La position du parti québécois sur la question



Boisclair mettra de l'ordre
(Site de Radio-Canada, 2 février 07)

Le chef du Parti québécois, André Boisclair, est sorti de la réunion de son caucus convaincu d'avoir l'appui des députés et résolument tourné vers la préparation des prochaines élections. Il appelle les détracteurs du parti à ne pas le considérer trop vite comme battu. M. Boisclair promet qu'il sera dorénavant plus présent dans les débats de société. Il s'est d'ailleurs aussitôt érigé contre la politique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), dévoilée par La Presse, d'accorder à la communauté juive hassidique la possibilité d'exiger un homme plutôt qu'une femme au moment de passer les examens de conduite.

En réponse à ce genre de situations qui ont fait l'objet de l'attention médiatique depuis quelques semaines, le leader péquiste a donné un aperçu de ce qu'il ferait s'il était élu au poste de premier ministre. Il convoquerait un forum de sous-ministres et d'administrateurs publics afin de lancer une vaste opération pour répertorier toutes les pratiques du genre au sein de l'État. Il établirait par la suite des lignes directrices conformes à la Charte des droits et libertés, dont l'égalité entre hommes et femmes, pour faire face à ces cas d'exception.

André Boisclair s'est défendu d'avoir été jusqu'ici en retrait du débat sur les "accommodements raisonnables". Il a tenu à rappeler qu'à titre de député, mais aussi de ministre de l'Immigration sous Lucien Bouchard, il est à plusieurs reprises intervenu sur le sujet, et a mentionné au passage sa lettre envoyée aux médias en novembre dernier. "Je pense que je remplis correctement ma charge sur cette question", en conclut M. Boisclair.

Le chef péquiste rencontrera à nouveau ses députés vendredi avant de s'entretenir samedi avec les présidents des associations de circonscriptions.


Le programme du Parti Québécois sur l'intégration

Le PQ n'a pas encore sorti son programme pour les prochaines élections et son chef, André Boisclair, a déclaré que cela ne se ferait que lorsque les élections seraient annoncées... Sur le site internet du parti, on peut lire le programme, qui date de 2005. C'est au chapitre 2 que nous pouvons voir les grandes lignes concernant l'immigration. En voici des extraits.

Chapitre 2 - PROMOUVOIR L’IDENTITÉ, LA LANGUE ET LA CULTURE

2.1 ENJEU — ASSUMER LA DIMENSION IDENTITAIRE DU PROJET POLITIQUE SOUVERAINISTE
L’identité et la citoyenneté québécoises se sont forgées à travers une expérience, une appartenance et une conscience historique communes. Le Québec forme une nation politique distincte. Le Parti Québécois réaffirme son objectif fondamental d’établir un Québec souverain avec, au premier plan, l’urgence d’assurer que le Québec demeure un territoire de langue et de culture françaises.
Cela implique que les immigrants apprennent le français et qu'on leur en donne les moyens.


L’identité est indéniablement une question moderne; c’est avec détermination que nous entendons l’assumer et avec le souci d’intégrer les Québécoises et les Québécois de toute origine par la citoyenneté. /.../

2.2 PRIORITÉS D'ACTION

2.2.1 Promouvoir et protéger la langue française
Le français est au cœur de l’identité, de la créativité et de la culture québécoises. Il marque le caractère particulier du Québec en Amérique du Nord. Son usage comme langue commune constitue un outil indispensable à l’obtention de la convergence souhaitée entre toutes les citoyennes et tous les citoyens du Québec. Il est tout aussi incontournable à la réalisation du désir du peuple québécois d’exister par lui-même dans le respect de la diversité de sa population.
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Le Parti Québécois réaffirme donc avec force que la langue française doit être la langue publique commune et la langue de communication du pays dans toutes les sphères d’activité de la vie des Québécoises et des Québécois. Il réitère son engagement à l’égard de la protection et de la promotion de la langue française, tout en s’assurant que les individus appartenant à des groupes linguistiques minoritaires se sentent respectés et concernés.
Cet engagement commande des actions énergiques, notamment dans les domaines de l’accueil et de l’intégration des Québécoises et des Québécois issus de l’immigration, de l’éducation, de la culture, des communications et du monde du travail. Il faudra d’abord augmenter les crédits alloués à l’application de la Charte de la langue française, qui étaient en 2002 de 40 % inférieurs à ce qu’ils étaient en 1980-1981 en dollars constants. Les organismes créés par la loi 101 ont subi de multiples coupes depuis ce temps. Le Parti Québécois entend donc:
• inscrire le français comme langue officielle dans sa future constitution et faire de la Charte de la langue française une loi fondamentale.

A. Établir le français comme langue commune des services publics
Tout en reconnaissant l’importance de respecter les droits linguistiques de la communauté anglophone, l’objectif demeure plus que jamais d’établir la langue française comme langue de la citoyenneté et des échanges entre toutes les citoyennes et tous les citoyens du Québec, quelle que soit leur origine. Cela n’implique nullement de limiter l’accès de la communauté anglophone à des services en anglais, mais vise plutôt à ce que les institutions anglophones ne servent à angliciser le reste de la population. Il est difficile d’inciter les entreprises à utiliser le français comme langue commune à l’intérieur du Québec si le gouvernement et ses organismes ne le font pas eux-mêmes. Par conséquent, le Parti Québécois entend:
• appliquer rigoureusement la Charte de la langue française de façon à ce que les communications écrites de l’administration publique se fassent uniquement dans la langue officielle, c’est-à-dire le français, avec les personnes morales à l’intérieur du Québec;
• renforcer l’encadrement législatif et réglementaire afin que les seuls organismes qui soient déclarés habilités à donner systématiquement des services en anglais aux personnes morales et aux individus soient ceux qui desservent la communauté anglophone.

B. Enseigner en français
Compte tenu du recul de l’apprentissage du français dans certaines communautés, il est nécessaire de demeurer vigilants. Le Parti Québécois entend donc:
• appliquer de façon rigoureuse à tous les types d’écoles du territoire québécois les dispositions de la Charte de la langue française en matière d’enseignement;
• accorder une importance concertée à la qualité de l’enseignement du français dans l’ensemble de notre système scolaire et dans les programmes destinés aux nouvelles arrivantes et aux nouveaux arrivants.

C. Travailler en français
Le milieu du travail constitue, avec le milieu scolaire, le lieu privilégié d’intégration linguistique. Selon les données récentes, près de la moitié des travailleuses et des travailleurs immigrants utilisent le plus souvent l’anglais au travail. Pour favoriser l’établissement du français comme langue commune des milieux de travail, le Parti Québécois entend donc:
• contrer l’exigence indue de l’anglais dans les offres d’emploi;
• reconnaître le caractère fondamental et inaliénable du droit d’utiliser le français dans les milieux de travail, du commerce et des affaires et exiger que toute dérogation à celui-ci soit connue, déclarée et justifiée devant l’Office québécois de la langue française;
• modifier la Charte de la langue française afin de contrer efficacement l’exigence indue de la connaissance de l’anglais dans les offres d’emploi de façon à ce que son application ne dépende pas de la formulation d’une plainte d'une employée ou d’un employé contre son employeur;
• appliquer systématiquement les mesures existantes visant à pénaliser les entreprises commerciales contrevenant au programme de francisation, comme celles qui prévoient que l'administration ne leur accorde aucun contrat, subvention ni avantage et applique les mêmes mesures aux entreprises de dix employés et plus;
• procéder à des études sur la situation des langues sur le marché du travail et sur ses conséquences sur les transferts linguistiques.
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2.2.2 Assumer notre identité québécoise
Plus nous avançons vers le pays qui est notre projet politique premier, plus il devient impératif de développer un sentiment d’appartenance à la citoyenneté québécoise qui soit significatif pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens du Québec. Le Parti Québécois propose donc un projet de société porteur d’une éthique du vivre ensemble arrimée à la réalité actuelle. Un tel projet doit, en l’occurrence, se fonder sur une vision du pays du Québec qui mise non seulement sur la communauté d’histoire et de culture de la majorité francophone, mais encore qui s’appuie sur l’enrichissement et l’incroyable atout qu’introduisent l’originalité et la diversité des collectivités et des individus qui en composent dorénavant le tissu social.

A. Reconnaître l’apport de la communauté d’histoire et de culture française
Notre identité culturelle est caractérisée d’abord par notre langue et nos origines françaises. La connaissance des assises de notre culture est essentielle à la conscience de notre identité collective. Elle se reflète non seulement dans le domaine culturel, mais aussi dans l’aménagement du territoire, dans le développement de nos ressources, de nos produits et services, dans notre manière de vivre témoignant des us et coutumes qui se perpétuent. Pour partager la conscience de notre identité culturelle, le Parti Québécois entend donc:
• promouvoir l’identité québécoise sous tous ses aspects auprès des Québécoises et des Québécois de tout le territoire.

B. Inclure toutes les Québécoises et tous les Québécois au projet de pays
Forts de l’enracinement de notre identité culturelle, nous devons aujourd’hui relever le défi de créer un environnement politique, social, culturel et économique qui favorise le rapprochement entre toutes les citoyennes et tous les citoyens du Québec, sans exception. Sur la base de valeurs partagées, chacun et chacune, indépendamment de leur origine sociale, de leur provenance ou du moment de leur arrivée au Québec, doivent pouvoir se reconnaître et développer, à partir de leurs propres références ou expériences, un sentiment d’appartenance au Québec. La nation québécoise s’est enrichie par une diversité acquise au cours des trois dernières décennies. Le Parti Québécois entend donc:
• accroître la représentation des Québécoises et des Québécois issus de l’immigration dans la gestion et dans le développement de notre pays, et ce, plus particulièrement en région;
• continuer de mettre de l’avant l’éducation à la culture civique auprès des jeunes, mais aussi auprès des nouvelles arrivantes et des nouveaux arrivants pour resserrer notre cohésion identitaire;
• développer des symboles incarnant la citoyenneté québécoise pour cultiver notre sentiment d’appartenance au quotidien;
• multiplier les occasions et les lieux d’enseignement de l’histoire du Québec, dans toutes ses dimensions et dans toute sa complexité, pour raviver la conscience historique et le sentiment de fierté de l’ensemble des Québécoises et des Québécois;
• dynamiser l’enseignement de l’histoire du Québec dans nos écoles pour favoriser son appropriation par les jeunes et qu’ils portent ainsi avec fierté l’identité québécoise;
• accroître l’intégration des Québécoises et des Québécois issus de l’immigration sur le marché de l’emploi.

C. Associer les premières nations au projet politique
Nous désirons que le Québec souverain soit celui de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. Dans cette optique, le Parti Québécois reconnaît aux premières nations, à titre de premiers occupants du territoire du Québec, le droit de contrôler leurs institutions et de progresser selon leurs propres choix de société, tout en participant au développement du pays. Ainsi le Parti Québécois entend:
• inviter les nations autochtones à participer de plein droit à l’édification du pays ainsi qu’à son administration, notamment en ayant une représentation à l’Assemblée nationale;
• poursuivre les négociations déjà entamées avec les nations autochtones afin d’en arriver à des ententes évolutives déterminant le cadre dans lequel s’exerceront leurs pouvoirs, leurs droits et leurs responsabilités.
Ces ententes mèneront à un nouveau contrat social entre un gouvernement du Québec souverain et les nations autochtones qui sera conclu au terme d’une conférence Québécoisautochtones. Cette conférence, à laquelle seront invités les représentantes et les représentants de toutes les nations autochtones et de la nation québécoise, permettra d’identifier les éléments qui seront enchâssés dans la constitution du Québec.

D. Reconnaître la contribution des anglophones au projet politique
Dans un Québec ouvert et inclusif, il est impératif de reconnaître la contribution significative des Québécoises et des Québécois de langue anglaise dans le développement du Québec. Ainsi le Parti Québécois entend:
• mettre de l’avant des mesures pour intégrer la communauté anglophone au projet collectif d’un "Nous" québécois;
• réaffirmer la garantie de la préservation de leurs droits linguistiques;
• assurer le maintien de leur patrimoine institutionnel.

2.2.3 Promouvoir et développer la culture québécoise
La culture est au cœur même du sentiment d’appartenance de toute société. Elle est le fondement premier d’un peuple. Elle en définit les manières d’être, de penser et d’agir. Elle en oriente les valeurs, les normes de conduite et les institutions. Tant dans ses expressions matérielles et non matérielles que dans ses expressions scientifiques, intellectuelles et artistiques, la culture est nécessairement collective. Elle apparaît comme le résultat unique de notre histoire, de nos interactions avec l’ensemble des Québécoises et des Québécois de toutes origines et, enfin, de notre adaptation à notre environnement sociopolitique.
Aujourd’hui, la culture québécoise est fragilisée par la définition du multiculturalisme appliquée par le gouvernement fédéral ainsi que par la stratégie de bilinguisme qui en découle. Elle est également confrontée au défi de la coexistence de sous-cultures différentes et de référents identitaires pluriels. Enfin, en ce début de XXIe siècle marqué par l’essor d’une mondialisation qui engendre une marchandisation de plus en plus grande de la culture et une homogénéisation déjà palpable, la notion de "diversité culturelle" prend donc une connotation toute particulière, puisque la culture québécoise risque d’être affaiblie par des engagements internationaux négociés par d’autres. services publics. Entre 1994-1995 et 1999-2000, les transferts fédéraux au Québec pour la santé, l’éducation postsecondaire et l’aide sociale ont été réduits d’une somme cumulative de 7,5 milliards de dollars.

le programme du PQ



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