Préparation de l'expédition

Dire que cette expédition avait été bien préparée était bien peu dire. En tout cas, elle a été préparée longuement, et l'auteur ( j. andreu, Protéco nature ) s'est rendu sur les lieux pour reconnaître le début du parcours.

En fait, sur la première partie, il faut porter le canoë ainsi que le reste du matériel, et c'est seulement sur la deuxième partie que l'on accède à la crique angélique qui est canotable.
Cette excursion permet d'accéder à l'estuaire de la rivière de kaw et par là-même à la mer, par un chemin d'accès assez proche de cayenne ( 60 km ), qui est très peu fréquenté.
Elle donne accès à un marécage voisin du marais de kaw ( biotope protégé ) où se concentrent la majorité des caïmans noirs du pays, ce qui représente un des sanctuaires au niveau mondial.
De plus, cette crique si sauvage et si proche à la fois, peut représenter le point de départ d'autres aventures, aussi bien réelles qu'internautes; l'idée de publier ce récit sur le web a germé dans la tête de l'auteur, vétérinaire connecté à l'Internet.

Apercevoir l'hoazin huppé, oiseau dont les ailes sont pourvues de griffes à l'état juvénile, archeopterix nouvelle génération en quelque sorte, un de nos lointains aïeux au même titre que le petit saïmiri; assister aux ébats amoureux du caïman ou scruter le fond de l'eau à l'affût de la silhouette puissante d'un lamantin ou d'une loutre géante, voila un programme qui s'annoncait chargé.
Qu'à cela ne tienne, il fallait faire le déplacement même si l'on n'était pas directement invité.
La balade risquait d'être mouvementée, aussi mieux valait y être bien préparé. Avec Baptiste, ingénieur agronome, passionné de nature et en très bonne condition physique, cela devenait faisable de se lancer à l'assaut de ce coin de nature sauvage.

Au commencement, la forêt est là, grouillante de mouvements imperceptibles, et l'inattendu vous guette. Ensuite, faire partie intégrante de cette masse verte et mouvante s'inscrit automatiquement dans le programme et la progression devient instinctive. Cela tombait bien, car l'instinct, c'était justement ce qu'ils étaient venus étudier. Au début, quand on est chargé d'un sac à dos dans lequel le moindre couteau suisse a été bien pesé, dévaler la première pente est un jeu d'enfant, même en portant et tirant canoë et matériel. De plus, deux adolescents, Grégoire et Alexandre, volontaires pour la corvée de convoyage de l'équipement, résignés à s'en retourner une fois leur tâche accomplie, les accompagnent pour franchir les premiers kilomètres. Jean et Baptiste, possédant tous deux une moto, il leur fut facile de convaincre les deux adolescents, en proposant qu'en récompense de leurs efforts, ceux-ci pourraient tous deux bénéficier des motos une journée complète pour se balader.

Etant donné que marcher sur plus de 800 mètres dans une savane inondée, pouvait se révéler assez dangereux, Jean et Baptiste se relayèrent en tête du convoi et, quelques émotions plus tard, enfin, apparut la rivière sur laquelle on put se laisser glisser, ainsi que les premiers oiseaux le survolant. Les premiers qu'ils purent apercevoir furent de grandes aigrettes, immenses navigateurs en plein ciel.

Afin de faire quelques photos, une halte s'imposait.
La conversation s'engagea sur la nécessité d'une approche scientifique de la nature pour comprendre celle-ci. Jean, partisan de conserver l'émotion intacte, ne comprenait pas pourquoi Baptiste essayait de tout repérer, le nez plongé en permanence dans la documentation.
Ce fut comme une joute oratoire rituelle en préambule. Une tentative d'augurer de ce qui les attendait, en émettant chacun leur point de vue sur un sujet très personnel. Le monde se plierait-il aux idées de l'un ou de l'autre, ou alors étaient ils tous deux en attente d'un futur proche sidérant?
C'est en tout cas fort détendus qu'ils repartirent vers de nouvelles aventures.

hoazin huppé (opisthocomus hoazin) adulte prenant son envol.(photo E.Hanotte).
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