Violence et jeunesse

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Plaidoyer de Jacques Chirac pour l'éradication de la violence scolaire
Sécurité Des jeunes interdits de sortie la nuit
à Cannes : le contrat de toutes les attentes

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Plaidoyer de Jacques Chirac pour l'éradication de la violence scolaire


Les jeunes stéphanois ont offert au chef de l'Etat un T. Shirt de leur conseil municipal sous les yeux du maire UDF de la ville Michel Thiollière.
Photo AFP

Le président Jacques Chirac a plaidé, hier, pour le retour à « l'école de la sérénité », estimant que « l'éradication de la violence scolaire doit être une priorité absolue ».

En visite pour quelques heures à Saint-Etienne (Loire), où il a été accueilli par le maire UDF de la ville Michel Thiollière, le chef de l'Etat s'est rendu au Congrès annuel de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), pour y prononcer un discours sur le thème de l'éducation.

Loin des « discours-programmes » qu'il a enchainés ces derniers mois, le président s'est simplement attaché à réaffirmer quelques « valeurs » de l'école, mais aussi à en souligner les « signes de faiblesse ». Au premier rang desquelles figure à ses yeux la violence. « Dans trop d'établissements, l'un des plus beaux métiers du monde est devenu un métier à risques », a ainsi déploré le chef de l'Etat devant les parents d'élèves. « Pouvons-nous tolérer que plus de 200 000 incidents, incivilités ou actes de violence, parfois très graves, soient recensés chaque trimestre dans l'enseignement secondaire ? » Le président de la République a plaidé pour une « stricte application du principe selon lequel toute transgression doit être suivie d'une sanction ou d'une réparation ».

Par ailleurs, Jacques Chirac a estimé qu'il fallait « résolument déconcentrer » le système éducatif, même s'il ne s'agit pas de « rompre avec le caractère national du service public de l'éducation ».

Vendredi 25 Mai 2001
Tous droits réservés - © Nice-Matin

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Des jeunes interdits de sortie la nuit
BERNARD DELATTRE - Mis en ligne le 09/07/2001

Le Conseil d'Etat donne gain de cause au maire d'Orléans, qui avait imposé un couvre-feu aux moins de 13 ans. La mesure gagne d'autres villes

CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS

Le Conseil d'Etat a refusé lundi de suspendre la décision du nouveau maire RPR d'Orléans, Serge Grouart, d'imposer un couvre-feu aux mineurs de moins de treize ans. La préfecture avait introduit un recours contre cette mesure, jugeant un tel arrêté municipal contraire à la liberté de circulation. L'avocat d'Orléans, lui, avait argué qu' «errer en bande à deux heures du matin sur un parking de cité n'est pas une liberté fondamentale». Le Conseil d'Etat a jugé qu'un tel arrêté n'était ni illégal, ni discriminatoire.

Cette décision était très attendue à Orléans bien sûr, où la nouvelle majorité a décidé de lancer une «trithérapie» (sic) de choc - alliant prévention, dissuasion et répression - contre la délinquance. Cette mobilisation passe par l'instauration d'un couvre-feu mais aussi par l'installation d'un «système de vidéo-protection» ou le lancement d'un «numéro vert d'alerte citoyenne» permettant aux habitants de communiquer aux autorités les faits délictueux dont ils auraient été les témoins. L'arrêt a également été bien accueilli dans les deux villes de banlieue parisienne (Etampes et Aulnay-sous-Bois) où un couvre-feu similaire a été instauré ainsi qu'à Cannes, où il a été décrété vendredi par le nouveau maire RPR Bernard Brochand. Et le mouvement ne fait semble-t-il que commencer: Nice, ville gérée par l'ex-FN Jacques Peyrat, serait en passe de faire de même, tout comme Cagnes-sur-Mer.

L'arrêt du Conseil d'Etat survient alors que la polémique sur la criminalité fait rage. Les statistiques en la matière sont mauvaises, les pires même depuis dix ans. En l'an 2000, une hausse globale de 5,7 pc de la criminalité a été enregistrée, certains crimes comme les viols sur mineurs ou les vols à main armée connaissant même des progressions de 14 pc. Cette année, les choses ont manifestement encore empiré. Des statistiques portant sur le deuxième trimestre 2001 ont récemment mis en lumière une hausse de 11,8 pc du nombre de crimes et délits commis dans l'Hexagone - une augmentation qui, dans certaines banlieues difficiles de Paris, Marseille ou Lyon, atteint des taux de 20 à 30 pc.

UNE CRIMINALITE EN PROGRESSION

Ces données partielles - voire partiales, car diffusées par des syndicats policiers - sont à relativiser. Le déploiement de la police de proximité et l'amélioration de la logistique informatique des forces de l'ordre contribuent en effet à l'augmentation du nombre de plaintes déposées. En outre, l'explosion de certains délits particuliers fausse les statistiques: c'est le cas de la criminalité informatique, de la fraude par carte bancaire (en hausse de 74 pc!) ou des vols de téléphones portables (qui, à Paris, représentent par exemple un vol avec violence sur deux ).

Il n'empêche, à moins d'un an des législatives et présidentielles, l'opposition fait évidemment ses choux gras de ces données. En matière de délinquance juvénile singulièrement, la droite demande que l'on abaisse la majorité pénale de 13 à 10 ans, ce qui permettrait de sanctionner des mineurs dès l'âge de 10 ans et de placer en détention préventive des jeunes à partir de 13 ans. La droite plaide aussi pour la responsabilisation des parents d'enfants délinquants (via par exemple un système d'allocations familiales à points) et, précisément, pour des mesures ciblées et temporaires de restriction de la liberté de circulation nocturne accordée aux jeunes - mesure rejetée par la gauche et des organisations de défense des droits de l'homme. Majoritaires au Sénat, chiraquiens, libéraux et centristes avaient d'ailleurs amendé il y a peu un projet de loi sur la sécurité du ministre de l'Intérieur afin de donner une existence légale aux arrêtés de cet acabit pris par les maires.

© La Libre Belgique 2001

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Sécurité à Cannes : le contrat de toutes les attentes

Sentiment d'insécurité, délinquance, incivilité... le contrat local de sécurité doit répondre à tout. Face à une sombre réalité, peut-il agir sans tomber dans la paranoia sécuritaire ?



Ranguin fait partie des quartiers où l'insécurité s'érige souvent en maitre. Le Contrat local pourrait apporter quelques remèdes, notamment sociaux, aux problèmes existants.
Photo P. Clementé

Cannois : vision sécuritaire par défaut

Délinquance : mineurs plus impliqués

Intercommunalité de l'intégration sociale

Il ne pourra pas tout résoudre à lui tout seul. Le contrat local de sécurité qui vient d'être accepté par la municipalité et qui va être mis en place à Cannes dès septembre est censé lutter contre la délinquance et l'insécurité, en utilisant toutes les possibilités qui existent en la matière.

Un budget de 450 000 F va être engagé à la rentrée scolaire. En 2002, il est prévu de doter le programme de 800 000 F pour le fonctionnement des actions et 3 MF pour la première tranche de l'installation de la vidéo-surveillance (voir ci-contre).

Un rapport pesant
De la lecture des 44 pages du rapport du cabinet Persh, sur le diagnostic local de la sécurité, on sort un peu groggy. On se dit que la situation est loin d'être saine.

Ce rapport sur la base de chiffres de 1997, 1998 et 1999 met d'abord en lumière le développement dans notre région du sentiment d'insécurité. Mais un sentiment qui a une réalité concrète avec un taux de délinquance important : 164,24 faits constatés pour 1 000 habitants en 1997, le département se situe ainsi au second rang national. Comme le note, le rapporteur, "l'insécurité n'est pas une vue de l'esprit".

Le mérite de cet opuscule est de souligner l'importance sociologique du phénomène et la déliquescence des repères dans notre société actuelle : "la crise sociale et économique met à mal les plus démunis, qui restent à la marge de cet Eldorado affiché à leur porte" (Quel contraste entre les Palaces de la croisette et les HLM de Ranguin !).

Et c'est la toute la problématique subtile du débat sur la sécurité ou l'insécurité. "Il marque le désarroi des habitants qui, dans leur majorité, en appellent à des réponses fortes et dissuasives, alors qu'ils perçoivent bien qu'une génération est en souffrance et peut trouver pour une partie dans le positionnement du délinquant un statut et un mode de survie".

Les Cannois jugeant défaillants les différents acteurs (politique, police, éducation, insertion professionnelle) qui "se replieraient sur des réflexes de protection dans une approche sécuritaire... et cela par défaut".

Voyous déstabilisateurs
Un autre constat s'impose : de plus en plus de mineurs sont impliqués dans une délinquance violente. 'Il se répand une délinquance traumatisante exercée par des petits groupes. Quelques "voyous" déstabilisent l'ensemble de l'environnement'.

A cette nouvelle donne, la justice n'a pour l'instant qu'un arsenal réduit de mesures (prison ou placement en foyers, d'ailleurs peu nombreux), sans vraiment de suivi des fauteurs de trouble afin qu'ils s'insèrent et ne récidivent pas, en leur redonnant un parcours professionnel, souvent à la base inexistant et une notion d'autorité, celle des parents laissant plus qu'à désirer (nombre d'enfants étant abandonnés à leur sort en bas des immeubles).

Il existe une seule classe dans le département qui peut accueillir huit délinquants... Alors qu'à Cannes en 1998, 388 mineurs avaient été mis en cause dans des méfaits.

Dans les quartiers dits difficiles ou sensibles (Ranguin, La Frayère, Sainte-Jeanne) les travailleurs sociaux notent également "une montée de la violence conjugale, des maltraitances à enfants et des maltraitances sexuelles dans des contextes de crise toujours plus aigues".

Le désir de la tolérance zéro
Le tableau est noir et la solution ne passe pas par un dispositif uniquement répressif. Il semble que l'on prend de plus en plus conscience du côté des élus de la nécessité de mettre en place d'autres alternatives, même si on regarde avec avidité la baisse des chiffres de la délinquance et que l'on s'en délecte en ayant le désir de coller à l'exemple américain de la "tolérance zéro".

Le contrat local de sécurité et les actions qui devraient suivre (voir ci-contre) vont tenter de répondre à ce nouvel enjeu majeur de société, celui "d'une véritable politique de la ville, qui définirait et mettrait en uvre une réelle politique intégrative sur l'agglomération cannoise et permettrait de cordonner des moyens, non pas dans une intercommunalité de la sécurité, mais dans une intercommunalité de l'intégration sociale". En précisant que dans cette dernière, "les fonctions de sécurisation des espaces et des biens prendraient toute leur place, mais rien que leur place".

Quadrature du cercle ? Non, si le contrat local de sécurité doit servir à quelque chose, c'est bien d'éviter l'éclatement de la communauté et d'améliorer les conditions de vie au quotidien des citoyens.

Y arrivera-t-il ? Est-ce en nous mettant sous l'il de caméras que nous vivrons dans un "loft" à la sécurité assurée ?

Gaetan PEYREBESSE.

Lundi 02 Juillet 2001
Tous droits réservés - © Nice-Matin

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