Considérons la représentation comme telle, le flux représentatif qui e donne à nous constamment ou qu’en un sens nous sommes nous-mêmes, tâchons de le désencombrer de la " perception de choses ", et de tout ce que l’on a pu dire sur le reflet, l’imitation, la réceptivité des impressions et la spontanéité des concepts, le dévoilement des étants dans la clairière de l’être, etc. Fermons les yeux, bouchons-nous les oreilles, laissons-nous aller à des souvenirs, à une rêverie, à rien du tout. A rien du tout : cela n’est pas possible. Il y a - et on se moque de savoir si ce qu’il y a " est " ou " n’est pas ", s’il est " réel " ou " non-réel " - surgissement ininterrompu d’un flux représentatif, des images et de figures de toutes sortes (visuelles, acoustiques, verbales, etc.) qui se posent ou se bousculent, s’attardent ou fuient, entrent les unes dans les autres ou en sortent sans en sortir, fusionnent ou se décomposent, tiennent les unes aux autres tout en disparaissant continuellement. Il y a toujours, hors le sommeil sans rêve, imge u sens le plus général, le plus indéfini, du terme ; il y a toujours représentation.

 

- L’institution imaginaire de la société, Seuil, 1975, p. 434.

 

L’émergence de la perception et de la chose ne peut être pensée que dans une perspective socio-génétique ou koinogénétique (koinos, commun, partagé). Car non seulment c’est dans et par l’institution de la société qu’il y a individus, choses et monde. ..Mais chaque société est cette institution-ci, faisant être ce magma particulier de significations imaginaires sociales et non pas un autre, de cette façon-ci et non pas d’une autre, et moyennant telle socialisation de la psyché et non pas telle autre...

 

- L’institution imaginaire de la société, p. 448.

 

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