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FN - Pourquoi Le Pen

La France qui dit non
AFP - Mis en ligne le 27/04/2002

AFPPrès de 210.000 personnes ont répondu samedi dans une quarantaine de villes de France à l'appel de dizaines d'associations, partis de gauche et syndicats à manifester contre l'extrême droite.

Ces rassemblements, qui se sont déroulés dans des ambiances festives, faisaient suite à une vague de manifestations spontanées, essentiellement à l'initiative de lycéens et d'étudiants, qui avait commencé dimanche 21 avril, au soir du premier tour de l'>élection présidentielle à l'issue duquel restent en lice le candidat du RPR, le président Jacques Chirac, et celui du Front national, Jean-Marie Le Pen.

Samedi, les manifestations étaient organisées par des associations de défense des droits de l'Homme et de lutte contre le racisme, comme le MRAP, SOS Racisme où la Ligue des droits de l'Homme (LDH), auxquelles s'étaient associés des partis politique de gauche, comme le PS, le PCF, les Verts, LO, la LCR, des syndicats dont la CGT, la CFDT et Sud et des syndicats d'enseignants et d'étudiants ou encore des organisations comme ATTAC, Aides ou Ras l'Front.

Les défilés de samedi, présentés par certaines organisations comme un prélude à ceux du 1er mai, auront finalement rassemblé moins de monde que le point d'orgue des manifestations de lycéens et d'étudiants, jeudi (plus de 330.000 personnes).

Près de 210.000 manifestants se sont mobilisés samedi, selon une compilation faite par l'AFP des comptages locaux de la police. Le ministère de l'Intérieur annonçait de son côté 110.000 manifestants (dont 65.000 en province).

La manifestation parisienne a rassemblé 45.000 personnes entre les places de la République et de la Nation, selon le décompte de la préfecture de police. Selon les organisateurs de cette "mobilisation citoyenne et républicaine", 100.000 personnes ont répondu à leur appel à Paris.

Grenoble, avec 25.000 personnes, a vu sa plus importante mobilisation populaire depuis 40 ans, selon un policier interrogé par l'AFP.

A Marseille, où M. Le Pen est arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle, 20.000 personnes ont défilé derrière une banderole proclamant: ensemble barrons la route au Front national.

"F comme fascisme, N comme Nazi", criaient les manifestants, parmi lesquels de nombreux étudiants. Même nombre de manifestants et même ambiance de carnaval à Nancy, où une banderole désignait le candidat du Front national comme "le maillon faible".

"A bas le racisme et la xénophobie, à bas Le Pen et toutes ses saloperies", scandaient les manifestants de Lorraine, région où M. Le Pen est arrivé nettement en tête au premier tour avec 21,31% des voix, et où 4.000 ont défilé à Metz.

A Reims, 8.000 personnes ont défilé, 6.000 à Amiens et 4.000 ont marché à Clermont-Ferrand derrière des lycéens et étudiants.

Environ 2.500 personnes se proclamaient à Rouen "tous ensemble contre le fascisme"; 800 manifestants ont défilé à Evreux et 300 à Vernon.

Au moins 15.000 personnes se sont rassemblées à Rennes, 13.000 à Bordeaux, à peine moins à Nantes. Ils étaient plus de 10.000 à Montpellier.

Environ 3.000 personnes ont manifesté à Dijon, tandis que les cortèges rassemblaient quelque 2.200 personnes au Havre ou à Nice, Perpignan, Vannes et Lorient (Morbihan).

En Alsace où M. Le Pen l'a emporté au premier tour de la présidentielle avec 23,44 % des voix, deux milliers de personnes scandaient: "Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés"..

"Jean-Marie, tu resteras un détail de notre Histoire", proclamaient 1.700 manifestants à Lyon, aussi nombreux qu'à Belfort.Des cortèges d'un millier de personnes se sont formés à Nîmes, Toulon, Tours, Périgueux (Dordogne), Montauban, Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)


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Hier, plus d'un millier de lycéns ont brandi des banderoles improvisées avec des slogans hostiles au leader du Front National.

Manifestation anti-Front National :  1 500 lycéens dans la rue
Ils ont défilé dans le centre, hier matin, perturbant la circulation, mais dans une ambiance bon enfant, avant d'aller sur Nice. Tous affichant des slogans contre Le Pen

_  Une forte mobilisation de tous les lycéens

_  Un cortège sans boussole

_  Embouteillage devant la gare

Une bannière rouge écrite avec ces mots en noir : « Amis entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaine. Le Pen, nous vois-tu, nous on marche, on lutte, on gouverne... »

Reprenant le chant des Partisans, les lycéens sont entrés « en résistance » selon l'expression de l'un d'eux, hier, en défilant toute la matinée dans les rues du centre ville.

La manifestation est partie vers 8 heures, du lycée Carnot. Puis s'est dirigée vers Jules Ferry, puis Bristol. Les élèves des Coteaux ont rejoint le cortège, où l'on pouvait mesurer l'importante mobilisation : environ 1 500 jeunes.

Un défilé qui s'est déroulé sans incident majeur, si ce n'est quelques voitures un peu cabossées. Pourtant, il n'a pas été facile pour les forces de l'ordre (police nationale et municipale) qui encadraient les manifestants de les suivre. Au contraire des organisations syndicales structurées, les lycéens n'avaient aucun plan défini sur le trajet. Tout s'est fait au petit bonheur la chance, mais à un pas de course, perturbant au passage la circulation.

Slogans hostiles au FN
Les lycéens ont effectué un bref « sitting » sur le pont Carnot avant de fondre sur la rue d'Antibes, de bifurquer rue des Serbes et de prendre la Croisette en direction du Palais des Festivals.

Dans le défilé, fleurissaient divers slogans hostiles au leader du Front-National : « Le Pen facho, le peuple aura ta peau ! » ; « Nous sommes tous des enfants d'immigrés ! ».

Sur des cartons ou des banderoles improvisées d'autres slogans : « Non à l'abstention ! » ; « F-Haine » ; « Extrême droite dehors ! » ; « Non au Fascisme ! »...

Passant par les allées, le cortège s'est arrêté devant l'hôtel de ville, sur la place du monument aux Morts, juste en dessous du bureau du maire.

Là, les slogans ont redoublé de vigueur, accompagnés par des klaxons de scooters et des tam-tams.

Brochand applaudit
Bernard Brochand, le député-maire, s'est alors montré à la fenêtre, saluant les jeunes gens, puis les a applaudis.

Après quelques minutes d'incertitude, le mot d'ordre était donné de rejoindre la gare SNCF afin de prendre un train pour Nice, où devait avoir lieu une autre manifestation réunissant les lycéens du département et ceux de Saint-Raphael.

Quelques bousculades se sont produites devant la gare, qui était fermée, avant qu'une solution ne soit trouvée pour qu'ils prennent le train pour la capitale azuréenne. Certains ont préféré rester à Cannes.

Emilie, Laurianne, Pamela et Martial sont allés à Nice manifester. Ils ne sont pas choqués par le score du FN, qu'ils expliquent par « une réelle insécurité », mais plus par les propos et les idées véhiculés par Le Pen. Pour eux, « cela nous concerne tous, nous ne voulons pas vivre dans un monde fasciste ». La plupart, âgés de 16 ou 17 ans, étant pour la première fois de leur existence dans la rue. Faisant preuve d'une certaine maturité, ils souhaitent qu'après le choc des élections, « les hommes politiques réfléchissent, se remettent en cause et que de nouveaux visages apparaissent ».

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`Le Pen, t'es foutu: les jeunes sont dans la rue´
BERNARD DELATTRE - Mis en ligne le 23/04/2002

Encore des milliers de manifestants mardi: tantôt spontanée, tantôt encadrée par l'extrême gauche, la révolte anti-Le Pen s'amplifie

CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS

Depuis dimanche, à Paris comme en province, plus d'une centaine de milliers de manifestants ont défilé contre le FN. Manifestations spontanées ou, comme l'assure Le Pen, orchestrées par l'extrême gauche? Dans les cortèges, effectivement, les organisations de jeunesse des partis trotskistes ainsi que des formations politiquement très connotées (syndicats anarchistes, etc.) sont bien représentées. On y aperçoit aussi, de temps en temps, l'une ou l'autre personnalité de l'extrême gauche. La plupart des manifestations ont toutefois été organisées au pied levé à l'initiative de mouvements étudiants ou d'associations apolitiques. Jusqu'à présent, d'ailleurs, pour autant qu'on puisse en juger, les quelques débordements déplorés en marge de ces rassemblements semblent avoir découlé davantage de leur caractère un peu amateuriste et improvisé que d'une volonté délibérée et orchestrée de déstabilisation. Du reste, une grosse majorité des manifestants n'affichent aucune appartenance politique.

C'était encore le cas mardi à Paris, parmi les quelques centaines de personnes qui, à l'appel d'un syndicat lycéen, ont parcouru l'axe éminemment symbolique formé par les trois places de la Bastille, de la Nation et de la République. Dans le cortège: beaucoup d'ados représentatifs de cette France `black-blanc-beur´ d'antan. Sur les pancartes hissées à bout de bras, des slogans taggés à la hâte. Ils crient `La Honte!´, se demandent si `Thuram, Zidane et Debbouze sont toujours Français´, assimilent le leader du FN à un lave-linge qui n'aurait qu' `un seul programme: faire bouillir la haine´, opposent `Immigration = richesse´ à `FN/MNR = détresse´. Ça et là, des références-choc. `Jean Moulin, au secours!´, lit-on sur le t-shirt d'un jeune homme. Tandis qu'un autre, à ses côtés, brandit un drapeau français au centre duquel une croix gammée a été cousue, parsemée de larmes.

`Mes trois filles ont voté dimanche. Aujourd'hui, elles sont dans le cortège et je suis fière d'elles´, explique Halima, une Algérienne de 58 ans installée à Paris il y a vingt ans. Notre interlocutrice se dit `choquée´ par le verdict des urnes, mais confiante: `Le Pen ne passera pas´. A ses côtés, `meurtrie, anéantie, découragée´, Josiane, infirmière de 52 ans, défile dans le silence. `Cela fait deux jours que j'ai la nausée´, confie-t-elle, les yeux mouillés. `Mon père était immigré italien. Il a fui le fascisme pour venir se réfugier en France. Pour moi, ce qui s'est passé dimanche, c'est très lourd de sens.´ Josiane, pourtant, n'a pas voté. Avant les municipales de mars 2001, comme des milliers de Parisiens, elle a été rayée des listes électorales pour ne pas avoir signalé en temps utiles son changement de domicile à la préfecture. `J'ai des tas d'amis qui sont dans mon cas´, assure-t-elle. `Comme moi, ils ont remué ciel et terre pour essayer de régler les choses avec l'administration. En vain.´ Josiane a un fils de 18 ans qui, le 5 mai, votera Chirac. `Il est désespéré. Je le comprends.´

Accoudée à la colonne de la Bastille, Deborah, artiste de 28 ans, votera aussi Chirac, `la mort dans l'âme´. Dimanche dernier, elle aurait bien voté écologiste, mais cela supposait qu'elle écourte son week-end à Paris et regagne sa Normandie. Elle ne l'a pas fait. Aujourd'hui, Deborah s'en veut. Elle espère néanmoins que `maintenant, les choses vont changer, les Français vont se bouger´. Droite, gauche, partis, clivages: Deborah n'y croit guère. Elle rêve d' `une grande mise en commun de toutes les bonnes idées´, quelle que soit leur origine, et d'un sursaut en faveur d' `une France tolérante, qui sorte des tabous et laisse respirer les gens´.

Arnaud, chimiste de 28 ans, lui, ne rêve plus. Il ne croit pas à la politique, `complètement déshumanisée´ et inféodée à l'argent. Arnaud n'a jamais voté: `Un politicien sur dix connaît le prix d'une baguette. Comment me sentirais-je proche d'eux?´ Pas davantage Arnaud n'ira voter dimanche. `Voter Chirac? Avec lui, rien ne changera. La révolution, on ne l'aura que quand Le Pen sera au pouvoir. A ce moment-là, les choses vont changer, la société va se révolter. Depuis que Berlusconi est au pouvoir, des millions d'Italiens sont dans la rue!´

Deborah semble dubitative sur la stratégie de son ami, mais ne lui en voudra pas de ne pas aller voter. `C'est son choix. C'est cela aussi la liberté: accepter qu'on ne s'oppose pas à Le Pen...´

© La Libre Belgique 2002

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