ROME, 28 avril (ZENIT) - Parlant de la visite du Pape en Roumanie qui
devrait avoir lieu du 7 au 9 mai, Mons. Pamfil Carnatiu a déclaré,
dans une
interview accordée à ZENIT : "C'est un événement
extraordinaire. Aucun Pape
ne s'est encore rendu en Roumanie. C'est la première fois qu'un
Pape est
reçu par l'Église orthodoxe depuis le schisme. Il est
encore impossible
d'imaginer les répercussions de cette visite".
Mons. Carnatiu a 80 ans. Il vit à Rome depuis 60 ans. Il a travaillé
pendant plus de 40 ans au Vatican et a connu cinq papes. Il nous explique
la situation en Roumanie.
"La situation roumaine est complexe. Il y a 75 % d'orthodoxes, 5 % de
catholiques de rite greco-catholique unis à Rome et 5 % de rite
latin".
Mons. Carnatiu explique qu'à la fin du XVIIIe siècle
l'Église orthodoxe
s'est divisée en deux branches. La branche greco-catholique
s'est unie à
Rome et la Transylvanie, où se sont concentrés les catholiques,
a été
annexée à l'empire austro-hongrois. Ils n'étaient
pas bien vus des autres
roumains car ils étaient vus comme des partisans de l'empire
et surtout
parce qu'ils était à 90 % d'origine hongroise.
En 1948, le régime communiste décréta qu'environ
2.000 lieux de culte de
l'Église greco-catholique devaient passer à l'Église
orthodoxe. Les
persécutions ont beaucoup affaibli l'Église catholique
qui n'a retrouvé sa
liberté qu'en 1989. Les vocations augmentent beaucoup depuis.
Il y a plus
de 100 étudiants roumains qui se préparent au sacerdoce
à Rome.
ZENIT : Malgré toutes ces difficultés, comment le Pape
a-t-il réussi à
organiser sa visite ?
Mons. C : Cela n'a pas été facile. Il y a deux ans le
Pape a manifesté son
désir de se rendre en Russie mais l'Église orthodoxe
lui a répondu par un
non catégorique. Il a alors pensé se rendre en Roumanie,
où la communauté
orthodoxe est la plus importante après la Russie. Mais la réponse
fut la
même. Alors que tout espoir semblait perdu, le président
roumain Emil
Costantinescu, fervent chrétien orthodoxe, a invité le
Pape à se rendre en
Roumanie. L'Église orthodoxe s'est alors vue obligée
d'envoyer elle aussi
une invitation au Saint Père. Costantinescu a une grande admiration
pour le
Pape qu'il définit comme le "symbole de la lutte infatigable
pour la
défense de la dignité humaine, promoteur irremplaçable
de la paix et du
message évangélique, une figure exemplaire de cette fin
de millénaire".
ZENIT : Mais la visite sera limitée à la capitale ?
Mons. C : C'est exact. Le programme ne prévoit pas que le Pape
se rende
dans les régions où les catholiques sont majoritaires.
C'est pour cela que
les évêques roumains sont venus à Rome. Ils voulaient
tenter de modifier le
programme, mais les autorités roumaines ont déclaré
clairement qu'elles ne
pouvaient garantir la sécurité du Pape qu'à Bucarest.
Un voyage en
Transylvanie serait très dangereux. Le Pape recevra donc les
évêques de
rite greco-catholique et de rite latin dans la Nonciature de Bucarest.
Si l'Église orthodoxe roumaine s'ouvre, cela pourrait changer
radicalement
les relations entre les deux Églises. Il n'y a pas de différences
entre les
rites de l'Église orthodoxe et ceux de l'Église greco-catholique.
La messe
est célébrée de la même manière".
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