critères d'accessibilité à la citoyenneté, laquelle est un droit mais comporte aussi des devoirs, dont le principal est le respect de nos valeurs démocratiques.



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