Poèmes de Félix Laventure

Prière

	S'il vous plaît de songer aux minutes heureuses
	Des heures, longuement, où nous avons aimé
	Et, bouche à bouche, étreint la chair voluptueuse
	Par quoi la vie aux coeurs ardents se perpétue,
	Que ce soit, dans l'ombre glissant sur vos mains nues,
	Par un soir langoureux et rythmique de mai
	Où les fleurs aux jardins inclinent leurs corolles,
	Dans le geste du vent amoureux qui les frôle,
	Et livrent à la nue mélancolique et sombre
	L'âme de leur parfum et le parfum de l'ombre.


Adieu

La douceur de ta face et de tes mains mortelles,
Le rythme de tes seins que le désir oppresse
Avec toute la nuit au fond de tes prunelles,
Font à mon coeur blessé une égale tristesse.

Adieu!  Ma joie est morte et mon âme est fermée;
Et je veux, dans la paix de mon coeur solitaire,
Respirer longuement la saveur embaumée
Qui jute, cette nuit, des fruits mûrs de la terre.


Résolution

Et puisqu'enfin la vie refuse à mon destin
Sa portion de paix et sa part d'allégresse,
Je ne veux plus rien d'elle et de l'amour humain
Et je m'isolerai en ma seule tristesse.

Nul autre saura la rumeur de ma vie
Que votre coeur mortel où mon rêve a posé,
Dans l'élan, autrefois, de ses ailes meurtries,
L'ivresse et la douceur divine du baiser.

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