La
position du parti libéral (Ministère de l'immigration)
Une information à bonifier, dit
la ministre
André Duchesne, La Presse - lundi 5 février 2007
L’intensité du débat sur les questions
d’intégration et d’accommodements raisonnables est telle que le
ministère québécois de l’Immigration et des
Communautés culturelles entend bonifier l’information qu’il
transmet aux immigrés et aux candidats à l’immigration.
"Aux immigrants, je crois sincèrement qu'on devrait revoir soit
l’information qu’on leur donne, soit le contenu de nos sessions, pour
les améliorer et ajouter de l’information", indique la ministre
Lise Thériault lors d’une entrevue accordée à La
Presse. Mais attention, ajoute-t-elle, il ne faut pas s’adresser
seulement aux immigrants. Une information revue et
améliorée doit aussi être diffusée autant
aux Québécois de souche qu’aux communautés
culturelles ancrées depuis longtemps dans la
société québécoise. Mme Thériault
estime que l’adoption d’une politique québécoise de lutte
contre le racisme et la discrimination pourra justement servir de
tremplin pour une meilleure diffusion de l’information sur les
questions d’intégration et d’accommodements. Cette politique,
qui est en chantier depuis un an, devrait être adoptée au
printemps 2007. Il reste cependant à voir si les cartes ne
seront pas brouillées par un soudain appel aux urnes.
Peu d’information
À l’heure actuelle, reconnaît Mme Thériault, le
Ministère transmet peu ou pas du tout d’information sur la
question des accommodements raisonnables aux candidats à
l’immigration ou aux immigrés de fraîche date. Par
exemple, lorsqu’ils s’installent ici, les immigrés
reçoivent un guide intitulé Apprendre le Québec
dans lequel on aborde toutes sortes de questions. Dans le chapitre
traitant des valeurs de la société
québécoise (quatre pages sur 132), on explique que
l’État est laïque, que tous doivent respecter les lois,
"même si celles-ci s’avèrent incompatibles avec leur
religion ou leurs valeurs personnelles" et que tous les habitants sont
égaux, peu importe la couleur, la religion, l’origine ethnique,
etc.
Le mot "accommodement" se trouve une fois dans le document, dans le
paragraphe suivant: "Le Québec est une société
où l’accommodement, le compromis et la recherche de consensus
sont privilégiés. L’ouverture à la
diversité, la tolérance et le respect sont aussi des
valeurs très importantes entre les personnes." Le
Ministère, qui possède plusieurs bureaux à
l’étranger, donne aussi des séances d’information aux
gens intéressés à s’installer au Québec. Au
cours de ces rencontres, on évoque les chartes
québécoise et canadienne sur les droits et
libertés ainsi que la question des accommodements, mais sans
aller beaucoup plus loin. "La notion d’accommodement raisonnable n’est
pas expliquée", reconnaît la ministre. Mais elle ajoute
tout de suite que le Ministère ne pourrait utiliser les exemples
récents parce qu’il ne s’agissait pas d’ "accommodements
raisonnables" au sens propre. "La vraie notion de l’accommodement est
une notion juridique, dit-elle. Un accommodement raisonnable est
recherché quand nos droits, qui sont protégés par
la charte, sont mis en péril ou qu’on n’est pas égal
à une autre personne parce que nos droits sont mis en
péril " L’histoire des vitres givrées du YMCA n’est pas
un cas d’accommodement raisonnable, mais une entente de bon voisinage
où le conseil d’administration d’un organisme a pris librement
une décision pour ne pas heurter ses voisins. "Moi, j’ai un
sapin de Noël dans mon ministère et il n’y a personne pour
me le faire enlever", dit la ministre. Elle ajoute enfin qu’il est
clair que les immigrés qui demandent des accommodements sont une
minorité. Au contraire, dit-elle, la majorité d’entre eux
sont attirés par le Québec en raison de ses valeurs
égalitaires. "En général, les gens choisissent le
Québec pour nos valeurs d’égalité hommes-femmes,
les notions de justice sociale et de paix, et pour l’avenir meilleur
que leurs enfants peuvent vivre ici. Beaucoup d’entre eux quittent leur
pays parce qu’ils ne peuvent pas s’épanouir."
Remarque:
Mme Thériault dit que: "Aux
immigrants, je crois sincèrement qu'on devrait revoir soit
l’information qu’on leur donne, soit le contenu de nos sessions, pour
les améliorer et ajouter de l’information. Mais attention, il ne
faut pas s’adresser seulement aux immigrants. Une information revue et
améliorée doit aussi être diffusée autant
aux Québécois de souche qu’aux communautés
culturelles ancrées depuis longtemps dans la
société québécoise." Elle abonde
exactement dans le même sens que le Conseil municipal
d'Hérouxville, dans ses vraies- et non présumées
- intentions. De plus, signalons que les normes de vie
hérouxvilloises ne font aucune discrimination entre les
"nouveaux arrivants" qui s'installeraient dans leur beau petit village:
ils pourraient être Québécois de souche, nouveaux
immigrants fraîchement débarqués au pays, ou fils
et filles d'immigrants nés ici.