CITÉ DU VATICAN, 6 mai (ZENIT) - Jean-Paul II va entamer un voyage
décisif
: du 7 au 9 mai, il se rendra en Roumanie. C'est la première
fois dans
l'histoire qu'un Pape se rend dans un pays à majorité
orthodoxe. Que
cherche le Saint Père ? Comment sera-t-il reçu par l'Église
orthodoxe ? Les
relations entre les deux Églises changeront-elles après
cette visite ?
Zenit a interrogé Mgr Eleuterio F. Fortino, sous-secrétaire
du Conseil
Pontifical pour l'Unité des Chrétiens, l'un des "bras
droits" du Saint Père
dans le dialogue avec les orthodoxes.
ZENIT : Les relations entre le Saint Siège et la Roumanie ont
été
compromises après la chute du communisme par les polémiques
autour des
gréco-catholiques (uniates). Quelle est l'origine de ces divergences
?
Mgr Fortino : Le problème a surgi en 1990. Avec la chute du régime
communiste, le nouveau gouvernement a abrogé le décret
de 1948 du
gouvernement communiste qui déclarait l'Église catholique
de rite byzantin,
inexistante. Une partie de ses biens passa à l'Église
orthodoxe. Les
évêques gréco-catholiques et de nombreux prêtres
furent emprisonnés pour
avoir refusé de passer dans l'Église orthodoxe. Cette
mesure injuste et
violente provoqua des divisions non seulement dans le gouvernement
mais
aussi entre les orthodoxes et les catholiques. L'Église de Roumanie
fut
l'une des rares Églises à ne pas envoyer d'observateurs
au Concile Vatican II.
La décision du gouvernement post-communiste de rétablir
la justice a
provoqué des tensions, notamment concernant l'utilisation et
la propriété
des lieux de culte, qui appartenaient à l'Église gréco-catholique.
ZENIT : Comment le problème a-t-il été résolu ?
Mgr Fortino : Sur le plan théologique la question fut résolue
avec le
document publié en 1993 par la Commission théologique
internationale de
dialogue entre les catholiques et les orthodoxes, qui avait pour titre
:
"L'uniatisme - méthode d'union du passé et recherche
actuelle de la pleine
unité". Le texte, qui offre des principes théologiques,
propose aussi des
orientations de comportement pratique pour les relations entre l'Église
gréco-catholique et l'Église orthodoxe. Mais il est vrai
qu'une question de
connotations aussi complexes pour des raisons sociologiques et
psychologiques et accentuée par l'histoire, ne pouvait pas se
résoudre
aussi facilement et en si peu de temps. L'an dernier, une commission
de
gréco-catholiques et d'orthodoxes fut créée. La
question n'a pas encore été
résolue aujourd'hui mais cela n'a pas empêché la
programmation de la visite
du Pape.
ZENIT : Comment le voyage du Pape pourra-t-il améliorer les relations ?
Mgr Fortino : la visite a pour but de promouvoir une méthode,
le dialogue,
surtout à une époque où l'on cède à
la violence pour répondre aux
revendications. Rendre visite à des frères chez eux,
est sans aucun doute
un message de réconciliation et d'amour fraternel. Après
la longue période
de la dictature, la visite du Pape relancera non seulement les relations
avec l'Église catholique mais elle sera comme un soutien à
ce pays en phase
de réorganisation démocratique. La présence de
journalistes du monde entier
contribuera à donner de l'élan à ce processus.
Cette visite se déroulera dans un climat de prière. Le
Pape assistera à la
célébration eucharistique présidée par
le Patriarche orthodoxe et le
Patriarche orthodoxe assistera à la célébration
présidée par le Pape.
Indépendamment des contacts, du dialogue et de la coopération,
la prière
est la garantie du succès de la cause oecuménique.