Conque
osseuse
C'étaient
de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de
gîte,
Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre... Ah! oui, de très grands vents sur toutes
faces de vivants!
Flairant
la pourpre, le cilice, flairant l'ivoire et le tesson, flairant le monde entier
des choses,
Et qui couraient à leur office sur nos plus grands versets d'athlètes, de
poètes,
C'étaient de très grands vents en quête sur toutes pistes de ce monde,
Sur toutes choses périssables, sur toutes choses saisissables, parmi le monde
entier des choses...
(…)
Car tout un siècle s'ébruitait dans la sécheresse de sa paille, parmi
d'étranges désinences: à bout de cosses, de siliques, à bout de choses
frémissantes,
Comme un grand arbre sous ses hardes et ses haillons de l'autre hiver, portant
livrée de l'année morte;
Comme un grand arbre tressaillant dans ses crécelles de bois mort et ses
corolles de terre cuite ?
Très grand arbre mendiant qui a fripé son patrimoine, face brûlée d'amour et
de violence où le désir encore va chanter.
(…)
SAINT-JOHN PERSE
Marilyse Devoyault