COMMUNIQUE DE PRESSE
Paris, le 4 mai 1998
Réf. MA/n° 070
17 octobre 1961
un rapport ministériel tendancieux
Par l'intermédiaire du journal Le Figaro ont été rendues publiques ce jour les conclusions du rapport de mission dirigé par Dieudonné Mandelkern, Conseiller d'Etat, sur les répressions qui frappèrent les Algériens de Paris et sa banlieue du 17 au 20 octobre 1961.
Le MRAP accueille avec une extrême réserve les conclusions de ce rapport, pour deux raisons majeures :
1) Il y a en la circonstance un détournement de mission. Son objet était de recenser les archives afférentes de la Préfecture de Police de Paris, afin d'en permettre l'accès aux historiens, non de donner une nouvelle version officielle des faits.
2) Le bilan donné des exactions policières minore les décès d'Algériens en le situant " au niveau des dizaines ". Il s'appuie pour ce faire sur des archives partielles et partiales, qui ne sauraient à elles seules déterminer la vérité historique.
Aussi le MRAP réitère-t-il avec force les exigences énoncées à l'occasion de la création du Comité pour la vérité sur le 17 octobre 1961, soutenu par de nombreux historiens :
- Intervenir contre toute interdiction, limite ou falsification apportées aux archives et à leur consultation, de la part des institutions détentrices ;
- Favoriser la constitution d'un inventaire exhaustif des archives afférentes, en vue de faciliter le travail des historiens.
Il demande donc l'accès non-limitatif aux archives recensées dans ce rapport, ainsi que l'inventaire des archives du Ministère de l'Intérieur et des autres administrations concernées de près ou de loin par ces événements.
C'est au prix de cette transparence que la France pourra reconnaître cette liberté démocratique fondamentale qu'est l'accès aux archives.
C' est à ce prix que les victimes de cette ratonnade orchestrée par Maurice PAPON ne passeront pas dans les oubliettes de l'Histoire.
COMMUNIQUE
REF. M.A. n° 071
PROCES DE L'ASSASSINAT DE BRAHIM BOUARRAM : POUR UNE CONDAMNATION EXEMPLAIRE
Il y a trois ans, le 1er mai 1995, Brahim Bouarram trouvait la mort par noyade après avoir été poussé dans la Seine par un groupe de skinheads venus participer à la manifestation du Front National.
Quatre individus, dont les idéologies racistes et xénophobes ont été dévoilées lors de l'instruction, comparaîtront demain devant la Cour d'assises de Paris. L'un pour présomption d'assassinat, les trois autres pour non assistance à personne en péril.
Le MRAP, représenté par Maître Stéphane Meyer, attend de ce procès une condamnation exemplaire et que le caractère raciste de ce crime soit reconnu comme tel.
Le MRAP attend également de ce procès qu'il mette en alerte et en éveil tous ceux qui n'ont pas encore conscience des dangers que représente l'insinuation dans les esprits des idées racistes et xénophobes véhiculées par des partis, tels que le Front National, qui porte en la circonstance une responsabilité morale.
Paris, le 6 mai 1998