Bonjour l'Euro
« Des euros, des euros ! » En cette nuit de bascule dans l'Euroland, la présence de Nicole Fontaine n'est pas passée inaperçue à Nice. Une vingtaine de journalistes de radio, télévision et de presse écrite de toute l'Europe étaient invités à assister au premier retrait en euros effectué par la présidente française du Parlement européen. Malgré le froid piquant, quelques fêtards attirés par les lumières des projecteurs ont apporté leur contribution en encourageant de la voix l'arrivée de la nouvelle monnaie.
Le rendez-vous était donné à minuit pile, boulevard Jean-Jaurès, devant la Banque Populaire de la Côte d'Azur (BPCA). Mais sur l'écran du distributeur de billets, le message est resté désespérément laconique : « Guichet momentanément indisponible ». Une panne que la présidente du Parlement a prise avec philosophie. « J'aurais préféré pouvoir en retirer à minuit, mais tant pis. Il est intéressant de montrer que ce n'est pas une opération aussi facile que cela. »
Sourire accroché au visage, Nicole Fontaine a donc patiemment attendu que le distributeur fonctionne. En vain. Pour la petite histoire, c'est un étudiant niçois, Romain, qui lui a permis de toucher les premiers billets. « Je viens de les retirer un peu plus loin », a souri le jeune homme. Et d'expliquer avant de se fondre dans la masse des fêtards : « Mes premiers Euros vont se transformer en liquide pour fêter l'an 2002 ! »
Une grappe de raisin et du champagne
Trois quarts d'heure et plusieurs centaines de mètres plus
tard, c'est à un distributeur de la Caisse d'Epargne que
la présidente du Parlement Européen a finalement
pu retirer trois billets bleus de vingt euros. Avec une émotion
évidente et sous les hourras de dizaines d'Italiens.
« C'est une immense joie pour moi de savoir qu'en cet instant 350 millions d'Européens peuvent retirer la même monnaie. C'est un moment porteur d'espoir et surement aussi de nostalgie avec la disparition du franc. Je souhaite que cet espace de paix et de solidarité ne laisse personne sur le chemin. Je m'y engage très fort. »
C'est à l'épicerie centrale, rue de la Loge dans le Vieux-Nice, que Nicole Fontaine a dépensé ses premiers euros. Une grappe de raisin (1,37 e) et une bouteille de champagne (16,77 e). De la première, elle a mangé douze grains. Une tradition espagnole exécutée dans la langue du pays et sous l'objectif de la télévision castillane. Un clin d'il au pays qui a pris ce premier janvier la présidence du Conseil européen. La bouteille de champagne, elle, a été ouverte sur le champ et offerte aux journalistes et badauds présents.
C'est au restaurant afghan « Amou Daria », sur le port de Nice, que Nicole Fontaine avait choisi d'achever cette tournée riche en symboles. Le 7 janvier, une semaine avant la fin de sa présidence, Nicole Fontaine se rendra dans la capitale afghane.
On se souvient qu'elle avait eu le courage de recevoir le commandant Massoud à Bruxelles.
Et de rapporter leur dernier échange. « Mme Fontaine, lui avait glissé Massoud, je vous donne rendez-vous la prochaine fois dans Kaboul libérée. »
Grégory LECLERC.
Comme dans l'année nouvelle, le Var est entré à petits pas dans une vie quotidienne inédite. Avec trois cents millions d'autres Européens, la plupart de ses 893.800 habitants - et quelques-uns de ses 12.500 commerçants - ont trempé prudemment un premier orteil hivernal dans la nouvelle onde monétaire. Sans hydrocution notoire, malgré quelques périlleuses séances de brasse coulée.
Normal : l'euro, c'est comme la natation ; ça s'acquiert à l'usage.
Au fait : « 2002 », ça fait combien maintenant ? « 305,20 », affiche la calculette, qui a obstinément réponse à tout... Mais les Varois, eux, n'ont pas encore tous une Eurette dans la tête. Ajouté, peut-être, à l'effet sédatif du réveillon de la veille : il planait hier matin, dans nos rues quasi désertes, comme une vague, mais lancinante, torpeur d'indigestion arithmétique.
90 millions de pièces nouvelles, voisinant avec les premières coupures de 10 et de 20 E, sont donc désormais en circulation dans le département. Elles ne prendront leur plein essor qu'à compter d'aujourd'hui, avec la reprise de l'activité économique et la réouverture des grandes surfaces.
Si aucune cellule d'urgence proprement dite n'a été mise en place à l'occasion de cette grande « bascule », les autorités préfectorales - en liaison permanente avec les services de la Banque de France, les Trésoreries du département et le Centre opérationnel national - n'en sont pas moins restées attentives, dès la première heure du jour, au déroulement de l'opération. Parées à toute éventualité.
A quand le premier bilan ? Un peu de patience : « Il faudra au moins attendre la fin de semaine pour avoir une lisibilité suffisante », estime M. Michel Marquer, directeur de cabinet de la préfecture du Var.
A défaut de partition définitive, voici d'ores et déjà un aperçu de la virtuosité - sinon de la nervosité - avec laquelle les Varois ont interprété, dès hier, les toutes premières mesures de leur symphonie euroique.
P. L.
Mercredi 02 Janvier 2002
Tous droits réservés - © Nice-Matin
ça y est ! Depuis hier, l'euro a cours légal. En évoquant le franc, même s'il tinte encore dans nos poches, ce sera désormais avec un gout d'avant, une saveur d'histoire, un peu comme lorsqu'on évoque les Gaulois...
« Vous verrez, vous vous sentirez européens, lorsque vous aurez des euros en poche » affirmait, durant le sommet de Nice, une consur scandinave.
Alors, vous sentez-vous Européens ? La transition s'est-elle faite dans la douleur ? Dans la joie ? Dans l'embarras ?
Jamais dans l'indifférence ni l'ennui... comme "Nice-Matin" a pu le constater en vous accompagnant sur les premiers mètres de la route de l'euro, signe palpable au quotidien de la naissance d'une nouvelle Europe.
Même sans les Britanniques. Mais ils y viendront, comme l'annonçait hier en zozotant une délicieuse anglaise, brandissant ses Livres : « nous, on attend encore un peu pour être heureux. »
Il fallait comprendre : « ... pour être euro ! »
F. R.
Mercredi 02 Janvier 2002
Tous droits réservés - © Nice-Matin