HUANGDI ET SON ÉPOUSE LEIZU

Leizu, la fileuse de soie

Réf: chineseliterature.com

Yandi (Dieu du Soleil) et Huangdi (Empereur Jaune), deux souverains de la Chine antique devenus légendaires, vivaient au XXVIe siècle av.J.-C., il y a environ 4,500 ans.

Les Chinois s'estiment tous descendants de Yandi et de Huangdi.

On dit que Huangdi travaillait dur jour et nuit pour le peuple, sans songer à se marier. Les gens avaient tous un grand respect pour lui. Certaines personnes âgées se souciaient de son mariage. Ses parents espéraient qu'il se marierait le plus tôt possible. Ainsi, beaucoup de gens amenaient leur fille pour la présenter à Huangdi. Elles étaient plus charmantes les unes que les autres. Les parents de Huangdi éprouvaient une douce satisfaction. Mais, Huangdi ne prononçait pas un mot.

- "Parmi toutes ces jeunes filles qui vous ont été présentées, il faut en choisir une", lui conseillaient ses parents.
- "Pour épouser une femme, il faut ssurtout tenir compte de ses talents, pas uniquement de son apparence", répondait Huangdi en souriant.

Ses parents l'approuvaient d'un signe de tête et ne disaient plus rien.

Un jour que Huangdi était allé chasser à la montagne de l'Ouest, il leva la tête et vit, sous un grand mûrier à mi-pente de la montagne, une jeune fille en train de cracher des fils de soie, une main sur l'arbre et un genou à terre. Le cocon était grand comme une jarre. Huangdi se cacha derrière un grand rocher et resta stupéfait. La jeune fille cracha d'abord des fils dorés, puis des fils argentés.

Huangdi était captivé par cette scène: "Voilà que je rencontre aujourd'hui une chose inattendue: une jeune fille qui sait cracher des fils de soie! Je dois rêver. Depuis que la divinité Chao a appris aux hommes à construire une maison en bois et le Dieu de l'Agriculture, Shen Nong, à cultiver, les gens du peuple n'ont plus de souci à se faire pour le logement et la nourriture. Mais, pour le moment, ils se couvrent encore de peaux de bête. Si l'on tisse la soie et fait des vêtements, ce sera formidable!"  Cela dit, il avait envie de s'avancer pour parler de son idée. "Mais qui est-elle? Quel est son caractère? Si elle se fâche, je ne saurai que dire. Il vaut mieux attendre qu'elle ait fini son travail", se dit-il.

Après avoir fabriqué trois cocons, la jeune fille se leva pour partir. Huangdi, impatient, lui barra aussitôt la route et dit, les mains jointes:
- "Ne partez pas, grande soeur!"
La jeune fille leva les yeux vers lui, la tête penchée, et demanda:
- "Frère aîné, que voullez-vous de moi?"
- "J'ai vu que vous saviez filer la soie. PPourriez-vous m'apprendre à le faire?"
- "Autrefois, ma mère m'a fait une rrecommandation: celui qui voudra apprendre cette technique devra remplir une condition."
- "Quelle condition?"
- "J'apprendrai seulement à mon marii", répondit la jeune fille, très gênée, et elle se voila la face.

A ces mots, Huangdi sentit son coeur battre à coups précipités, mais il ne savait pas si les paroles de cette fille étaient sincères ou non. Il leva alors la tête pour la regarder: elle était laide comme un pou, avait le teint sombre, les lèvres épaisses et une petite taille. "Cette fille a sûrement du talent, se dit-il. Il ne faut pas voir seulement son apparence. Si j'épouse une femme comme elle, je saurai m'en contenter. Il prit alors son courage à deux mains:
- "Grande soeur, si je ne vous déplaais pas, je voudrais vous épouser."
La jeune fille se rapprocha audacieusement de Huangdi. Tous les deux s'assirent, côte à côte, sur une pierre.
- "Nous venons de prendre une grande d&eacuute;cision, continua Huangdi. Mais je ne sais pas où vous habitez, d'où vous venez et où vous allez..
- "Je faisais partie, répondit la jeeune fille, des servantes de la Reine-mère d'Occident et je m'appelle Leizu. J'ai été abandonnée sur Terre parce que je n'avais pas respecté la discipline céleste."
- "En quoi?" demanda Huangdi.
- "Une fois, nous sommes allées, pouur le plaisir, regarder les fleurs dans le jardin de la Reine-mère. J'ai vu une plante odorante à cinq couleurs, chargée de fruits.
Ces fruits, agréables à voir, dégageaient une bonne odeur. J'en ai cueilli sans réfléchir et les ai mis à la bouche. C'était sucré et parfumé. J'ai mâché et avalé. Ensuite, j'ai eu le coeur gros et envie de vomir. Je me suis accroupie et j'ai craché des fils de soie. Des papillons multicolores voltigeaient autour de la plante. Je pensais que si je nourrissais ces papillons avec ces fruits, ils pourraient sûrement cracher des fils de soie. Effectivement, les papillons ont pondu. Et les oeufs sont devenus, petit à petit, des vers à soie. Je les ai nourris également avec les fruits de cette plante, et ils ont commencé aussi à cracher des fils de soie. J'ai trouvé cela vraiment intéressant. Cette plante odorante était, en fait, une herbe immortelle. J'ai cueilli alors une poignée de fruits. Qui aurait cru que quelqu'un en informerait la Reine-mère d'Occident! Cette dernière, en colère, m'a abandonnée immédiatement sur la Terre. J'ai pensé que je devais absolument emporter ces fruits. Je les ai alors cachés dans ma poche. Je tâtais la poche de temps en temps parce que j'avais peur de les perdre. J'ai été abandonnée dans une vallée et j'ai failli être dévorée par les loups. Heureusement, j'ai été sauvée par une femme de la tribu Xiling qui allait ramasser du bois de chauffage. Je l'ai prise alors pour mère. Ma mère et moi, nous ne pouvons vivre l'une sans l'autre et avons mené une vie très dure jusqu'à aujourd'hui.

A ces mots, Huangdi la prit par les épaules et ne prononça pas un mot pendant un bon moment.
- "Sur le versant nord, reprit Leizu, j'ai élevé beaucoup de vers à soie. Ils sont en train de tisser des cocons. Ces vers à soie se nourrissent de feuilles de mûrier et se développent bien. Allons les voir!"

Huangdi trouva effectivement, sur le versant nord, des cocons de vers à soie grands comme des jarres. Il promit à Leizu d'envoyer prendre ces cocons. La jeune fille approuva de la tête en souriant.

Huangdi retourna chez lui et raconta ce qui s'était passé à ses parents. La nouvelle se répandit très rapidement. Hommes et femmes, jeunes et vieux, vinrent en foule. Lorsque Leizu arriva, le couple fut entouré par le peuple dont certains chuchotèrent: "Il a choisi une fille bien laide alors qu'il y a tant de jolies filles!" D'autres les apaisèrent: "Ne vous inquiétez pas! Nous pouvons compter sur lui. Cette fille a sûrement des talents remarquables."

A cette occasion, certains virent pour la première fois les cocons de ver à soie.

Leizu commença à enseigner à quelques jeunes filles comment dévider les cocons et faire des écheveaux. Tout le monde se mit à les imiter. A la vue des écheveaux de soie, fine et souple, les gens riaient de contentement.

Grâce à Leizu, tout le monde apprit à élever le ver à soie, à dévider le cocon, à filer et à tisser la soie. De plus en plus d'hommes s'habillèrent avec des tissus de soie. Tout le monde respectait Leizu dont on fit la patronne du tissage, vénérée partout où l'on tissait la soie.


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