Union : Pierre Vansintjan

Union - Gand 2-0

Samedi soir, après un mièvre apéritif à Kiev (où on put toutefois voir l'équipe locale jouer vraiment en jaune et bleu), on a pu voir notre équipe nationale jouer un grand match pour la première fois depuis cinq ans.
C'est donc encore ébloui par le festival de buts du Kuip (digne des concerts qu'y donna Dylan) qu'on a repris le chemin du Parc Duden ce dimanche pour une ouverture du championnat qu'on espérait, sinon aussi pétaradante, au moins aussi rassurante sur la saison à venir.

Comme la veille l'adversaire ne manquait pas de références.
Lors de ses deux dernières visites les Gantois avaient obtenu le nul et au printemps dernier ils remportèrent la deuxième tranche de la saison écoulée.
En outre ils s'amenèrent sur la pelouse dans une tenue du plus pur All Black.

Ils n'avaient toutefois pas de cri de guerre et c'est tout naturellement que nos gars (en All Yellow) ne s'en laissèrent pas conter et prirent l'initiative à l'entame du match.
A la 3ème minute déjà une attaque générale se termina par un centre de la gauche vers Roger Hénuset montant au front de bandière et envoyant une pêche de bel aloi que le gardien visiteur Tom Hofman fut tout heureux de détourner du bout des doigts.
Et à la 7ème minute Laurent Zaccaria amorça une autre belle attaque en lançant Modesto Lindonjohnson sur la gauche qui lui remit le ballon et Laurent le transmit avec une précision "inch perfect" à Pascal Hofman surgissant du milieu de terrain pour envoyer une torpille à ras de terre dans le plus pur style de son but contre Ingelmunster, mais qui passa malheureusement au ras extérieur du piquet gauche.

Ça faisait déjà deux beaux coups de semonce que les Gantois perçurent cinq sur cinq.
A la 9ème minute Amidu Bangura fit une belle percée autoritaire en solo sur le flanc droit qu'il termina heureusement par un tir au-dessus.
Et à la 12ème minute une attaque générale gantoise fut éclaircie avec à propos par Roger Hénuset.
Trois minutes après, Roger remit le couvert du début de match en ponctuant une nouvelle attaque générale d'un autre obus que dut détourner Tom Hofman en corner.

Ce ne fut pas un premier quart d'heure endiablé (la température s'y opposait de toute façon) mais assez attrayant à suivre et que l'on espérait prometteur pour la suite.
On avait pu faire la connaissance de Frédéric Hinnens, venu au club dans le sillage de Joël Crahay, et qui jouait au back gauche en remplacement de Vincent Masyn out pour quatre semaines sur entorse à la cheville (et rebaptisé "Christophe" dans LA BUTTE, gratuite grâce à un généreux sponsor pour cette reprise et revue à l'aune de la micro-informatique par Danny).
Miguel Capilla et Modesto Lindonjohnson étaient alignés en front d'attaque avec Kiki Marion en soutien et on espérait que les montées tranchantes de nos deux "H" allaient obliger la défense gantoise à bouger et à leur fournir de l'espace pour leur permettre de s'exprimer.

Peut-être suffirait-il d'une étincelle ?
Malheureusement celle-ci ne vint pas et nos gars commencèrent lentement mais sûrement à sombrer dans une certaine confusion, au point qu'on ne nota plus que quatre actions avant la pause et toutes gantoises.

A la 24ème minute un tir lointain de Hans Verstuyft obligea Daniel Uytdenhoef à détourner en corner.
A la 32ème Kurt Wuytack (un vrai bulldozer) perça par la droite et heureusement tira à côté au lieu de centrer à un équipier mieux placé au second piquet.
A la minute suivante Roger Hénuset, tel une tour imprenable, détourna un centre méchant de la droite de Amidu Bangura.
Et à la 45ème se situa le premier tournant du match (comme on adore dire à Canal+) avec une attaque générale gantoise en supériorité numérique et incompréhensiblement ratée.

La pause survint et sans doute à propos pour l'Union.
La semaine passée le Standard avait fait figure honorable pendant le premier quart d'heure à Genk avant de prendre quatre buts.
On s'en tirait mieux, grâce au fait qu'on monopolisait pas mal le ballon, mais il fallait réagir.
Le trio Miguel Capilla - Modesto Lindonjohnson - Kiki Marion avait été d'une discrétion totale et l'Union n'avait manifesté aucune présence devant le but adverse.
On avait en somme poussé jusqu'à l'absurde l'adage "La meilleure défense c'est l'attaque", non pas en attaquant mais en faisant des ronds et des ronds au milieu du jeu pour empêcher l'adversaire de venir dans notre camp (sans toujours réussir mais la défense, elle, restait attentive).

Au retour des vestiaires on nota que Giordano Criscito avait remplacé Miguel Capilla.
A la 49ème minute Modesto Lindonjohnson sortit de sa torpeur et parvint à passer à Gaby Mudingayi en belle position mais qui tira à côté.

Huit minutes plus tard notre défense fit avorter un contre adverse mais on connut notre première tuile de la saison. Laurent Zaccaria tombé sur la nuque restait en effet au sol les bras en croix et visiblement sonné. Il fallut de nombreuse minutes pour le sortir du terrain et Joël Crahay le remplaça par Jean-Luc Walschap, lancé à 19 ans dans le grand bain depuis l'intersaison.
Comme nous l'apprend la nouvelle équipe dynamique de LA BUTTE, depuis cette saison il faut inscrire (au moins) trois jeunes de moins de 21 ans sur la feuille d'arbitre. Une bonne initiative de l'Union Belge pour relancer notre football.

Toujours est-il que notre entraîneur dut revoir la composition de sa défense.
Tout naturellement Roger Hénuset glissa au libero, ce qui eut pour conséquence de limiter ses montées. Jean-Luc Walschap se positionna à gauche et Frédéric Hinnens se repositionna à droite.
Et on repartit, faisant front dans l'adversité.

A l'heure de jeu on crut enfin voir l'étincelle qu'on attendait depuis trois quarts d'heure. Gaby Mudingayi ponctua une de ses actions d'un beau centre... qui ne trouva personne. On parvint toutefois à récupérer la balle et en final Frédéric Hinnens adressa un tir mais non cadré.
Deux minutes après, ce fut rebelote mais de l'autre côté. Kurt Wuytack termina aussi une de ses actions de panzer d'un centre sec de la gauche qui ne trouva personne non plus.

Et puis on tomba carrément dans un quart d'heure d'ennui total.
Il n'y avait rien à mentionner des deux équipes et en plus de retomber dans la confusion, l'Union retombait sans ses travers de la saison dernière à commencer par n'être jamais que deux au maximum devant le but en cas d'attaque, sans parler du placement sur les corners de la droite donnés de façon "sortante" par Frédérik Vanderbiest.
J'avais pronostiqué 0-0 et on semblait se diriger de plus en plus vers ce résultat, encore que la fin du match contre Lille commençait à trotter dans la tête des spectateurs les plus inquiets.

Et puis la décision tomba d'une façon tout aussi inattendue qu'à Manchester-Bayern avec trois "tournants" en trois minutes.
A la 77ème minute une attaque générale gantoise se termina par un tir de Hans Verstuyft nécessitant un miracle de Daniel Uytdenhoef.
Une minute plus tard Bart Pannecoucke, devenu capitaine des Gantois, se rappela à notre bonne attention. Souvenez-vous du match de l'an dernier alors que transis par la grêle on s'était tous réfugié dans la tribune en fin de match. Bart Pannecoucke avait alors reçu une carte jaune pour avoir renversé Michel Moyaux comme une crêpe.
Cette fois-ci il fit mieux. Alors qu'il avait déjà reçu quelques instants avant une carte jaune pour une faute sur Modesto Lindonjohnson, il en commit carrément une de dernier homme sur le même sur le point de s'infiltrer dans le rectangle.
L'arbitre, Mr. Legrain (remplaçant en dernière minute le referee initialement prévu), ne put qu'appliquer le règlement et renvoyer le capitaine gantois aux vestiaires.

Le coup franc ne donna rien mais cette exclusion sembla déboussoler la défense gantoise et deux minutes plus tard on eut enfin l'étincelle.
Et elle vint de celui dont on s'y attendait peut-être le moins : Giordano Criscito.
En plein milieu du rectangle il remporta d'un formidable coup de rein un duel, se présenta devant le gardien qui intervint mais ne put empêcher Modesto Lindonjohnson de conclure avec un timing parfait.

A onze contre dix, il était évident que la décision était tombée.
Bien entendu les Gantois essayèrent classiquement de partir égaliser et tout aussi classiquement ils affaiblirent encore un peu plus leur défense déboussolée.
Si bien qu'à la 84ème minute, dans le plus pur style guerre en dentelles, Kiki Marion, Modesto Lindonjohnson et Giordano Criscito purent tout à l'aise se passer et se repasser le ballon dans un rectangle on ne peut plus dégarni avant que Giordano ne le mette sur son bon pied pour enfin conclure.

Une minute après, Danny Sidibe remplaça Frédérik Vanderbiest et on en resta là.

Que dire après ce match où on a sukkelé à qui mieux mieux pendant 80 minutes ?
Ben, qu'on a les trois points !!
Et qu'il ne faut jamais, jamais, jamais arrêter de pousser quand ça ne va pas tant que le match n'est pas fini.
Manchester a des joueurs d'une autre dimension mais ils furent encore plus pénibles contre le Bayern.

C'est pas une raison pour continuer comme ça, évidemment. On n'aura pas toujours affaire à un mur qui s'effondre comme un château de cartes pour une exclusion.
Les Diables Rouges ont-ils flanché après l'exclusion de Wilmots ?
Il faut être honnête et reconnaître que même si nos joueurs mouillèrent leurs maillots, leur victoire fut chanceuse.
Comme n'arrête d'ailleurs pas de le dire notre entraîneur, il faut encore travailler, notamment la variété du jeu.
Olivier Bilwani avait fait une très belle impression contre le RWDM.
Mais un joueur n'est pas toujours disponible et il faut savoir s'organiser en son absence.
La semaine prochaine, match à Zultse, un promu. Ce sera un beau test (cf. Strombeek qui a mis son webmaster aux anges en allant faire un festival à Maldegem (3-6)).
Suggérons à Joël Crahay qu'il conditionne ses avants en leur rappelant que Skelley Tutu leur avait marqué trois buts il y a deux ans.

Référendum :

Roger HENUSET 10 (au four et au moulin)
Giordano CRISCITO 6
Laurent ZACCARIA 6
Daniel UYTDENHOEF 4
Kiki MARION 2
Lindonjohnson MODESTO 2 (puisque Lindonjohnson semble être son prénom).