L'électorat européen
n'existe pas
C'est triste à écrire, mais
c'est vrai: l'opinion publique européenne n'existe pas.
L'Union européenne est une réalité bien
tangible. Elle vient même de se doter d'une monnaie commune.
La civilisation européenne existe aussi. Un sondage vient
de souligner la convergence des préoccupations des habitants
de cette communauté de nations. Chômage, pauvreté
et insécurité sont des problèmes lancinants
dans la plupart de ces pays.
Mais la conscience politique européenne, elle, est introuvable.
Cette carence explique le caractère largement artificiel
de l'élection du Parlement européen au suffrage
universel direct, vingt ans après son instauration. Les
partis nationaux ont beau se recomposer en groupes européens
après le scrutin, les campagnes demeurent très
largement nationales. Et souvent teintées d'indifférence.
A cet égard, le cru 1999 risque d'être particulièrement
décevant malgré un contexte théoriquement
porteur. La réalisation de l'unité monétaire
aurait pu et du engendrer un vrai débat sur ses conséquences
et ses prolongements, économiques mais aussi politiques.
La guerre des Balkans qui vient d'ensanglanter le Vieux Continent
aurait pu et du provoquer une discussion sérieuse sur
les moyens et les limites d'une Europe de la défense.
En France, comme dans bien d'autres pays membres, en dépit
des "dossiers" réalisés par divers journaux,
le débat préelectoral n'a guère porté
sur ces questions. Qu'on le déplore ou qu'on s'en réjouisse,
la citoyenneté demeure vécue au plan national.
C'est en partant de ce fait, et non en le niant, que se bâtira
progressivement une conscience politique européenne.
Eric Dupin.
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