45 cm x 60 cm

Brise marine

Brise marine

La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres,

Fuir ! là-bas  fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres

D'être, parmi l’écume inconnue et les cieux !

Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux

Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe,

O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe

Sur le vide papier que la blancheur défend

Et ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je partirai ! Steamer balançant ta mâture ,

Lève l’ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,

Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !

Et, peut-être , les mâts, invitant les orages,

Sont-ils ceux que le vent penche sur les naufrages

Perdus, sans mâts, sans mâts ni fertiles îlots…

Mais, ô mon cœur, entends le chant  des matelots !

 

Stéphane Mallarmé

 

Marilyse  Devoyault

 

   

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