(Référence perdue, mais il est possible que ce texte
vienne de Sylvie Verbois, auteure de "
Plantes et herbes
aromatiques,
saveurs et vertus", Ed. Lanore, 2003
Les mythes chinois, datant de plus de 3,000 ans avant notre ère,
ont apporté leur propre vision de la création du monde
végétal et la découverte du jardinage ainsi que
des vertus thérapeutiques des plantes.
C'est à Shennong que les hommes de Chine doivent la connaissance
des plantes, la manière de les utiliser et de les cultiver. Vous
le connaissez certainement, car on ne peut oublier son aspect
étrange: à son front se dressent deux cornes. On nous
dit aussi que sa tête était de bronze et ses pieds
portaient des sabots bovins… - Shennong, enfant, aimait à
se promener dans la nature. Un jour qu'il cherchait des fraises
sauvages, il les observa et il s'aperçut que les fruits des
plantes donnaient de nombreuses graines. Alors, il se mit à
recueillir toutes les graines et noyaux qu'il pouvait trouver, puis il
les planta. Quelques temps après, voilà que passa un
oiseau rouge dans le ciel, il vit l'enfant en train de cultiver. Emu,
il ouvrit son bec et laissa échapper les neuf épis de
céréales qu'il transportait. Shennong les ramassa et
remercia l'oiseau, qui lui donna un fouet magique. Dès que la
lanière touchait les plantes, celles-ci révélaient
leur couleur. Ainsi Shennong put les classer selon leur reflet et leur
vertu médicinale. "Shennong de son fouet ocre fouetta les
cent plantes. Il sut reconnaître entièrement leur nature
inoffensive ou vénéneuse, "froide" ou "chaude" et dont
protègent leur arôme et leur goût. Il put ainsi
planter toute espèce de céréale. C'est pourquoi
tout le monde l'appela "le Laboureur Divin." (extrait du Sou shen ji,
chapitre 1, de Gan Bao, 4ème siècle) - Afin de
déterminer ce qui était bon ou mauvais pour les hommes,
il goûta herbes et plantes, découvrit les contre-poisons
qui permettaient de lutter contre les venins, et apprit de cette
manière à reconnaître les simples. Les
plantes ont eu à l'origine comme vocation curative d'être
des contrepoisons efficaces dont l'action annihilait celles des
poisons. Le fouet est un catalyseur essentiel dans le processus de
croissance des plantes. Le froid, le chaud et le tiède sont la
nature des plantes selon les souffles qu'elles contiennent. On parle
des vertus des plantes en terme d'énergie, de saveur, de nature.
Les différentes saveurs (cinq en Chine, six en Inde et au Tibet)
permettent de soigner les disfonctionnements organiques et corporels. -
"Jadis, le peuple se nourrissait d'herbe, buvait de l'eau, cueillait
les fruits des arbres et mangeait coquillages ou grillons.
Périodiquement, il souffrait de nombreuses maladies et de
troubles dus à des empoisonnements ou à des blessures.
Aussi, Shennong commença-t-il à enseigner au peuple
à semer les cinq céréales […] Il goûta les
saveurs des cent plantes, la douceur ou l'amertume des sources et
ordonna au peuple de prendre connaissance de ce qu'on devait
éviter. C'est ainsi qu'à cette époque, il eut
l'occasion de répertorier jusqu'à soixante-dix poisons
par jour." (extrait du Huainan Zi, chapitre 19, Liu an, -139). - C'est
ainsi que naquit la première matière médicale, le
Shen Nong Ben Cao Jing. Rédigée par les disciples de
Shennong, elle répertorie trois cent soixante-cinq plantes,
correspond aux trois cent soixante-cinq jours de l'année.
Shennong indiquait, par ce nombre symbolique, que ces plantes
étaient déjà suffisantes pour prévenir et
soigner les maladies.
La classification des plantes les
partageant en trois catégories
Une catégorie dite "supérieure" regroupant les plantes
préventives, utilisées comme aromates et comme boisson
(préparées en décoction). Les plantes de cette
partie sont employées dans la maladie morbide (la tendance de la
personne à faire telle maladie), en fonction de l'apparition des
premiers symptômes et des modifications de l'environnement,
qu'elles soient climatiques ou d'origine psychoaffective.
Une catégorie dite "moyenne", sorte de palier
intermédiaire; les plantes cités dans cette
catégorie sont indiquées soit pour prévenir, soit
pour guérir les maladies, selon le diagnostic.
Une catégorie dite "inférieure" comprenant les "poisons",
c'est à dire les plantes ayant les potentialités de
combattre les maladies graves ou chroniques (maladies
déjà installées chez la personne); l'utilisation
des plantes, dans ce cas précis, repose sur le principe du "yi
du kong du": un poison pour contrôler un autre poison; il peut
être regardé comme les prémisses du futur "simila
similibus curantur" énoncé par Hippocrate, repris et
approfondi par Samuel Hehnemann avec l'homéopathie, car selon
l'approche des thérapies énergétiques, "ce qui
provoque une maladie peut aussi la guérir."
Mais Shennong n'en resta pas là, et inventa la charrue, la houe,
le luth pour apaiser les âmes; il réglementa
également les échanges. Il fut appelé le "divin
laboureur" et est considéré comme le fondateur de
l'agriculture et de la médecine.
Très aimé du peuple, il fut pleuré lorsqu'il
mourut à la suite de l'absorption d'un poison, car il n'avait
pas eu le temps de prendre un contre-poison.