Encyclopædia
Universalis
P.C.F. (Parti communiste français)
La naissance du Parti communiste français est facile
à dater. Lors de son congrès de Tours, le 30 décembre
1920, la Section française de l'Internationale ouvrière
(S.F.I.O.)
se divise sur une question essentielle. Faut-il ou non adhérer
à la IIIe Internationale,
l'Internationale communiste fondée par Lénine;
La majorité répond affirmativement à la
question posée. Naît alors la Section française
de l'Internationale communiste, qui se transformera l'année
suivante en Parti communiste, avec comme secrétaire général
Ludovic Oscar Frossard.
En 1924, le P.C. enlève vingt-six sièges aux élections
législatives. Un jeune militant fait son entrée
au comité central et l'année suivante au bureau
politique comme secrétaire à l'organisation, Maurice
Thorez. Parti révolutionnaire, le P.C. manifeste contre
la guerre du Riff en 1925 et voit nombre de ses militants arrêtés.
Trois ans plus tard, ce sont des dirigeants qui sont arrêtés
(Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier) ou poursuivis pour
provocation de militaires à la désobéissance
(Jacques Doriot, Jacques Duclos et Maurice Thorez). La politique
du parti se durcit, choisissant une ligne « classe contre
classe ». Le P.C. perd des sièges au Parlement et
des militants.
L'Internationale
communiste recommande une nouvelle ligne, avec comme mot d'ordre
le rapprochement avec les socialistes. Les événements
du 6 février 1934 accélèrent le processus.
Le 10 janvier, socialistes, communistes et radicaux publient
un « programme commun ». Au printemps, le Front populaire
emporte les élections. Le P.C. a doublé ses voix
de 1932 ; soixante-douze des siens entrent à la Chambre.
Le P.C. soutient le gouvernement Blum sans y participer.
Le 22 août 1939 intervient la signature du pacte germano-soviétique.
Le P.C. approuve ce « succès de l'Union soviétique
». Il est alors dissous. Maurice Thorez préfère
déserter et se réfugier à Moscou. Le P.C.,
entré dans la clandestinité, ne rejoint véritablement
la Résistance qu'en 1941, après l'invasion de l'U.R.S.S.
par les troupes allemandes. En 1943, le Kominternest dissous
et le P.C. devient le P.C.F.
À la Libération, le P.C.F., qui est membre du Conseil
national de la Résistance, est devenu une des principales
forces politiques françaises. Maurice Thorez est amnistié,
et il prône la dissolution de « tous les groupes
armés irréguliers ». Aux législatives,
le P.C.F. rassemble cinq millions de voix. Pour la première
fois, des communistes figurent dans un gouvernement. Mais pour
peu de temps. Le 5 mai 1947, le président du Conseil,
le socialiste Paul Ramadier, révoque les ministres communistes,
qui, la veille, ont manqué à la solidarité
gouvernementale en refusant de voter la confiance au gouvernement.
Le P.C.F. redevient, pour longtemps, un parti d'opposition. La
période de la guerre froide voit le P.C.F. s'enfermer
dans son ghetto. Des « procès politiques »
se déroulent à Paris comme à Moscou. Plusieurs
dirigeants importants sont exclus ou écartés de
toute responsabilité. C'est le cas d'André Marty,
de Charles Tillon, d'Auguste Lecoeur, et plus tard de Marcel
Servin et de Laurent Casanova. La déstalinisation entreprise
à Moscou en 1956 laisse le P.C.F. perplexe. Deux ans plus
tard, l'arrivée au pouvoir du général de
Gaulle marginalise le P.C.F., qui perd 20 p. 100 de ses électeurs
lors du référendum qui devait installer la Ve République.
Aux législatives de 1958, son groupe parlementaire au
Palais-Bourbon est ramené de 138 à 10 députés.
En 1964, Maurice Thorez, malade depuis plusieurs années,
meurt. Waldeck Rochet lui succède comme secrétaire
général. L'année suivante, le Parti ne présente
pas de candidat aux premières élections présidentielles
au suffrage universel et préfère soutenir François
Mitterrand. En 1966, un accord électoral de désistement
réciproque avec la Fédération de la gauche
démocrate et socialiste est signé. Une nouvelle
phase de la vie politique s'ouvre. Le P.C.F. voit son influence
remonter : en 1967, il regagne trente et un sièges à
l'Assemblée nationale (22,46 p. 100).
Le mouvement de mai 1968 surprend le P.C.F., comme les autres
forces politiques françaises. Georges Marchais dénonce
les « groupuscules » gauchistes. Le Parti soutient
la grève générale et paraît craindre
l'installation sur sa gauche d'une nouvelle force.
L'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte
de Varsovie entraîne la « réprobation »
du bureau politique et la « désapprobation »
du comité central. Waldeck Rochet quitte la scène
politique l'année suivante après une opération.
En 1969, le candidat du P.C.F. à l'élection présidentielle
- Jacques Duclos - rassemble sur son nom 4,5 millions de voix
(21,5 p. 100). L'union de la gauche reste à l'ordre du
jour. Et, le 26 juin 1972, Parti communiste, Parti socialiste
et Radicaux de gauche tombent d'accord sur un Programme commun
de gouvernement. Cette même année, Georges Marchais
est désigné secrétaire général,
en remplacement de Waldeck Rochet, malade. La ligne d'union de
la gauche triomphera en 1981 avec l'élection de François
Mitterrand à la présidence de la République.
Entre ces deux dates, les relations socialistes-communistes passeront
par des phases plus ou moins tendues. Si, en 1976, le P.C.F.
renonce à la dictature du prolétariat, la rupture
se produira même en 1977 lorsqu'il s'agira d'actualiser
le Programme commun. Certains commentateurs attribuent ce revirement
à l'influence soviétique sur un parti qui n'a pas
pris autant de distances avec Moscou qu'il le prétend.
Peut-être aussi faut-il tenir compte du « rééquilibrage
» électoral qui se produit au sein de la gauche
en faveur du Parti socialiste. En 1976, pour la première
fois, le P.S. devance le P.C.F. aux cantonales. De la Libération
à la fin des années 1970, ce dernier avait toujours
obtenu entre le quart et le cinquième des suffrages exprimés.
En 1981, à l'occasion de l'élection présidentielle
où Georges Marchais est candidat, le P.C.F. ne recueille
que 15,34 p. 100 des voix. Il aura pourtant quatre ministres
au gouvernement de 1981 à 1984. Le recul historique du
P.C.F. se poursuivra en 1984, aux élections européennes,
la liste communiste tombera à 11,28 p. 100 - résultat
à peine supérieur à celui de la liste d'extrême
droite de Jean-Marie Le Pen - et s'accusera par la suite : sur
huit consultations nationales tenues entre 1986 et 1994, le P.C.F.
n'atteint la barre des 10 p. 100 des suffrages qu'aux cantonales
de 1985 et aux législatives de 1988.
Ce déclin, qui dans un premier temps a profité
au P.S., a plusieurs causes qui se conjuguent : transformation
historique de l'électorat traditionnel ; récupération
d'une partie de celui-ci par le Front national, qui reprend le
flambeau du militantisme populiste et protestataire ; démobilisation
des militants une fois éteinte la dynamique de l'union
de la gauche ; mais aussi incapacité des instances dirigeantes
à capter les attentes de la société (environnement),
à s'adapter aux bouleversements qui secouent puis disloquent
le bloc soviétique, à admettre enfin la contestation
interne (« reconstructeurs », « rénovateurs
»).
En 1994, en vue de l'élection présidentielle, le
P.C.F. se dote de nouveaux statuts et d'un nouveau leader, Robert
Hue, secrétaire national. Au moins le Parti communiste
continue-t-il d'exister, à la différence notable
de son naguère puissant homologue italien.
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