98-04-14 Jean-François Deshaies

Éthique, 340-AAC-03

groupe 202

 

 

Bioéthique

 

 

On croyait autrefois que les maladies étaient une œuvre du diable et que seul les curés pouvaient les régler avec l'aide de la main de Dieu. Cependant, avec l'avancement de la science, on se rendit vite compte que ce n'était pas le cas. On découvrit les bactéries et les virus et du même coup, les médicaments et les vaccins. Plus la recherche avança et plus on comprit les phénomènes. On finit par découvrir ce qui est à la base de tout être vivant : l'ADN. En étudiant bien sa constitution, on comprit qu'elle est responsable de toutes les caractéristiques physiques et donc, du même coup, des problèmes physiques. On trouva ensuite, grâce aux études sur des familles, que des maladies étaient conservées de père en fils, qu'elles étaient donc génétiques. Les manipulations génétiques peuvent aujourd'hui régler plusieurs de ces problèmes, mais elles peuvent aussi changer bien d'autres choses : la couleur des yeux, des cheveux, la durée de vie,... Mais jusqu'où pourrons-nous aller ?

 

C'est d'ailleurs en ce sens que travaille la bioéthique. Elle pose les questions d'éthique, de bienséance touchant les bases de la vie en rapport avec les nouvelles découvertes biologiques et ses applications. En utilisant les termes de "brevétabilité du vivant", "droit de procréer" et "consentement" qui évoque la tension entre le développement technoscientifique et l'interrogation éthique, ils mettent en cause les avancées des techniques biomédicales.

 
 
Applications
POUR
CONTRE
Clonage Production d’insuline à partir de bactéries clonées. Reproduction d’individus performants à partir d’un individu possédant les caractéristiques recherchées. (autant humain qu’animal) Élimination de gènes pathogènes. Pertes de gènes, autant pathogènes que sains. Élimination de la diversité. Problèmes moraux causés par la similarité des individus. Perte de l’individualité.
Thérapie génique Guérison et élimination de maladie aujourd’hui incurable (ex. : cancer)  Comme les coûts sont très élevés, seul les riches pourront avoir recours à ces thérapies. Écart riche et pauvre grandissant.
Diagnostic de maladies génétiques Permet de guérir ces maladies avant qu’il ne soit trop tard. Permet l’élimination des gènes pathogènes. Entraîne des problèmes moraux causés par les maladies à "retardement" (ex. : Huntington) et un écartement des malades par la société.
Utilisation d’antibiotiques de plus en plus puissants Destruction de virus Production de virus plus forts par résistance aux antibiotiques
Manipulation génétique sur les végétaux Production augmentée. Résistance aux insectes, aux insecticides, aux pesticides et aux herbicides, ce qui les rend plus résistants. Perte de contrôle face à ces végétaux car ils deviennent résistants à tous nos moyens de destruction. (ex. : herbicide)
Avancement des connaissances du génome humain et du génome animal. Permet de plus en plus d’avancements technologiques et d’applications. Permet de découvrir les différences génétiques entre les différents êtres vivants et entre les différentes races humaines. Grandit le lac des connaissances qui peut être utilisé à n’importe quelle fin (armes biologiques, armes ethniques) Donne aussi des arguments aux racistes et peut amener à une autre tentative de race parfaite à la Hitler.
Insémination artificielle Permet à tous ceux qui ont des problèmes de types sexuels d’avoir des enfants et à ceux qui ont des maladies génétiques, de faire manipuler leurs spermatozoïdes avant d’avoir recours à une insémination artificielle. Élimine toute la beauté des rapports sexuels homme/femme et supprime la nécessité de cette collaboration.
 

Bien sûr, les récentes découvertes de la biologie ont permis beaucoup d’avancement dans les connaissances et les applications technologiques. En fait, elles ont permis la production d’insuline (ou toutes autres protéines) à partir de bactéries clonées et à l’intérieur desquelles on avait changer un gène. Elles ont aussi permis l’insémination artificielle, le clonage (on peut prendre exemple sur Dolly), des traitements pour des maladies, le diagnostic de maladie génétique, de meilleures connaissances du génome humain et du génome animal en général,...

 

Le projet HUGO, partagé entre des chercheurs de partout à travers le monde, cherche d’ailleurs à identifier la composition du génome humain entier, à trouver l’emplacement de chaque gène sur les chromosomes, à trouver quel phénotype chaque génotype contrôle et à étudier aussi le génome des autres animaux et êtres vivants pour aider la compréhension du génome humain. Alors qu’il est déjà possible de guérir quelques cancers avec des rétrovirus et de détecter des maladies graves telles que la maladie de Huntington, la connaissance du génome humain entier permettra de guérir plusieurs autres maladies toujours incurables et de diagnostiquer tous les troubles potentiels et les gènes maladifs portés par les individus.

 

Mais lorsqu’on aura trouvé et compris tout le génome humain, et qu’il deviendra possible de diagnostiquer une grande quantité de maladies incurables, il deviendra donc possible d’éradiquer la maladie en éliminant le gène, mais qu’adviendra-t-il des gens qui se rendront compte qu’ils ont la maladie. Imaginez que demain, vous vous découvriez pris avec la maladie d’Huntington, et que vous appreniez aussi que votre fils en sera touché plus tard car il est porteur du gène. Quel serait votre réaction ? N’auriez-vous pas envie de mourir tout de suite ? Quels seraient vos sentiments à l’égard de votre fils que vous élèveriez en sachant qu’il tomberait malade un jour ? Et si une compagnie utilisait ces données pour vous refuser un emploi, ne seriez-vous pas encore plus frustré ? N’auriez-vous pas plutôt aimé rester dans l’ignorance et pouvoir ainsi profiter du peu de vie qui vous aurait resté ? Et si en plus, on vous disait que votre fils ne pourrait jamais avoir d’enfants de manière naturelle car il lui transmettrait automatiquement la maladie; qu’il devrait, s’il veut un jour être père, avoir recours à l’insémination artificielle et à la manipulation génétique, seriez-vous soulagé de savoir que, grâce à la science, il pourrait un jour être père d’un enfant en santé ou seriez-vous plutôt désespéré de savoir qu’il vivrait toujours dans l’attente de tomber malade et d’ainsi laisser son fils sans père ?

 

En diagnostiquant les maladies et les problèmes physiques à la naissance, il deviendrait possible de guérir ces maladies et ces problèmes plus facilement, mais il deviendrait aussi possible d’écarter les gens porteurs de ces gènes et ainsi éliminer ces gènes. On favoriserait alors ce que tout le monde qualifiait d’inhumain lorsque tenté par Adolphe Hitler, une race plus forte, une race parfaite. Et cela peut aller encore bien plus loin. En effet, comme le mentionnait David Suzuki dans un entretien pour le livre de biologie Campbell, les communautés ethniques possèdent aussi des différences génétiques très marquées. Les Asiatiques, par exemple, ne produisent pas l’enzyme permettant de digérer le lactose. S’ils consomment de grandes quantités de lait, ils sont donc sujets à de fortes diarrhées ; c’est une différence de nature ethnique. En cataloguant certaines de ces différences, il deviendrait donc possible de créer des armes biologiques puissantes, mais n’attaquant spécifiquement qu’une ethnie, laissant donc les troupes alliées hors de danger.

 

Mais y a-t-il vraiment une unité à la diversité des choses et des idées ? Est-ce que toutes les personnes doivent vraiment être semblables, voire identiques ? Ne serait-ce pas mieux de laisser une certaine diversité dans le monde ? Qu’il y ait des gens malades et des gens en santé ; qu’il y ait des personnes intelligentes et des sottes ; qu’il y ait de belles personnes et de laides, ... Tout le monde veut un jour ou l’autre être le meilleur. Si l’on purifie le monde, qu’adviendra-t-il de cette soif de vaincre ? Mais d’un autre côté, il serait égoïste de laisser certaines gens faibles pour pouvoir les contrôler et avoir le sentiment de leur être supérieur.

 

Un autre gros problème, qu’amène l’envahissement de la science dans le monde d’aujourd’hui, est la conviction des "scientifiques" que seul la science est apte à nous fournir des vérités, des connaissances sérieuses sur lesquelles nous puissions fonder une éthique et une politique. En effet, j’allais au golf en compagnie de mon ami Frédéric cet été quand je rencontrai un médecin que je connaissais. Nous fîmes les salutations et il me demanda si j’étais toujours en sciences pures et si je voulais toujours aller en médecine. Je lui répondis que oui. Il demanda ensuite à mon copain s’il était aussi en sciences pures. Quand mon copain lui répondit qu’il changeait de programme pour aller en sciences humaines, la face du médecin changea et il lui dit : " Ben, si tu fais un bac en psychologie pis que tu travailles pas la d’dans, tu peux toujours faire quelque chose de bon. " Pour qui se prenait-il pour rabaisser les sciences humaines ainsi ? Savait-il vraiment la vérité pour être si certain que seule la science est bonne ?

 

Depuis l’apparition de la première bactérie, il y a de ça des millions d’années, les êtres vivants ont toujours évolué, et ce, sans que l’humain n’ait à mettre la main à la pâte. Aujourd’hui, nous sommes rendus à une époque où l’homme est capable de créer l’évolution, de la changer, mais est-ce son rôle de participer à cette évolution ? Ne devrait-il pas plutôt laisser la nature jouer son rôle ? Et d’un autre côté, on sait que les virus sont capables eux aussi de s’adapter et d’évoluer assez rapidement en s’échangeant entre eux des gênes de résistance à certains antibiotiques et en en créant de nouveaux. Ainsi, si l’on attaque légèrement des virus avec des antibiotiques différents et de plus en plus forts, les virus finiront par avoir développé une résistance à chacun des antibiotiques et à se l’être échangé, créant ainsi une communauté de virus encore plus forte. Un autre danger des découvertes biologiques et de l’utilisation abusive des antibiotiques et donc de créer des virus encore plus forts, voire indestructibles. Mais pour revenir à l’évolution, si les virus peuvent jouer sur leur ADN et donc évoluer, pourquoi n’aurions-nous pas le droit ? Et si nous sommes aujourd’hui capables de choisir notre évolution et de la provoquer nous-mêmes, n’est-il pas alors notre rôle de le faire ? Ne serait-ce pas cesser l’évolution que d’arrêter les manipulations génétiques ? Devrions-nous plutôt laisser la nature agir à sa guise ? Mais comme nous faisons tous parti de la nature, notre rôle n’est-il donc pas d’aider la nature dans son évolution ? Pour ceux qui croient en Dieu et qui pensent que seul lui a le droit d’intervenir sur l’évolution, alors pourquoi nous a-t-il doté d’une intelligence capable d’en faire autant ? Et pour ceux qui croient au destin, alors vous n’avez pas à vous en faire avec toutes ces questions d’ordre philosophique, car, que nous fassions n’importe quoi, ce sera pour vous, j’imagine bien, ce que le destin aura décidé.

 

Pour ma part, je crois qu’il n’est pas nécessaire de trouver des réponses à ces questions. Je trouve même qu’il est important que l’on ne trouve jamais de réponses à ces questions, car elles sont là pour nous faire réfléchir, nous faire penser que nous n’avons pas toute la vérité et que nous ne l’aurons sûrement jamais. Si l’on venait qu’à trouver un jour toutes les réponses à ces questions, alors que serait la vie ? Y aurait-il encore des défis à relever ? Que serait le sens, s’il y en a un même aujourd’hui, à notre vie ?

 
 
 

****************************FIN DE LA TRANSMISSION************************* 1