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Royale Union Saint-Gilloise

Pierre Vansintjan

 

Union - Tongres 0-1

On n'avait jusqu'ici disputé que trois matches et la rencontre du jour était déjà un match de six points, Tongres, malgré la présence en ses rangs de joueurs chevronnés comme Frédéric Waseige et Harold Deglas, n'ayant glané que deux points et se trouvant quinzième depuis la victoire la veille de Kermt, jusque-là notre compagnon d'infortune continue. En outre notre capitaine, souffrant d'une côte cassée, n'était pas là et son absence s'ajoutait à celles d'Yves Cums et Nicolas Flammini.

C'était donc le moment ou jamais de prouver que l'Union savait réagir dans l'adversité.
De fait, pendant un bon quart d'heure nos gars eurent à coeur de montrer qu'ils étaient motivés et imprimèrent un rythme assez soutenu aux échanges mais en confondant vitesse et précipitation.
Ils développèrent ainsi un football passablement confus, ignorant systématiquement le jeu à ras de terre et n'émouvant pas beaucoup nos adversaires qui, tout au long du match dégagèrent l'impression de courir plus vite que nos gars, comme d'ailleurs presque tous les visiteurs depuis à peu près deux ans, sauf peut-être Termonde.

C'est donc normalement eux qui créèrent la première alerte du match à la 6ème minute.
Une double alerte d'ailleurs.
D'abord Jan Gielen perça sur la droite pour centrer vers Kris Rouvrois dont la reprise fut sauvée en corner par Denis Janssens. Sur le botté de celui-ci le ballon arriva au capitaine éburon Steve Stas sur la droite qui le centra pour Harold Deglas au second piquet dont la tête passa de peu à côté.

L'Union eut le mérite de réagir immédiatement et sur la relance Jean-Paul Ribeiro fut lancé en profondeur mais son tir passa à côté.
Ce fut une phase limpide mais malheureusement la seule de ce premier quart d'heure.
Et à la 15ème minute on eut à nouveau chaud lorsque Laurent Zaccaria intercepta fautivement un adversaire à l'extrême bord du rectangle sur le côté droit de notre défense. Cela lui valut une carte jaune de la part de Mr. Benoît Struis mais le coup franc ne donna heureusement rien.

A la 19ème minute on eut la plus belle action unioniste du match.
Récupérant une balle en défense, Giordano Criscito lança... Laurent Zaccaria sur la droite dont la transversale précise trouva Anthony Lorenzo qui vit son tir sauvé en corner. Sur le botté de celui-ci par Steve Bogaert, Denis Janssens nous gratifia d'une roue de bicyclette heurtant le haut de la latte avant de sortir.
Vraiment dommage pour les cinq joueurs qui avaient participé à cette double action.
Mais en football il faut de la réussite et surtout poursuivre ses efforts quand elle n'est pas en avance aux rendez-vous.

Et l'Union le fit, mais une fois seulement.
Six minutes plus tard une nouvelle montée de Laurent Zaccaria lui permit, après un une-deux avec Jean-Paul Ribeiro, d'obliger le gardien visiteur Stijn Thijs à sauver son envoi en corner.
Steve Bogaert le botta à nouveau et trouva Jean-Paul Ribeiro qui fut un poil trop court pour le reprendre convenablement de la tête.

Et... ce fut tout jusqu'au repos.
L'Union avait-elle déjà vidé ses réservoirs ?
Toujours est-il qu'on ne la vit plus guère à son avantage avant la pause.
Non plus que Tongres pendant un quart d'heure à l'exception d'une reprise trop nonchalante de Harold Deglas sur un centre de la gauche à la 27ème minute.

L'été indien tempérait les ardeurs des deux côtés.
A la 40ème minute Steve Stas décida de réveiller tout le monde en s'infiltrant par la gauche et en adressant coup sur coup deux tirs inquiétants.
Et à la 43ème, sur une phase analogue à celle de la 6ème, une tête tongroise passa juste à côté du piquet.

L'Union eut alors un sursaut et à la suite d'une fine combinaison près du poteau de corner gauche Jean-Luc Walschap adressa un beau centre sur lequel Anthony Lorenzo se montra trop petit.
Noureddine Zaiour reçut encore une carte jaune et Mr. Struys renvoya les joueurs aux vestiaires en ne permettant plus à Tongres de botter un dernier corner.

Plus encore que d'habitude les sentiments étaient mélangés au repos.
Ceux qui avaient vu le match contre Louvain trouvaient que ça allait un tout petit peu mieux.
Mais c'était au prix d'une dépense d'énergie assez forte contre un adversaire qui, lui, ne s'était pas beaucoup dépensé et dégageait une plus forte impression athlétique.
Déjà que l'Union s'était montrée d'une résistance limitée à la durée dans les matches précédents... les augures ne s'annonçaient pas bons pour cette seconde mi-temps.

Voulant contredire les pessimistes (ou bluffer l'adversaire ?), l'Union reprit en force au retour des vestiaires.
A la 47ème minute Jean-Paul Ribeiro conclut au-dessus une attaque encourageante avec Zekrija Poturovic.
Ce dernier était entré dans l'équipe en cours de partie durant la bérézina namuroise dimanche dernier et se montra déjà très remuant en première mi-temps.
On eut encore l'occasion de le voir à deux reprises coup sur coup juste après cette action.
A la 50ème minute il fut lancé sur la gauche en déjouant habilement le piège du hors-jeu (qui avait jusque-là très bien marché pour la défense visiteuse) et son tir fut sauvé en corner.
A la 51ème, cette fois sur la droite, il profita d'une récupération un peu chanceuse du ballon et tira sur le gardien.

Aurait-il converti une des deux occasions que le match aurait vraisemblablement basculé. Il n'en fut malheureusement rien et ce fut plus dû à la défense de Tongres qu'à un manque d'adresse de sa part tant cela se déroula vite.
Un peu intimidé par cette flambée unioniste Tongres resta dans son camp pendant tout ce quatrième quart d'heure.
On crut qu'il pliait mais il laissa en fait sagement passer l'orage.

La réussite nous tourna définitivement le dos lorsqu'à la 62ème minute Laurent Zaccaria put tirer un coup franc de la gauche. Son tir fut superbe et... superbement capté en vol plané par Stijn Thijs au premier piquet.
Deux minutes plus tard Tongres plaça un contre à point nommé en lançant limpidement sur le flanc droit Kris Rouvrois qui déboula comme un pur sang pour adresser un centre que Christophe Sauveur reprit de volée en crucifiant à bout portant Thierry Coppens (0-1).
Oui, vous avez bien lu, Thierry "jouait avec" et ce sera la seule fois que vous lirez son nom dans ce compte rendu tant il fut peu sollicité par les avants visiteurs.
Et même Toldo aurait encaissé ce but.

Il restait 26 minutes à jouer et tout était encore possible mais on sentit assez rapidement que c'en était fini du match.
Après la défaite contre Louvain il y a deux semaines notre entraîneur avait déclaré que nos joueurs tenaient physiquement 65 minutes.
On y était et on put constater que rien ne s'était amélioré sur ce plan depuis lors.
Certes ils tentèrent bien d'égaliser mais avec la même lucidité qu'un boxeur déjà compté deux ou trois fois neuf.
Ce qui accrut l'énervement général et fit même sortir Frédéric Waseige de ses gonds après qu'on lui ait marché sur une main. Lui, au moins, conserva assez de lucidité pour se retenir juste à temps.

On n'eut donc rien mais rien à signaler jusque dans les arrêts de jeu si ce n'est le remplacement du joueur le plus remuant jusque-là, à savoir Zekrija Poturovic, par Soufiane Chairi à la 69ème minute, et celui de Jean-Luc Walschap par Walter De Geyndt à la 74ème. Et on eut presque "l'effet Kezman". Après une minute à peine Soufiane héritait d'une carte jaune.
Et il se vérifia une fois de plus que des joueurs frais entrant dans une équipe qui ne marche pas (ou plus) n'y apportent strictement rien.

Il y eut des changements à Tongres aussi, ce qui nous donna quelques dizaines de secondes de Scottish time (de temps additionnel dit-on outre-Quiévrain).
A force de voir au marquoir ce 90.00 qui ne bougeait plus nos gars se persuadèrent enfin qu'un éventuel 0-2 n'était pas plus catastrophique que 0-1 et montèrent en masse pour un corner de la droite (sortant donc) de Steve Bogaert.
Il y avait un monde fou dans le petit rectangle et en final Jean-Paul Ribeiro envoya faiblement le ballon à côté.

Et voilà. C'était fini et ça faisait zéro sur douze !
En lisant les soi-disants "faits saillants" du match tel que je vous les relate on pourrait encore croire que l'Union a quand même fait quelque chose.
Mais comment vous décrire non pas ses faits non saillants mais son absence de faits ?

A part la phase de la 19ème minute l'Union ne donna jamais l'impression de pouvoir développer une offensive.
A plus d'une reprise Laurent Zaccaria sortit intelligemment le ballon de la défense pour ensuite ne trouver aucun relais à qui le transmettre de manière à prolonger rationnellement son action.
D'où des envois aériens ou semi-aériens vers des kamikazes aux démarrages de diesel, régulièrement marqués par les défenseurs adverses en surnombre quand ils n'avaient pas déjà anticipé sur la balle.
Du kick and rush mais sans avoir les avants qu'il faut pour cela.
Au reste, pour mémoire, depuis 1953 la bande à Puskas a remisé le kick and rush aux archives des théories de football.

N'ayant pu, pour raisons familiales, assister au match contre Louvain, je n'ai pris connaissance des deux premières Buttes que hier.
Le contraste entre les déclarations d'intention et les pronostics sur la place finale de l'Union de la part des différents rédacteurs occasionnels (mais bien introduits dans la maison) et la réalité n'est pas risible mais consternant.
On désire éviter désormais les engagements de joueurs aux exigences financières jugées exagérées par rapport à leur rendement et lancer dans le bain des jeunes encadrés par des joueurs expérimentés d'un esprit sain pour guider leurs premiers pas.
Ce désir, en soi, est inattaquable.
Mais ce qu'on voit sur le terrain fait se demander s'il ne relève pas de l'utopie ou si, pire encore, le niveau d'enseignement du football n'a pas dédringolé de façon abyssale en Belgique.

Est-il possible que des jeunes issus d'une école de football n'aient jamais entendu parler de jeu collectif, de football de mouvement, de soutien à un partenaire, de démarquage, d'appel de balle, de une-deux, de passe en un temps, de jeu à ras de terre, de tir au but cadré, de positionnement hors-jeu, de repositionnement en cas de récupération du ballon par l'adversaire ?
Si c'était le cas on pourrait se demander de quoi on parle dans ces écoles.
Et même alors, serait-il concevable qu'un jeune voulant faire du football son métier (à temps plein ou non) ne regarde jamais un match international ou de division 1 à la TV ? Qu'il n'ait pas observé la démonstration de football des Roumains contre les Anglais ou, plus proche de nous dans tous les sens du terme, celle de Bruges au Standard ?

Arie Haan se posait des questions analogues sur ses joueurs après le Titanic campinois il y a deux ans et bien sûr que non, ce n'était pas possible ni pour eux ni pour nos jeunes pousses.
Il faut réagir et tous ensemble et surtout sans tarder.
L'an dernier Tournai et Schoten étaient derniers de la première tranche avec sept malheureux petits points. Ils s'en sont quand même sortis en se retroussant les manches. Et aussi en se renforçant (à Tournai, en tout cas).

Au vu du match de hier il n'est guère étonnant qu'on n'ait marqué qu'un seul but en 360 minutes. On se demande vraiment comment on y arriverait dans le contexte actuel.
Et on se demande aussi pourquoi nos adversaires feraient beaucoup d'efforts pour l'emporter puisqu'il suffit d'attendre que le fruit tombe.
Pour le moment on joue comme il y a quatre ans.
On est totalement impuissant devant le but et c'est le plus naturellement du monde qu'on perd sur une accélération adverse. Nos adversaires ne désirent pas venir faire des cartons, ce sont les trois points qui les intéressent.
Et si on ne sait pas marquer quand le score est encore de 0-0, comment y parviendrait-on quand l'adversaire a ouvert la marque et attend tranquillement dans son rectangle
la fin du match ?

Mais il y a quatre ans on était en division 2 et on avait comme circonstance atténuante d'être des montants.
Ce n'est plus le cas cette année.
Et à l'époque la raison principale de nos faibles résultats était l'absence d'un meneur de jeu combinée à l'affaiblissement de l'attaque pour départ et blessure.
Absence qui fut un moment palliée par l'engagement d'un nouveau meneur de jeu, hélas trop âgé pour résister longtemps. Mais le principe de l'engagement (à défaut de cet engagement-là) était bon.
Dans les circonstances actuelles un engagement de ce genre ne serait pas un luxe et certainement bien plus utile que changer d'entraîneur.
Un nouvel entraîneur ne saurait de toute façon pas trouver un meneur de jeu dans le noyau actuel.
Et, toujours il y a quatre ans, on changea d'entraîneur et ce fut une catastrophe.

Un technocrate pourrait rétorquer qu'il ferait double emploi avec Yves Cums lorsque celui-ci sera guéri et ajouter que l'an dernier on joua la plupart des matches sans lui. C'est oublier un peu vite que nous disposions alors comme solution de rechange de joueurs dotés d'une certaine polyvalence qui ne sont plus là maintenant.
Au reste deux médians organisateurs savent très bien cohabiter dans une équipe et s'organiser en conséquence. C'est une question d'intelligence, une qualité inhérente à ce type de joueur. Zidane n'est pas seul en équipe de France.

La parole est donc, comme toujours, à la direction.
Si on veut poursuivre en promotion (une fameuse contre-publicité électorale, soit dit en passant) l'exemple des jeunes dans une équipe sans milieu de jeu (n'oublions pas qu'Yves est un médian offensif; il manque un défensif aussi), qu'on le dise.
Et qu'on ne s'étonne pas de trouver encore moins de spectateurs et surtout moins de sponsors.
Et qu'on n'oublie pas non plus qu'une équipe de promotion attirera encore moins de jeunes potentiellement doués.


Referendum :

BOGAERT, Steve ................ 5
CAPOUET, Thierry .............. 6
CHAIRI, Soufiane .............. 4
COPPENS, Thierry .............. 6
CRISCITO, Giordano ............ 6
DE GEYNDT, Walter ............. 4
JANSSENS, Denis ............... 6
LORENZO, Anthony .............. 5
POTUROVIC, Zekrija ............ 7
RIBEIRO, Jean-Paul ............ 6
WALSCHAP, Jean-Luc ............ 5
ZACCARIA, Laurent ............. 8
ZAIOUR, Noureddine ............ 6


Classement (pour ce qui concerne l'Union) :

10. Sprimont .................. 5
Tongres ................... 5
12. Diest ..................... 4
Olympic ................... 4
Overpelt .................. 4
15. Kermt ..................... 3
16. Union ..................... 0

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