Couleurs

Il pleuvait ce jours là. Une douce pluie équatoriale de fin de soirée. Dans la forêt, une musique lente et répétitive résonnait de plus en plus fort. Envoûtante, elle ne semblait ne faire qu’un avec le murmure de la jungle. Dans un petit espace dégagé, sans un palmier, elle dansait seul en rythme. Ses yeux étaient grands ouverts, leurs vert n’avait pas d’égal, son regard était hallucinant. Même les plus belles émeraudes n’auraient su les égaler.

Imperceptiblement, le rythme augmente et sa danse devient de plus en plus frénétique. L’eau lui ruisselle sur le corps. Ses pieds provoquent des gerbes d’eau. Le son augmente au rythme de la pluie devenant apocalyptique, la scène semble perdre de sa substance se diluant dans une pâle lueur verte. La musique ralentit, un homme s’avance vêtu d’un pagne, il est beau, musclé, mais pas trop. Il étreint la jeune femme, l’embrasse. La musique cesse. Toutes les personnes qui entourent la scène, avancent, forment un cercle autour des mariés. Un peu à l’écart se tient un homme étranger. Sa peau et sa taille sont différente, il sourit. Le cercle se retire et le ciel devient bleu crépusculaire. Les jeunes mariés sont laissés seuls pour qu’ils consomment leur union. Le vieil homme de la tribut interpelle l’étranger. Dans son dialecte étrange il lui demande de partager sa joie avec la tribu.

- « Oh, c’est simple » dit l’homme, « Je trouve que c’était magnifique, il n’y a rien de plus beau au monde qu’un homme et une femme qui s’aiment comme eux. Dorénavant, le vert et le bleu seront mes couleurs en hommage à ce moment magique »

Le vieil homme opine de la tête.

La musique reprend alors que la pluie a cessé. Demain les mariés prendront leur case et fonderont leur famille. L’homme reste dans sa hutte. Dorénavant, il n’aura plus de servante. Mais il n’en n’a cure. Il vient de découvrir la signification du mot magie.


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