Dopage

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Les géants de la cigarette perdent une bataille judiciaire


Les géants de la cigarette perdent une bataille judiciaire

AFP - Mis en ligne le 15/01/2003
 

Olivier Pirard

Les géants de la cigarette ont perdu aujourd'hui une bataille dans la saga judiciaire qui les oppose aux Européens, la justice européenne estimant que la Commission de Bruxelles avait le droit de les poursuivre devant des tribunaux américains.

Les américains Philip Morris et RJ Reynolds et le nippon Japan Tobacco ne peuvent «pas empêcher la poursuite des actions introduites» par la Commission européenne «devant les juridictions des Etats-Unis», a affirmé le Tribunal de première instance de la Cour européenne de justice (CEJ).

Les trois groupes, qui détiennent notamment les marques Malboro, Camel et Winston, estimaient que Bruxelles n'était pas compétent pour demander des dédommagements dans une action intentée devant une juridiction new-yorkaise. Dans cette procédure, les cigarettiers sont accusés par les Européens de participer à un système de contrebande de cigarettes dans l'UE, qui entraîne d'importantes pertes de recettes fiscales pour les Etats membres.

Ils estimaient notamment que «les actions en justice aux Etats-Unis les exposent à des sanctions plus lourdes que celles prévues par les droits nationaux des Etats membres», mais le tribunal de la CEJ a estimé que cela n'avait pas été démontré.

Philip Morris et Japan Tobacco ont d'ores et déjà réagi. Le premier a annoncé qu'il ferait appel et le deuxième qu'il envisageait cette possibilité.

La Commission européenne et les fabricants de tabac s'opposent depuis plusieurs années devant les juridictions, aussi bien outre-Atlantique que sur le Vieux continent.

L'exécutif européen avait intenté une première action contre ces groupes en novembre 2000 à New York. Débouté, il avait engagé une nouvelle procédure en août 2001, qui a elle aussi été rejetée. La Commission a fait appel depuis de cette décision.

Bruxelles a aussi tenté d'attaquer sur d'autres fronts. La Commission a ainsi récemment décidé de poursuivre à nouveau RJ Reynolds, toujours devant un tribunal new-yorkais, cette fois pour blanchiment d'argent dans le cadre d'un système profitant notamment à la mafia et à Oudaï Hussein, un fils du président irakien Saddam Hussein.

La décision de la justice américaine dans cette nouvelle affaire est attendue cette année, selon un porte-parole de l'exécutif européen. De leur côté, les cigarettiers accumulent eux aussi les démarches judiciaires pour tenter de limiter la portée de la législation européenne en matière de lutte contre le tabac.

En octobre 2000, les britanniques British American Tobacco (Dunhill, Lucky Strike) et Imperial Tobacco (JPS) avaient réussi, aux côtés de l'Allemagne, à faire annuler une directive européenne de 1998 qui interdisait toute forme de publicité pour le tabac.

Un nouveau texte a finalement été entériné en décembre dernier par les ministres de la Santé des Quinze, qui interdit le parrainage des manifestations comme les Grands Prix de F1 à partir de 2005.

Il bannit la publicité pour le tabac dans la presse, mais pas par affichage ni dans les cinémas ou via des produits dérivés (briquets, etc).

Les cigarettiers s'en sont également pris à une autre directive européenne fixant des règles communes pour la fabrication de cigarettes. Mais la CEJ a cette fois donné raison à Bruxelles, en reconnaissant le mois dernier la compétence de la Commission à définir de telles règles.

Savoir plus


Philip Morris va faire appel
Le producteur américain de cigarettes Philip Morris va faire appel de la décision rendue aujourd'hui par la justice européenne autorisant la Commission à l'attaquer devant la justice américaine, selon un communiqué publié à son siège européen, à Lausanne.
«Nous continuons à penser que la décision de la Commission d'engager une action devant la justice américaine est non seulement une mauvaise politique, mais en plus contraire est à la loi», a indiqué le communiqué de Philip Morris. (AFP)


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Festina

L'équipe Festina a été priée de plier bagage la veille. La presse, unanime, parle de plus grave scandale dans l'histoire du Tour. Mais là, à Brive, ville départ de l'étape, tout ou Presque semble oublié. Le superbe buffet est prêt à être pris d'assaut. L'abcès a été crevé. Allons de l'avant dans la bonne humeur sur fond d'accordéon. Après le maire, c'est maintenant à Jean-Marie Leblanc, le patron du Tour, de prendre la parole.

«Nous avons certes traverse quelques turbulences, mais la fête est de retour. Elle est belle, elle est animée.»

On se pince. Comme tous les jours, Poulidor, Poupou comme on l'appelle, monte ensuite sur le podium pour évoquer l'un de ses hauts faits, en l'occurrence son démarrage dans le Puy-de-Dôme en 1964, qui lui avait permis de lâcher Anquetil. Les spectateurs boivent ses paroles. Vive la légende du Tour. L'affaire Festina? «Une simple péripétie, déclare Patrice Dousse, patron des restaurants Sodexo, l'un des principaux sponsors. Le Tour en a vu d'autres: n'a-t-il pas survécu à deux guerres mondiales?» Oui, le vélo est de retour. «Dans les Alpes, des milliers de spectateurs applaudiront leurs héros comme si de rien n'était», ajoute Jean-Marie Leblanc.

Méthode Coué? Assis un peu plus loin, Jean-Paul Ollivier, pur amoureux du vélo, qui commente son vingt-troisième Tour consécutif pour France 2, n'affiche pas le même optimisme. «C'est la première fois qu'après une semaine j'ai le sentiment que le Tour n'a toujours pas démarré. Quelle qu'en soit l'issue, il restera comme celui de l'affaire Festina, rien d'autre.» Vainqueur de l'édition 1987, l'Irlandais Stephen Roche est l'un des seuls dans le milieu à ne pas manier la langue de bois. «Regardons les choses en face, l'affaire Festina ne fait que commencer. Tout le peloton aujourd'hui vit dans la peur de nouvelles révélations.»

C'est comme une bulle protectrice qui explose. Ce drôle de milieu, pris en faute, révèle ses vraies moeurs: hypocrisie, jalousies, mesquineries. Jusque-là, le Tour, vivant en vase clos, avait réussi à étouffer Presque tous ses scandales liés au dopage. Delgado déclaré positif en 1988? Le produit incriminé était interdit par le CIO, pas par l'UCI, la fédération internationale de cyclisme. Les favoris PDM qui doivent subitement abandonner en 1991? La faute à une sole avariée... Six ans plus tard, l'un des coureurs, l'Allemand Uwe Raab, reconnaissait que la subite maladie était, en fait, due à l'absorption d'anabolisants mal conservés.

Hypocrisie là encore. Ce Tour 1998 devait être, lui, le théâtre d'une formidable bataille entre Ullrich, le favori allemand, et Festina, la plus belle, la plus riche équipe du peloton, celle du chouchou tricolore Virenque, de Zülle et de Dufaux, les deux vedettes suisses. Patatras: aujourd'hui, le médecin, le directeur sportif et un soigneur sont en prison et les coureurs exclus du Tour. Quant à la belle solidarité des Festina affichée l'an dernier lors d'une sublime édition, la justice l'a fait voler en éclats. C'est le sauve-qui-peut, le chacun pour soi jusqu'à la caricature.

Flash-back. Quand Willy Voet, le soigneur, se fait arrêter à la frontière belge avec 400 doses d'EPO dans la voiture Festina, Bruno Roussel joue les innocents. «La vérité, c'est que je ne sais rien. Nous sommes au complet. Il ne manque ni voiture ni soigneur.» Mais cinq jours plus tard, Bruno Roussel et le médecin Eric Rykaert avouent devant le juge d'instruction que le dopage est organisé au sein de l'équipe; ce sont alors les coureurs qui, cette fois-ci, jouent les aveugles. Non, promis, juré, ils n'ont jamais touché au fruit défendu, ils sont propres. «Dans cette affaire, les coupables sont écroués, nous ne sommes que des témoins», n'hésite pas à affirmer Virenque. Il n'épargne pas non plus son soigneur-confident, l'homme à propos duquel il ne tarissait pas d'éloges jusque-là. «On sait avec qui on travaille, on ne sait pas au fond d'eux ce qu'ils trafiquent.» Merci au nom de leur vieille amitié. Tout ça d'ailleurs, comme le répète Dufaux, c'est la faute à la presse qui «nous assassine, qui fait du sensationnalisme. Nous ne sommes que des victimes.» Evidemment.

Leur exclusion délie pourtant soudainement les langues de ces gentils naïfs. «Ce qui pèse sur nos têtes pèse aussi sur le peloton. Nous quittons la course pour sauver l'image du Tour», déclare Virenque avant de s'en aller penaud. Pour Michel Gos, l'adjoint de Roussel, le dopage n'est tout à coup plus un sujet tabou. «C'est une vaste hypocrisie, lâche-t-il. Tout le monde sait que le dopage existe dans le peloton. Nous sommes des boucs émissaires.» C'est l'heure du grand déballage, des règlements de comptes.

Tous dopés? Les autres équipes s'insurgent. «Ce n'est pas parce qu'on arrête Dutroux que tous les Belges sont pédophiles», relève Patrik Lefévère, de l'équipe Mapei. La triche des Festina, d'ailleurs, tout le monde s'en doutait dans le peloton. C'est le moment de le dire. «L'année dernière, il est arrivé que huit d'entre eux se trouvent en tête dans les cols, ça devenait irréel. Ils ont pété les plombs», affirme Marc Madiot, de La Française des Jeux. Mais évoquez le cas de son coureur Mauro Gianetti, resté deux semaines entre la vie et la mort après une étrange gastro-entérite en plein milieu du Tour de Romandie, et il devient tout à coup moins prolixe: «J'ai très peu d'informations à ce sujet, je ne maîtrise pas tout.»

Quant aux 104 doses d'EPO, saisies sans suite judiciaire cette fois dans un camion de l'équipe TWM en mars dernier, l'explication tombe sous le sens: c'est un jaloux qui les avait introduites là, à l'insu des mécaniciens. Est-il besoin de le préciser?

Ex-médecin du Tour de France et auteur de plusieurs bouquins sur le dopage, Jean-Pierre de Mondenard rigole doucement. «Quand, en 1975, j'ai dit à la radio que le dopage dans le vélo était généralisé, j'ai été méchamment chahuté. Félix Lévitan, le patron du Tour, m'a fait savoir que certaines vérités n'étaient pas bonnes à dire.» Ces vérités, l'affaire Festina semble enfin les faire exploser. «On estime généralement que le dopage améliore les performances de 10% en moyenne. Si les Festina étaient les seuls à en prendre, ils finiraient toutes les étapes avec une demi-heure d'avance, ce n'est pas le cas.» La course au fric, les cadences infernales, la pression conjuguée des sponsors et de la TV expliqueraient ce recours systématique aux produits interdits. Mais, en fait, l'histoire démontre que le dopage a toujours fait partie de la culture du vélo. «Quand les premiers tests ont été introduits en 1964, les coureurs du Tour, Anquetil en tête, ont fait une grève symbolique», explique Mondenard. A ses yeux, tout le monde est responsable: les médecins plus soucieux des performances que de la santé des coureurs, les directeurs sportifs anciens dopés pour la plupart et les coureurs aussi. «Le système est en place depuis des décennies, soit on y adhère, soit on quitte le vélo.» Quant aux contrôles, inefficaces face à des substances indétectables, ils ne servent qu'à renforcer l'hypocrisie, à servir d'alibi. «Les coureurs qui se flattent d'être propres parce qu'ils n'ont jamais été déclarés positifs nous prennent vraiment pour des imbéciles. Aujourd'hui, la seule manière de lutter efficacement contre le dopage consiste à fouiller dans les poubelles, dans les armoires, dans les voitures, comme ce qui s'est passé avec Festina. En dix jours, la justice a d'ailleurs été plus efficace que les pouvoirs sportifs en trente ans», ajoute-t-il.

L'affaire Festina sonne-t-elle le début de la fin de cette hypocrisie? L'image du vélo en a pris un sacré coup, les sponsors risquent de faire pression pour assainir le milieu. «Halte à la puanteur de la triche médicalisée», titre «Libération», «Les géants de la route sont aussi les nains de la morale sportive», s'indigne «Le Monde». «Si la situation ne change pas, on peut se demander quelle firme voudra encore investir 10 millions dans une équipe en risquant de voir son image éclaboussée par un scandale», s'interroge Mondenard. Mais il connaît trop bien le milieu pour se faire de vraies illusions. «La mort deSimpson en 1967 avait été aussi considérée comme une sonnette d'alarme. On promettait de tout arrêter. Voyez où nous en sommes aujourd'hui.»

En attendant, les cyclistes tiennent surtout à sauvegarder leur image. Dufaux menace de poursuites judiciaires quiconque le soupçonnera de dopage. «Je n'ai rien à me reprocher.» Gianetti s'apprête à porter plainte contre les médecins qui ont établi une relation de cause à effet entre un éventuel produit dopant et sa gastro-entérite. «Je suis propre.» Comme tous les autres, ça va de soi. Belle ambiance.

Reportage, sur le Tour: Bertrand Monnard

 

Affaire Festina: voyage au pays de l'hypocrisie
Les grandes étapes de la dope

Et si nous cessions de considérer le dopage comme le cancer du sport moderne, pour l'accepter comme un secteur reconnu de la recherche médicale, et surveillé comme tel?

Ce renversement total de perspective, imaginé par «L'Hebdo» à l'occasion de l'affaire Festina, n'est provocant qu'en apparence. Les nombreux débats organisés en Suisse à propos des différentes technologies médicales de pointe (clonage, manipulations génétiques, etc.) ont montré qu'il n'y a pas contrôle plus efficace que celui qu'exercent des chercheurs sur d'autres chercheurs.

Comme cela se passe habituellement dans le cadre de toute expérience scientifique. Des protocols publiés régulièrement rapportent dans le détail ce qui se passe dans les laboratoires, et le débat porte ñn dans la transparence et à la satisfaction générale ñ sur les problèmes éthiques ou techniques soulevés.

Que se passe-t-il dans le sport? Pour conserver un temps d'avance sur les laboratoires antidopage, les athlètes se procurent et testent (par l'intermédiaire d'un médecin ou d'un pharmacien ou, plus dangereux, par leurs propres moyens) des substances nouvelles ou expérimentales, dont les effets comme les dosages utiles sont mal connus. Mais dont «on» a entendu dire qu'elles constituent une solution miracle et indétectable au contrôle.

Administrés clandestinement, certains nouveaux produits se révèlent mortels (voir à ce sujet les 18 cyclistes décédés en 1989-90 à la suite de prises probables d'EPO). L'affaire étant clandestine, la loi du silence est de rigueur et le spectacle continue, moyennant quelques mesures cosmétiques. La «dure loi du sport» prend ici tout son sens.

Sans changement radical de perspective, le jeu du voleur et du gendarme entre coureurs et laboratories antidopage peut se poursuivre encore pendant des années, dans l'hypocrisie générale. Il fera d'autres victimes au passage, et de plus tragiques que les coureurs Zülle, Dufaux ou Virenque qui ont été privés deGrande boucle. On peut continuer à feindre de croire que des coureurs font des efforts de plus en plus inhumains par la seule grâce de l'entraînement et le pouvoir régénérateur du birchermüesli. Ou profiter de cette affaire Festina pour réfléchir à la place qu'il faudra bien accorder un jour ou l'autre à cette médecine du sport que l'on appelle souvent dopage aujourd'hui.

Sous quelle forme? Faut-il laisser le médecin de l'athlète ou de l'équipe décider seul, en l'obligeant à publier le détail de ses expériences à la fin de chaque saison? Faut-il autoriser la prescription de médicaments sous réserve de l'obtention d'une autorisation auprès d'une commission d'experts tenus au secret médical? Ce qui est sûr, c'est que des spécialistes sont prêts à discuter des modalités d'une telle pratique. Persuadés qu'après l'affaire Festina, plus rien ne sera comme avant.

Jocelyn Rochat


Dr PROSPER DUBOULOZ - Médecin du Tour de Romandie et ex-vice-président de l'Union cycliste suisse.

«L'idée est séduisante. Elle a l'avantage de rompre le cercle gendarme-voleur. Pour la mettre en pratique, il faudrait réunir un certain nombre de conditions indispensables: interdire les produits dangereux et toxiques qui ont des effets secondaires (PFC) ou qui sont contraires à l'éthique médicale;

- le protocole (ou «guideline») doit être élaboré par des scientifiques reconnus. Il doit être le même pour toutes les fédérations sportives et dépendre donc d'une autorité incontestable (liée au CIO), et qui peut se prononcer rapidement;

- en parallèle, il faut que les sportifs acceptent plusieurs véritables contrôles sanguins inopinés en cours de saison (les contrôles actuels cherchent uniquement à détecter l'overdose d'EPO);

- toute tentative de triche par rapport à ce système devrait valoir la radiation à vie. Enfin, pour mettre un tel système sur pied, il faut des états généraux du sport comprenant tous les partenaires concernés, des médias aux juristes.»

Dr LAURENT RIVIER - Unité d'analyse du dopage

«Cette contribution est utile, et il en faut d'autres du même genre. Il est clair que nous avons atteintun niveau insupportable, et la société dans son ensemble doit débattre pour redéfinir sa position à propos du dopage. De deux choses l'une: ou l'on décide de maintenir la position actuelle en refusant toute aide pharmaceutique, ou l'on ouvre la boîte de Pandore. Considérer la médecine du sport comme les biotechnologies pose quand même un certain nombre de problèmes pratiques. Nous n'arrêtons pas d'entendre que les athlètes ont des morphologies particulières... Comment tenir compte des résultats d'expériences effectuées sur des cas particuliers? Enfin, où trouver les millions qui financeront cette recherche comme les contrôles qui devront subsister même en cas de libéralisation?»

Dr DANIEL BLANC - Médecin du sport


«Cette manière de voir me paraît être la seule solution. Elle permettrait d'éliminer 90% des problèmes. Notamment parce que les médecins du sport pourront enfin faire de la médecine. Nous sommes le seul domaine médical qui n'est pas libre de choisir son traitement, parce que notre pratique est liée à des conditions extérieures qui prédéterminent arbitrairement ce qui est bien ou mal. Autre avantage: ce changement de perspective rend possible la discussion entre confrères, par exemple sur les propriétés d'une substance nouvelle ou sur l'utilisation d'un produit dans un cadre inhabituel. Si cela se passe sous secret médical, cela aura encore pour effet de diminuer la publicité indirecte que l'on fait à ces substances à chaque fois qu'une nouvelle affaire de dopage éclate, ce qui génère des tentations.»


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France: bientôt une loi antidopage

Un hasard si le plus gros scandale de dopage de l'année éclate en France? Pas vraiment. Depuis l'arrivée de Marie-Georges Buffet, en juin 1997, à la tête du Ministère de la jeunesse et des sports, la guerre aux substances interdites s'est réellement ouverte. Appel à la fermeté auprès des federations sportives, triplement, en l'espace d'un an, des crédits alloués à la lutte antidopage (26 millions de FF), volonté de remonter les filières des marchands de pilules, dénonciations pénales: autant de measures que le petit monde du sport français doit pour beaucoup à Madame la ministre.

Un durcissement dont les effets ont d'abord été perçus dans l'univers du football. Logique. Alors que la France s'apprêtait à recevoir le Mondial 98, impossible évidemment d'imaginer qu'un scandale vienne éclabousser le sport-vitrine... La Fédération française de football, la première, a donc été sommée de faire le ménage; les sanctions n'ont pas tardé. Après la campagne «antipétards» entamée durant la saison 1995-1996, qui sanctionna le gardien du PSG Bernard Lama, des dizaines de footballeurs shootés aux anabolisants, dont la vedette Vincent Guérin (PSG), sont tombés ainsi dans les filets. La machine lancée, d'autres sports - handball, rugby, judo, et maintenant cyclisme - ont suivi.

Avant la prévention et les contrôles, et c'est peut-être là la nouveauté française, le Ministère des sports a décidé de s'attaquer prioritairement, à l'image de la lutte antidrogue, au démantèlement des filières.

«On ne vaincra pas le dopage si on ne répond pas à ces questions simples: qui fournit ces produits, qui les transporte, qui les commande, pour qui? Il faut s'attaquer aux pourvoyeurs», soulignait ainsi il y a quelques jours la ministre à propos de l'affaire Festina, bien décidée à ce que la justice ait à l'avenir les moyens de sévir. Une loi antidopage, qui devrait être adoptée en automne par le parlement, lui facilitera
sans doute la tâche. C. M.

 

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