Fédéralisation

La Belgique fédérale se refait à nouveau la façade


COMMENTAIRE


Depuis le début de cette législature, la majorité arc-en-ciel se vante d'avoir instauré un nouveau climat communautaire. On s'invite, on se parle, on s'embrasse: devant les caméras, les images transmises sont effectivement bien différentes, plus positives, plus consensuelles que celles que se plaisaient à colporter les précédents gouvernements. Qu'on se souvienne du chien de Luc Van den Brande, ancien chef de l'exécutif flamand, qui mordillait avec un plaisir non dissimulé une poupée en forme de coq. Des signes concrets ont été posés par les nouveaux responsables politiquesà l'occasion des fêtes flamande, wallonne et bruxelloise honorées de la présence d'hôtes «étrangers». Mais seuls les naïfs ont réellement pu croire que les choses ont fondamentalement changé. L'envoi d'un commissaire spécial à Wezembeek, chargé de vérifier la stricte application de la circulaire Peeters, contestée par tous les francophones, révèle un fait: le climat communautaire, doux en apparence, demeure polaire. Dès lors, les accords conclus ne doivent pas empêcher les francophones de rester en éveil face aux agressions politiques de la Flandre. Cet épisode démontre la fragilité des garanties dont disposent les francophones de la périphérie. Tout indique que la régionalisation des lois communales et provinciales accentuera encore cette précarité.
Francis Van de Woestyne

© La Libre Belgique 2001

SAINT-POLYCARPE

Référendum contre la Saint-Polycarpe
BOUDEWIJN VANPETEGHEM
Mis en ligne le 08/02/2001
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Guy Verhofstadt essaie de calmer le jeu au sujet du commissaire spécial flamand envoyé à Wezembeek-Oppem

BELGA

Les bourgmestres des six communes flamandes à facilités linguistiques de la périphérie Bruxelloise invitent leurs habitants à signer une pétition qui demande l'organisation d'une consultation populaire contre la régionalisation des lois communales et provinciales. L'envoi récent d'un commissaire spécial par le gouvernement flamand à Wezembeek-Oppem renforce leur conviction selon laquelle cette régionalisation prévue par les accords communautaires de la Saint-Polycarpe ou du Lambermont nuit aux intérêts des francophones dans leurs communes.

Une consultation populaire communale peut s'organiser soit à l'initiative du pouvoir communal, soit à la demande de vingt pour cents des habitants concernés. En choisissant la deuxième voie, les six bourgmestres des communes à facilités insistent sur deux éléments: leur démarche s'inspire de la démocratie directe et de la nouvelle culture politique si chères aux partis de la coalition fédérale.

Les bourgmestres ont annoncé qu'ils souhaitaient rencontrer les négociateurs francophones de la Saint-Polycarpe pour leur soumettre leurs plans. Lors de leur conférence de presse, hier à la maison communale de Linkebeek, ils n'ont pas donné de timing précis pour la tenue de la consultation populaire qui devrait intervenir avant les votes de l'accord communautaire à la mi-2001 au Parlement fédéral. Les bourgmestres ajoutent qu'ils attendent avec intérêt l'avis du Conseil d'Etat sur la régionalisation prévue. L'article 162 de la Constitution, qui traite des lois concernées, n'est pas soumis à révision. Cela pourrait poser de gros problèmes pour la régionalisation.

L'annonce des bourgmestres augmente la pression sur les partis francophones de la majorité et sur le FDF en particulier. Les six sont conscients que le ministre de tutelle flamand, Johan Sauwens, a le pouvoir de casser la décision de tenir cette consultation populaire. Le ministre VU pourrait par exemple invoquer qu'il ne s'agit pas d'une matière d'ordre purement communal. Ce qui fait ricaner les six bourgmestres.

Tous se disent solidaires de leur collègue de Wezembeek-Oppem. Il recevra bientôt la visite d'un commissaire spécial du gouvernement flamand, parce qu'il n'a pas respecté la circulaire Peeters. Cette circulaire du pouvoir flamand interprète les facilités linguistiques de façon restrictive.

Interrogé hier à la Chambre par la présidente du PSC, Joëlle Milquet, le Premier ministre Guy Verhofstadt minimisait l'impact de l'envoi d'un commissaire spécial à Wezembeek-Oppem. Pour le chef du gouvernement fédéral, il ne s'agit pas d'une tracasserie linguistique ou communautaire, mais d'une procédure administrative normale.

Ceci étant dit, l'envoi d'un commissaire spécial ne facilite nullement les choses pour les accords du Lambermont. Verhofstadt a annoncé que Johan Sauwens et François Van Hoobrouck, le bourgmestre de Wezembeek, se rencontreraient lundi prochain.

(De Standaard)

© La Libre Belgique 2001

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