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et en France

Le franc belge tire sa révérence au terme d'une période de double circulation qui a vu l'euro s'imposer sans difficultés

Ce jeudi soir à minuit, le franc belge quittera définitivement la scène au terme d'une histoire vieille de 170 ans. Il perdra alors son cours légal, ce qui signifie concrètement que les pièces et billets en francs belges ne seront plus acceptés comme moyen de paiement. L'euro aura seul cours légal dans l'ensemble de la zone euro puisque la période de double circulation prend fin aujourd'hui en Belgique, mais également en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Finlande, en Grèce, en Italie, au Luxembourg et au Portugal après les Pays-Bas (le 28 janvier), l'Irlande (le 9 février) et le France (le 17 février).

L'euro s'est-il imposé rapidement? Conformément au scénario mis en place par le Commissariat général à l'euro, la nouvelle devise a très rapidement pris le dessus sur les francs belges. Environ 80 pc des paiements en liquide s'effectuaient déjà en euro après 10 jours. Aujourd'hui, 99 pc des transactions se font en euros. Un succès qui s'explique notamment par le fait que dès le 1er janvier, pratiquement tous les distributeurs de billets ne délivraient plus que des euros. Les commerçants ont également respecté leur engagement de rendre autant que possible la monnaie en euros.

Comment se passe le retour des pièces et billets belges? A la date du 25 février, l'équivalent de 65,15 milliards de francs belges en pièces et billets n'était toujours pas rentré auprès de la Banque nationale de Belgique. Le retour des billets s'effectue toutefois assez rapidement selon le Commissariat général à l'euro, surtout pour les grosses coupures dont il ne reste que 10 pc dans la nature. Les billets de 100 et 200 BEF tardent un peu plus (20 pc d'entre eux ne sont toujours pas rentrés). Par contre le retour est plus lent pour les pièces. A peine 45 pc de la monnaie en circulation est déjà rentrée. Les autorités s'attendent d'ailleurs à ce qu'un tiers des pièces ne fassent jamais leur réapparition. En tout, les pièces et billets qui ne rentreront jamais devraient représenter un montant total de l'ordre de 6 à 8 milliards de francs belges.

Que faire des pièces et billets belges dont on dispose toujours? Les banques, la Banque nationale de Belgique (BNB) et La Poste font l'échange gratuitement jusqu'à la fin 2002. Après cette date, les pièces peuvent encore être échangées auprès de la BNB et de La Poste jusqu'à la fin 2004. Pour leur part, les billets restent échangeables sans limite dans le temps uniquement aux guichets de la BNB.

Que faire des pièces et billets étrangers? Pour les pièces, il n'y a pas de possibilité d'échange en Belgique. La seule solution est de se rendre auprès de la Banque centrale du pays d'origine. Une solution assez compliquée, mieux vaut donc confier votre monnaie étrangère aux opérations (dont Child Focus qui est soutenue par La Libre) qui la récolte au profit de diverses oeuvres. Pour les billets, la BNB offre au public jusqu'à la fin mars 2002 la possibilité d'échanger sans frais les billets des autres pays de la zone euro sans frais. Certaines banques commerciales offrent également ce service mais généralement moyennant le paiement d'une commission. Sinon, comme pour les pièces, l'échange peut se faire dans le pays d'origine dans les banques commerciales ou auprès de la Banque centrale selon un calendrier qui varie d'un pays à l'autre (voir infographie ci-contre).

Qu'en est-il du double affichage? On le sait, la Belgique n'a imposé aucun double affichage obligatoire des prix en francs belges et en euros. Le projet défendu par le ministre de l'Economie Charles Picqué s'était heurté à l'opposition des Libéraux et des associations professionnelles. Toutefois de nombreux commerçants pratiquent le double affichage de leur propre initiative. Le commerce de détail devrait le maintenir encore un certain temps. Probablement jusqu'à la fin juin. De même les banques mentionneront encore les montants dans les deux monnaies sur les extraits de compte généralement jusqu'à la fin juin également.

Les paiements électroniques? Certains avaient prédit une explosion des paiements électroniques avec l'arrivée de l'euro. Banksys, la société qui gère les réseaux Bancontact/ Mister Cash et Proton, n'a pour l'instant constaté aucune influence importante sur le nombre de transactions Bancontact/Mister Cash. Le nombre de transactions a augmenté dans des proportions comparables aux années précédentes. Les montants payés et retirés (92 ¤ contre 97,77 ¤) sont en légère baisse. Par contre, Proton a connu une forte augmentation du nombre de transactions. Le montant de la transaction moyenne est passé de 4,42 ¤ à 6,13 ¤ et le rechargement moyen s'élève désormais à 40,19¤ contre 4,42 ¤ l'année dernière.

© La Libre Belgique 2002

Savoir plus
Le lancement des pièces et des billets en euro a-t-il entraîné des inconvénients?

Le premier qui vient à l'esprit est bien sûr la petite poussée des prix dans la plupart des pays de la zone euro. En janvier, l'inflation (en rythme annuel) a atteint en Belgique 2,9 pc. Certes, il y a eu l'effet de la hausse des prix des fruits et légumes touchés par les mauvaises conditions climatiques. Mais, il n'en reste pas moins que le secteur des cafés et des hôtels a profité de ce basculement pour adapter ses tarifs à la hausse (+ 4 pc en janvier). Au cours du dernier semestre 2001, la hausse était d'ailleurs déjà perceptible. Face à cette poussée des prix, les économistes ne se montrent toutefois pas particulièrement inquiets. `Je crois que c'est un effet temporaire´, souligne Geert Noels, chief economist à la banque d'affaires Petercam. Les chiffres de février tendent d'ailleurs à le confirmer (lire par ailleurs). Pour Geert Noels, il y a nettement plus d'aspects `positifs´ que négatifs. Il ne faut pas oublier que l'introduction des pièces et des billets en euro est `une réussite´ pour l'Europe, qui de surcroît devrait à terme augmenter la concurrence entre les différents secteurs. Et qui dit plus grande concurrence dit baisse des prix, progression de la consommation, un des moteurs principaux de la croissance. Mais le mécanisme prendra peut-être un peu de temps à se mettre en place. Plus concrètement, l'introduction de l'euro a des avantages non négligeables. Elle permet de voyager dans les douze pays de la zone euro sans plus devoir acheter des devises étrangères. Et de retirer de l'argent sans coût aux guichets automatiques? Là, ce n'est pas encore gagné d'avance. Les banques seront obligées par la Commission européenne d'appliquer la même tarification que pour les opérations domestiques à partir de mars 2002. Il faudra voir jusqu'où jouera la concurrence... (AvC)