Élaboration dune Politique institutionnelle dévaluation des programmes détudes:
des balises à trouver ensemble (octobre 1995)
par
Marcel Côté, conseiller pédagogique au Campus Notre-Dame-de-Foy
Luc Desautels, conseiller pédagogique au Collège de lAssomption
Jean-Pierre Gaudreau, conseiller pédagogique au Collège Jean-de-Brébeuf
Jacques Lachance, conseiller pédagogique au Collège Mérici
Bruno Poëllhuber, conseiller pédagogique au Collège Laflèche
Comme chacun le sait, larticle 24 du nouveau Règlement sur le régime des études collégiales oblige chaque collège à adopter, "après consultation de la Commission des études, une politique institutionnelle dévaluation relative aux programmes et sassure de son application". Le 20 décembre 1994, le ministre de lÉducation annonçait la mise en vigueur de cet article dès lautomne 1996 et une décision ministérielle datée du 31 aôut 1995 réitérait cette échéance.
De son côté, la Commission dévaluation de lenseignement collégial avait déjà fait parvenir dans les collèges, en novembre 1994, le cadre de référence quelle entend utiliser en matière dévaluation des politiques dévaluation des programmes détudes. Ce document, à situer dans le prolongement des opérations dévaluation de programmes commandées par la Commission et des textes qui les guidaient, présente, aux dires du président de la Commission, "des énoncés assez généraux en insistant sur les conditions et caractéristiques susceptibles de rendre efficaces les évaluations de programme, et sur les composantes essentielles dune politique en ce domaine". Pour les collèges, il sagit là du document clé puisque cest à partir des critères quil annonce que seront posés ( et rendus publics) les jugements de la Commission sur leur P.I.E.P.
Cest ainsi que la table était mise pour les responsables de ce dossier dans les différents collèges du Québec! Comme nous avions pris lhabitude déchanger sur les dossiers qui nous étaient communs, les cinq signataires ont résolu de joindre leurs ressources pour sapproprier le sujet. Trois objectifs étaient visés au point de départ: 1) bien saisir les exigences de la Commission; 2) prendre du recul par rapport à celles-ci; 3) créer un canevas commun qui permettrait à la fois de répondre aux exigences de la Commission et de satisfaire notre désir de mener les évaluations de programme dans une perspective danimation et de développement pédagogiques favorisant des évaluations réalistes, efficientes et aboutissant à des résultats pratiques pour les enseignants et les étudiants. Et puisque le secrétariat général de lAssociation des collèges privés du Québec cherchait au même moment des personnes-ressources afin de déblayer le terrain des P.I.E.P. au profit de tous les collèges membres, le travail produit conjointement par les cinq conseillers pédagogiques a pu servir à lensemble.
Lexpérience du réseau des établissements denseignement collégial dans le domaine de lévaluation formelle des programmes détudes et dans le domaine de lélaboration dune politique à ce sujet, est limitée. À notre connaissance, certains collèges publics sont expérimentés en matière de révision de programmes, mais ce nest pas le cas de la majorité des collèges. Cela sexplique en bonne partie par le fait que jusquà maintenant, cest lÉtat qui, ayant planifié et élaboré les programmes détudes, procédait à leur évaluation et à leur révision. Pourtant, la mise en oeuvre locale de ces programmes dÉtat faisait lobjet de nombreux actes dévaluation et de regard critique dans chacun de nos établissements, privés ou publics: par exemple, lexamen périodique des statistiques portant sur le taux de réussite et de diplomation des étudiants, le travail régulier des équipes denseignants sur le contenu et larrimage des cours, les bilans annuels des différents groupes de travail. Ces diverses actions(peut-être insuffisantes) nétaient pas rassemblées et liées dans un texte de politique formelle. Cest à cette tâche de cohérence et denrichissement que nous convie lélaboration dune P.I.E.P.: cest une démarche opportune, nous semble-t-il, quil faut entreprendre avec ouverture desprit,mais sans formalisation excessive, dans le but daméliorer la qualité de la formation offerte aux étudiants.
Pour mener à bien ce travail, sil ne faut évidemment pas perdre de vue les exigences de la C.E.E.C. (en vertu desquelles chaque politique sera publiquement jugée), il est utile de reconnaître les courants théoriques dont elles proviennent ainsi que de tenir compte de lexpérience des premières opérations dévaluation de programmes collégiaux quelles ont guidées. Le premier aspect est intéressant parce quil permet de constater les choix qui ont été faits et imposés par la C.E.E.C., leurs justifications et les solutions de remplacement dans ce domaine: au besoin, chaque collège pourra mieux argumenter la position quil prendra dans sa propre politique. Les leçons des évaluations déjà menées en informatique et en éducation en services de garde, de même que lexpérience actuelle en sciences humaines, serviront à mieux équilibrer (voire modérer) les divers éléments de léventuelle P.I.E.P. en fonction des coûts de toute espèce quengendre son application. Le défi qui nous est lancé consiste à identifier les indicateurs les plus révélateurs de la qualité dun programme détudes et à instaurer, à partir deux, les pratiques évaluatives les plus simples et néanmoins les plus riches de retombées positives pour les étudiants inscrits dans les programmes.
Voilà donc les grands paramètres qui ont guidé le travail commun. Suite à un atelier de formation et déchanges sur lévaluation de programmes et à deux jours de travail intensif sur la P.I.E.P., les signataires se sont entendus sur les éléments suivants:
- un lexique des termes les plus utiles;
- un tableau synoptique qui, comme le montre lexemple ci-joint, reprend les exigences et les suggestions de la C.E.E.C. mais qui indique aussi les éléments que le groupe de travail a jugés incontournables aux yeux de la C.E.E.C. ainsi que les autres choix possibles (les deux types déléments ne sexcluant dailleurs pas nécessairement);
- une série dexemples darticles de P.I.E.P., dont les deux ci-joints, rédigés à partir des informations du tableau.
Cette démarche et ces instruments ont servi à lanimation dune journée détudes sur les PIEP qui sest tenue en octobre 1995 et à laquelle ont participé des représentants de seize collèges membres de lAssociation des collèges privés du Québec. Les commentaires positifs recueillis suite à cette activité nous ont encouragé à faire connaître cette démarche et ces outils, pour fins de discussion et damélioration.
Actuellement, le groupe de travail envisage de poursuivre la collaboration inter-institutionelle en examinant de façon critique les premières ébauches de P.I.E.P. des collèges participants; il projette aussi de discuter et de comparer les positions quant à lidentification des indicateurs les plus signifiants, et les plus efficients possibles de létat dun programme détudes; enfin, le groupe a lintention dexaminer lopportunité de construire des instruments communs se rapportant aux indicateurs retenus ( par exemple: une banque ditems en vue de lélaboration des questionnaires sadressant aux étudiants ou aux employeurs, une grille danalyse de la cohérence des activités dapprentisages, un outil informatique dextraction des cheminements scolaires) . Cest ainsi que nous souhaitons, dici la fin du printemps et après tout un processus de consultation et dappropriation dans nos milieux, contribuer de façon active à lélaboration de Politiques institutionnelles dévaluation des programmes détudes qui répondent aux règles de lart, qui sadaptent au contexte particulier de chacun de nos collèges et qui favoriseront lamélioration des programmes détudes auxquels sont inscrits les étudiants.