Frédéric Fradette
Sylvain Patoine
 
 
Question 2 : Bioéthique

 
 
 

Créer une problématique qui aide à mieux comprendre la question des récentes découvertes et prétentions biologiques et se prononcer personnellement.

 

 

Au cours du 20e siècle, plusieurs découvertes ont fait évoluer les différents champs scientifiques. La biologie est une des sciences qui connaît un essor fulgurant au cours des dernières années, surtout en ce qui concerne la génétique. Les progrès de la génétique sont rendus tellement loin qu’il faut nous questionner sur nos droits à modifier la nature. C’est pourquoi la bioéthique est apparue vers 1970 afin de mettre en cause l’évolution des découvertes biomédicales. Elle permet d’interpréter les tensions entre les améliorations techniques et leurs valeurs morales. Elle met un frein à ceux qui seraient très tentés de ne pas respecter l’éthique afin d’"améliorer" la condition humaine. Imaginez des tomates qui ne pourrissent jamais, de belles brebis uniformes, la création de nouvelles bactéries, la carte du génome humain. Le potentiel du génie génétique est gigantesque. L’homme devient capable de modifier en profondeur son environnement et, bientôt, son propre organisme par des techniques comme le clonage, l’insémination artificielle, les manipulations du code génétique. Les conséquences directes de l’utilisation de ces techniques peuvent s’avérer positives à première vue mais comportent souvent des éléments négatifs que la bioéthique a pour but de dénoncer. Ces conséquences peuvent être synonymes de progrès technologique ou d’hypothèque sur les générations futures. Mais l’homme est-il apte à trouver les bonnes réponses aux problèmes fondamentaux soulevés par les manipulations génétiques ?

 

 

Tout d’abord, il y a la question du vieillissement. Des scientifiques ont trouvé le gène du vieillissement chez la drosophyle (mouche commune). Ils ont ainsi réussi à la faire vivre 25 fois plus longtemps qu’elle ne l’aurait dû. Devrait-on appliquer cette pratique à l’homme ? Cela semble très bien et on serait porté à dire oui pour certains. Il faut cependant regarder la question sous différents aspects afin de discerner les avantages et inconvénients d’une telle pratique. Le beau côté de la chose est évidemment de vivre plus longtemps pour ceux qui ont une belle vie et veulent la continuer. Il y a également la NASA qui apprécierait sûrement qu’un astronaute puisse vivre 300 ou 400 ans afin d’explorer plus loin dans le système solaire. La face cachée est cependant très significative de ce que notre population vit en ce moment même : Surpopulation et vieillissement de la population. La population de la planète atteindra 10 milliards d’individus aux environs de 2018, et ce, sans l’intervention de la science. Si nous augmentons la durée de vie de l’être humain, la Terre deviendra vite surpeuplée et les gens vivront dans la misère. Aussi, la population deviendra de plus en plus âgée, laissant moins de ressources aux nouveau-nés, ce qui pourrait nuire au renouvellement de l’espèce. La solution du report du vieillissement et de la mort aurait pour conséquence de changer la façon dont un humain mourra.

 

Ensuite, l’élimination des maladies connues est certainement un des sujets les plus actuels dans le domaine de la biologie. Comme nous entrons dans l’ère de la résistance aux antibiotiques, il faudra d’autres façons pour combattre les virus et les autres maladies. C’est dans cette optique qu’ont été créés les contre-virus. Mais la science veut aller plus loin ; modifier le génome humain afin d’enrayer les maladies héréditaires possibles. Cette façon d’éliminer la maladie est-elle éthique et quelles en sont les conséquences ? Nous pouvons ressortir plusieurs points positifs de l’élimination des maladies. Par exemple, l’élimination de souffrances n’est-elle pas invitante ? Tout le monde est confronté à une maladie un jour ou l’autre. Ne serait-ce pas très bien de garder la santé toute sa vie ou presque ? D’accord, plusieurs souffrances par la maladie seraient évitées, mais quelles seraient les conséquences néfastes ? Sommairement, les mêmes que pour le retard du vieillissement. L’être humain serait donc confronté à la souffrance par la surpopulation et la sous-nutrition plutôt que de souffrir de maladies. D’accord ce n’est pas le même genre de souffrance, mais le mot souffrance serait toujours présent. À quoi sert donc de remplacer la souffrance par la souffrance ?

 

Puis, il y a le fameux clonage. Cette technique consiste à la reproduction parfaite d’un être sexué à l’aide d’une cellule autre que les cellules sexuelles habituelles. Par exemple, dans le cas de Dolly, agnelle née au Royaume-Uni en 1997, ils ont pris le noyau d’une cellule mammaire et l’ont inséré dans une cellule privée de son noyau, pour ensuite inséminer une brebis adulte. La réussite est complète, une agnelle parfaitement identique à sa mère (celle qui a donné le noyau) est née. Restait à savoir si le spécimen obtenu n'était pas infertile, ce qui est chose prouvée, puisque Dolly est enceinte depuis janvier 1998. Cette pratique pose des problèmes éthiques complexes car celle-ci pourrait éventuellement être utilisée chez un autre mammifère, l’homme. Pour certains spécialistes, le clonage humain n’est ni plus ni moins que remplacer le sexe par la photocopieuse. Est-ce moral de reproduire un être humain qui est sensé être unique ? Selon certains, le clonage humain pourrait servir à créer une banque d’organes disponibles pour ceux qui en ont besoin. Peut-on se permettre de tuer des êtres humains, même si ce ne sont que le résultat de manipulations génétiques, dans le but de sauver les " originaux " ? Nous croyons que cette pratique serait complètement immorale. Évidemment, c’est alléchant pour quelqu’un qui a besoin d’un don d’organe, mais accepteriez-vous de vous faire tuer pour quelqu'un que vous ne connaissez même pas ? Comment vous sentiriez-vous si le seul but de votre vie était de vous départir de vos membres afin de les donner à d’autres personnes ? Selon nous, l’être humain ne peut en aucun cas devenir un instrument. Il est une fin et ne saurait être réduit à un moyen seulement.

 

Pour ce qui est du clonage de mammifères autres que l’homme, le problème éthique qui se pose à nous est peut-être moins complexe. Dans le domaine de l’élevage, l’intérêt du clonage ne présente guère de mystère. La nouvelle technique faciliterait non pas la sélection des meilleures têtes de bétail, les plus rentables, mais leur multiplication jusqu’à obtenir des troupeaux de superboeufs, de supermoutons ou encore de superpoulets. Une perspective alléchante à laquelle il faut quand même mettre un bémol : celui d’un appauvrissement de la diversité génétique. Cela pourrait répondre à une plus grande demande nutritionnelle due à une surpopulation de notre planète. Voilà un point positif au clonage sur le plan de l’amélioration de la condition humaine.

 

De plus, la manipulation du génome humain pourrait s’avérer une des plus importantes évolutions dans le domaine scientifique. Imaginez que l’on puisse manipuler le code génétique à souhait. Prenons l’exemple d’un couple qui décide d’avoir un enfant. Un bon matin, ils se présentent à la clinique de leur quartier afin de consulter leur médecin. Celui-ci les installe devant un ordinateur où est installé un programme leur permettant de choisir toutes les caractéristiques physiques de leur futur bambin. Par exemple la couleur des cheveux, des yeux, la grandeur, le poids, les traits du visage, enfin tout. Finis l’obésité, le nanisme, les maladies héréditaires et les difformités physiques diverses. Les parents sont pleinement satisfaits, ils sont certains du sexe et de l’aspect général de leur enfant ; fini l’angoisse des neuf mois d’attente, fini la diversité génétique ! Nous croyons inacceptable cette pratique puisqu’elle modifie ce que la nature a créé. Cependant, nous admettons que c’est très tentant d’avoir recours à cette technique pour favoriser la disparition de maladies diverses. Mais ou serait le contrôle ? Qu’est-ce qui empêcherait quelqu’un qui vient d’enlever le gène de la maladie de Parkinson d’ajouter celui des yeux bleus ou de tout autre caractéristique physique simple ?

 

 

Nous croyons donc que la bioéthique est quelque chose d’essentiel car elle permet de conserver la liberté des choix individuels. Nous croyons que l’être humain ne doit pas prendre un pouvoir qui ne lui a pas été conféré par la nature, car cela pourrait s’avérer néfaste pour l’humanité toute entière. Nous pensons que la science devrait se tourner vers des problèmes de plus grande envergure, comme l’environnement, la malnutrition et la surpopulation de la planète, plutôt que de se concentrer sur la manipulation génétique. La vraie question n’est pas de savoir s’il faut ou non toucher au génome humain, mais si cela va dans le sens de l’éthique. Une unité génétique acquise en éliminant la diversité serait la fin de l’espèce humaine, qui serait remplacé par l’Humain, l’être parfait. Les manipulations génétiques ne pourraient-elles donc pas s’avérer la composante meurtrière de la science ? Le clonage ne serait-il pas une banalisation de ce que la nature crée avec tant de diversité et de beauté ? Sommes-nous assez narcissiques et imbus de nous-mêmes pour manipuler à notre guise les générations futures ? La science ne nous demande-t-elle pas de décider trop rapidement de ce que nous voulons et de ce que nous rejetons ? L’être humain détient-il assez d’informations sur tous les aspects des décisions qu’il aura à prendre dans un avenir rapproché ? Devons nous profiter de notre capacité à contribuer à l’évolution ? L’intelligence ne nous a-t-elle pas été donné pour que nous puissions stimuler l’évolution ? Les conséquences négatives sont-elles vraiment minimes par rapport aux améliorations que connaîtra notre condition de vie ? Les pauvres pourraient-ils profiter des nouvelles techniques ou ce serait un luxe pour la classe riche ? Et même si les aspects connus en ce moment étaient acceptés et gérés de façon parfaite selon ce que nous connaissons, peut-être de nouvelles conséquences auxquelles nous n’avions pas pensé pourraient nous être fatales. Mais la vraie question que l’on doit se poser c’est : Est-ce que tout ce qui est techniquement possible est éthiquement et socialement acceptable?

  
ARGUMENTS POUR

 

 
ARGUMENTS CONTRE
  
  • L’augmentation de la durée de vie serait positive, par exemple pour l’exploration spatiale et ceux qui aiment leur vie.
  
  • Progrès : amélioration de la qualité de vie et des conditions de vie humaines.
  
  • L’élimination des maladies connues, ce qui enlèverait bien des souffrances à l’être humain et qui retarderait encore la mort.
  
  • Le clonage serait particulièrement positive dans l’élevage, et cela pour répondre à la demande toujours croissante de denrées alimentaires à travers le monde.
  
  • Le clonage humain pourrait s’avérer utile pour créer des banques d’organes pour ceux qui ont besoin d’une greffe.
  
  • La manipulation du code génétique pourrait éliminer les maladies héréditaires ou les difformités physiques, cela résulterait en de moins grandes dépenses pour la société.
  
  • Améliorer l’être humain sous tous ses aspects, encore par la manipulation génétique.
  
  • L’augmentation de la durée de vie ainsi que l’élimination des maladies résulteraient en une surpopulation de la planète et à un vieillissement exagéré de la population.
  
  • L’amélioration des conditions de vie actuelles ne serait qu’une hypothèque sur les générations futures.
  
  • Le clonage entraînerait un appauvrissement du patrimoine génétique.
  
  • Le clonage humain représente un problème éthique très complexe, car il s’agit de la reproduction d’un être qui est sensé être unique.
  
  • La création de banques d’organes serait totalement immorale. Car l’être humain n’est pas seulement un objet mais bien un sujet, c’est-à-dire que l’on ne peut se permettre de tuer une copie pour tuer l’original.
  • Il serait très difficile de contrôler les manipulations génétiques, ainsi pourrait disparaître la liberté de choix individuels.
  
  • Les riches seraient favorisés aux dépends des pauvres afin de profiter des améliorations de la technologie.
 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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