Situation des Saguenéens

Walker trouve les propriétaires privilégiés

Par Serge Emond

 

Chicoutimi (SE) -  Lorsqu'il regarde ce qui se passe présentement du côté des Saguenéens de Chicoutimi et qu'il constate que le litige avec les dirigeants municipaux s'éternise, Dan Walker ne peut cacher une grande tristesse.

L'équipe de hockey junior majeur qui évolue à Chicoutimi, c'est son bébé.  Il ne veut surtout pas la voir disparaître ou déménager.  Il est aussi toujours convaincu que les Saguenéens peuvent bien vivre.  Surtout avec les conditions accordées par la ville maintenant.

"Je sais que la situation a changé mais, avec les concessions, je prendrais le club demain matin.  Il est possible de faire de l'argent avec.  J'en suis convaincu", lance Dan Walker.

"Ce qui se passe esst triste et malheureux.  Il faut s'entendre.  Les gens de Chicoutimi sont fiers.  Ils ne laisseront pas l'équipe quitter Chicoutimi.   Je suis certain qu'ils vont tout  faire en sorte pour que ca se règle.   Les deux côtés ont trop à perdre là-dedans.  Il faut que ca se règle.

"Quand tu mêles la politique et le sport, c'est toujours le sport qui est   perdant.  Il ne faut pas oublier que ce sont les sportifs qui payent.  Je pense que les gens concernés ont assez de fierté pour trouver une solution.  Tiens, j'ai une idée de solution.  Pourquoi la ville ne loue-t-elle pas le centre Vézina aux Saguenéens pour 1$?  Qu'on tente le coup une année!  On verra bien si ca fonctionne.  Qu'on loue le centre Vézina aux Saguenéens.  La ville restera propriétaire mais les Saguenéens seront responsables de tout".

"On a ri de moi"

Dan Walker est bien placé pour parler des Saguenéens de Chicoutimi.  Ce sont ses démarches qui ont mené à l'arrivée d'une équipe au Saguenay en 1973.

"J'avais les Saguenéens junior B à l'époque, rappelle-t-il.  Nous avions bouclé l'année avec un surplus de 42 000$.  Nous (trois actionnaires) avions gardé 3 000$.  Tout le reste était allé aux joueurs.  Nous leur avions fait une fête.  Nous avions acheté des vestons.  On leur avait payé deux voyages aux Expos.

"En février ou mars 1973, j'ai dit à la ville que j'irais chercher une concession dans la Ligue junior majeur.  On a ri de moi.  En septembre, elle était sur la glace.  Dans le temps, une concession coûtait 2 500$.  Quand on a fait notre demande, la Ligue exigeait 25 000$.  Quand j'ai demandé pourquoi, on m'a répondu qu'ils voulaient augmenter la valeur des équipes.  J'ai trouvé que ca avait du sens et j'ai accepté.  Il avait raison.  Aujourd'hui, une concession vaut 500 000$ ou 600 000$".

A son retour à Chicoutimi, Dan Walker s'est lancé à la recherche d'actionnaires.   En deux semaines, il a obtenu le support de 50 personnes et trouvé 100 000$.   Roland Hébert, Georges Quenneville, Cyr Blackburn, Gilles Tremblay, Jules Bouchard, André Lajoie et bien d'autres ont rapidement donné leur accord.

Jamais donné de billets

"Je suis resté trois ans et demi, poursuit Dan Walker.  Il y avait 250 000$ ou plus en banque quand nous avons quitté.  On ne s'est jamais payé de ristourne.   Nous avons laissé l'argent dans les coffres.  On le faisait pour le sport, pour la population et évidemment un peu pour nous.  Il y a une chose.  Nous ne donnions jamais de billets.  Quand on en donnait, ils avaient été pays par un commanditaire.  Au prix que ca coûte, tu ne donnes pas le hockey.  Les gens vont accepter de payer si tu donnes un bon spectacle.  Le hocley de la Ligue junior majeur est un excellent spectacle.  Quand tu donnes les billets, tu enlèves de la valeur à ton spectacle.

"Je sais que nous n'avions pas la Ligue nationale à la télévision tous les soirs, que les conditions étaient différentes et que les équipes voyagent beaucoup plus maintenant.  Nous avions quand même un budget d'opération de 500 000$ et on sortait de l'argent".

Second séjour

Dan Walker a fait un second séjour avec les Saguenéens.  Il a refait surface dans les années 80 quand des gens comme Daniel Bédard, Jean-Marc Couture, Michel Boivin, Gratien Maltais et Germain Munger sont entrés en scène.

"Quand nous sommes arrivés, l'équipe était dans le rouge de 185 000$, souligne-t-il.  En respectant notre budget, nous avons payé ce déficit et fait 57 000$."

Ce deuxième séjour n'a duré qu'un an.  L'équipe est restée entre les mains de particuliers pendant encore quelques saisons.  Sa situation financière s'est détériorée et la Corporation de développement économique de Chicoutimi (CEDC) a finalement pris la relève.  Inutile de rappeler que la ville a perdu beaucoup d'argent dans l'aventure...

"Je reste convaincu que les Saguenéens peuvent encore très bien vivre, répète Dan Walker.  Les propriétaires actuels font du hockey dans des conditions que nous n'avons jamais eues.  Tout ce qu'on avait, c'était 20 sous pour chaque bière vendue.  On payait pour tout.  Aujourd'hui, ils ont tout.  Les gens doivent trouver une solution à leur problème.  Quand je parle, je n'ai aucune animosité.   J'en ai seulement contre ceux qui ne veulent pas que ca se règle".

 

Progrès-Dimanche, 17 Mars 1996.


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