Romandie

Peter Hess (ZG)

(Politicien suisse)

Sur la Suisse

1. La Suisse existe-t-elle?
Oui, la Suisse existe et je suis fier d'en être originaire. Notre multilinguisme, notre démocratie, notre fédéralisme, notre position centrale en Europe justifient, à mes yeux, cette existence.
 
2. La Suisse est-elle une nation ?

La Suisse est une nation, malgré ses différences culturelles et linguistiques. Je suis convaincu que la majorité de notre population se sent suisse. Bien que nous n'ayons pas participé à la Deuxième Guerre mondiale, nous avons été obligés de défendre nos frontières, ce qui a renforcé notre cohésion. Nous avons découvert dans cette cohésion le sentiment de former une nation.
 
3. Quels sont les dangers qui la menacent?
Ces dernières années, l'expérience m'a montré qu'il existait des sensibilités différentes selon les régions du pays. On parle toujours de fossé culturel ou linguistique, mais jamais de fossé économique. Or, c'est celui-là qui est de loin le plus important. Voyez la loi sur le travail ou la loi sur le chômage. Il n'est pas indifférent de savoir que les demandes de référendum sont, à chaque fois, parties de Suisse romande. Romands et Tessinois vivent la crise différemment, parce que le taux de chômage est plus élevé chez eux. Il faut donc être plus attentif aux besoins de chaque région, se garder par exemple de fermer des filiales romandes pour préserver les emplois en Suisse alémanique.
 
4. Quelles sont les mesures qui pourraient garantir qu'elle n'éclatera pas? Ou qu'elle ne s'isolera pas définitivement? SSR et idée suisse, subventions à la culture, etc
Tout commence, pour moi, avec la maîtrise des langues. Parler la langue de l'autre est un gage de cohésion. Cela permet aussi aux Romands de venir parler à la télévision alémanique, et inversement. Développer ce genre d'échanges est extrêmement souhaitable.
 

Sur l'Europe

5. A quoi peut servir la Suisse en Europe?
L'Union européenne est en train de se donner de nouvelles structures en vue de son élargissement vers l'Est. Elle peut trouver, pour y parvenir, des modèles d'organisation dans un pays ou dans un autre: bicaméralisme, subsidiarité, etc. Je ne crois pas que notre démocratie directe soit exportable. Je pense au contraire que nous autres Suisses devrions réfléchir aux moyens de la faire mieux fonctionner, de l'ajuster aux impératifs européens.
 
6. L'Europe de 2020 sera -t-elle une Europe des nations ou une Europe fédérale?
La richesse de l'Europe, ce sont ses nations. Pourquoi détruire cette richesse?
 
7. Avez-vous peur de l'Allemagne?
Non. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne a connu un changement profond. La démocratie y fonctionne très bien.

8. Confrontée à un afflux de réfugiés en provenance de régions en crise, comment la Suisse doit-elle réagir? Doit-elle être plus généreuse, peut-elle être plus généreuse, comment concilier le coeur et la raison?
En cas de crise, nous devrions avoir la possibilité d'être généreux, d'accueillir globalement les réfugiés en fuite et, une fois la crise passée, de faciliter leur retour. Mais pour y arriver, nous devrions nous montrer plus stricts dans les procédures ordinaires.

Pierre-Alexandre Joye, Pierre-André Stauffer et Michel Zendali

Romandie ou Suisse romande?

L'histoire cahotante de l'esprit romand

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