Départ de Fribourg à 6h50 pour Berne où le Cisalpino nous mènera à Savona près de Gênes. Liaison en car de la compagnie Corsica Ferries entre la gare jusqu'au quai d'embarquement du ferry. Départ à 15h30 et 6h de navigation qui nous donneront un petit avant-goût des croisières Club Med avec des bains de soleil sur des chaises longues, une animation musicale et un souper dans le grand restaurant. Le ferry rapide, lui, ne met que 3h, mais est moins luxueusement aménagé. Nuitée à l'hôtel Bonaparte proche du centre-ville.

Déjeuner à l'hôtel puis départ pour Calvi en train à propulsion diesel, lequel vrombit à chaque départ de station comme un avion au décollage! Parcours pittoresque: tunnels, viaducs, tranchées dans les rochers, vitesse de plus de 90 km/h dans les courbes, de quoi faire pâlir Robert, qui en connaît un bout sur les chemins de fer, arrêt d'urgence imprévu en rase campagne pour cause de vache broutant l'herbe poussant entre les voies qui, par ce fait, vous l'aurez deviné, ne sont plus très droites et donnent le surnom de "tremblotin" à ce train hors du commun qu'il ne faut en aucun cas manquer! A l'Ile-Rousse, peu avant Calvi, le train passe à 20 m au bord de la mer et permet d'admirer de superbes plages de sable que nous aurons l'occasion de tester d'ailleurs durant l'après-midi. Le Club Med je vous disais! Visite de Calvi, de sa citadelle et shopping. En soirée, départ en taxi (négociez bien le prix avant le départ!) pour le "camp de base" du GR20 à Calenzana. Souper au village où nous goûtons notre première soupe corse et le sanglier local qui apporteront, semble-t-il, quelques désagréables surprises intestinales à une partie de l'équipe le lendemain...

Lever à 5h30, départ à 6h30 afin d'affronter cette première étape, un gros morceau avec 1300m de dénivellé et une plus forte chaleur à cause de l'altitude encore basse et un parcours sur des flancs vite ensoleillés. On se rend vite compte que 300m de dénivellé par heure avec 15 kg sur le dos, c'est plus dur qu'avec les 3-4 kg habituels! On reconnaît les habitués des semaines itinérantes au volume et au poids réduits de leur sac...Quelques passages de varappe facile annoncent clairement la couleur à ceux qui s'aventureraient témérairement sur le GR20. Stéphane et Jean-François, 2 français de Dunkerke, partis plus tard le matin, arrivent complètement déshydratés en fin d'après-midi car il n'y a pas de point d'eau intermédiaire. On ne les y reprendra plus les jours suivants! Nous faisons connaissance avec M. et Mme "Spaghettis" qui apprécient les restes de pâtes et de soupe de la cuisine de notre petite "communauté", victuailles principalement concentrées dans le sac mammouth du sherpa du groupe: Marc...

Ma 17.8.99 étape 2 refuge Ortu di Piobbu 1570m - refuge de Carozzu 1270m

Comme tout le monde a compris qu'il fallait partir tôt le matin pour éviter la grosse chaleur, c'est un peu la cohue dans la cuisine et devant la source pour ceux qui s'y prennent au dernier moment pour faire le plein d'eau! Passage au col d'Avortoli 1898m avant une longue descente dans des pierriers jusqu'au prochain refuge, où nous attendent petite restauration et douche bucolique dans les arbres...les feuilles faisant office de paroi...

Me 18.8.99 étape 3 refuge de Carozzu 1270m - hôtel d'Asco Stagnu 1422m

5h30, 40 personnes qui se lèvent simultanément dans le dortoir: pas triste de retrouver ses affaires. Traversée d'une passerelle suspendue impressionnante peu après le refuge avant des passages rocheux assez techniques. Depuis le col Bocca Stagni, on prend l'itinéraire de l'ancien GR20 qui offre un superbe passage par les crêtes et évite une descente très raide sur Asco Stagno, ancienne station de ski où l'on peut loger au refuge ou à l'hôtel "Le Chalet". Nicolas se fait un devoir de venir en aide à 2 sympathiques anglaises, Penny et Natalie, dans les passages délicats... Robert recevra malencontreusement une pierre sur le pied, ce qui lui fera une nuit douter de la possibilité de poursuivre mais il tiendra bon grâce à l'appui de 2 bâtons télescopiques de Marc et Gisèle. Souper corse au restaurant: soupe, pâtes, ragoût, salade, fromage ou fruit. Nous pouvons admirer le plus haut sommet de Corse qui culmine à 2706m en dessus d'Asco: le Monte Cinto, mais son ascension ne présente pas grand intérêt.

Je 19.8.99 étape 4 hôtel d'Asco Stagnu 1422m - bergeries de Ballone 1440m

Aujourd'hui le plat de résistance du GR20 est au menu: le cirque de la Solitude. C'est la partie la plus difficile du GR20 avec des parois rocheuses très raides équipées en partie de chaînes dans un vallon isolé où un randonneur sensible au vertige ou pas habitué à de la varappe facile (I-II) risque de devoir abandonner. Nous choisissons de poursuivre jusqu'aux Bergeries de Ballone, 30 min. et 200m plus bas après le refuge de Tighjettu car une petite restauration y est offerte. Par contre l'hébergement est plus précaire sous une tente militaire n'offrant que 14 places.

Ve 20.8.99 étape 5 bergeries de Ballone 1440m - hôtel Castel di Vergio 1404m

Jolie traversée de forêts de pins, en partie foudroyés avant des gradins rocheux qui nous amènent au col de Foggiale au pied du majestueux sommet Paglia Orba à 2525m et de la montagne trouée (trou de Tufanatu), le Capu Tufanatu à 2335m. L'étape étant longue et quelques gouttes de pluie menaçant d'annoncer un orage, nous ne passons pas par le refuge Ciottulu di i Mori et gagnons hors GR les bergeries de Tula Balalina où nous verrons des centaines de moutons avant une pause aux abords d'une piscine naturelle sous des pins: la cascade d'E Radule. Tout le monde se réjouit de prendre une douche chaude à l'Hôtel Castel di Vergio (dortoirs servant de refuge en sous-sol) mais ô surprise, il y a une panne de courant depuis le matin et donc plus d'eau chaude et c'est sous une eau glacée (encore plus froide que dans les refuges munis pour certains de capteurs solaires!) et avec des lampes frontales qu'on appréciera le confort limité de cet hôtel (car toutes les chambres ne sont pas pourvues de balcon...). Petit ravitaillement alimentaire à l'hôtel, qui est aussi une station de ski en hiver. On profitera de ravitailler le groupe en pansements grâce à une navette en voiture jusqu'au prochain village Albertacce: merci aux 2 touristes allemands qui ont ainsi "sauvé" le GR à ceux qui avaient épuisé leurs stocks de "Compeed", malgré la réserve de Marianne, notre infirmière très sollicitée!

Sa 21.8.99 étape 6 hôtel Castel di Vergio 1404m - refuge de Manganu 1601m

Le sentier le plus facile rencontré jusqu'ici, en grande partie en forêt, et pause aux abords du lac de Nino entouré de formations végétales particulières appelées "pozzines". Nous dégusterons du fromage de chèvre sur fond de chants corses de joyeux bergers aux bergeries de Vaccaghia. Le refuge de Manganu est le plus chic rencontré jusqu'ici avec 2 douches, 2 WC, 6 réchauds dans un grand réfectoire, un dortoir de 26 places et la vente de boissons fraîches. Et quelle agréable surprise de voir Marc sortir de son sac un cake qu'il offre à toute la communauté. Il est d'autant plus apprécié que chacun sait les souffrances endurées pour chaque gramme porté! Certains optent pour une autre technique: laisser un objet en souvenir dans chaque refuge pour s'alléger (n'est-ce pas Robert?)

Di 22.8.99 étape 7 refuge de Manganu 1601m - refuge de Petra Piana 1842m

Le sentier redevient plus technique avec le passage de la brèche de Capitello à 2225m, point culminant du GR20, dominant les lacs de Capitello et Melo. Le refuge de Petra Piana, très petit, est dédié à la mémoire de Michel Fabrikant, le créateur de ce sentier de grande randonnée réputé le plus difficile d'Europe traversant le parc naturel régional de la Corse entre Calenzana et Conca sur plus de 200 km et près de 10'000m de dénivellé, inauguré en 1972, et qui attire un nombre croissant de randonneurs (8'000 environ de juin à septembre 1998 mais dont près de la moitié abandonnent en cours de route). Jean-François, Penny et Marc auront encore l'énergie pour gravir le superbe sommet du Monte Ritondu à 2622m, 2^e plus haut sommet de Corse mais le premier en ce qui concerne la beauté du panorama. Ils ressentiront cependant les jours suivants le prix à payer pour ce "supplément": de fortes douleurs musculaires!

Lu 23.8.99 étape 8 refuge de Petra Piana 1842m - refuge de l'Onda 1430m

On opte ici pour la variante passant par l'ancien GR20, itinéraire plus alpin légèrement plus court mais présentant moins de dénivellé, qui passe par les crêtes au lieu de la passerelle sur le Manganellu. C'est donc très tôt, à 12h, que nous arrivons au refuge de l'Onda qui présente la particularité de se trouver 200m au-dessus du terrain de camping qui est clôturé à cause des attaques des cochons "domestiques en liberté" qui peuvent s'avérer de vrais "sauvages" lorsqu'ils sentent de la nourriture dans des sacs. Un couple de français, Nicole et Frédéric, en ayant fait l'amère expérience! Nous goûtons au fromage de brebis de la bergerie près du camping, qui vend également du pain, du vin et de la charcuterie.

Ma 24.8.99 étape 9 refuge de l'Onda 1430m - hôtel Laricci de Vizzavona 920m

La dernière étape de la partie Nord du GR20 nécessite encore une rude montée (Gisèle apprécie tout particulièrement de savoir que c'est la toute dernière :-)) avant une descente de 1100m cheminant pendant plus d'une heure le long de multiples cascades - dites des Anglais - et vasques où les amateurs de baignade s'en donnent à coeur joie. Le paparazzi du groupe, sans doute troublé par des naïades anglaises, faillit même se perdre dans les bras...multiples du torrent. Après une dégustation de charcuterie locale (coppa et lonzo) offerte par Roger sur la terrasse de l'hôtel, un souper sans pâtes, (incroyable mais vrai!), nous quittons les autres sympathiques randonneurs avec qui nous avons cheminé et dont seule une petite partie va poursuivre sur la partie Sud, nécessitant encore 6 étapes. Pour certains d'entre-nous, ce sera peut-être l'objet d'un voyage futur qui nous permettra de découvrir le Sud de la Corse.

Départ en train à 8h11 avec arrêt à Corte. Visite de cette ancienne cité aux maisons typiques rappelant plus l'Italie que la France, en particulier la citadelle dominant la cité ainsi que le musée ethnographique, hélas relativement peu garni. Puis reprise du "tremblotin" en fin d'après-midi pour rejoindre l'hôtel Bonaparte à Bastia où nous avions laissé quelques habits de rechange.

Première grasse matinée des vacances(!), petit déjeuner copieux puis visite de la ville: églises, citadelle, musée de la Corse en miniature valant le détour, vieux port, shopping, souvenirs et chasse à une fameuse carte postale humoristique représentant un randonneur sur les rotules à la fin du GR20...

Circuit en car de 150 km pour découvrir le "Cap Corse", la pointe à l'extrême Nord du pays. Petites routes bordées de falaises vertigineuses, servant malheureusement aussi de décharges sauvages pour des carcasses de voitures, charmants petits villages comme la station balnéaire de St-Florent. Le soir, menu copieux dans l'un des multiples restaurants bordant la mer aux alentours du port, si multiples que le choix en devient difficile! L'on apprendra plus tard que ceux qui ne buvaient pas ou avaient moins d'appétit seront mangés à la même sauce que les autres, ce qui n'a pas eu l'heur de plaire à tout un chacun...

Un dernier coup d'oeil sur les montagnes majestueuses de Corse depuis le pont du ferry qui nous ramène à Savona avec l'intégrale de "Rulio Essuie-glaces" comme animation musicale dont bénéficient les passagers avachis dans les fauteuils du salon avant le dîner au restaurant self-service agrémenté à nouveau d'un cake surprise offert par Marc et Gisèle...et c'est avec le dernier train arrivant à minuit 15 à Fribourg que ces 15 jours prennent fin. Merci à notre chef Roger qui nous a permis de découvrir le GR20 et ces merveilleux paysages de Corse ainsi que le caractère "surprenant" de certaines personnes, de la part de Doris, Robert, Marianne, Marc, Gisèle et Nicolas.

NS / r_gr20n.htm / 22.9.99