CHASSE: UN "SPORT" CRUEL ET VIOLENT
La chasse est ouverte. Voici la saison des grands massacres où des humains répondant à "l'appel de la forêt" envahissent les bois, fusil à la main et à l'affût de tout ce qui bouge. Pas de pitié pour les bêtes traquées. Les "vrais" hommes ont le coeur dur.
Signe d'une violence banalisée, la chasse prend de l'ampleur. Grâce aux développements des loisirs et aux facilités de déplacement: véhicules tout-terrain, motoneiges, canots à moteur, avion et hélicoptères nolisés, des tueurs habillés de rouge et armés de carabines de plus en plus sophistiquées, patrouillent et ratissent sans vergogne les espaces sauvages et les lieux proches de nos habitations, à tels points qu'on doit se priver de promenades en forêt durant cette saison. Celui qui ose s'y aventurer, s'expose éventuellement à des blessures et même à la mort.
Afin de justifier ce sport les chasseurs invoquent le contact avec la nature, l'évasion et la détente. Gare à tous ceux qui s'élèvent contre cette activité récréative et virile: ils sont irrémédiablement qualifiés d'émotifs et de sentimentaux. En fait, la défense des droits des chasseurs et des trappeurs se fait de plus en plus pressante et leurs chroniques dans les médias écrits et télévisés sont de plus en plus nombreuses.
Un humain, quel qu'il soit, est toujours potentiellement dangereux avec une arme à feu entre les mains, un arc ou une arbalète. Le fou en colère qui vise sa femme et ses enfants, la famille décimée à coup de 20 et les gardes-chasse tués en pleine nuit nous le prouvent bien.
Les chasseurs vivent la capture du gibier comme une aventure et revendiquent la continuité de cet "héritage ancestral" de l'humain qui est celui de déjouer l'adversaire animal. Dans la réalité concrète le combat est toujours inégal et la force du plus fort est évidemment du coté de celui qui porte l'arme. Chaque année, au Québec environ 150 000 chasseurs tentent d'abattre "leur" orignal et ce pour une population moyenne de 70 000 bêtes. L'animal-trophée est promené ensanglanté sur le toit d'une auto et photographié avec l'humain plein de courage qui l'a tué. On organise des "concours de panaches" et la triste bêtise se noie dans l'alcool.
Donnant dans le discours environnementaliste, les chasseurs parlent désormais de "politique globale de gestion de la faune et de protection des écosystèmes". Façon hypocrite de dire: protéger aujourd'hui pour mieux détruire demain. En vérité, quel chasseur oserait avouer qu'il aime donner la mort et qu'il en jouit.
Dans un esprit de sauvegarde de l'environnement, des humais s'octroient la noble mission de décider qui doit vivre et qui doit mourir. De toute manière, nous disent-ils, les animaux vont périr un jour, de froid ou de faim; ils sont nuisibles, dangereux, en surnombre, néfastes pour l'agriculture et le bétail, porteurs de la rage. Victimes de stratégies de conservation farfelues et cruelles, les animaux deviennent des pions sur le grand échiquier de la domination, des objets dépourvus de sensibilité, des machines que l'on contrôle et qui nous servent.
Aux temps anciens, pour les amérindiens, la façon de suivre la piste de l'animal était en quelque sorte une quête du divin, un pouvoir qui menait vers la connaissance du grand esprit. Dans la mystique de la chasse, les proies se donnent à leurs prédateurs afin que l'autre survivre.
L'ultime question reste: l'humain-prédateur est-il une erreur de parcours dans notre évolution, un malentendu, une contrainte historique. En effet, pas facile pour l'humain de tuer un chevreuil à mains nues et de déchiqueter sa chair avec ses dents. Certains ironiques diront qu'il faut aussi "tuer" la carotte pour la manger. Prenons donc la peine de réfléchir sur le degré de conscience qui anime les diverses formes de vie. Il n'est pas dans la nature de la carotte de s'enfuir et de plonger un regard plein de peur dans les yeux de celui qui la mange.
Autrement dit, est-il indispensable à l'homme "dit évolué" de tuer des animaux sauvages pour le plaisir du sport et surtout lui est-il nécessaire de manger de la viande pour vivre. Quand on connaît le résultat de nombre d'études sérieuses qui prouvent que le végétarisme augmente la résistance aux maladies et la longévité de ses adeptes, il est permis de se poser des questions.
Au nom de la tradition, doit-on continuer à suivre certaines coutumes, habitudes et modes de vie et encouragé la violence et le meurtre. Les temps changent et nous obligent à des transformations radicales dans notre société y compris dans nos rapports avec les animaux et la nature.